Depuis la disparition du prince-évêque Velbrück (1784), la principauté de Liège voit naître un mouvement de mécontentement qui prend diverses formes, mais dont l’aspiration profonde vise à davantage de liberté et de respect des droits de tous les hommes. Parmi les personnalités à la pointe de la lutte, Jean-Nicolas Bassenge commence, en mai 1787, à publier ses Lettres à l’abbé de P, où il revendique les droits historiques du peuple liégeois et l’établissement d’un régime démocratique dans la principauté. Il s’agit d’une réponse amplifiée à l’ouvrage de l’avocat Piret, De la souveraineté des princes-évêques de Liège, résolument en faveur du pouvoir du prince, mais que l’on savait écrit en réalité par le chanoine de Paix ; l’identité des destinataires explique le P majuscule du titre, chacun comprenant bien qu’il convient de lire en prononçant Paix. Publiées de 1787 à 1789, les Lettres de Bassenge représentent cinq fort volumes qui alimentent le discours révolutionnaire en critiquant le régime et en exaltant la patrie liégeoise.