Verheggen Jean-Pierre

Commandeur (2023)

Même s’il n’aimera pas ce mot, peut-être même le détestera-t-il, Jean-Pierre Verheggen est un monument de notre littérature. 

Né à Gembloux voici un peu plus de quatre-vingts ans, il a bâti une œuvre considérable, riche d’une trentaine d’ouvrages et adornée de nombreux prix reçus en Belgique comme à l’étranger, notamment un Molière du Théâtre. 

Il fut un temps professeur de français, mais sa vocation était ailleurs, loin des programmes scolaires et des bibliothèques aux volumes un peu trop convenables. 

Il est donc devenu à la fois poète et anti-poète : amoureux des mots et de leurs sonorités, mais démolisseur acharné des conventions, des codes et de toutes les formes d’académisme. 

Jean-Pierre Verheggen a inventé une langue bien à lui, qui se nourrit de la plus belle langue du monde, le français littéraire, pour la mettre sens dessus dessous. 

A la pioche ou au burin, il lézarde, il ébranle, il provoque des écroulements. 

Au sabre ou au scalpel, il découpe, il dépèce, il charcute. 

A la louche ou à la petite cuillère, il sale, il poivre, il pimente.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour le suivre dans son travail, mais le résultat est toujours saisissant. 

Livre après livre, recueil après recueil, il a imposé dans le paysage des lettres francophones une signature bien à lui, un style inimitable et immédiatement reconnaissable, ce qui est la marque des plus grands.

L’honorer est donc un paradoxe, lui qui a toujours fui les cérémonies et mis cul par-dessus tête les figures d’autorité.

Mais aujourd’hui ce n’est pas tant le gouvernement de Wallonie qui lui rend hommage. 

C’est le peuple de Wallonie lui-même : un peuple libre comme lui, fantaisiste comme lui, truculent comme lui. 

Ce peuple, auquel il ressemble tant, verra désormais en lui un très singulier Commandeur des Mérites de Wallonie.

Avant de la remise du Mérite, permettez-moi vous de lire un des poème récent de Jean-Pierre Verheggen « On perd la boule ! ».

Remise

Wallon ? Oui !