Il y a déjà plusieurs mois que la Grande Guerre a éclaté quand un petit cercle de poètes embrigadés comme soldats au Front décide de faire naître le projet éditorial un peu fou de créer une revue littéraire, intitulée Les Cahiers, en hommage à Péguy, et dont le sous-titre, pour la défense et l’illustration de la langue française, est une épigraphe empruntée à Joachim du Bellay.
Louis Boumal, Lucien Christophe et Marcel Paquot sont les maîtres d’œuvre de cette épopée poétique, née au printemps 1918, et à laquelle se joindront Georges Antoine et Léon-Jean Herbos notamment. « Notre vœu était de proclamer à la fois notre appartenance à l’événement et notre confiance dans le destin éternel de valeurs affranchies de l’événement » (Lucien Christophe, 1962). Avec Les Cahiers publiés au Front pour la défense et l’illustration de la langue française « nous Wallons de l’Yser, nous prononcions ce dernier mot avec une ferveur particulière ». Destiné « à aider les soldats à réagir contre l’enlisement intellectuel, à poursuivre leurs études, en même temps à défendre et illustrer la langue française », le premier numéro sort le 7 juin 1918.