Schyns Marie-Martine

Politique, Député wallon

Verviers 19/05/1977

Députée wallonne : 2014-2016* ; 2019-2024

Depuis la fusion des communes, en 1976, la ville de Herve n’a connu que deux bourgmestres, les catholiques Georges Gramme (1976-1985) et André Smets (depuis 1985), quand arrive le scrutin communal d’octobre 2000. Largement majoritaire depuis des générations, le PSC connaît alors un recul de près de 23% ; en perdant 7 sièges, la liste d’André Smets ne dispose plus de la majorité absolue (41%, 11 sièges) et se trouve dans l’obligation de trouver un partenaire, en l’occurrence le PS de Marc Goblet (20%, 4 sièges). Le principal vainqueur est la liste HDM (+10% et + 3 sièges) emmenée par Pierre-Yves Jeholet, voire les Écolos qui atteignent les 11%. C’est dans ce contexte qu’une jeune candidate accomplit ses premiers pas en politique.

Licenciée en Philologie romane de l’Université de Liège (1999), fille d’un gérant d’agence bancaire, porteuse d’un diplôme d’Études spécialisées en Administration publique (Université de Liège, 2002), très présente dans les associations locales, dont la Jeunesse de Charneux ou l’organisation d’un festival de musique, Marie-Martine Schyns occupe la 4e place sur la liste du maïeur, en 2000. Avec 818 vp, elle fait mieux, voire aussi bien que tous les échevins sortants. D’emblée, l’élue de 23 ans entre au Collège communal, où elle est la seule femme, en tant qu’échevine en charge de la Culture, du Tourisme, de la Jeunesse, de l’Information et de la Communication. Professeur de français à l’Institut Saint-Michel à Verviers (2000-2008, 09/2010-12/2011), elle reste dans l’ombre de Melchior Wathelet Jr, son ancien condisciple de rhéto au Collège Saint-François Xavier (Verviers), tout en s’imposant comme une redoutable faiseuse de voix, tant dans la circonscription de Verviers aux élections régionales (5.807 vp en 6e place en 2009), qu’en province de Liège aux élections fédérales (9.160 vp en 7e place en 2003, 6.814 vp comme 2e suppléante en 2007, et 7.489 vp en 2010 comme 2e suppléante). Elle est alors administratrice d’Aqualis (2002-2013) et de la Fondation rurale de Wallonie (2005-2010).

à Herve, l’échevine multiplie les activités et les initiatives : nouveau statut de la Maison du Tourisme, implantée dans l’ancienne gare rénovée ; valorisation des mille saveurs du plateau de Herve ; défense des valeurs démocratiques via lecture publique ou promenades ; création d’un site web communal ; création de mérites culturels herviens ; Maison des Jeunes, etc. Au soir du scrutin communal d’octobre 2006, la formation politique qui s’affirme reste cependant la liste HDM (Herve Deux Mille, devenue Herve Demain) : avec 11 sièges et une progression de près de 11%, les troupes de P-Y. Jeholet deviennent le premier parti de la ville de Herve (38,1%). Pour la première fois depuis très longtemps, le PSC devenu cdH n’est plus la première force politique locale (37,7%). En recul, le cdH (10, -1) et le PS sans Marc Goblet (3, -2) disposent pourtant d’une majorité suffisante pour maintenir P-Y. Jeholet dans l’opposition avec l’élu Écolo. Occupant la 2e place derrière André Smets, Marie-Martine Schyns signe le 2e score de sa liste (1.412 vp) et le 3e tous partis confondus ; elle est reconduite dans les mêmes fonctions scabinales (2006-2012), tout en poursuivant ses activités de professeur de français. 

