Harvent René

Culture, Sculpture

Mons 09/07/1925, Mons 05/08/2004

Sculpteur, médailleur, René Harvent avait l’habitude de raconter que plusieurs circonstances factuelles avaient déterminé le choix de sa carrière artistique. Montois, il était né non loin de la place de Flandre où s’élève l’impressionnante statue équestre de Baudouin de Constantinople. D’autre part, un bref séjour à Maredsous lui fait découvrir l’école des Arts et Métiers (1932), tandis qu’un voyage à Paris le met en face des sculptures de l’Arc de Triomphe (1938) et un autre à Dijon (1939) lui donne l’occasion d’admirer les œuvres de Rude, ainsi que le puits de Moïse à la chartreuse de Champmol. Enfin, en 1940, il croise la route du peintre Fernand Gommaerts qui lui apprend le dessin, puis, en 1941, celle du peintre symboliste Jean Delville, et il s’émerveille de son atelier. Recommandé par Delville, René Harvent est admis à l’Académie de Mons, mais l’orientation « architecture » qu’il a choisie ne correspond pas à ses aspirations (1942). Il trouve alors sa voie auprès du statuaire Robert Delnest et du dessinateur Paul Cuvelier ; mais, à la Libération, il s’émancipe des conseils des « anciens », pour voler de ses propres ailes : dans la maison familiale de Cuesmes, il installe son atelier de sculpture qu’il ne quittera plus. C’est là que se construit une œuvre qui s’oriente dans deux directions : la sculpture d’abord, les médailles ensuite.

Travaillant de préférence la pierre bleue à ses débuts, le sculpteur réalise des portraits, puis des bustes (dont celui d’E. Cornez, 1955) ; réalisant aussi ses premières œuvres monumentales, le plus jeune « Prix du Hainaut » (1949) est associé à la décoration du Palais des Beaux-Arts de Charleroi (1953), au chantier de l’église Saint-Christophe (un Saint-Matthieu ailé, Charleroi, 1955), ainsi qu’à celui de la façade du Palais provincial de Mons (1956-1958), où il signe deux des six grands bas-reliefs (le carrier et le houilleur). En 1957, un bas-relief orne aussi l’entrée de l’hôtel de ville de Marcinelle et, en 1960, la façade du Conservatoire de musique de Charleroi. En 1959, ses sculptures sont le motif du prix que lui décerne l’Académie de Belgique.

En 1948, il avait remporté un autre concours, organisé par la ville de Binche : il s’agissait de réaliser une médaille à l’occasion du 400e anniversaire des fêtes organisées par Marie de Hongrie. Par la suite, nombreuses sont les commandes qui lui parviennent destinées à marquer des commémorations (par ex. le 8e centenaire cathédrale de Tournai). Le sujet des médailles donne à Harvent la possibilité d’entretenir son goût pour l’histoire.

Professeur de sculpture monumentale à l’École industrielle d’Écaussinnes (1956-1962), professeur d’histoire de l’art à l’Institut provincial de Mons (1960), professeur de sculpture à l’Académie de Liège (1963-1965), il est ensuite choisi comme professeur à l’Académie de Mons, en charge de l’histoire de l’art (1962-1968), puis d’autres matières (jusqu’en octobre 1975). Ses critiques à l’égard du fonctionnement de l’enseignement supérieur artistique – en janvier 1975, il rédige un important rapport de réforme, aux propos assez cinglants – sont cependant jugées excessives et il est mis fin à son enseignement à l’Académie.

En 1968, quand Danièle Debay rejoint l’atelier de l’artiste wallon pour y suivre ses conseils, elle devient sa muse unique, tout en s’initiant à la gravure de médailles, art dans lequel Harvent s’est aussi forgé une belle réputation. À deux reprises, le Prix Victor Tourneur lui a été décerné (1963 et 1973). À partir de 1971, il signe ses médailles « Excudit René Harvent Montensis », en y ajoutant un poinçon D.D. (pour Danièle Debay).

Conçue avec patience (entre 1971 et 1980), Danièle est la plus aboutie des nombreuses sculptures d’un René Harvent qui préfère désormais le bronze. S’il a construit son œuvre personnelle autour d’un seul sujet, la femme, dans un style fort classique, aux références hellénistiques incontestables, Harvent entreprend, avec ses « Danièle » numérotées en chiffres romains, un autre projet : il s’est arrêté à un seul modèle et il donne à ses nus davantage de sensualité et de mouvement, en recherchant des attitudes nouvelles.

Artiste apprécié par la ville de Mons, René Harvent – à l’instar de Michel Stiévenart – reçoit la commande de la plupart des statues qui se trouvent dans les jardins du Waux-Hall, ainsi que de La danseuse, installée dans les bâtiments du théâtre de Mons.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 684
René Harvent, Musée de Mariemont, exposition du 28 février au 1er juin 1980, s.l. [1980]
Guy DONNAY, René Harvent, Mons, Centre de création artistique de Mons, 1988