Ylieff Yvan

Politique, Député wallon

Verviers 08/03/1941

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995*

Licencié en Histoire de l’Université de Liège (1963), professeur d’histoire à l’École normale de l’État (1963-1964), puis à l’Athénée de Verviers (1964-1968), Yvan Ylieff milite dans les milieux socialistes, que ce soit dans des activités wallonnes, contre la guerre d’Algérie ou pour la cessation des essais nucléaires dans le monde. Attaché auprès du ministre de l’Éducation nationale (juin 1968-janvier 1972), il y devient l’un des collaborateurs de Fred Dethier, le chef de Cabinet d’Abel Dubois sous les gouvernements Eyskens. Il entre ensuite au Cabinet de Léon Hurez où il est à nouveau attaché auprès d’un ministre de l’Éducation nationale (janvier 1972-octobre 1973), avant de devenir conseiller auprès du Premier ministre Ed. Leburton (octobre 1973-avril 1974).

Conseiller communal élu en 1970, désigné d’emblée Premier échevin, en charge de l’Instruction publique, il succède à Pierre Miessen en 1973, quand survient brusquement le décès du bourgmestre. Après la fusion des communes, Yvan Ylieff devient le premier bourgmestre de la ville de Dison et quasiment le seul depuis janvier 1977, conservant de scrutin en scrutin une majorité absolue au PS. C’est en 1974 qu’il fait son entrée à la Chambre des représentants. Jusqu’en 1995, il est le représentant socialiste de l’arrondissement de Verviers. Durant ces années, il contribue à la réforme des institutions, votant les lois d’août 1980, celles de 1988, 1989 et 1992-1993. En conséquence, après avoir siégé au Conseil culturel de la Communauté française à partir de 1974, il prend également place au Conseil régional wallon à partir de 1980. Depuis 1973, il siégeait aussi au Conseil économique régional de Wallonie (1973-1983).

Spécialiste des questions liées à l’Enseignement, relais des inquiétudes et des revendications des syndicats et du monde enseignant sous les gouvernements Martens-Gol, il se fait aussi le défenseur des services publics et, depuis le début des années quatre-vingt, est un avocat de la cause fouronnaise. Au Conseil régional wallon, Yvan Ylieff devient le chef de groupe socialiste du 8 novembre 1983 au 10 mai 1988. Rejetant l’idée de la fusion, il défend l’implantation du pouvoir wallon à Namur. Favorable à la participation des socialistes à la majorité nationale (mai 1988), Y. Ylieff entre dans le gouvernement Martens VIII comme ministre de l’Éducation nationale (F) (10 mai 1988-16 janvier 1989). Il est le dernier à occuper ce poste, la matière étant communautarisée début 1989. Il accompagne d’ailleurs les compétences quand il devient le premier ministre communautaire de l’Éducation et de la Recherche scientifique (17 janvier 1989-7 janvier 1992), avec comme collègue immédiat le PSC Jean-Pierre Grafé. Le passage de l’État central aux entités fédérées est un moment délicat qui suscite de grands espoirs, mais qui va générer de grandes désillusions, alimentées par l’accumulation des années de frustrations. Le binôme ministériel Ylieff-Grafé importe du national les vieilles rivalités de la question scolaire, mais sans avoir les moyens financiers de les résoudre. Malgré les nombreuses initiatives innovantes du ministre Ylieff, la législature est marquée par l’imposante levée de boucliers des professeurs (1990-1991), autour notamment des insuffisances de la loi de financement et des conséquences pour l’emploi. Il faut l’intervention décidée des présidents de parti (G. Spitaels et G. Deprez) pour mettre un terme à la grève au finish (novembre 1990). Les soubresauts de la Communauté française n’échappent à personne : ils seront réglés en 1992-1993.

