Blume Isabelle

Humanisme-Egalité

Baudour 22/05/1892, Bruxelles 12/03/1975

Fille d'un pasteur protestant, Isabelle Grégoire grandit dans le Borinage, dans l’environnement de ce temple protestant qui arbore un coq à son clocher depuis sa fondation en 1827 et qui est à l’écoute de la misère ouvrière. La famille Grégoire fréquente les Defuisseaux et la jeune fille est rapidement conscientisée à la question sociale et féminine ; elle fait des études à Liège et dispose d’un diplôme de régente littéraire. En 1913, elle épouse David Blume qui, plus tard, deviendra le pasteur protestant de Dour. De ce mariage naît Jean Blume, éphémère député communiste de Bruxelles en 1961.

Après la Grande Guerre, Isabelle Blume doit se rendre à l’évidence : le suffrage universel tant réclamé par le POB est réservé aux hommes seuls et les conditions d’existence restent difficiles. Militante passionnée, Isabelle Blume-Grégoire n’aura de cesse de lutter contre toutes les inégalités et discriminations qu’elles soient fondées sur le sexe, l’argent, la religion ou la couleur de peau. Ayant trouvé du travail à Bruxelles comme enseignante dans une école protestante (1920), elle s’installe à Bruxelles. Active dans les milieux socialistes et pacifistes, elle prend diverses responsabilités au sein de commissions se préoccupant du statut de la femme, au sein du POB. Éphémère conseillère communale à Uccle (1932), la présidente des Femmes socialistes est élue députée de l’arrondissement de Bruxelles sur une liste du POB en mai 1936, alors qu’elle ne dispose pas du droit de vote. Elle est l’une des toutes premières femmes à siéger au Parlement. Avant elle, Lucie Dejardin avait été élue à la Chambre en 1929, tandis que la Bruxelloise Marie Janson avait été cooptée au Sénat (1921).
 

Engagée dans la lutte en faveur de l’Espagne républicaine, contre le fascisme et pour la paix universelle, elle prend fait et cause contre la politique dite de neutralité du gouvernement belge et de Léopold III. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, elle est l’une des premières parlementaires à rejoindre Londres où elle retrouve la gauche unie de Camille Huysmans ; elle s’occupe du service social du département de la Marine. Organisatrice de la journée internationale de la femme, inspiratrice d’une loi modifiant les règles de la prostitution, elle n’a cessé de militer en faveur de l’extension du droit de vote aux femmes, objectif atteint en 1948 seulement. Propagandiste remarquée, elle participe dès lors aux élections de 1949 et 1950 qui, symboliquement, sont celles qui l’envoient pour la dernière fois à la Chambre ; elle renonce en effet à son mandat en 1954, au lendemain d’une Question royale au cours de laquelle elle a nettement pris parti contre le retour de Léopold III.
 

La Guerre froide place de plus en plus Isabelle Blume en désaccord avec la ligne politique du PSB. Présidente des Amitiés belgo-soviétiques, toujours pacifiste, anti-Plan Marshall, elle est exclue du Parti socialiste belge en 1951 et achève son mandat de députée comme indépendante. Engagée entièrement dans le travail du Conseil mondial de la Paix, Prix Staline de la Paix en 1953, elle devient la présidente pour la Belgique et vice-présidente du Conseil mondial en 1965. En raison du refus du PSB de la réintégrer, elle adhère au Parti communiste de Belgique (1964) et fait partie de son Comité central. En octobre, elle est élue conseillère communale à Hornu, sur ses terres boraines. Observatrice attentive de l’évolution du monde au cours de ses nombreux voyages, elle n’hésite pas à exiger le retrait des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie lors du Printemps de Prague, et perd directement ses responsabilités au sein du CMP (1969).
 


Sources

José GOTOVITCH, Grégoire Isabelle, dans Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, 2006, p. 289-292
Des femmes dans l’histoire en Belgique depuis 1830, Bruxelles, Luc Pire, 2006, p. 138

Conseillère communale d’Uccle (1932)
Députée de Bruxelles (1936-1954)
Conseillère communale de Hornu (1965-1970)