Wérotte Charles

Culture, Lettres wallonnes

Namur 05/03/1795, Namur 24/04/1870


Deux noms apparaissent à l’origine de la littérature wallonne dans le Namurois : Nicolas Bosret, d’une part, Charles Wérotte d’autre part. Ils sont contemporains. En raison de son fameux Bia bouquet, le premier semble mieux connu que le second qui signe le chant des Salzinnois (Les Tris d’Salzènes) et fut surtout le président de la société Moncrabeau pendant douze années ; au milieu du XIXe siècle, par les multiples chansons qu’il écrit et publie, Charles Wérotte contribue à la transmission écrite du langage parlé par le petit peuple et ce dernier le lui rend bien en vouant une admiration sans borne à ses textes il est vrai légers et au style facile.

Né sous le régime français, ayant grandi sous celui des « Hollandais », Charles Wérotte accueille le nouvel État belge en conservant et en entretenant ce qui lui paraît le plus important la pratique de la langue wallonne. Celui qui devient fonctionnaire au gouvernement provincial de Namur et qui y terminera sa carrière au rang de chef de service signe quelques œuvres dialectales et des pièces en français qu’il rassemble dans un fort volume intitulé Chansons wallonnes et otes poésies. Édité chez Godenne, son beau-frère, l’ouvrage qui vaut essentiellement par les textes en wallon connaîtra quatre éditions (entre 1844 et 1867).

Après avoir composé un long poème où il évoque les jeux de son enfance, il semble avoir adopté la mode de l’époque qui consiste à transformer en wallon les fables de La Fontaine, mais cette production est de peu d’importance, comparée aux très nombreuses chansons qu’il va composer, à partir de 1844, pendant un quart de siècle. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver, le 27 septembre 1843, parmi les fondateurs d’une nouvelle société d’agrément tournée vers la chanson wallonne et composée d’artistes facétieux. Prenant le nom du village français de Moncrabeau qui entretient une solide réputation de menteurs, l’association se donne pour objectifs de conserver les traditions populaires et de défendre la langue wallonne. De 1858 à 1870, Wérotte préside cette Académie composée des Quarante Molons (quarante toqués). Maniant aisément l’ironie, adepte de la satire, il chantera des sujets variés, liés à la vie quotidienne voire à l’actualité de son temps. Par son activité inlassable et son étonnante popularité, Wérotte contribue à faire éclore à Namur un fort foyer de littérature dialectale.

 

Sources

Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 109
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 403
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 467, 470 ; t. III, p. 243
http://wa.wikipedia.org/wiki/Charles_W%C3%A9rotte (s.v. novembre 2014)
Félix ROUSSEAU (dir.), Molons èt rèlîs namurwès: La littérature dialectale à Namur de Charles Wérotte à Joseph Calozet : [Exposition dialectale organisée à Namur, au siège du Crédit communal de Belgique pour la province de Namur, du 29 novembre au 21 décembre 1968], Namur, Crédit communal, 1969
Le Guetteur wallon, Namur, 1981, 57e année, n°2, p. 39
Willy BAL, dans Biographie nationale, t. 42, col. 781-783