Ryckmans Hélène

Politique, Député wallon

Thysville (RDC) 20/05/1959

Députée wallonne : 2014-2019 ; 2019-2024

Deux grandes particularités caractérisent la liste qu’Écolo présente à Chastre en vue des élections communales de l’an 2000 : les femmes y sont majoritaires (11 sur 17) et aucun des candidats n’était présent au scrutin précédent, celui de 1994. Parmi ces 17 candidats, Hélène Ryckmans, secrétaire politique de la locale Écolo, participe alors à ses toutes premières élections, se présentant aussi au scrutin provincial dans le district de Wavre-Jodoigne. Au soir du 8 octobre, Écolo réalise 14,7% des voix, à Chastre, et remporte deux sièges, sans remettre en cause la majorité absolue de la liste IC (49,4%, 10 sièges). À la province, où Écolo dépasse les 18% et gagne 11 sièges (+4), c’est Alain Trussart qui est élu dans le district de Wavre. Assurément, ce succès des écologistes en Brabant wallon doit beaucoup à leur secrétaire politique, mais celle-ci doit attendre fin 2002 avant d’exercer un premier mandat. En effet, la démission de Marc Hordies du Parlement wallon (il devient secrétaire général d’Écolo) appelle Alain Trussart à Namur et le mandat provincial qui se libère revient à sa suppléante, Hélène Ryckmans (septembre). En janvier 2004, suite à la démission des deux élues communales Écolo, H. Ryckmans se retrouve en situation de pouvoir siéger aussi au Conseil communal, mais arguant du principe de l’interdiction du cumul des mandats souhaité par son parti, elle refuse d’exercer ce second mandat.

Tête de liste en octobre 2006 (244 vp), Hélène Ryckmans emmène ses troupes vers un succès électoral (19%, et 3 sièges) plus grand encore qu’en 2000, et confirme cette tendance en octobre 2012 (386 vp), où Écolo dépasse les 20% (3 sièges), toujours avec des listes où le nombre de femmes est supérieur à celui des hommes. Conseillère communale, initiatrice du concours des Chastrottes, Hélène Ryckmans est la cheffe de file de son groupe qui, entre 2006 et 2012, est le seul parti d’opposition. Déjà visible de 2006 à 2012 – de 72,7% (16 s.) à 52,5 (52,5%, 11 s.) –, le recul de la liste ICR du bourgmestre Claude Jossart se confirme en octobre 2018 : la liste chastre@venir poussée par Jossart (895 vp) perd sa majorité absolue et ne doit qu’à quelques électeurs de rester le premier parti de la commune (34,3%, 7 s.). Face à la liste du bourgmestre, Chastre 20+ (34,18%, 6 s.) de Thierry Champagne (734 vp) et écolo (31,52%, 6 s.) sont aussi au coude à coude. En progressant de 11% et en doublant le nombre de leurs élus, les Verts réalisent un résultat historique. Malgré le meilleur score personnel – juste derrière le bourgmestre sortant –, Hélène Ryckmans (785 vp) et ses colistiers restent dans l’opposition. En moins de vingt ans, les écologistes de Chastre sont néanmoins devenus des interlocuteurs avec lesquels il faut compter.

Petite-fille de Pierre Ryckmans, gouverneur général du Congo belge en 1934, et fille d’André Ryckmans, agent de l’administration territoriale tué lors des événements du Congo en juillet 1960, et de Geneviève Ryckmans-Corin, mandataire PSC – conseillère communale à Waterloo, députée fédérale à la fin des années 1970 et membre du tout premier Conseil régional wallon définitif (1980-1981) –, Hélène Ryckmans a étudié la Sociologie du développement à l’Université catholique de Louvain (1983), avant de partir au Sénégal, en tant que chercheuse, comme volontaire de l’ONG Enda Tiers monde (1984-1987). Enseignante et chercheuse au Centre international de formation et de recherche en population et développement (CIDEP, 1987-1995), assistante de recherche au département des Sciences de la population et du développement de l’Université catholique de Louvain (1995-1997), elle est chargée de mission à l’ONG Le Monde selon les Femmes (1996-2014), quand elle s’engage en politique au sein d’Écolo. Il s’agit de partager sur le plan politique son expérience de terrain et de chercheuse en matière d’égalité hommes-femmes et Nord-Sud, et d’émancipation des femmes. Membre puis présidente de la Commission Femmes et développement (Belgique), elle est nommée Femme de paix en 2011.