Négociateur lors de la confection des accords politiques de la Communauté française en janvier 1992, Y. Ylieff ne reçoit cependant aucune mission ministérielle, lorsque Guy Spitaels devient le ministre-Président wallon et Bernard Anselme le premier « communautaire » et il retrouve ses fonctions parlementaires et de bourgmestre. À la Chambre, Y. Ylieff se voit confier la vice-présidence du bureau, ainsi que la présidence de la Commission de la Justice (1992-1995). Si le PS lui impose une sorte de traversée du désert, l’ancien ministre peut se prévaloir de l’appui de ses électeurs. Le 21 mai 1995, son score personnel est le meilleur qu’il ait jamais réalisé. Il figure ainsi parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon.

S’il négocie le programme de la coalition PS-PSC en matière d’enseignement et de formation, il n’hérite pas d’un portefeuille ministériel à la Communauté française, mais dans le gouvernement Dehaene II, où il est chargé de la Recherche scientifique et de l’Environnement (22 juin 1995-12 juillet 1999). Comme en 1989 après la communautarisation de l’Enseignement, Yvan Ylieff arrive dans un ministère qui a fait l’objet d’une révision récente puisque, en raison de la Saint-Michel, la priorité en matière de politique scientifique a été accordée aux Communautés et aux Régions. Cependant, les compétences fédérales, considérées comme « exceptions » demeurent importantes, notamment par leur volet financier : on attend du nouveau ministre qu’il crée un Conseil fédéral de la Politique scientifique, organe qui nécessite l’accord des communautés et du fédéral (le Conseil est inauguré en avril 1999). Il reçoit aussi la Recherche spatiale, secteur qui attire vers lui la majeure partie des crédits fédéraux. Président du Conseil ministériel de l’ESA (1995-1999), Y. Ylieff préside la Conférence de Toulouse sur l’Europe spatiale (octobre 1995).

En juin 1999, le Disonais est élu à la Chambre fédérale mais, à nouveau, il ne siège pas, étant choisi par Ph. Busquin comme ministre de la Jeunesse, de la Fonction publique et de l’Enseignement de promotion sociale, dans le gouvernement Wallonie-Bruxelles arc-en-ciel placé sous la présidence de Hervé Hasquin (13 juillet 1999-4 avril 2000). Il vient à peine de terminer la réforme du régime des congés de maladie des professeurs – un dossier difficile – quand il est appelé par Elio Di Rupo dans le gouvernement fédéral de Guy Verhofstadt : il est nommé Commissaire fédéral adjoint au ministre fédéral de la Politique scientifique Charles Picqué (8 avril 2000-mai 2003). En tant que Commissaire du gouvernement, il n’est pas soumis à la règle du cumul et peut reprendre ses fonctions maïorales et parlementaires. S’il laisse à André Frédéric son mandat parlementaire, il reprend la direction du collège de Dison, histoire de bien préparer le scrutin d’octobre 2000 qui sera le meilleur cru tant du PS disonais (63%) que de son leader, qui éliminent alors toute représentation de l’extrême-droite au Conseil communal.
Quand début mai 2003, le gouvernement Verhofstadt enregistre la démission des deux ministres Écolo (Isabelle Durant et Olivier Deleuze) en raison du dossier des vols de nuit, il reste douze jours avant le scrutin du 18 mai ; obligé de respecter l’équilibre linguistique de son équipe, le Premier ministre désigne un ministre adjoint de la Recherche scientifique et un Secrétaire d’État. Yvan Ylieff achève ainsi sa carrière fédérale avec le rang de ministre. 

En effet, en mai 2003, il n’est plus candidat au moindre mandat parlementaire, se plongeant désormais essentiellement dans la gestion communale. En 2012, il entame son 8e mandat consécutif de bourgmestre qu'il exerce jusqu'en 2018. Il devient par la suite conseiller communal.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse -2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 576-583

Mandats politiques

Conseiller communal d’Andrimont (1971-1976)
Échevin (1971-1973)
Bourgmestre (1973-1976) (1977-2018)
Conseiller communal de Dison (1977-)
Député (1974-1995)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Chef de groupe au CRW (1983-1988)
Député wallon (1995)
Ministre fédéral (1995-1999) (2003)
Député fédéral (1999)
Ministre communautaire (1999-2000)
Commissaire fédéral (2000-2003)