Pastur Paul
Officier (Historique)
MARCINELLE 07.02.1866 - MARCINELLE 08.06.1938
Issu d’une famille bourgeoise - son père, ingénieur-régisseur des charbonnages, se préoccupait du sort des ouvriers de la mine – Paul Pastur est Docteur en droit de l’Université de Liège. Très impressionné par les émeutes de 1886, qui ont vu des milliers d’ouvriers se mobiliser contre leurs conditions de travail dans toute la Wallonie, il s’engage dans le mouvement socialiste naissant.
Ami d’enfance de Jules Destrée, il fonde, en 1892, avec ce dernier ainsi que Jean Caeluwaert et Jules des Essarts la Fédération démocratique qui revendique des augmentations de salaire, le suffrage universel et le premier mai férié. Représentant de Charleroi de 1899 à 1900 et de 1908 à 1912, il manifeste son attachement à sa province en refusant le poste de Ministre des Sciences et des Arts qui lui est proposé.
Paul Pastur déploie son énergie à développer l’enseignement dans le Hainaut. Afin de tendre vers plus d’égalité, il milite, notamment, pour rendre celui-ci obligatoire. Il est ainsi à l’origine de plusieurs institutions d’enseignement provincial, à Tournai, Ath et Ghlin. Son œuvre la plus emblématique est cependant l’Université du Travail de Charleroi - qui porte désormais son nom - ouverte en 1903 et dont l’objectif est de répandre, par des moyens intensifs, dans toutes les couches professionnelles, l'instruction scientifique et technique utile à l'avancement et au progrès des industries et des métiers.
Très attentif à la question wallonne, il fait partie de l’Assemblée wallonne - premier parlement, officieux, de Wallonie - dès sa création en 1912. C’est Paul Pastur qui sollicite l’artiste Pierre Paulus pour réaliser le coq hardi, symbole que les Wallons viennent de choisir pour marquer leur identité et qui figure sur le drapeau wallon. Il travaille alors, tant au sein de l’Assemblée wallonne que du Parti ouvrier belge, à des projets de décentralisation qu’il base sur les provinces.
Selon son modèle, l’Etat central ne conserverait plus que des compétences d’intérêt général comme la politique extérieure, les finances, les grands travaux et l’armée. En matière linguistique, Paul Pastur propose la reconnaissance de trois régimes (français, flamand ou bilingue) que les communes choisiraient par referendum. La langue de l’enseignement et le recrutement de l’armée seraient ainsi définis sur base régionale, ce qui était alors une grande revendication du Mouvement wallon qui ne sera satisfaite que des années plus tard.
Egalement connu pour être l’instigateur de la fête des mères en 1927, Paul Pastur décède en juin 1938, après avoir accepté d’être membre du comité d’honneur du premier Congrès culturel wallon. Jules Destrée a dit de lui qu’il incarnait « la volonté de la terre wallonne ».
Il fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012, cent ans après la création de l’Assemblée wallonne.