Au niveau fédéral, la majorité orange-bleue que d’aucuns souhaitaient au soir du scrutin du 10 juin 2007 a généré une longue crise politique ; après la mise en place de Verhofstadt III (décembre 2007), arrive enfin le gouvernement Leterme Ier (avril 2008), avec notamment la désignation de Melchior Wathelet comme secrétaire d’État. Comme le premier suppléant cdH a déjà été appelé (Joseph Georges pour M-D. Simonet), M-M. Schyns hérite du siège du Verviétois à la Chambre. L’occasion lui est ainsi donnée de s’impliquer dans les dossiers relatifs à l’impact de l’environnement sur la santé (la protection des consommateurs, les normes des produits, etc.), ainsi qu’au développement durable, au climat et à l’énergie, d’une part, dans les dossiers de la réforme des services de secours et des zones de police, d’autre part. Mais la législature est tendue et, après les expériences Van Rompuy et Leterme II, le dossier BHV a raison de l’existence du gouvernement fédéral. Au soir du scrutin anticipé du 13 juin 2010, moment où s’achève son premier mandat parlementaire, s’ouvre une crise politique belge dont on ne sait pas encore qu’elle va durer 541 jours.

À Herve aussi, la politique réserve ses surprises, car la démission de l’échevine M-M. Schyns, au début juillet 2010, en est assurément une. Après que le bourgmestre a fait savoir (janvier) son intention de renoncer à sa fonction en cours de législature, sa dauphine pressentie fait valoir tant des raisons familiales que l’accord local de majorité conclu entre cdH et PS qui prévoit que le PS reçoive un mandat d’échevin avant 2012. En se recentrant sur son métier de professeur et sur son statut de jeune mère de famille, elle ne conserve que son seul mandat de conseillère communale et la présidence de la Maison du Tourisme de Herve (2003-2013). Mais sa démission du Collège ouvre une crise locale, car le nouvel échevin PS pressenti refuse de prêter serment. Finalement, elle est remplacée par S-P. Baiwir (cdH) en septembre 2010, tandis que le bourgmestre André Smets remet son échappe à José Spits (3e score cdH) le 31 décembre 2010. La saga communale connaît encore quelques rebondissements avant le scrutin d’octobre 2012, notamment quand José Spits renonce à emmener la liste et quand Marie-Martine Schyns est plébiscitée par les instances locales de son parti pour devenir le porte-drapeau du cdH. Ainsi est-elle élue à la vice-présidence cdH de l’arrondissement de Verviers (avril 2011). La suppléante de Melchior Wathelet Jr aux élections fédérales de 2010 n’a donc pas quitté la politique bien longtemps ; au contraire, elle a retrouvé la Chambre fédérale en décembre 2011, au moment de la formation du gouvernement Di Rupo, au sein duquel Melchior Wathelet devient Secrétaire d’État à l’Environnement, à l’Énergie et à la Mobilité. Mais la présence de M-M. Schyns à la tête de la liste cdH à Herve n’est pas suffisante pour endiguer la vague bleue d’octobre 2012, incarnée par P-Y. Jeholet. Avec 1.424 vp, M-M. Schyns s’incline devant les 4.162 électeurs qui ont retenu le nom de Jeholet. Avec 52,4% des voix et 15 sièges (+14,3%), « Herve Demain » décroche la majorité absolue, envoyant le cdH (25,3%, -12,4%) pour la première fois dans l’opposition (7, -3), avec le PS (2) et Écolo (1).

En tant que membre de la majorité au fédéral, tout indique que la députée liégeoise va être appelée à voter l’ensemble des dispositions de la 6e réforme de l’État durement négociée avant la formation de l’exécutif Di Rupo. En juillet 2013, pourtant, alors que le travail en commission n’est pas encore achevé, Marie-Martine Schyns quitte la Chambre fédérale pour affronter un nouveau défi : remplacer Marie-Dominique Simonet (démission pour raisons de santé) au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge de l’Enseignement obligatoire et de la Promotion sociale. À moins d’un an des échéances électorales, il ne s’agit pas de lancer de nouvelles politiques, mais de poursuivre les engagements pour l’école déjà initiés, du décret « Inscriptions » à la réforme des titres, en passant par l’amélioration de la transition primaire-secondaire. De facto, le cdH renforce ainsi la visibilité de M-M. Schyns dans sa circonscription, notamment par rapport à P-Y. Jeholet.

