Sax Adolphe

Culture, Musique

Dinant 6/11/1814, Paris 7/02/1894

Mariant musique et progrès techniques, un nom s’impose : Adolphe Sax, ce maître de la clarinette devenu l’inventeur du saxophone, a révolutionné le monde des instruments à vent.

Le jeune Sax est né dans un milieu qui prédisposait à sa brillante carrière. Son père, Charles-Joseph (1790 (ou 1791)-1865), est en effet facteur d'instruments et il « équipe » les régiments belges nouvellement créés. Entre fabrication d’instruments et apprentissage des sons, Adolphe se révèle vite très doué. Inscrit à l’École de chant de Bruxelles (1830), il excelle à la flûte et à la clarinette. C’est sur cet instrument qu’il va introduire les premiers changements techniques, déposant plusieurs brevets dès 1835. Parti s’installer à Paris (1842), il met au point un ensemble de nouveaux instruments à touches dont la qualité conduit à les identifier en les assimilant au nom de leur fabricant : les cors de Sax, ou saxhorn, sont encore utilisés aujourd’hui dans les fanfares. Mais c’est un autre instrument, dont le brevet est déposé en 1846, qui assure la célébrité à son inventeur : le saxophone. Les compositions de son ami Jules Demersseman mettent en valeur les qualités de cet instrument à vent qui veut se rapprocher des instruments à cordes par le caractère de sa voix, mais avec davantage de force et d’intensité (Description du saxophone par Sax, brevet français du 21 mars 1846).

En introduisant le saxophone dans son Chant sacré pour sextuor à vent, Hector Berlioz lui donne ses lettres de noblesse. Lors de la première (1844), Adolphe Sax lui-même joue sur un saxophone baryton qui n’est encore qu’un prototype. D’autres interprétations permettent à Sax d’affiner son instrument ; c’est le cas dans l'opéra Le Dernier Roi de Juda de Jean-Georges Kastner ; mais aussi, en 1845, sur le Champ de Mars, où les musiques militaires testent de nombreux instruments mis en concurrence : celui de Sax sort du lot, tant le son est incomparable.

Soprano ou baryton, les saxophones s’imposent progressivement en dépit des critiques et jalousies. Sans aliéner le son, Sax améliore l’apparence de sa gamme d’instruments. Devenu industriel, Adolphe Sax devra sans cesse veiller à protéger ses inventions. À diverses reprises, il est victime d’escrocs, de « contrefacteurs » et de calomnies ; il passera de nombreuses heures dans des procès et à assurer la rentabilité de la société « Adolphe Sax et Cie ». Elle sera rachetée par « Selmer Paris » en 1929. Inventeur, industriel, professeur, Adolphe Sax est encore éditeur de musique, organisateur de concerts, chef de fanfare de l’opéra et le réorganisateur des musiques des régiments militaires français.

Témoignage de sa réputation, Sax est nommé professeur au Conservatoire de Paris (1857), pour y diriger une classe nouvelle dédiée au saxophone. L’enseignant ne cessera pas pour autant d’apporter des innovations aux instruments de musique et, d’ailleurs, en 1876, il crée le tuba wagnérien à la demande de l’illustre Richard qui veut une sonorité spécifique dans le Walhalla de l’Anneau du Nibelung. D’autres inventions ont fleuri de l’imagination fertile du Dinantais, mais beaucoup – assez folles – ne sont pas sorties de son atelier. Offrant aux compositeurs un champ ouvert à l’imagination, le saxophone connaîtra un essor extraordinaire au XXe siècle, se dégageant de la musique classique pour caractériser des musiques nouvelles, surtout le jazz. 

De nombreuses initiatives ont été prises à travers le monde pour honorer Adolphe Sax et le saxophone. Sa ville natale de Dinant n’est pas en reste. Centre du monde du saxophone en 1994, la bonne ville  qui a créé un Musée Sax organise régulièrement un « Concours international de saxophone », la « Mise à sax de Dinant », ainsi qu’un « Grand Rassemblement des saxophonistes ».

Sources

Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III