Feyder Vera

Culture, Littérature

née FEDERMAN

Liège 1939

C’est à Liège qu’un jeune Polonais trouve refuge à la fin des années 1930, fuyant les pogroms de Silésie. Dans sa terre promise, Maurice Federman apprend le français, exerce divers métiers, fréquente des artistes et s’essaye à quelques petits poèmes dans la langue de Molière : en 1937, il publie ses premiers poèmes écrits en français. De sa rencontre avec une jeune Serbe, naît Véra Feyder, peu avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale. En septembre 1942, Maurice Federman est dénoncé comme juif par un membre du cercle littéraire qu’il fréquente ; déporté, il ne reviendra pas du camp d’Auschwitz ; il meurt en février 1945 lors d’un transfert vers Buchenwald.

Habitée par un fort sentiment de révolte, la jeune fille quitte Liège en 1957, à ses 18 ans, pour tenter sa chance à Paris, comme comédienne d’abord, écrivain ensuite. Auteur d’une quarantaine de dramatiques originales pour la radio, d’adaptations et de feuilletons, elle est la vice-présidente de la Commission française de la radio de 1999 à 2002. Que ce soit dans ses romans, ses pièces de théâtre ou ses nouvelles, Véra Feyder développe un sens poétique affirmé et attribue à Liège une place particulière. Elle y témoigne à la fois du souvenir de sa terre natale (le fleuve, les gens, les activités industrielles) et d’un ferme engagement en faveur des droits de l’homme et de la démocratie. Ainsi, en 1982, Caldeiras est émaillé de mots wallons et se déroule, pour partie, dans le quartier de Hors-Château. Dix ans plus tard, Liège est le sujet d’une ballade littéraire doublée d’un regard urbanistique acéré. Au théâtre, Devoirs de vacances témoigne de son engagement politique et Millepertuis est une dénonciation du pouvoir de l’argent.

Écrivain installée à Paris, discrète et engagée, elle a été récompensée par de nombreux prix littéraires dont le Prix François Villon pour son recueil de poèmes Pays d’absence (1970), le Prix de l’Académie française pour Passionnaire (1975), le Prix Rossel pour son roman La Derelitta (1977), le Prix Littérature Amnesty pour La Bouche de l’Ogre (2003) ou le Prix Paul Verlaine de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre (2008).

 

Oeuvres principales
  • Un jaspe pour Liza, Paris, 1965 (nouvelle)
  • Passionnaire, Auvenier, 1974 (poésie)
  • La Derelitta, Paris, 1976
  • L’Éventée, Paris, 1978
  • Caldeiras, Paris, Stock, 1982
  • Liège, Champ vallon, 1992
  • Millepertuis, 1996 (théâtre)
  • Devoir de vacances, 1997 (théâtre)
  • La Bouche de l’Ogre, Bruxelles, 2002 (théâtre)
  • La belle voyageuse endormie dans la brousse, Bruxelles, 2003
  • Le Rat, le loup et la fourmi : Fable, Tirésias, Paris, 2003
  • Un manteau de trous, Bruxelles, 2005 (récit autobiographique)
  • O humanité !, Bruxelles, 2008
  • Ne Pas Oublier de Regarder le Ciel, Rennes, 2008

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995