Wiertz Antoine

Culture, Peinture, Sculpture

Dinant 22/02/1806, Bruxelles 18/06/1865

Artiste excessif et complexe, inclassable, à l’esprit déchiré entre petitesse et grandeur d’âme, à la fois humble et mégalomane, Antoine Wiertz est un contestataire permanent attiré par le conformisme de la reconnaissance officielle. Contestant le romantisme belge qui puise ses sujets dans le « passé national », il ne jure que par Rubens auquel il veut sans cesse se confronter, tout en reconnaissant la primauté de l’Anversois. Surdoué, Antoine Wiertz exalte les sujets antiques de manière grandiloquente : Les Grecs et les Troyens se disputant le corps de Patrocle (1836) est une toile dont le gigantisme est inversement proportionnel au succès qu’il rencontre à Paris. Marginal, isolé volontaire, surnommé le philosophe au pinceau, Wiertz parvient à convaincre l’État de lui construire un atelier-musée à Ixelles qui prend la forme d’un faux Paestum aux allures excentriques, voire prétentieuses.

« Seul portraitiste wallon vraiment romantique » (Vandeloise), Wiertz signe de multiples portraits qu’il ne respecte pas lui-même, considérant qu’il s’agit pour lui simplement de gagner sa vie. Pourtant, certains critiques veulent y voir une approche particulièrement heureuse de la psychologie des personnages de la part d’un artiste chez qui l’improvisation n’est qu’apparente. Ses croquis et préparations sont multiples, de même que les textes d’un artiste finalement très cérébral, comme en témoignent ses œuvres « sociales » voire « politiques » des années 1850 inspirées par son amour de la justice et sa croyance dans le progrès.

Outre ses fresques et ses portraits, Antoine Wiertz est aussi sculpteur et a conçu le projet d’une statue de 45 mètres de haut, Le Triomphe de la Lumière, qui aurait pris place à Dinant, tout en haut du rocher qui surplombe la Meuse et la ville, devant la Citadelle. Régulièrement, tant la confusion est troublante, on accorde à Wiertz d’avoir ainsi inspiré Frédéric-Auguste Bartholdi pour la Statue de la Liberté (1886)... Seules différences, le glaive a été remplacé par les tables de la constitution américaine et le projet de Wiertz ne sera jamais réalisé dans le format espéré par l’artiste.

 

Sources

Serge LE BAILLY DE TILLEGHEM, Louis Gallait (1810-1887). La gloire d’un romantique, Bruxelles, Crédit communal, 1987, p. 14-15
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 135
Guv VANDELOISE, La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, 506-514
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 393
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995