Jacques de Guise

Académique, Histoire

Mons 1334, Valenciennes 06/02/1399

Frère franciscain issu d’une grande famille montoise, Jacques de Guise voyage pendant plus d’un quart de siècle au sein des maisons de l’ordre de Saint-François, où il s’intéresse tant à la philosophie qu’aux mathématiques, à la physique ou à la théologie ; vers 1375, il aurait été fait docteur en théologie de l’Université de Paris, l’une des rares universités de son temps. Mais, intéressé par l’histoire, il se lance dans l’écriture du passé du Hainaut quand il revient à Mons. Remontant à la Guerre de Troie, pour s’arrêter au milieu du XIIIe siècle, ses Annales Hannonioe seu Chronica illustrium principum Hannoniae ab initio rerum usque ad annum Christi, publiées en 1390, sous la signature auctore Jacobo Guisio, comptaient trois volumes écrits en latin. L’œuvre de Jacques de Guise était inachevée, s’arrêtant en 1253. Au siècle suivant, ses livres seront traduits en français, par Jean Wauquelin, à la demande des ducs de Bourgogne, et illustrés par plus d’une centaine de miniatures ; l’une de celles-ci représente Jacques de Guise à son écritoire. D’autres traductions paraîtront encore par la suite.

Contemporain de Jean Froissart, Jacques de Guise a consulté une masse considérable de documents (mémoires, chroniques, généalogies, chartes, archives, etc.), visitant les bibliothèques des cités, des églises et des abbayes, débordant largement le cadre du seul comté de Hainaut. Son travail de compilation est considérable. Ce monument des antiquités du Hainaut nourrira l’imagination de ses successeurs immédiats ; son statut sera cependant redéfini par la critique historique moderne, car son auteur ne faisait guère de distinction entre légendes et faits authentiques. Au-delà de sa valeur intrinsèque, l’œuvre du frère franciscain apporte sans conteste aux historiens des textes – ou des fragments – anciens à tout jamais disparus. L’esprit qui préside à l’ensemble de la démarche de Jacques de Guise témoigne d’une forme de patriotisme hennuyer : au cours de ses voyages, il avait constaté que l’histoire de certaines régions voisines était écrite, mais qu’elle faisait défaut au Hainaut. Sa quête des origines du Hainaut est d’ailleurs dédiée au comte Albert Ier de Hainaut, de la famille de Bavière.

Sources

Anne ROUZET, Les Chroniques de Hainaut de Jacques de Guise, Liège, Mardaga, 1982, CaCef, coll. Musées vivants de Wallonie et de Bruxelles, n°4
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. I, p. 183
Jacques STECHER, dans Biographie nationale, t. 8, col. 548-553
Christiane VAN DEN BERGEN-PANTENS, Pierre COCKSHAW (dir), Les Chroniques de Hainaut ou les ambitions d’un prince bourguignon, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2000