Vandorpe Mathilde

Politique, Député wallon

Mouscron 19/12/1981

Députée wallonne : *2014-2019 ; 2019-2024

En application du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 sur le cumul des députés wallons, Alfred Gadenne se trouve devant un choix cornélien au soir du scrutin régional du 25 mai 2014 ; son taux de pénétration étant insuffisant, le choix s’impose entre son mandat de bourgmestre à Mouscron et la prolongation de son mandat de député wallon. En optant finalement pour le niveau communal, il ouvre les portes du Parlement wallon à Mathilde Vandorpe, première suppléante (3.516 vp), qui est cependant confrontée au même problème de conscience : pour sa troisième participation au scrutin régional, la jeune échevine de Mouscron ne laisse cependant pas passer l’occasion de prêter serment à Namur, annonçant ipso facto qu’elle devient échevine empêchée. 

C’est en 2004, lors du scrutin régional du 13 juin, que celle qui termine alors ses études s’est présentée pour la première fois à une élection ; elle avait 22 ans et à l’époque et Jean-Pierre Detremmerie emmenait les troupes d’un PSC qui venait de se transformer en cdH. En sixième position, elle réunissait sur son nom 1.606 voix de préférence ; cinq ans plus tard, la 3e suppléante gagnait des voix (2.250 vp), mais c’est le scrutin de 2014 qui s’avère décisif, le cdH se maintenant au même score de 16,5% qu’en 2009 et conservant deux sièges.

Présente aussi aux scrutins fédéraux de 2007 (9e place, 3.480 vp) et 2010 (7e suppléante, 2.560 vp) à l’échelle de la province du Hainaut, Mathilde Vandorpe a cependant fait ses premières armes au niveau local, en tant que vice-présidente de la section cdH d’arrondissement où elle représente les jeunes. Candidate aux communales d’octobre 2006, elle réalisait un faible résultat (557 vp, soit le 14e score cdH pour la 4e candidate), avant de progresser à 1.126 vp en 2012, soit le 5e résultat cdH (comme 6e candidate). Son entrée dans le Collège, en décembre 2006, lui assure une réelle visibilité en raison de l’importante activité qu’elle déploie sur le terrain en tant qu’échevine de la Jeunesse, de l’Environnement et de l’Égalité des chances. Professeur de français au Collège Sainte-Marie (2004-2014), commissaire de Simogel (2006-2013), administratrice de la Maison des Jeunes, présidente de crèches, présidente de la Société publique d’administration des bâtiments scolaires du Hainaut (2010-), l’échevine conserve la Jeunesse et l’Égalité des Chances après le scrutin communal d’octobre 2012, et y ajoute les Sports et les Jumelages. En mars 2012, elle entre aussi comme experte à temps partiel au Cabinet du ministre wallon Carlo di Antonio (-juin 2014). Celle qui prête serment à Namur en juin 2014 connaît dès lors l’institution wallonne, ses rouages et ses compétences.

Membre du Comité Mémoire et Démocratie, dont elle assure la présidence (novembre 2016-juillet 2017), Mathilde Vandorpe est l’une des vice-présidentes de la Commission Emploi-Formation (2014-2017) et elle fait partie de la Commission spéciale relative au Renouveau démocratique. Créée en mai 2015, cette Commission mène une réflexion sur les mesures de bonne gouvernance à mettre en œuvre au niveau régional ou local, visant notamment à améliorer tant la démocratie représentative que la démocratie participative. à la suite de ses travaux, la Wallonie adopte notamment deux décrets qui en font la première entité du pays à adopter le principe d’une consultation d’initiative citoyenne (2019). Cette consultation peut être organisée si une majorité simple des députés le décide ou si sont réunies au moins 60.000 signatures de citoyens belges et étrangers résidant en Wallonie.

Dans le dossier CETA, la députée wallonne cdH vote en faveur de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la mini-crise internationale qui s’en est suivi, elle figure parmi les 58 députés wallons qui votent en faveur du projet de motion qui valide le compromis où l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

Administratrice (2014-) et présidente d’un comité de secteur (2014-) de l’Intercommunale de propreté publique de Wallonie picarde (Ipalle), membre du comité subrégional Hainaut de l’ONE (2015-2018), Mathilde Vandorpe se signale par quelques interventions critiques à l’égard de la politique de l’emploi menée en Wallonie. Ses questions (plus de 300 durant la législature) portent cependant davantage sur les dossiers relatifs à la Wallonie picarde (par ex. le projet de « Route de la Laine », des dossiers de mobilité, etc.). Auteure d’une proposition de décret visant l’interdiction d’élevage d’animaux à fourrure en Wallonie, elle adopte une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière. Auteure d’une proposition de résolution visant la reconnaissance officielle de la Palestine, et d’une autre pour l’établissement d’une consigne sur les canettes, elle souhaite intensifier la lutte contre le dumping social, améliorer la formation en alternance, promouvoir le tourisme familial, défendre le maintien des services de proximité dans les zones rurales, améliorer les titres-services.