L’échéance électorale du 25 mai 2014 sert de baromètre. En l’absence de Melchior Wathelet candidat au fédéral, c’est à la ministre sortante qu’est confiée la mission d’emmener le cdH au scrutin régional wallon dans la circonscription de Verviers, face notamment au bourgmestre de Herve (18.403 vp), tête de liste MR (30,5%, 2 s.) et au PS (24,2%) d’Edmund Stoffels (12.127 vp) et de Véronique Bonni (4.558 vp), tandis qu’Écolo s’effondre (10,6%, Matthieu Daele étant néanmoins élu, avec 3.691 vp). Pour sa première campagne en tant que tête de liste, M-M. Schyns (10.690 vp) maintient le cdH à 18,7% (-3%), sans récupérer le 2e siège déjà perdu en 2009.

Au soir de la signature des accords de majorité PS-cdH en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles, la nouvelle députée wallonne est membre de la Commission Économie-Innovation et de la Commission de coopération avec la Communauté germanophone (2014-2016). Déjà active sur les dossiers de la formation en alternance, elle est l’auteure, avec J-L. Crucke et V. Sampaoli, d’un rapport sur la révolution digitale et l’intérêt du développement numérique pour l’économie wallonne (2016). En matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État, elle est l’auteure d’une proposition de décret visant l’interdiction d’élevage d’animaux à fourrure en Wallonie. Par ailleurs, elle est cheffe du groupe cdH au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et alors que le retrait politique définitif de Melchior Wathelet Jr fait de M-M. Schyns la seule candidate connue du cdH verviétois, voire liégeois, elle se voit confier la mission de réfléchir et de redéfinir l’aspect enseignement du programme du cdH (fin 2015), devenant ainsi la « Madame Éducation » du parti. 

Dès lors, quand Joëlle Milquet se résout à démissionner de son important ministère au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (affaire dite « des collaborateurs fantômes »), c’est vers M-M. Schyns que le président du cdH se tourne, lui confiant l’Éducation, en même temps qu’il fait confiance à Alda Greoli (pour la Culture et la Petite Enfance) (18 avril 2016). Les dossiers ne manquent pas, au premier rang desquels figurent le Pacte d’Excellence qui va mobiliser toute l’attention jusqu’à la fin de la législature, ainsi que le dossier des cours de religion/morale et citoyenneté. En devenant ministre de la Fédération, la députée wallonne laisse son siège à Namur à Isabelle Stommen, tandis que Véronique Salvi devient cheffe du groupe cdH à Bruxelles. Malgré l’appel du 19 juin de Benoit Lutgen invitant à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, aucun changement ne survient en Fédération Wallonie-Bruxelles et l’ensemble des décrets et des projets que porte la ministre Schyns depuis le printemps 2016 conserve la même programmation. Plusieurs fois interrogée sur la question de la régionalisation de l’enseignement et de la suppression des provinces, elle repousse ces propositions dont elle dit ne pas voir les avantages concrets.

Pour le scrutin communal d’octobre 2018, le cdH hervien se présente sous le nom EPH (Ensemble pour Herve), où s’associent neuf cdH, deux écolos et des citoyens novices en politique. Ni tête de liste, ni en dernière position, M-M. Schyns a beau être au centre de la jeune liste EPH, c’est elle qui réalise le meilleur score (1.445 vp) d’une alliance qui conserve 8 sièges (31,3%), soit autant que cdH et écolo en 2012. Emmené par Marc Drouguet (2.879 vp) et poussée par P-Y. Jeholet (2.370 vp), le MR conserve sa majorité absolue (52,4%, 11 s.), malgré la perte d’un siège qui glisse au PS (16%, 3 s.). C’est l’opposition qui attend à nouveau la conseillère communale. 

Ministre sortante, elle retrouve encore le ministre wallon P-Y. Jeholet face à elle au scrutin wallon du 26 mai 2019. Tête de liste cdH, M-M. Schyns (7.453 vp) maintient le cdH au-dessus de la barre des 15% au soir d’une élection régionale qui a vu le MR et le PS encaisser eux aussi des reculs, alors qu’écolo progresse, comme le PTB qui enlève un siège au PS. Néanmoins, pour le cdH, il s’agit du score le plus faible depuis les premières élections directes au Parlement de Wallonie en 1995 : le PSC comptait alors 2 sièges, près de 29% et plus de 40.000 électeurs. La tendance baissière est générale pour le cdH en Wallonie et à Bruxelles ; en conséquence, son nouveau président, Maxime Prévot, impose une cure d’opposition à son parti, au fédéral, comme dans les entités fédérées.

