La bande dessinée paraît occuper une place particulière en Wallonie. Le phénomène est surtout vrai pour le XXe siècle et quand on essaye de trouver ses racines au XIXe siècle, on tombe sur quelques éclairs fugaces. Ainsi, un récit que Félicien Rops fait paraître dans L’Almanach d’Uylenspiegel pour 1861, supplément à l’hebdomadaire artistique et littéraire bruxellois L’Uylenspiegel créé en 1856 par Rops lui-même. S’inscrivant franchement dans la continuité de Töpffer, Félicien Rops nous conte les aventures de M. Coremans au tir national. L’histoire est celle d’un échevin de Jodoigne-Souveraine qui, le temps d’une journée, quitte sa province pour Bruxelles où il va notamment s’exercer au tir. Rops profite des tribulations urbaines de son personnage pour dépeindre, en surimpression, la vie bruxelloise.
L’artiste wallon n’en était pas à son coup d’essai. Il avait produit sa première planche – première également de la main d’un auteur belge – en 1853 dans Le Crocodile journal animé par des étudiants de l’Université libre de Bruxelles. Les journaux illustrés sont relativement peu nombreux à ce moment et la démarche apparaît tout aussi originale qu’éphémère.