Simonis Jacques Joseph
Socio-économique, Entreprise
Verviers 12/08/1717, Verviers 03/03/1789
Originaires de la région de Polleur où leur présence est attestée dès le XVe siècle, les Simonis sont une famille importante de la région verviétoise. Installés comme marchands sur la place du Marché, à Verviers, à la fin du XVIe siècle, ils sont actifs dans le secteur textile à partir de 1680 et ils fournissent plusieurs bourgmestres à la « Bonne ville » de la principauté de Liège au XVIIIe siècle.
Par les liens du mariage, les Simonis se sont aussi unis à d’autres familles bourgeoises, notamment actives dans le travail et le commerce de la laine. C’est notamment le cas de Jacques Joseph Simonis, fils de Henri (1686-1745) : il est bourgmestre de Verviers à trois reprises, en 1760-1761, 1765-1766 et 1770-1771. De son mariage en 1745 avec Marie-Agnès de Franquinet (1726-1799) – fille d’industriel du textile et de bourgmestre – sont nés une dizaine d’enfants, parmi lesquels Marie-Anne (la sixième) et Jean-François Dieudonné, le cadet de la famille, dit Iwan Simonis qui sera considéré, sous le régime français, comme l’homme le plus riche du pays wallon. C’est Marie-Agnès de Franquinet qui se porta acquéreuse du château de Senzeilles en 1787 et apportant ainsi à son mari le titre seigneur de Senzeille, qui s’ajoutera à celui de Barbençon. Après 1789, ce château fut confisqué.
Mais à ce moment, Jacques Joseph Simonis n’est plus là. Il a laissé à sa famille une entreprise textile qui s’est fortement transformée depuis sa création en 1680, par Guillaume Henri Simon Simonis. Comme les Dethier et les Franquinet, J-J. Simonis a pris l’initiative de rassembler sous un même toit l’ensemble des gestes du travail de la laine, hormis le filage et le tissage. Il a ainsi créé un vaste atelier qui, très vite, va compter un nombre d’ouvriers assez élevé pour l’époque (près d’une centaine). En s’installant de préférence le long du canal des usines, il a cherché à bénéficier d’une eau en abondance, mais au débit moins brusque qu’à même la rivière. Renommée notamment pour la qualité de ses toiles de billard depuis ses origines, l’entreprise de draps dirigée par J-J. Simonis doit surtout sa prospérité à sa dynamique commerciale ; elle fait affaire avec plus de 30 grossistes établis dans les grandes villes du commerce textile en Europe, de Moscou à Lisbonne, en passant par Hambourg, Amsterdam, Vienne, Lyon ou Venise. Capitaliste-marchand, J-J. Simonis avait acquis une fortune considérable que ses enfants feront encore fructifier.
Sources
Liste des bourgmestres de Verviers de 1650 à nos jours, selon Detrooz, complétée jusqu’en 2001
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 343 ; t. II, p. 23
Michel ORIS, dans Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Yvan SIMONIS, Transmettre un bien industriel familial pendant six générations (1750-1940). Une étude de cas en Belgique. Premiers résultats, dans Les Cahiers du Droit, 1992, vol. 33, n°3, p. 735-737 (s.v. juin 2013)
Paul Delforge