Rey Jean
Commandeur (Historique)
LIÈGE 15.07.1902 – LIÈGE 19.05.1983
Fils d’un pasteur protestant français établi à Liège, Jean Rey est poussé par la Première Guerre mondiale à accomplir ses études en Angleterre. Revenu à Liège, il devient docteur en droit (1926), avocat et homme politique libéral. Secrétaire du groupe universitaire pour la Société des Nations en 1921, il milite notamment en faveur du désarmement et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Militant wallon, il contribue activement au mensuel l’Action wallonne, où il dénonce le rexisme, les dangers de l’Allemagne hitlérienne, ainsi que la politique de neutralité : La neutralité, dans l’Europe de 1938, c’est en réalité la résignation devant une éventuelle servitude, c’est l’acceptation de vivre en nations d’esclaves plutôt que de combattre en peuples d’hommes libres. Distinguant les problèmes linguistiques et la décentralisation régionale, il considère le fédéralisme comme le seul moyen de maintenir la Belgique.
Prisonnier durant toute la guerre, tentant de s’évader à deux reprises, il constate à son retour de captivité que le fédéralisme a fait de grands progrès dans l’opinion wallonne. Plusieurs fois ministre, il dépose, en 1947, une proposition de loi sur l’organisation d’un Etat fédéral. Lors de la Question royale, il plaide contre le retour de Léopold III et pour son abdication nécessaire pour sauvegarder le pays. A cette occasion, il insiste sur les vrais problèmes qui touchent la Wallonie à ses yeux, à savoir le fait que Bruxelles accapare les capitaux, les banques et les industries. Durant les années 1950, il occupe le poste de Ministre des affaires économiques.
A partir de 1958, il se consacre pleinement à l’idée européenne. En 1967, il devient, ainsi, le premier président de la Commission européenne d’où il lance la politique régionale qui pourra bénéficier à la Wallonie notamment.
Son mandat européen prenant fin en 1970, il revient à la politique nationale où ses options fédéralistes pèsent sur le débat visant à réformer l’Etat. C’est ainsi que, continuant à dénoncer la fuite des cerveaux wallons vers Bruxelles et l’étranger, il plaide pour un conseil des ministres de la région wallonne au moment où seules les communautés revendiquées par la Flandre sortent des limbes.
Etant par la suite cantonné à un rôle de sage au sein du parti libéral, il prend de moins en moins position, à l’exception, en 1976, d’une Lettre au Roi qu’il signe avec Fernand Dehousse, Francis Delperée, Maurice Leroy, Joseph Hanse et Marcel Thiry, réclamant une révision de la Constitution devant déboucher sur un véritable état fédéral.
Considéré comme un des pères de l’Europe, il sort de sa retraite en 1979 et figure parmi les premiers députés européens élus au suffrage universel.
Jean Rey fut fait Commandeur du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.
Orientation bibliographique :
Paul DELFORGE, REY Jean, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 5425.
R. FENAUX, Jean Rey. Enfant et artisan de l’Europe, Bruxelles, 1972.