Politique
27 juin 1683
Les "tartes aux pommes" vainqueurs des "mangeurs de boudin"

Ayant reconquis son autonomie communale, Liège doit bien constater son impuissance à faire imposer ses droits face aux puissances européennes. La neutralité de la principauté est continuellement bafouée et le prince-évêque parvient à empêcher la ville de se présenter comme une « franche et libre cité de l’empire » lors des négociations conduisant aux traités de Nimègue (1678-1679). Sur tous les sujets, de politique intérieure ou extérieure, la belle unanimité liégeoise de 1676 fait place désormais aux dissensions et à la reformation de partis : on ne parle plus de Chiroux ou de Grignoux, mais de « mangeurs de tartes aux pommes » et de « mangeurs de boudins ».
Alors que le prince-évêque cherche son salut dans un soutien de la France, la lutte entre les partis vire en anarchie et dégénère. Le 27 juin 1683, les Liégeois s’affrontent entre eux dans de terribles combats : rive droite contre rive gauche, pauvres d’Outremeuse contre nantis, boudins contre tartes aux pommes. On déplore de nombreuses victimes et, à peine l’émeute est-elle réprimée par les milices bourgeoises, que commencent les représailles. À l’heure des bilans, le parti le plus révolutionnaire semble avoir fait les frais des événements. Le 25 juillet, les deux bourgmestres élus appartiennent au parti des conservateurs et « modérés ». La fin de la cité de Liège libre et indépendante (depuis 1676) est proche.