Bovesse François

Commandeur (Historique)

NAMUR 10.06.1890 – NAMUR 01.02.1944

Se destinant à la poésie après ses humanités, François Bovesse est sensibilisé à la cause wallonne lors de la fondation, par Jules Destrée, de la section namuroise des Amis de l’Art wallon, en 1911. Il crée alors, en 1912, en parallèle à ses études de droit à l’Université de Liège, l’hebdomadaire culturel et littéraire Sambre et Meuse, consacré à la région namuroise. Membre du parti libéral depuis ses dix-huit ans, actif au sein de la Ligue wallonne de l’arrondissement de Namur, il fait rapidement évoluer sa revue en organe du Mouvement wallon.

Ayant tout juste décroché son doctorat en juillet 1914, il combat les Allemands à Liège, Anvers et sur l’Yser. Ses blessures lui valent de multiples décorations. Le conflit terminé, il s’inscrit comme avocat au barreau de Namur, ville au sein de laquelle il s’implique comme conseiller communal et comme échevin, contribuant de façon déterminante à la création des fêtes de Wallonie en 1923. Député à de multiples reprises, il milite en faveur de l’unilinguisme régional, s’opposant à toute tentative de flamandisation de la Wallonie.

L’ancien combattant francophile de 1914 sensibilise également la population à la défense de la frontière de l’Est, qu’il pressent menacée. Le Gouvernement lui refusant  le portefeuille de la défense, il ira jusqu’à démissionner de son poste de ministre pour protester contre un amendement flamand visant à réduire les budgets de fortifications à l’Est. Considéré comme l’homme de la Wallonie au sein des gouvernements auxquels il participe entre 1931 et 1937, il y porte les thèses du Mouvement wallon comme le maintien de l’accord militaire franco-belge, le refus de l’amnistie des collaborateurs de 14-18 et le combat contre le mouvement fasciste Rex qui n’hésite pas à l’attaquer de manière calomnieuse.

En avril 1937, il devient Gouverneur de la Province de Namur et prend, à ce titre, des mesures de protection dans la perspective d’une attaque allemande. Lorsque la guerre éclate, il tente de ravitailler les nombreux réfugiés à Namur, tâche qu’il perpétue en France. Revenu à Namur fin 1940, l’occupant lui interdit de recouvrer sa fonction, en raison de son aura wallonne et de sa francophilie.

Redevenu avocat, il se montre sans concession pour l’occupant et les collaborateurs, ce qui ne fait que renforcer la haine que lui vouent les rexistes depuis son passage au Ministère de la Justice. Dénoncé par des membres de la Légion Wallonie et arrêté en décembre 1941, il est emprisonné six mois à Saint-Gilles, dont il sort très affaibli.

Le 1er février 1944, il est assassiné par des collaborateurs qu’il n’aura jamais cessé de combattre. Malgré l’interdiction de l’ennemi, de nombreux citoyens assisteront à son enterrement, manifestant ainsi leur opposition à l’Ordre nouveau et, surtout, leur admiration à l’homme et ses valeurs.

François Bovesse fut fait Commandeur du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, BOVESSE François, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 628.
Arnaud GAVROY, François Bovesse, 1890-1944, Itinéraire et pensées politiques, Namur, 1990.
Chantal KESTELOOT & Arnaud GAVROY, François Bovesse. Pour la défense intégrale de la Wallonie, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1988.