Guyot dit Castileti ou Jean Guyot de Châtelet Jean

Culture, Musique

Châtelet 1512, Liège 11/03/1588

Au Moyen Âge comme aux Temps modernes, il n’est pas rare que les bons musiciens du pays wallon soient invités à poursuivre leur carrière auprès des grandes cours princières : l’Italie, la Bavière, la France, l’Espagne, voire l’Angleterre les attirent volontiers. Johannes Ciconia, Guillaume Dufay, Gilles Binchois, Johannes Tinctoris, Roland de Lassus sont quelques exemples de ces musiciens, auxquels on peut ajouter Jean Guyot de Châtelet. Compositeur wallon important de la Renaissance, celui-ci a ouvert la route de la cour d’Autriche.

Originaire de l’une des 23 Bonnes Villes de la principauté de Liège, Jean Guyot était issu d’une famille bourgeoise aisée, son père étant tanneur et propriétaire d’une foulerie, tandis que des oncles exerçaient diverses fonctions au service de la principauté. Après des études chez les Pères Récollets de Châtelet, le jeune Guyot étudie à la faculté des Arts de l’Université de Louvain (1534-1537), tout en se destinant à la prêtrise. Licencié ès-arts (1537) et identifié comme prêtre en 1538, peut-être voyage-t-il à ce moment en Italie, et y écrit-il ses premières compositions musicales (1540) ; peut-être est-ce là qu’il se fait connaître sous le nom de Joannes Castileti alias Guyot comme l’un des premiers contre-pointistes du XVIe siècle. De retour en pays wallon, il est recruté dans « la capitale » où il vient s’établir en 1545 : chapelain de la collégiale Saint-Paul, il devient très vite maître des chantres de la cathédrale Saint-Lambert à Liège (1546).

Auteur d’un ouvrage savant important – une dissertation dramatisée sur les sciences et les arts libéraux, Minervalia Artium, écrite en langue latine et publiée en 1554, chez Bathen, à Maastricht –, il est l’auteur de chansons et de motets appréciés au-delà de la principauté, comme en témoignent les impressions de ses œuvres réalisées par Susato à Anvers dès les années 1540, par Montanus à Munich et Nuremberg, ensuite, par Gardano à Venise enfin.

Repéré par l’empereur germanique Ferdinand Ier qui l’appelle d’abord comme chef de sa musique particulière, avant de le désigner comme premier maître de chapelle, Jean Guyot/ Joannes Castilety fait une brève expérience à la cour impériale de Vienne (1561-1564). À la mort de Ferdinand, son successeur (Maximilien II) met un terme aux activités de Guyot dans la capitale impériale ; celui que Clément Lyon considère que le fondateur de l’école musicale viennoise au XVIe siècle s’en retourne à Liège, pour le plus grand plaisir des princes-évêques. L’auteur des Minervalia Artium contribue alors au développement des écoles de musique de Liège et de Châtelet. Jusqu’à son décès, il retrouve la direction de la chapelle de la cathédrale Saint-Lambert, où il aurait contribué à établir les orgues et où il crée l’école de musique où se forment plusieurs élèves (par ex. Jean de Fosse).

« Compositeur, brillant prosateur et poète élégant, il écrit des vers latins avec facilité » écrit à propos de Guyot son plus éminent biographe, Clément Lyon : au XIXe siècle, celui-ci a patiemment identifié la quasi-totalité de l’œuvre de Guyot conservée dans les archives de prestigieuses bibliothèques européennes. « On peut considérer Guyot comme le véritable rénovateur de l’esprit musical dans sa patrie et le fondateur de cette brillante école liégeoise, d’où sont sortis les Heyne, les Pietkin, les Dumont, les Hamal, les Gresnick, et, en dernier lieu, comme pour couronner plus dignement tant de vaillants efforts, l’immortel Grétry » (LYON).

Sources

Clément LYON, Jean Guyot de Chatelet, illustre musicien wallon du XVIe siècle, premier maître de chapelle de S.M. l’empereur d’Allemagne, Ferdinand 1er. Sa vie et ses œuvres. 1ère partie, Charleroi, 1875
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. II, p. 312-314
Clément LYON, dans Biographie nationale, t. 8, col. 564-565