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Delvaux Laurent

Culture, Sculpture

Gand 1696, Nivelles 24/02/1778


Pendant plus de quarante ans, le sculpteur Laurent Delvaux exerce son talent à Nivelles. Souvent considéré comme le représentant du baroque parce que les chaires de vérité sont une des pièces les plus significatives de ce style, « maître-sculpteur de la Cour » sous Charles de Lorraine, il a appris le métier à Bruxelles, à Londres et à Rome. Mais c’est dans la cité de son épouse et de sa famille qu’il donne le plein de sa créativité dans l’exécution de commandes destinées, pour une bonne part, à la collégiale Sainte-Gertrude.

Natif de Gand, ayant eu pour maître l’Anversois Pierre-Denis Plumier, Laurent Delvaux est issu d’une famille wallonne et les historiens de l’art s’accordent à considérer que « du XVIIe siècle « flamand », il ne porte guère l’empreinte » (Marguerite Devigne). Durant son apprentissage à Bruxelles, il s’est familiarisé à la sculpture de chaires de vérité, de monuments funéraires et de figures allégoriques et il a l’occasion de démontrer son savoir-faire lors d’un séjour en Angleterre (1717-1726), notamment à l’abbaye de Westminster. Réalisant également quelques bustes et statues, il travaille aussi bien le bois que la pierre quand il fait le voyage en Italie (1726-1733) ; à Rome, la sérénité des antiques le séduit, davantage que le Bernin, et influence son style du moment. Malgré le succès qu’il rencontre notamment auprès du Vatican, il rentre au pays. Nommé sculpteur de la Cour à Bruxelles, auprès de l’archiduchesse Marie-Élisabeth puis de Charles de Lorraine, il se fixe définitivement à Nivelles, où il retrouve son père. Plus personnel, son style se fait alors « de mesure, d’équilibre, de force contenue et de lyrisme décoratif ». Si les cours européennes et les abbayes sont ses commanditaires, il consacre une attention particulière à la décoration de la collégiale de Nivelles, dont le chantier de réaménagement s’étend de 1735 à 1772.

En 1770, Laurent Delvaux dote la collégiale Sainte-Gertrude d’une chaire de vérité, en marbre, représentant la rencontre de Jésus et de la Samaritaine au puits. Dans cette œuvre se mêlent plusieurs styles : les escaliers et la cuve sont d’un style Louis XV et Louis XVI, tandis que la scène du pied, par la sobriété des gestes et des drapés des personnages, annonce le néo-classicisme. Plusieurs statues de la collégiale nivelloise portent aussi la signature de Delvaux, dont un groupe appelé Conversion de saint Paul. Si Nivelles est privilégiée (un groupe de la Conversion de l’Apôtre, sculpté dans le bois et destiné au maître-autel, trouve place dans l’église Saint-Paul), la cathédrale Saint-Aubain à Namur abrite pour sa part les statues des quatre docteurs de l’Église latine et l’église Notre-Dame dispose d’un saint Antoine. L’abbaye de Floreffe compte aussi trois statues de saint. À Gand, il sculpte la chaire de Saint-Bavon et, dans le marbre, l’effigie de saint Liévin à l’église Saint-Michel. Enfin, à Bruxelles, où il dispose aussi d’un atelier, Laurent Delvaux décore principalement la façade du palais du Gouverneur général (deux bas-reliefs et neuf statues, dont un monumental Hercule, datant de 1770), entre 1767 et 1772, et l’on peut y percevoir ici aussi les prémisses du néo-classicisme.

 

Sources

Edmond DE BUSSCHER, dans Biographie nationale, t. 5, col. 498-503
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995 
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 243-244
Alain JACOBS, Laurent Delvaux, Paris, Arthema, 1999