Dehousse Fernand
Commandeur (Historique)
LIÈGE 03.07.1906 – LIÈGE 10.08.1976
Après des études à l’Université de Liège dont il sort, en 1929, Docteur en droit et licencié en sciences sociales, Fernand Dehousse entame, tout d’abord, une carrière scientifique. Professeur à la Faculté de Droit de Liège, il devient un intellectuel de renommée internationale et collabore de manière décisive à la construction européenne en donnant notamment son nom au projet d’organisation des élections européennes au suffrage universel direct.
En complément à ses nombreuses activités universitaires ou scientifiques, Fernand Dehousse met sa caution scientifique au service du Mouvement wallon, particulièrement actif à Liège dans les années 1930. Il apporte ainsi son expertise à la rédaction de la brochure L’Etat fédéral en Belgique, écrit avec Georges Truffaut, qui sera à la base de la première proposition de loi instaurant le fédéralisme, déposée en 1938 par Georges Truffaut et François Van Belle.
Après l’invasion allemande de 1940, Fernand Dehousse constate juridiquement la déchéance pure et simple de Léopold III, ce qui lui vaut d’être suspendu de ses charges enseignantes par l’occupant. Il rejoint alors l’action politique clandestine et le Parti socialiste. Soucieux d’agir sur la question wallonne, il y élabore un projet de fédéralisme, dont il devient le porte-parole wallon, à la Libération.
En 1945, il prend une part active au Congrès national wallon de Liège, où des centaines de congressistes de toutes tendances, après s’être exprimés en faveur du rattachement de la Wallonie à la France, se rallient à ses thèses et se prononcent en faveur du fédéralisme.
Technicien du fédéralisme en Belgique et en Europe, officiant tant au sein du Parti socialiste que du Sénat, Fernand Dehousse fonde, avec André Renard, le Mouvement populaire wallon. Elu sénateur, plusieurs fois membre des différents groupes de travail institués pour la révision constitutionnelle, notamment en 1962-63, ainsi que du Groupe des vingt-huit en 1969, Fernand Dehousse participe activement aux débats constitutionnels qui aboutissent à la révision de la Constitution en décembre 1970.
C’est ainsi qu’il devient Ministre wallon des Relations communautaires en remplacement de Freddy Terwagne, prématurément décédé. A ce titre, il prépare une proposition de loi en faveur des Fourons, qui regroupe les six communes en un canton autonome relevant du Ministère de l’intérieur et dont le régime linguistique aurait été choisi par les habitants. C’est cette proposition, sans doute trop favorable aux aspirations wallonnes des Fouronnais, qui est à l’origine de la démission du Gouvernement Eyskens-Cools II, le 22 novembre 1972.
En 1976, peu avant sa mort, il prend encore une part essentielle à la rédaction d’une nouvelle Lettre au Roi, cosignée par des personnalités comme Marcel Thiry, Jean Rey, Joseph Hanse ou Francis Delperée pour réclamer une révision de la Constitution et l’instauration d’un régime fédéral. Il meurt cependant avant de voir son grand combat réalisé et ce, notamment grâce à la contribution importante de son fils Jean Maurice, qui deviendra le premier Ministre-Président de la Wallonie.
Fernand Dehousse fut fait Commandeur du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.
Orientation bibliographique :
Philippe CARLIER, DEHOUSSE Fernand, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 1602.