Soutenant l’appel du 19 juin 2017 de son président de parti, Benoit Lutgen, qui invite à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, Mathilde Vandorpe vote, le 28 juillet, avec 37 autres députés du cdH et du MR, la motion de défiance constructive qui scelle le sort du gouvernement de Paul Magnette et donne naissance au gouvernement de Willy Borsus. C’est une première dans l’histoire politique de la Wallonie. Un autre événement, tragique celui-là, survient en septembre, quand Alfred Gadenne est victime d’un geste assassin qui sème l’émoi dans tout le pays, en Wallonie picarde en particulier. Pressentie pour retrouver le Collège de Mouscron, Mathilde Vandorpe choisit de rester au Parlement de Wallonie. à la rentrée parlementaire 2017, restant membre de la Commission « Renouveau démocratique » et du Comité Mémoire & Démocratie, elle est membre de la Commission Économie-Emploi-Formation et de la Commission Action sociale-Santé-Fonction publique, jusqu’à la fin de la législature ; elle est aussi vice-présidente de la Commission pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Avec Véronique Salvi (cdH) et Véronique Durenne (MR), Mathilde Vandorpe fait adopter la création d’une commission technique « Revalidation » commune à la branche « Bien-être et Santé » et à la branche « Handicap » au sein de l’Agence wallonne de la santé, de la protection sociale, du handicap et des familles (30 janvier 2019), tout en adoptant une série de mesures, avec la courte majorité MR-cdH, destinées à montrer un changement de cap dans la politique menée à Namur. Avec une très large majorité de députés, elle adopte le décret spécial wallon du 25 janvier 2018 redéfinissant les circonscriptions électorales wallonnes ; c’est ainsi que la « nouvelle » circonscription électorale de Tournai-Ath-Mouscron s’élargit aux trois communes d’Enghien, Lessines et Silly, tout en continuant d’envoyer sept représentants à Namur. 

Avec le retrait politique de J-P. Detremmerie, le décès de Damien Yzerbyt et l’assassinat d’Alfred Gadenne, le cdH de Mouscron est contraint de se réorganiser. Le choix de Brigitte Aubert comme bourgmestre a été un premier jalon. Satisfait par son bilan, le cdH l’a placée comme tête de liste aux communales d’octobre 2018, Mathilde Vandorpe occupant la dernière place. Au soir du scrutin, ce sont plusieurs personnalités cdH qui émergent, la bourgmestre en tête (4.507 vp), Mathilde Vandorpe (1.678 vp) réalisant le 5e score de sa formation et tous partis confondus. Avec 47,5% des voix, le cdH consolide sa majorité absolue, conservant ses 19 sièges, tout en continuant à tendre la main au MR de Philippe Bracaval (5 s.), pour signer le pacte de majorité 2018-2024. Dans la nouvelle équipe, Mathilde Vandorpe n’est pas, ayant reçu mission de défendre les couleurs de son parti au scrutin régional du 26 mai 2019. Tête de liste cdH dans une circonscription agrandie, elle réunit 6.051 vp et conserve un siège (10,77%), base indispensable à la reconstruction d’une formation politique qui disposa de deux sièges entre 2004 et 2019 et qui dépassait les 20% lors du premier scrutin direct au Parlement de Wallonie, le 21 mai 1995.

Se conformant à la décision de son président de parti, Maxime Prévot, de ne participer à aucune majorité, la députée wallonne accepte le travail de redéfinition interne qui conduit à l’émergence du mouvement Les Engagés. Cheffe de groupe cdH dans la majorité au Conseil communal de Mouscron, la députée wallonne siège dans l’opposition à Namur, comme au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles où elle est secrétaire du Bureau présidé par Rudy Demotte (2019-2024) ; elle y participe aussi au Groupe de Travail relatif au cours d’Éducation à la philosophie et à la citoyenneté (2022). Membre de la Commission de vérification des pouvoirs et de la Commission Emploi-Action sociale-Santé et (2019-2024), la députée wallonne fait partie, à Namur, des dix députés du groupe politique cdH dirigé par François Desquesnes, qui organisent leurs travaux et leurs interventions de manière dynamique et collective, pour exister en tant que principale force d’opposition aux côtés des 10 députés du PTB. Actifs dans chaque Commission, ils sont régulièrement six ou sept à signer des propositions de décret dans toutes les matières régionales : démocratie locale, mobilité douce, circuit court, mesures urgentes et pratiques durant la pandémie de la Covid-19, stratégie wallonne en cas de crise sanitaire, santé mentale, logement et code wallon de l’habitation durable, lutte contre le gaspillage, 5G, protection contre le bruit, statut des transporteurs de voyageurs par route, véhicules électriques, meilleure sensibilisation à l’endométriose, création d’un registre des cadeaux, contrôle des comptes du Parlement wallon par la Cour des comptes, lutte contre les sans-abris, etc. Porteuse de plusieurs autres propositions de résolution, Mathilde Vandorpe intervient encore dans des débats importants pour y faire respecter à la fois des critères environnementaux, sociaux et sanitaires, la démocratie, les libertés et les droits humains. Attentive aux problèmes de pénurie de médecins dans les milieux ruraux, elle s’intéresse particulièrement aux dossiers relatifs aux handicaps. En juin 2022, elle dépose, avec Diana Nikolic (MR) et Joëlle Kapompole (PS) un rapport sur la prise en charge des aînés (Bien vieillir en Wallonie, 2022).

Administratrice de l’Intercommunale d’étude et de gestion (IEG, 2019-), présidente des Dauphins mouscronnois, membre d’honneur du Club de Gymnastique Olympique Mouscronnois (CGOM), Mathilde Vandorpe emmène la liste des Engagés lors du scrutin wallon du 9 juin 2024.

 

Mandats politiques

Conseillère communale à Mouscron (2006-)
Échevine (2006-2012 ; 2012-07/2014)
Députée wallonne (2014-)
Échevine empêchée (07/2014-2018)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont La DH, 16 mai 2019, 7 octobre 2019
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)