Son terrain politique n’est pas seulement communal. Occupant la 4e place aux régionales du 13 juin 2004 (1.780 vp) et du 7 juin 2009 (3.384 vp), 6e suppléante aux fédérales du 10 juin 2007 (2.008 vp) et du 23 juin 2010 (2.161 vp), sans prétendre au moindre mandat, Hélène Ryckmans se voit confier la tête de liste écolo, lors du scrutin wallon du 25 mai 2014, dans la circonscription de Nivelles. Depuis 1991, Marcel Cheron y assure, sans interruption, un mandat aux écologistes (en 2014, il se présente au fédéral). Parfois, comme en 1999 et 2009, un second ticket est décroché par les écolos du BW au Parlement wallon. En 2014, cependant, après la participation des Verts au gouvernement, les électeurs les sanctionnent lourdement. Victime d’un véritable tsunami, écolo ne conserve que quatre représentants au Parlement wallon, contre 14 en 2009. Conservant 11,7% de l’électorat du BW (-12%), Hélène Ryckmans (4.898 vp, 10e score tous partis confondus) est l’une de ces quatre rescapés qui évitent in extremis le naufrage complet des écologistes.

Avec dix députés wallons de moins que lors de la législature précédente, écolo ne peut prétendre à former un groupe parlementaire reconnu. Cela n’empêche pas Hélène Ryckmans d’intervenir régulièrement à Namur, dans de nombreux domaines, exerçant avec rigueur le pouvoir de contrôle de l’exécutif qui est le sien. Au-delà de ses très nombreuses questions écrites et orales, elle cosigne et rédige plusieurs propositions de décret et de résolution, dont l’une vise à imposer une représentation minimale d’un tiers hommes ou femmes dans tous les collèges communaux après les élections de 2018. Déjà opposée au SDER quand elle était conseillère communale, la députée wallonne se mobilise aussi contre l’usage des pesticides et du glyphosate en particulier, contre la surexploitation des forêts wallonnes, en faveur du renforcement de la biodiversité végétale, en faveur d’une réalisation rapide du RER ou à défaut de lui substituer le VER, soit sa transformation en piste cyclable. Elle réclame aussi la réorganisation des titres services, la transformation du statut de gouverneur de province, davantage de transparence dans la gouvernance, l’élaboration d’un pacte énergétique national pour la transition énergétique, des mesures en faveur de l’emploi des jeunes, une meilleure gestion des sols, davantage de réserves naturelles en Wallonie, etc. 

Dans le dossier CETA, elle porte avec Olga Zrihen et Marie-Dominique Simonet le texte de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la crise internationale qui s’en est suivi, considérant que la Wallonie aurait dû pousser plus loin son avantage, elle manifeste son opposition au projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016). Cosignée par Christie Morreale, Véronique Bonni et Véronique Salvi, une autre proposition vise à « soutenir les centres de planning dans la distribution des contraceptifs d’urgence, même en l’absence d’un médecin ». Attachant son nom au décret qui accorde le titre de ville à la commune de Tubize, elle porte aussi une proposition de résolution de soutien au Docteur Denis Mukwege et à son combat en faveur des femmes en RDC, tout en réclamant la définition des priorités stratégiques de la Wallonie pour la PAC. En 2018, elle dépose une proposition de décret visant à créer des « territoires zéro chômage de longue durée », où des entreprises paieraient une partie du salaire de l’ancien chômeur avec une partie de ses anciennes allocations.

