Audent Jules

Politique

Charleroi 06/06/1834, Charleroi 06/10/1910

 Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le bourgmestre Jules Audent trace le nouveau paysage urbanistique de Charleroi. Transformant la petite cité embastillée en une ville moderne du XXe siècle, il la dote de tous les instruments indispensables à son développement industriel.

Après le Collège de Charleroi, l’Athénée de Bruxelles et l’Université de Liège, Jules Audent entre au barreau de Charleroi bardé d’un doctorat en Droit (1857), comme son père, avocat et par ailleurs ardent animateur des Journées de Septembre 1830 à Charleroi. Le jeune juriste s’y forge progressivement un nom, notamment dans les affaires civiles et, à huit reprises, entre 1871 et 1908, il sera appelé à la fonction de bâtonnier.

Attiré par la politique, en particulier par le programme du parti libéral, Jules Audent est élu conseiller communal de Charleroi, selon le suffrage censitaire (1863), avant d’accéder à un échevinat important, celui des Beaux-Arts et de l’Instruction publique (1873). Six ans plus tard, en 1879, ce libéral pragmatique et rassembleur au niveau local, succède à Charles Dupret comme bourgmestre de Charleroi, ville industrielle de 17.500 habitants, dont le développement est resté longtemps entravé par le carcan des remparts militaires. La désignation d’Audent met aussi un terme à une situation politique locale un peu compliquée, Charleroi naviguant dans le provisoire depuis quelques années.

Très tôt, Jules Audent a pris la responsabilité d’engager une réflexion sur la transformation profonde de sa ville. Concours, jury, négociations, élaboration de plans d’ensemble, recherche de moyens financiers mobilisent le jeune mandataire communal qui va devenir le principal artisan de l’urbanisation nouvelle de Charleroi. La destruction des vieux remparts ouvre de nouvelles perspectives et, tout au long de son quart de siècle de maïorat (1879-1903), le « leader carolorégien » fixe le cap et façonne la cité industrielle du XXe siècle, la dotant d’infrastructures à la mesure d’une métropole : boulevards, parcs publics, distribution d’eau, système d’égout, abattoir, palais de justice (1880), bourse de commerce (1892), sans oublier les implantations scolaires – du primaire au secondaire, voire en passant par le « maternel », le technique et le professionnel – qu’il avait lancées lorsqu’il était échevin. Le 1er juin 1889, le boulevard Central – construit dans la ville haute – est baptisé boulevard Audent pour le 25e anniversaire de son entrée dans l’administration. Fin 1903, « le vieux mayeur » fait ses adieux à la vie communale et aux près de 30.000 habitants que compte désormais la métropole (soit 23.000 de plus que quand il entra au conseil communal).

Cofondateur de la Gazette de Charleroi (1878), Jules Audent exerce encore son mandat de sénateur, où l’avait poussé l’Association libérale de Charleroi. Fin 1891, il avait en effet accepté d’achever le mandat d’Émile Balisaux, décédé, et il siègera à la Haute Assemblée jusqu’en 1908, étant élu selon le nouveau suffrage universel tempéré par le vote plural. Libéral doctrinaire, disciple de Frère-Orban et de Jules Bara, hostile aux idées socialistes, il acceptera et encouragera l’idée d’un cartel anticlérical pour les élections de 1908, scrutin où il n’est plus candidat. 

Dans son arrondissement, qu’il s’agisse de Charleroi, ou de Charleroi-Thuin, il jouit d’une popularité considérable, emportant par exemple, plus de 60 % des suffrages en 1894. Devant ses pairs, il n’aura de cesse de réclamer l’instauration du service militaire personnel et obligatoire. En attendant cette réforme, cet ardent défenseur de l’ordre public s’appuyait sur une garde civique locale qu’il voulait efficace. Il y eut recours lors des émeutes du printemps wallon de 1886 et plusieurs commentateurs de l’époque soulignent que les décisions du bourgmestre évitèrent que les débordements ne soient plus graves encore que ce qu’ils n’ont été.

Parallèlement à ses activités d’avocat et de mandataire public, Jules Audent était aussi administrateur de sociétés ; président de la Fabrique de Fer de Marchienne (1876, 1878) et du Charbonnage d’Ormont (1890-1892), il était administrateur des Forges de la Providence, des Charbonnages du Petit-Try à Lambusart et de la Banque de Bruxelles (1899-1909), et membre du conseil général de la Caisse d’Épargne et de Retraite (1894-1900).

Sources

Gazette de Charleroi, 7 octobre 1910
Joseph HARDY, Chroniques carolorégiennes inspirées des écrits de Clément Lyon, Charleroi, éditions Collins, (circa 1944), p. 133-139
http://www.charleroi-decouverte.be/index.php?id=85 (s.v. mai 2016)
Jean-Pierre HENDRICKX, dans Biographie nationale, t. 39, col. 48-60
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p 10-11

Mandats politiques

Conseiller communal de Charleroi (1863-1903)
Échevin (1873-1879)
Bourgmestre (1879-1903)
Sénateur (1891-1908)