Wibald de Stavelot
Eglises, Politique
Lieu de naissance inconnu 1097 ou 1098, Bitolj-Bitola (Macédoine) 19/07/1158
Moine de l’abbaye bénédictine de Waulsort (1117-1118), avant d’être transféré à Stavelot (1118), Wibald est élu à la tête de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy en 1130. Jusqu’à son décès, Wibald s’attèle à la réforme économique et spirituelle du monastère fondé par Remacle : il restaure la discipline monastique, la rigueur de gestion, les relations de l’abbaye avec l’extérieur, etc. Il obtient aussi des droits régaliens (battre monnaie, création d’un marché à Stavelot, levée d’un tonlieu, etc.). Proche conseiller des rois germaniques Lothaire III, Conrad III et Frédéric Ier, ce Stavelotain formé dans les prestigieuses écoles liégeoises – il eut Rupert de Deutz comme maître – apparaît comme celui qui assoit définitivement le statut particulier de la principauté abbatiale, état assez autonome, à cheval sur deux évêchés et particulièrement rural.
Personnage érudit qui joue un rôle certain dans l’Europe chrétienne du XIIe siècle, conseiller de trois empereurs, Wibald est d’une étonnante culture (aussi bien dans les lettres que dans les mathématiques et les sciences). Diplomate ayant du monde grec une connaissance directe, ce « politique » est investi d’une série de missions dans quelques grandes affaires européennes de son temps à la fin des années 1130. Sa contribution à l’élection de Conrad III renforce son influence à la Cour impériale. À partir de 1139, il partage son existence entre l’abbaye de Stavelot et surtout la chancellerie royale où il occupe la fonction de notaire. Entre 1139 et 1157, il rédige une grande partie des diplômes, mandements ou lettres pour ses souverains. Ses propres échanges épistolaires, très nombreux, témoignent des relations qu’il entretient dans tous les lieux de pouvoir d’Europe et à Byzance.
Nommé à la tête de la grande abbaye saxonne de Corvey en 1146 sous la pression de Conrad III, Wibald de Stavelot atteint le sommet de sa carrière lorsque, entre 1147 et 1152, il se voit confier la mission de régler la succession du roi (parti à la croisade) et de veiller à la formation du jeune Henri VI, son héritier désigné. Homme d’Église par définition au service du Pape et conseiller choisi par l’Empereur, Wibald aura fort à faire pour satisfaire les uns et les autres.
Homme de religion attentif à honorer sa foi par du mobilier liturgique de qualité et d’objet susceptibles de valoriser ses abbayes, Wibald s’avère un homme de goût qui parvient à attirer les meilleurs orfèvres et enlumineurs de manuscrits de son époque. Il a fait réaliser des pièces exceptionnelles de l’art mosan, comme le chef-reliquaire du pape Alexandre, le retable de Saint-Remacle, ainsi que le triptyque de Stavelot, exemple remarquable de l’émaillerie champlevée. Moine bénédictin de stricte observance, il contribue particulièrement au développement du culte de Saint-Remacle.
Avec la disparition de Conrad III (1151), la politique impériale connaît des changements. Élu en mars 1152, Frédéric Ier Barberousse confie à Wibald le soin de préparer la matrice du sceau de l’impératrice Béatrice et celle de la bulle d’or. Il l’envoie aussi en mission à Byzance. C’est d’ailleurs en revenant d’une ambassade à Constantinople que le diplomate perdra la vie, du côté de la Macédoine ; il sera enterré à Stavelot l’année suivante.
Sources
Albert LEMEUNIER, Wibald de Stavelot Abbé d’Empire : d’or et de parchemin, Stavelot, 2009
Albert LEMEUNIER, Nicolas SCHROEDER (dir.), Wibald en questions : Un grand abbé lotharingien du XIIe siècle. Actes du colloque de Stavelot, 19-20 novembre 2010, Stavelot, 2010
Joseph DECKERS, Jacques STIENNON (dir.), Wibald, abbé de Stavelot-Malmédy et de Corvey (1130-1158) : Stavelot, musée de l’ancienne abbaye, 2 juillet-26 septembre 1982, Stavelot, 1982
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 93-94
Georges DESPY, dans Biographie nationale, t. XXX, col. 814-828
Philippe GEORGE, Reliques et arts précieux en pays mosan. Du haut Moyen Âge à l’époque contemporaine, Liège, Céfal, 2002, p. 72-73
Paul Delforge