Sedulius Scottus

Académique, Pédagogie, Culture, Poésie

Date et lieu de naissance et de décès inconnus

Au IXe siècle, venus des îles britanniques, généralement d’Irlande, nombre de clercs veulent accomplir le voyage vers Rome. Sans moyens, ces « Scotti » débarquent dans l’empire franc et errent dans nos contrées où ils trouvent asile et, parfois, s’implantent, faisant bénéficier les locaux de leur enseignement. La vie de Sedulius est à la fois exemplative de cette situation et exceptionnelle en raison de personnalité.

Arrivé à Liège peu avant le milieu du IXe siècle, ce moine irlandais parvient à séduire l’évêque Hartgar qui le prend sous son aile protectrice comme poète officiel, attaché à sa Cour. Sous ce titre se cache cependant un homme capable certes de poésies, de flatteries et de plaire à son prince, mais aussi d’aborder tous les genres. Sedulius est « un des érudits les plus brillants de la ‘renaissance’ carolingienne » (Meyers) : son Liber de rectoribus christianis traite de la manière de gouverner ; ses ouvrages de grammaire côtoient un psautier grec que Sedulius a recopié ; sa connaissance approfondie de la Bible s’ajoute à une maîtrise des auteurs anciens, romains ou chrétiens. 

Quant à son commentaire sur les Epîtres de saint Paul, il reflète certainement l’enseignement prodigué par celui qui fut nommé directeur de l’École cathédrale. À travers ses poèmes, Sedulius célèbre les vertus et les réalisations des deux prélats dont il a obtenu la protection, Hartgar (840-855) et son successeur Francon (855-901), et la précision de ses informations offre une découverte des décors architecturaux de l’époque, en particulier de la peinture murale carolingienne.

Installé sans doute définitivement à Liège, Sedulius y a ouvert la voie aux fameuses Écoles de Liège des XIe et XIIe siècles. Grâce à ses chapitres, à ses écoles et à ses abbayes (dont celle de Saint-Laurent), Liège va être considérée comme l’Athènes du Nord. Disciple de Rathier, formé à l’abbaye de Lobbes, Eracle va fonder l’enseignement liégeois dès son accession au trône épiscopal, en 959. Notger continuera et amplifiera l’action de son prédécesseur, contribuant à l’épanouissement intellectuel de Liège au moment où son clergé s’inscrit dans le modèle de l’Église impériale. À cette époque, l’école liégeoise représentée par ses clercs/professeurs ne cesse de rayonner, tandis que, nombreux, sont ceux qui viennent d’Europe se former à Liège.

Sedulius apparaît comme « une des figures de proue de la ‘renaissance’ carolingienne et son œuvre est à présent regardée comme un témoignage unique de la culture et de la science occidentales du IXe siècle » (Meyers).

 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 80-83, 225
Henri PIRENNE, dans Biographie nationale, t. XXII, col. 140-146
Jean MEYERS, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 2, p. 339-342
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995