Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Père Damien

À l’initiative de la VRT, les téléspectateurs flamands avaient considéré, en 2005, que le Père Damien était « la personnalité belge la plus marquante de l’histoire de Belgique ». Né en 1840 à Tremelo, dans le Brabant (flamand), sous le nom de Joseph de Veuster, il avait achevé sa formation scolaire à Braine-le-Comte pour y perfectionner ses connaissances en langue française (1858), avant d’entrer, à Louvain, chez les Pères des Sacrés-Cœurs de Picpus (1859). 

Ayant entamé des études en philosophie et théologie, le jeune novice, connu désormais sous le nom de Damien, devait partir en mission, dès 1863, pour Honolulu où il est ordonné prêtre en 1864. C’est là que le père-missionnaire va vivre, aidant les lépreux de Molokai, tout en menant son œuvre évangélique. Atteint par la maladie fin 1884, il poursuit ses activités jusqu’à son décès, en 1889. Dès 1886, l’histoire du « soldat héroïque blessé à mort sur le champ de bataille de la lèpre » fait rapidement le tour du monde, si bien que des dons importants, ainsi que des volontaires, viennent aider ceux de Molokai. 

Quand Hawaï devient le cinquantième État des États-Unis d’Amérique (1959), la statue du Père Damien est choisie pour entrer au Capitole de Washington. Son souvenir est aussi entretenu en Belgique, notamment par l’Église catholique. 

En 1964 est lancé le projet « Action Damien » pour lutter contre la lèpre et la tuberculose. En 1995, le Père Damien est béatifié par le pape Jean-Paul II et, en 2009, canonisé par le pape Benoît XVI.

Les autorités de Braine-le-Comte avaient, depuis longtemps, pris l’initiative de rappeler le court séjour du jeune de Veuster dans la commune (entre mai 1858 et janvier 1859). Place de la Culée, un buste a été réalisé par le sculpteur et architecte Hector Brognon (1888-1977). 

Monument Père Damien

Professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes, Hector Brognon y jouit d’une solide réputation, en raison notamment de ses nombreuses réalisations comme ses bustes et statues, ainsi que pour les monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou Ernest Martel en 1933). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine », qui a signé le monument dit de Marguerite Bervoets à La Louvière et qui a participé à la décoration des frontons et panneaux de l’hôtel de ville de Charleroi (côté rue de Turenne et rue Dauphin). 

Quand le buste du Père Damien a été achevé, à Braine-le-Comte, l’espace était alors totalement dégagé. Depuis, la végétation a pris possession de l’espace où se situe aussi le buste de l’explorateur Adolphe Gillis.





Bernard COURONNE, Petite vie du Père Damien, Paris, Desclée De Brouwer, 1994, Collection « Petite vie »
http://www.eic-ecaussinnes.be/historique_suite.html (sv. décembre 2013)
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56

 

 

 

Place de la Culée
7090 Braine-le-Comte

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Pépin de Landen

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser une toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. 

Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs.

À titre personnel, Léopold Noppius, le frère de l’architecte liégeois, signe 11 décorations particulières, dont 9 statues de personnalités majeures de l’histoire de la principauté de Liège. Parmi elles, entre Monulphe et Remacle, figure Pépin de Landen, aussi appelé Pépin l’Ancien (c. 580-640). 

Maire du palais d’Austrasie, il joue un rôle majeur à la cour des rois mérovingiens. Marié à Itte, il eut 2 filles, Gertrude et Begge, et un fils, Grimoald ; il est généralement considéré comme le premier de la lignée des Péppinides et, par conséquent, un des premiers ancêtres connus de Charlemagne.

Située à l’extrême gauche de la façade du Palais provincial, sur le Marteau gauche, dans la partie supérieure des premières colonnes, la statue de Pépin de Landen est l’une des toutes premières, matériellement et chronologiquement, de la longue galerie des personnalités majeures du passé de la « nation » liégeoise. Elle est aussi visible depuis la rue du Palais.

Statue Pépin de Landen

Avant ce chantier de décoration, Léopold Noppius, dont l’atelier accueillait le tout jeune Léon Mignon, avait déjà signé quelques bas-reliefs, médaillons et bustes en région de Liège, comme sur le fronton du portique d’accès à l’Institut de Zoologie de l’université de Liège. Réalisant des statues s’inspirant de sujets religieux (Vierge, Saint-Sébastien, etc.) qui ornent les églises, il rédige et publie, en 1880, un Projet de cortège historique pour Liège. Après le succès rencontré par celui organisé à Bruxelles à l’occasion des 50 ans de la Belgique, il présente aux autorités liégeoises, et aussi à tous les partenaires du pays wallon, un projet de cortège historique qui pourrait se dérouler à Liège, afin d’honorer et de glorifier tous ceux qui ont contribué à l’histoire de la principauté de Liège, voire du pays wallon. Nombre des personnalités évoquées dans son opuscule se retrouvent sur la façade du palais provincial.