Se conformant à cette décision, les 10 députés wallons du groupe cdH dirigé par François Desquesnes organisent leurs travaux et leurs interventions de manière dynamique et collective, pour exister en tant que principale force d’opposition aux côtés des 10 députés du PTB. Actifs dans chaque Commission, ils sont régulièrement six ou sept à signer des propositions de décret dans toutes les matières régionales : démocratie locale et transparence de l’autorité publique, mobilité douce, circuit court, mesures urgentes et pratiques durant la pandémie de la Covid-19, mesures d’aide aux sinistrés des inondations, santé mentale, révision de la constructibilité en zones inondables, protection contre le bruit, 5G, véhicules électriques, valorisation de la formation en alternance, meilleure sensibilisation à l’endométriose, assurance-autonomie, soutien au coworking, création d’un registre des cadeaux, lutte contre le sans-abrisme, etc.

Co-auteure d’une proposition de résolution visant à baliser les grandes orientations de la Wallonie pour le Plan stratégique wallon de la Politique agricole commune 2023-2027 (2021), M-M. Schyns dépose aussi une proposition de décret visant à institutionnaliser l’assemblée citoyenne et le conseil citoyen, et un autre texte pour mettre en place une consultation populaire (septembre 2020). Porteuse de plusieurs propositions de résolution en matières internationales (Mercosur, etc.), elle veille à ce que soient respectés à la fois des critères environnementaux, sociaux et sanitaires, ainsi que la démocratie, les libertés et les droits humains. Elle réclame des mesures pour poursuivre les crimes de génocide et les atteintes au patrimoine mémoriel.

Vice-présidente de la Commission économie-Aménagement du Territoire-Agriculture (2019-2024), membre de la Commission pour la Vérification des pouvoirs (2019-2024), la députée de la circonscription de Verviers est membre de la Commission spéciale d’enquête sur les inondations de juillet 2021, qui ont particulièrement ravagé la vallée de la Vesdre. Dans l’histoire de l’assemblée wallonne, c’est la troisième fois qu’est créée une telle Commission. Représentante du cdH, Marie-Martine Schyns est non seulement membre de cette Commission, mais aussi l’une des deux rapporteurs (avec l’écolo Olivier Biérin) des travaux qui se déroulent du 2 septembre 2021 au 24 mars 2022. Elle prend une part active à ses 26 réunions et 62 auditions. Le 31 mars 2022, les 161 recommandations formulées et réunies dans le rapport final sont adoptées par tous les députés wallons, à l’exception de ceux du PTB. Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle est membre de la Commission de l’Éducation (2019-2024).

Partie prenante du processus de rénovation et de refonte de l’ancien PSC-cdH, Marie-Martine Schyns soutient l’émergence du mouvement Les Engagés (congrès de mars et mai 2022), fait partie de son assemblée politique et est vice-présidente de l’équipe communale de Herve. Lors du scrutin wallon du 9 juin 2024, la tête de liste des Engagés est confiée à Jean-Paul Bastin, M-M. Schyns ayant la responsabilité de pousser cette liste à la reconquête d’un second siège dans la circonscription de Verviers.

 
Mandats politiques

Conseillère communale à Herve (2001-)
Echevine (2001-06/2010)
Députée fédérale (03/2008-06/2010 ; 12/2011-07/2013)
Ministre Fédération Wallonie-Bruxelles (07/2013-2014)
Députée wallonne (2014-04/2016)
Ministre Fédération Wallonie-Bruxelles (04/2016-2019)
Députée wallonne (2019-2024)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont L’Écho, 3 septembre 2016 ; La DH, 28 décembre 2023
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://www.mm-schyns.be/qui-suis-je (s.v. décembre 2017)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)