Le 17 mai 2017, Hélène Ryckmans est l’une des trois députés wallons qui s’abstiennent au moment du vote de l’important décret wallon rendant obligatoire l’étourdissement des animaux avant leur abattage. Alors que les trois autres écolo se montrent favorables à ce décret cité en exemple au niveau international, elle justifie son abstention en expliquant être favorable à l’objectif du texte, mais regretter que les débats n’aient pas porté sur le bien-être animal de manière beaucoup plus globale. Elle joindra par contre sa voix à celles des 66 autres députés wallons tous partis confondus (hormis PTB-Go), au moment du vote du Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur faisant de la Wallonie une région pionnière. 

Après le renversement de la majorité PS-cdH par le MR-cdH (été 2017), Hélène Ryckmans cosigne une série de propositions de résolution ou décret avec des mandataires socialistes sur les dossiers du Mercosur et en faveur du retrait des visites domiciliaires (mesure fédérale). Au terme de cinq années d’opposition, sans disposer d’un groupe politique et d’une présence assurée dans les Commissions, la représentante écolo du BW retire la satisfaction d’avoir pu peser sur certaines décisions politiques, voire d’avoir fait adopter certaines propositions, comme par exemple, l’interdiction du survol des zones naturelles par des drones, ou la garantie d’une présence équilibrée des hommes et des femmes au sein du gouvernement wallon, ou encore le renforcement du rôle de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) de la Région wallonne, instaurant ainsi davantage de transparence administrative en transformant notamment la CADA en une instance de recours, investie d’un pouvoir de réformation en matière de publicité de l’administration.

Administratrice de l’ISBW (2013-2015), membre du Conseil des Femmes francophones de Belgique (2016-2017), administratrice de l’asbl Le monde selon les femmes (2014-), membre du bureau politique d’écolo depuis 2014, Hélène Ryckmans se présente au scrutin wallon du 26 mai 2019 avec l’intention de renouveler son mandat à Namur. Tête de liste (9.636 vp), elle replace écolo en 2e formation politique du Brabant wallon, comme en 1999 et en 2009, avec 2 élus, mais sans parvenir à dépasser la barre des 20%. Dès juillet 2019, la députée wallonne est à nouveau désignée par son parti comme sénatrice représentant la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette fois, écolo dispose d’un groupe politique et il fait partie de la majorité arc-en-ciel présidée par Elio Di Rupo, à Namur, et par Pierre-Yves Jeholet à Bruxelles. Membre de la Commission Affaires générales-Relations internationales et de la sous-Commission de Contrôle des licences d’armes, elle est l’une des vice-présidentes de la Commission pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (2019-2024). 

Outre le suivi des dossiers internationaux (Mercosur, Ceta, etc.), elle fait adopter des résolutions en faveur de la liberté de la presse, en faveur des droits de l’homme et contre des mesures de peine de mort dans le monde (Zhang Zhan, Navalny, Ouïghours, minorité yézidie, Taïwan, femmes en Iran, etc.). Durant les années Covid-19, elle est l’une des vice-présidentes de la Commission spéciale chargée de contrôler le gouvernement wallon dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19 (avril-juin 2020). Elle porte une résolution, adoptée, en faveur d’une plus grande sensibilisation et d’une amélioration de la recherche pour une meilleure prise en charge de l’endométriose. à la suite de l’affaire dite du Greffier, elle devient membre de la Commission de la Comptabilité créée à l’automne 2022 pour renforcer le contrôle des budgets et comptes du Parlement de Wallonie (12/2022-2024).

Septième suppléante lors du scrutin wallon du 9 juin 2024, elle se conforme à l’interdiction de cumuler plus de deux mandats parlementaires inscrite dans les statuts d’écolo ; c’est Céline Tellier qui emmène la liste dans le BW.

 
Mandats politiques

Conseillère provinciale du Brabant wallon (09/2002-2006)
Conseillère communale à Chastre (2006-)
Députée wallonne (2014-2024)
Sénatrice représentant la Fédération Wallonie-Bruxelles (2014-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont La DH, 12 septembre 2018
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9l%C3%A8ne_Ryckmans (s.v. décembre 2017)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)