Léopold NOPPIUS, Cortège historique, Liège son passé son présent, Liège, éd. Blanvalet et Cie, 1880
Jean LEJEUNE (dir.), Liège et son palais : douze siècles d’histoire, Anvers, Fonds Mercator, 1979
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 103
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. août 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 231
Jean-Luc GRAULICH, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996 



 

 

Façade latérale du Palais provincial
(face à la place Notger)
4000 Liège

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Paul Delforge

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Statue Pépin de Herstal, sur le monument Charlemagne à Liège

Professeur à l’Académie de Bruxelles, le sculpteur liégeois Louis Jehotte (1804-1884) a offert ses services à sa ville natale, dès 1855, pour élever sur la place Saint-Lambert une statue équestre de Charlemagne. S’inscrivant dans un mouvement typique du XIXe siècle visant à honorer les « gloires nationales belges », cette proposition a embarrassé les autorités liégeoises tant en raison de la question non résolue à l’époque du lieu de naissance de Charlemagne, que par l’insistance du sculpteur d’installer son œuvre sur la place Saint-Lambert. 

Au milieu du XIXe siècle, la question du lieu de naissance de Charlemagne n’est pas réglée : Belgique, France, Allemagne ? Elle reste d’ailleurs discutée encore aujourd’hui. Cependant, en dépit des protestations de Jehotte, l’emplacement qui est finalement choisi est le boulevard d’Avroy. C’est là que le monument est inauguré le 26 juillet 1868.

Contrairement à l’impression que pourrait donner une vision lointaine de l’impressionnante statue équestre, Charlemagne n’est pas le seul à être honoré. Jehotte associe toute « sa famille » – du moins six de ses ascendants les plus illustres –, par une représentation en bas-relief sur le large socle de style romano-byzantin, par ailleurs ornés de motifs végétaux et de médaillons historiés alternant avec des têtes de lion. Dans les six niches à arcades en plein cintre, que séparent des colonnes ornées de l’aigle impérial, on rencontre Begge, Charles Martel, Bertrade, Pépin de Landen, Pépin le Bref et Pépin de Herstal, le premier de la dynastie des Pippinides.

Statue Pépin de Herstal sur le monument Charlemagne

La famille des Pippinides

Propriétaire d’un patrimoine s’étendant principalement autour de Liège et en Ardenne, la famille des Pippinides s’étend, par mariages, aux régions de Metz et de Verdun, avant que Pépin II de Herstal (circa 645 – Jupille 714) ne réussisse à dominer toute l’Austrasie et à jouer un rôle important en Neustrie (687-710). Par la conquête de la Frise cisrhénane, Pépin II s’assure le contrôle de l’embouchure du Rhin et de la Meuse. En favorisant la christianisation des territoires conquis, il inaugure également une politique qui renforce sa propre autorité, la hiérarchie ecclésiastique établie lui étant en principe fidèle : le refus de l’évêque Lambert de célébrer le deuxième mariage de Pépin II de Herstal se soldera par l’assassinat de l’évêque de Tongres-Maastricht… Petit-fils de Pépin Ier, maire des deux palais, celui d’Austrasie et de Neustrie, Pépin II exerce aussi un ascendant certain sur les très jeunes rois mérovingiens qu’il fait et défait selon ses intérêts ; il devient de facto le détenteur de l’autorité royale. 

Les descendants de Pépin II (Charles Martel, Pépin le Bref, Charlemagne) finiront par écarter les faibles rois et à prendre définitivement leur place, mettant un terme à la dynastie des Mérovingiens. C’est ce fils de Begge, par ailleurs arrière-grand-père de Charlemagne, que Jehotte représente.

Le sculpteur Louis Jehotte

Formé à l’Académie de Liège, Louis Jehotte a bénéficié d’une bourse de la Fondation Darchis dans sa jeunesse, et a fait le voyage en Italie (Florence et Rome). Ami d’Eugène Simonis, il est, comme lui, élève de Mathieu Kessels à Rome (en 1823), avant de séjourner à Paris (1830) et à Copenhague où il fréquente l’atelier de Thorwaldsen (1831). 

Nommé professeur de sculpture à l’académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1835, il y enseigne seul cette matière pendant 27 ans (1835-1863), influençant considérablement plusieurs générations d’artistes (Mélot, Bouré, Fiers, Meunier, Desenfans, etc.). 

