C’est en 2001 qu’est mise en place une politique incitative wallonne en faveur de l’énergie renouvelable : le mécanisme des certificats verts. Dans le but notamment de permettre l’éclosion de filières favorisant le développement durable, une prime est accordée proportionnellement à la quantité de CO2 économisée grâce à la production renouvelable, qu’il s’agisse de l’éolien, du solaire ou de la biomasse. En 2007, le bilan du système n’est pas emballant, surtout dans le secteur du photovoltaïque où la Wallonie compte à peine 3.000 installations.
Désireux de développer et de pérenniser une filière régionale, le ministre wallon cdH André Antoine fait voter un décret par lequel les installations des particuliers bénéficieront dans le temps d’un rendement particulièrement intéressant. Face aux réticences qui persistent auprès des particuliers, son successeur, le ministre Écolo Jean-Marc Nollet, dope le système en le rendant plus attractif. Cela n’échappe plus au marché. Entre janvier 2008 et décembre 2011, 79.000 ménages wallons optent pour le photovoltaïque.
C’est dans un contexte qui a profondément changé (effondrement du prix des panneaux et baisse des taux d’intérêt) que le régulateur wallon de l’énergie (la Cwape) rend son rapport 2011, incitant à revoir nettement à la baisse et dans le temps les avantages accordés à la filière du photovoltaïque résidentiel. À l’annonce de la diminution des avantages par le ministre, le nombre de nouvelles commandes explose en novembre 2011 (plus de 20.000). Six mois plus tard, la revente massive des certificats verts fait plonger leur valeur, alors que le décret wallon contraint le gestionnaire de réseau – Elia – à payer la différence par rapport à 65€, le prix du certificat vert garanti par le décret wallon de 2007. Quand Elia répercute cet avantage donné aux uns (les propriétaires de panneaux photovoltaïques) sur la facture de tous les autres consommateurs d’électricité, y compris les entreprises de toute taille, le dossier s’emballe et s’invite au cœur des débats politiques, surtout quand la Cwape estime à 2,5 milliards d’€ le montant de la bulle photovoltaïque.
Face aux détenteurs de panneaux solaires (ils sont 125.000 en 2016) qui s’organisent et réclament l’application de toutes les promesses financières qui leur ont été faites, face à la colère de ceux qui considèrent ne pas devoir payer pour les avantages d’une minorité, le monde politique wallon est mis sous pression, la Justice étant également interpellée pour faire appliquer la loi. Le dossier du photovoltaïque wallon s’invite dans la campagne électorale de 2014.
Après Jean-Marc Nollet, ce sont Paul Furlan (2014-2017), Pierre-Yves Dermagne (2017), Jean-Luc Crucke (2017-2019) et finalement Philippe Henry (2019-2024) qui héritent de ce dossier. Alors que les ministres MR du gouvernement Di Rupo demandent ardemment un report de cinq ans, le Conseil d’état attribue à la Cwape la seule responsabilité de la fixation des tarifs ; dès lors, en accord avec l’ensemble de l’exécutif wallon arc-en-ciel, le ministre Écolo Philippe Henry atténue l’entrée en vigueur d’une redevance (1er octobre 2020) par une série de mesures d’accompagnement : outre des primes dégressives, le compteur qui tourne à l’envers reste autorisé jusqu’au 1er janvier 2031 pour les panneaux installés avant le 1er janvier 2024. La saga de « la taxe prosumer » prend ainsi fin, tandis que la charge des certificats verts s’atténue progressivement et plus rapidement que prévu.