Flémalle Bertholet

Culture, Peinture

Liège 23/05/1614 – 1675

Disciple le plus important de Gérard Douffet, Bertholet Flémalle (ou Flémal) est l’un des représentants majeurs de l’école liégeoise de peinture du XVIIe siècle. À une époque où l’école de Rubens et l’art flamand brillent de mille feux, des artistes vivant en principauté de Liège sont davantage attirés par ce qui se fait en Italie et en France. 

Au sein de cette école liégeoise de peinture qui se distancie du baroque exubérant, et où l’on ne retrouve ni peintures de mœurs, ni scènes de chasse ou natures mortes truculentes, Bertholet Flémalle se distingue par ses portraits, par ses thèmes inspirés par l’histoire et la mythologie, ainsi que par la religion. Issu d’une famille d’artistes, il apprend son métier dans l’atelier du maître liégeois de l’époque, Gérard Douffet. Ensuite, contrairement à Douffet qui n’a effectué que le seul voyage en Italie, Flémalle s’est arrêté à Paris en revenant de Rome et de Florence (1638-1646). Dans la capitale française, il trouve à la fois des compléments d’inspiration, la protection de mécènes et le soutien d’un autre Liégeois, Jean Valdor. Il reviendra à Paris, plus tard : en 1670, en effet, il est nommé professeur à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. Il a notamment l’occasion de réaliser une Adoration des mages pour une des galeries de Versailles et de décorer un important hôtel particulier.

À son retour à Liège (1646), Bertholet Flémalle ajoute Poussin, Le Sueur et Le Brun à l’inspiration italienne de son maître Douffet et à l’École liégeoise. Ce n’est pas pour rien que Jacques Hendrick le surnomma « le plus français des peintres liégeois par le style ». En principauté de Liège, où il se fait architecte pour sa propre maison en bord de Meuse (1663), Bertholet Flémalle parvient à maintenir un haut niveau d’inspiration et de qualité pour répondre aux multiples sollicitations dont son art fait l’objet ; du fait des sujets religieux qu’il traita souvent (il excellait dans la représentation des anges), une grande partie de son œuvre a été détruite ou a disparu. Aujourd’hui, pour admirer ses tableaux, il faut se rendre au Prado, à Madrid, en France et en Allemagne. 

La cité de Liège a conservé L’Invention de la sainte Croix (1674, dans l’église du même nom), un Saint Bruno en extase (esquisse au Musée diocésain de Liège). On s’accorde à reconnaître dans l’Adoration des Bergers (1665, tableau conservé à Caen au Musée des Beaux-Arts) son œuvre la plus remarquable, dans la mesure où il y mélange réalisme et classicisme et où son coloris le distingue nettement de l’école d’Anvers. Élève de Douffet, peintre attitré du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière, nommé chanoine de la Collégiale Saint-Paul (1670), il est un maître pour Gérard de Lairesse, Jean-Guillaume Carlier ou Englebert Fisen.

En 2011, la Conversion de Saint-Paul, toile de grande taille (4,63 x 2,66 m), enlevée à Liège en 1798 et exposée généralement au musée des Augustins de Toulouse, a retrouvé la cathédrale Saint-Paul de Liège pendant quelques mois.

Sources

Jules HELBIG, La peinture au pays de Liège et sur les bords de la Meuse, Liège, 1903, p. 253 et ssv.
Jacques HENDRICK, dans Wallonie. Le Pays et les Hommes, t. II, p. 233, 240-241
Pierre-Yves KAIRIS, Foisonnement et diversité : les peintres du XVIIe siècle, dans Un double regard sur 2000 ans d'art wallon, Tournai, La Renaissance du livre, 2000, p. 321-341
Pierre-Yves KAIRIS, Flémal Bertholet, figure centrale de l'école liégeoise de peinture au temps du Roi-Soleil
Jacques STIENNON, dans JORIS Freddy, ARCHAMBEAU Natalie (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
La collaboration de Bertholet Flémalle à la décoration de l'Hôtel Lambert à Paris figure dans Le Cabinet de l'Amour de l'Hôtel Lambert. Catalogue rédigé par Jean-Pierre BABELON, Georges DE LASTIC, Pierre ROSENBERG, Antoine SCHNAPPER, Paris, 1972 I, Les dossiers du département des peintures du Musée du Louvre.