Préférant sculpter des sujets religieux, Jehotte se fait rare en monuments publics. Pourtant, c’est lui-même qui avance, en 1855, l’idée de Charlemagne, personnage auquel il consacre, avec son ami André Van Hasselt, une importante biographie résultant de 20 ans de recherches. Tenant particulièrement à ce monument, Jehotte a acquis un terrain à Bruxelles (rue de Pachéco), et c’est là qu’il exécute la fonte de cette œuvre colossale, pesant 10 tonnes. 

En 1888, des vandales abîment trois des statues du piédestal, et un nouveau procès oppose la ville et le sculpteur, qui meurt sans que l’affaire soit réglée. À la veille de la Grande Guerre, la partie inférieure du socle est remplacée. 

Au début du XXIe siècle, il a été procédé à une rénovation totale du monument qui a retrouvé des couleurs et un large espace de dégagement.



Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, t. 1. La Sculpture belge, Bruxelles, CGER, 1990, p. 71 Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 460-461
Pierre COLMAN, Le site de la statue équestre de Charlemagne, dans Chroniques d’archéologie et d’histoire du pays de Liège, Liège, Institut archéologique liégeois, juillet-décembre 2004, n°7-8, tome II, p. 76-77
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 246-250
Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 154
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 9-10
Pierre COLMAN, Le sculpteur Louis Jehotte, alias Jehotte (1803-1884) académicien comblé...d’avanies, Liège, 2010
http://www.sculpturepublique.be/4000/Jehotte-Charlemagne.htm 
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 764
Alexia CREUSEN, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996

 

Boulevard d’Avroy
4000 Liège

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Mémorial PATTON à Arlon

Six ans avant Bastogne, les autorités de la ville d’Arlon prennent l’initiative de célébrer le célèbre général américain George Patton, le vainqueur de la bataille des Ardennes fin 1944, début 1945. L’idée d’un monument revient en particulier à la Commission des Fêtes d’Arlon, présidée par Julien Breyer. L’ensemble est réalisé par le Service communal des Travaux sur base des plans de son directeur René Barbier. 

L’obélisque est offert par le sénateur Gilson d’Izel, et le médaillon est l’œuvre de Victor Demanet. L’inauguration se déroule le 26 mai 1957 en présence de nombreuses autorités civiles et militaires, dont le gouverneur du Luxembourg Octave Lohest et le général américain Fleming, commandant la « US Communication Zone/Advance Sector à Verdun ». 

Monument général Patton (Arlon)

Le profil droit de Patton apparaît dans un grand médaillon en bronze et précède un double texte – français puis anglais – gravé dans la pierre de la stèle :


D’ICI
LE 24 DÉCEMBRE 1944
LE GÉNÉRAL PATTON
LANÇA LA 3E ARMÉE
DANS LA BATAILLE DES ARDENNES


FROM THIS POINT
ON DECEMBER 24, 1944
GENERAL PATTON
SENT FORTH THE BIRD ARMY
INTO THE BATTLE OF THE ARDENNES


L’endroit où est implanté le monument est celui où le militaire américain aurait motivé ses troupes, en vue de la contre-offensive des Ardennes, contre les armées du maréchal von Rundstedt. La tactique de ce dernier vise à prendre les ponts de la Meuse et à séparer les armées anglaises des forces américaines pour reprendre le port d’Anvers. 

C’est autour de Bastogne que la bataille décisive se déroule au cours d’un hiver particulièrement terrible. Encerclées par la 5e Panzer Armee, les troupes alliées parviennent à résister et reçoivent finalement l’aide de l’aviation, avant que la division blindée de George Patton entre dans la ville le 26 décembre, créant un couloir de communication entre les défenseurs de Bastogne et les renforts. L’accomplissement de ce fait d’armes était remarquable. Le monument arlonais rend ainsi hommage au général américain qui commanda notamment la 7e, puis la 3e armée des États-Unis lors de la libération de l’Europe. 

George Smith Patton Jr.

Depuis son plus jeune âge, servir l’armée américaine est l’objectif de George Smith Patton Jr. Actif au Mexique contre Pancho Villa, en Europe de l’ouest lors de la Grande Guerre, il est un ardent défenseur d’un accroissement de la puissance matérielle de l’armée US. Ayant débarqué au Maroc en 1942, il mène la campagne de Tunisie, conduit les troupes de la 7e armée en Sicile et arrive le premier à Messine (17 août 1943). Après le débarquement en Normandie, il reçoit le commandement de la 3e armée, mène une guerre éclair jusqu’en Lorraine, se montre décisif dans la bataille des Ardennes et poursuit sa route vers l’Allemagne. Nommé brièvement gouverneur militaire de la Bavière, avant d’être affecté au commandement de la 15e armée, il est victime d’un accident de la route et succombe à ses blessures (21 décembre), un an presque jour pour jour après la libération de Bastogne.

