À la suite de l’inauguration de la maison La Redoute, premier casino d’Europe, la ville de Spa voit fleurir de nouveaux hôtels et le Waux-Hall est inauguré au début des années 1770, renforçant sa position de carrefour de l’Europe des nantis. Initiateurs du tout premier projet, Lambert Xhrouet et Gérard de Léau ont obtenu du prince-évêque le monopole des jeux de Spa ; en 1774, un arrangement est conclu entre La Redoute et le Waux-Hall pour se partager équitablement les bénéfices. Mais cette situation privilégiée est contestée à partir de 1784-1785 quand Noël-Joseph Levoz fait bâtir une nouvelle salle (Le Club). En juillet 1785, prenant parti contre Levoz, le prince-évêque envoie le procureur général à Spa, pour fermer l’établissement : comme le procureur Fréron intervient à l’intérieur de la maison de Levoz, une assignation pour violation de domicile est immédiatement déposée devant le Tribunal des XXII. Le différend qui ne concernait initialement que des particuliers va dégénérer en un grand débat politique, entrer dans l’Histoire sous le nom d’Affaire dite des Jeux de Spa et devenir l’une des causes des événements révolutionnaires de 1789.
En effet, en contestant la décision de la Chambre impériale de Wetzlar, devant laquelle il avait porté son affaire après avoir interpellé le Tribunal des XXII, J-N. Levoz en vient à transformer un litige commercial en un débat politique sur la question de savoir à qui, entre l’évêque ou les États, appartient la souveraineté. Émaillée de nombreux autres incidents, l’Affaire des Jeux de Spa oblige à une interprétation des traditions liégeoises, mais la lecture de chaque protagoniste est biaisée et nourrit un discours populaire hostile au prince-évêque et aux privilégiés. La suppression du règlement de 1684 revient avec force. Cette querelle privée contribuera à mettre le feu aux poudres de 1789.