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Humblet Antoine

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Serinchamps-Ciney 28/12/1922, Namur 25/11/2011

Député wallon : 1974-1977
Ministre wallon : 1974-1977, 1979

Le jeune Antoine Humblet se prépare à des études d’ingénieur quand la Seconde Guerre mondiale éclate. Actif dans l’Action catholique, président de la fédération namuroise puis président national de la JEC (1943-1946), il interrompt ses études et trouve un emploi dans une société d’exploitation forestière de Charleroi. Ayant perdu son père en 1944, il renonce à l’Université et crée sa propre société en mars 1945 : le pays est alors en manque de bois de chauffage, de construction et de mines, et les forêts ardennaises nécessitent un entretien particulier suite aux dommages créés par les derniers combats de la guerre. Jeune exploitant forestier, homme de terrain, il exerce toutes les fonctions de scieur de bois à comptable et la réussite est au rendez-vous. La SA Bois Humblet devient l’une des plus importantes du secteur et son directeur s’investit dans une série d’organisations professionnelles. En 1973, il revend 80% des parts de sa société à un industriel britannique avant de racheter une partie des actifs quelques années plus tard.
Attiré par la politique, il présente sa propre liste, à Serinchamps, en octobre 1952. Avec ses deux colistiers élus, il sème la zizanie au sein du Collège, est invité à remplacer un échevin (1954), avant de pousser le bourgmestre à céder le témoin (1955). Échevin faisant fonction de maïeur, l’industriel s’installe cependant à Erpent pour des raisons professionnelles et n’est plus candidat en octobre 1958 : c’est son frère, Gérard, qui devient le maire de Serinchamps.
Membre du comité directeur du PSC de l’arrondissement de Dinant, conseiller provincial namurois (1961), A. Humblet est désigné comme député permanent en charge de l’Agriculture et des Affaires économiques (1961-1965), puis des Finances (1965-1968). Président du Bureau économique de la province de Namur (1962-1973) qu’il a contribué à créer, il défend pendant plusieurs mois le projet visant à installer près de Focant le Centre européen de recherches nucléaires (CERN), mais se console rapidement avec la réalisation du projet ambitieux de l’École d’hôtellerie installée au sommet de la Citadelle de Namur. Membre depuis 1956 de la section namuroise du Conseil économique wallon – qui n’est alors qu’un organisme privé – il participe, en tant que député permanent, à la transformation du Conseil en un organisme semi-officiel (1968-1971). Son engagement en faveur de la décentralisation est important.
Élu député dans l’arrondissement de Dinant-Philippeville en 1968, Antoine Humblet vote la loi de décentralisation économique, dite Loi Terwagne (15 juillet), ainsi que la révision de la Constitution (décembre 1970). Membre du conseil exécutif de l’ancien Conseil économique wallon, il est désigné par son parti pour faire partie des premiers membres du nouveau Conseil économique de la Région wallonne qui, en l’absence d’une mise en application définitive de l’article 107 quater de la Constitution, va être la « seule expression de la Wallonie en formation », selon la formule de Jean Gol. De 1971 à 1975, A. Humblet est le vice-président du Bureau du CERW présidé par Alfred Delourme.
Candidat malheureux à la présidence du PSC (1970), il rate son élection directe au Sénat en 1971 en raison de la montée en puissance du Rassemblement wallon et est repêché comme sénateur provincial (novembre 1971-avril 1974). Dans le gouvernement Leburton, il reçoit le portefeuille de Secrétaire d’État au Budget, adjoint au ministre et vice-Premier, Leo Tindemans (26 janvier-25 avril 1974). Il s’agit de sa première expérience ministérielle. Il y en aura d’autres pour le sénateur qui obtient directement la confiance des électeurs. Ministre de l’Éducation nationale dans les gouvernements Tindemans (25 avril 1974-3 juin 1977), il vote la loi de régionalisation préparatoire et siège au Conseil régional wallon provisoire (novembre 1974-avril 1977). De surcroît, en tant que ministre de l’Éducation nationale, il fait partie du Comité ministériel des Affaires wallonnes présidé par Alfred Califice (4 octobre 1974-18 avril 1977). À ce moment, les compétences d’enseignement, économiques et sociales sont donc associées au sein d’un seul et même exécutif wallon.
Ministre de l’Agriculture et des Classes moyennes (3 juin 1977-14 novembre 1978), A. Humblet développe des méthodes de gouvernance qui tranchent avec les habitudes et il apparaît plus que jamais comme « l’homme d’affaire » du gouvernement, tant auprès de ses collègues belges que lors des conseils européens : pendant six mois, il est le président du Conseil des neuf ministres européens de l’Agriculture. Conservant son portefeuille durant les affaires courantes (15 novembre 1978-4 avril 1979), il est choisi comme Secrétaire d’État, adjoint au ministre de la Région wallonne (3 avril 1979-15 octobre 1979), et devient ainsi l’un des trois membres du premier Exécutif régional wallon. Le champ de ses compétences est large, mais il est séduit par le défi que constitue le lancement de la nouvelle Société régionale d’Investissement de la Wallonie. En octobre, il en devient le président et abandonne tous ses mandats politiques. Persuadé de pouvoir contribuer à la relance de l’économie wallonne à la tête du holding public, Antoine Humblet va se heurter à des difficultés telles qu’il renoncera à poursuivre son mandat de quatre ans au-delà d’octobre 1983. Davantage porté à soutenir des projets innovants qu’à venir en aide à des sociétés boiteuses, il ne parvient pas à imposer les méthodes managériales qui lui sont chères. Pendant quelques mois, A. Humblet conserve un poste d’administrateur à la SRIW et de président de la filiale Sofibail, avant de démissionner. Il  retrouve à temps plein ses activités industrielles, notamment au sein de la société Mailfor, active dans la transformation du bois, ainsi que dans la SA Sud Charpentes Lamcol. En 1992, il remet l’ensemble de ses activités industrielles.



Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 324-327

conseiller communal de Serinchamps (1953-1958)
échevin (1954-1958)
conseiller provincial de Namur (1961)
député permanent (1961-1968)
député (1968-1971)
sénateur provincial de Namur (1971-1974)
Secrétaire d’État (1973-1974)
sénateur (1974-1980)
ministre (1974-1977)
membre du Conseil régional wallon provisoire (1974-1977)
membre du Comité ministériel pour les Affaires wallonnes (1974-1977)
ministre (1977-1979)
Secrétaire d’État aux Affaires wallonnes, membre de l’Exécutif régional wallon (1979)
membre de l’Exécutif régional wallon (1979)