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Maassen Henry

Culture, Poésie

Liège 24/11/1891, Liège 07/04/1911

En dépit de sa disparition particulièrement précoce – il n’avait pas encore atteint l’âge de 20 ans – Henry Maassen a marqué son temps, frappant les esprits par sa fantaisie, sa créativité et son originalité. « On regrette en fermant ses livres que les destins précoces aient empêché de mûrir ces moissons riches d’espérances », écrivait Julien Flament en avril 1911.

Ses parents étaient des descendants de bateliers d’origine hollandaise. Le père était armateur et tenaient ses affaires sur les quais de Coronmeuse, à Liège. C’est là que se déroulent les vingt années de Henry Maassen. En 1910 et en 1911, ce Wallon est comparé à Verhaeren quand il écrit trois minces recueils de vers (Les marches arides, Les Sanglantes, Vers d’ombre), qui sont tour à tour un hymne à la Campine, une vision plus sombre de cette région sablonneuse et enfin la description d’une Campine quelque peu inquiétante. Malade, il avait passé de longs mois de convalescence dans cette partie du Limbourg. Par ailleurs, il signe quatre ouvrage de critique : Manuel à l’usage des Gens de lettres, Le Théâtre contemporain, La poésie paroxyste et Le décalogue des Intellectuels wallons. Enfin, il lance une revue littéraire, La Sauterelle verte..., restée introuvable. Chaque fois que l’on a voulu se saisir du premier numéro, il a fait faux bond… En fait, Maassen n’a eu le temps que d’en élaborer le projet éditorial.

Souhaitant jouer un rôle phare dans les lettres françaises, Henry Maassen s’est ingénié à établir une correspondance suivie avec tout ce qui a un nom dans le monde de la poésie en 1910. Wallon de cœur, il l’écrit dans le Décalogue des intellectuels wallons..., publié chez Thone, en 1911. Dénonçant les défenseurs du flamingantisme, rejetant l’épithète « belge » accolé à la littérature française de Belgique, opposé à l’apprentissage obligatoire du flamand par les Wallons, il souligne la qualité de la renaissance littéraire de Wallonie qui se manifeste surtout à Paris. Dans le dixième commandement de son Décalogue, il proclame son intention de fonder la Jeune École française de Wallonie. Il invite tous les intellectuels wallons à y adhérer et à se grouper autour de sa revue, La Sauterelle verte. Celle-ci doit servir à convaincre de l’intérêt de défendre la langue française tant dans la classe bourgeoise que populaire. Dénonçant « l’Âme belge », il déplore la concentration à Bruxelles des revues littéraires et prône le boycott des music-halls prussiens et des gouvernantes allemandes… De cette revue ambitieuse, aucun numéro n’a jamais paru.

Signataire du Manifeste de Fondation du Futurisme, lancé en 1909 par Marinetti, créateur de l’École paroxyste, Henry Maassen écrit, en 1911, quelques lignes que Jules Destrée, l’éveilleur de la conscience wallonne, n’aurait pas reniées.

Sources

La Meuse, 26 août 1910, 7 septembre 1910 et 5 janvier 1911
Le Quotidien, 12 juin 1915 (contenant la citation de J. Flament, directeur du Cri de Liège)
La Vie wallonne, I, 1974, n°345, p. 5-28
Victor MARTIN-SCHMETS, Maassen Henry, thèse de doctorat, Toulouse, 1969
Victor MARTIN-SCHMETS, Henry Maassen, la sauterelle verte et le Houx, dans Aspects de la littérature française de Belgique, dans La Licorne, publication de l’Université de Poitiers, 1986, n°12, p. 149-158
Victor MARTIN-SCHMETS, dans Robert FRICKX et Raymond TROUSSON, Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, t. II, La poésie, Paris-Gembloux, Duculot, 1988, p. 315