Le sculpteur Victor Demanet

Sculpteur des rois et des reines, des soldats et des résistants, des personnages historiques lointains comme de personnalités contemporaines, Victor Demanet a fait de l’espace public, notamment de Wallonie, sa galerie d’exposition. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, il s’est rapidement imposé comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques. 

Ayant grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse, où ses parents tiennent un commerce d’antiquités au cœur de la ville, Victor Demanet (Givet 1895 – Namur 1964) était appelé à leur succéder si ses études à l’académie des Beaux-Arts (1916-1919) ne lui avaient pas donné le goût de la pratique de la sculpture. Élève de Désiré Hubin, Demanet eut la révélation en voyant des œuvres de Constantin Meunier et surtout celles traitant de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois. 

Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin avaient fini de convaincre Demanet que sa voie était dans la sculpture. Comme d’autres artistes de son temps, il va réaliser plusieurs monuments aux victimes des deux guerres ; auteur de plusieurs dizaines de médailles, il poursuit aussi une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail. Sur le bord de la veste du général Patton, la signature de V. Demanet est particulièrement apparente.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 397
Jacques CHAMPAGNE, Arlon et son Patrimoine, Mémoires de bronze et de granit, t. I, Arlon, éditions Glane, province de Luxembourg 2011.
Jacques TOUSSAINT, Les médailles du sculpteur-médailleur Victor Demanet (1895-1964), dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, 1984, n°130, p. 141-204 + planches
Jacques TOUSSAINT, Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800-1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p. 147.
http://users.skynet.be/fa530432/Intro/Monuments.htm 
http://www.luxembourg-belge.be/diffusio/fr/je-choisis/visiter/tourisme-memoire/2eme-guerre/arlon/le-monument-au-general-patton_TFO10024.php 
http://ftlb.be/fr/attractions/fiche.php?avi_id=1551 (s.v. juillet 2015)

Place du 12e Bataillon de Fusiliers « Remagen »
(carrefour des rues de Bastogne et de Neufchâteau)
6700 Arlon

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste de Joachim Patenier à Dinant

Joachim Patenier

Joachim Patenier, ou Patinir – l’artiste signait lui-même indifféremment sous les deux orthographes –, est un peintre wallon majeur de la fin du XVe siècle, début du XVIe siècle. Originaire de Dinant, Patenier (c. 1485-1524) est souvent identifié comme l’un des tout premiers à introduire le paysage dans la peinture comme thème central. Il y ajoute des éléments d’inspiration religieuse comme la Fuite en Egypte, un Saint Jérôme, un Baptême du Christ ou une Tentation de Saint-Antoine, etc. (œuvres conservées au Prado, à l’Escurial, à Vienne, à Anvers, au Louvre ou à Palerme). 

Sa notoriété a rapidement dépassé les limites de la vallée mosane et de la principauté de Liège ; ses tableaux étaient très recherchés, mais les étapes principales de sa biographie restent malheureusement inconnues faute de renseignements et de sources fiables. Il achève sa vie à Anvers, où Albert Dürer lui rend visite plusieurs fois et dessine son portrait à deux reprises au moins. On identifie Patenier surtout par ses œuvres ; celles qu’il a signées sont cependant peu nombreuses et on y constate qu’il prend plaisir à représenter sa vallée mosane natale.

La redécouverte et la réappropriation de l’artiste par Dinant remonte à la fin du XIXe siècle. Un autre artiste peintre et sculpteur dinantais, Antoine Wiertz, suscite le débat. Alors que l’artiste vient de décéder, faut-il réaliser et implanter à Dinant son Triomphe de la liberté aux dimensions pharamineuses ? Au-delà de Wiertz, le Comité formé pour réfléchir à cette question étend ses travaux à la question de la valorisation d’autres célébrités dinantaises. Et c’est ainsi que les autorités locales invitent le sculpteur Édouard Laborne à réaliser un monument en l’honneur de Joachim Patenier.

Monument Joachim Patenier

Le sculpteur Édouard Laborne 

Originaire de Leffe, le jeune Laborne (1830-1892) a été victime d’un accident de travail qui a réorienté sa vie. Ouvrier chez un imprimeur, il se blesse à la jambe, ce qui l’oblige à se reconvertir. Doué en dessin, il fréquente l’atelier du Namurois Rosart et décide de suivre une formation à l’académie des Beaux-Arts d’Anvers où professent les Geefs.  Professeur de dessin et de sculpture (1862-1866) à l'école de dessin de Benjamin Devigne, il quitte la vallée de la Meuse pour Paris (1868) avant d’installer son atelier à Anderlecht. 

À l’instar de Léopold Harzé, il travaille volontiers la terre glaise dont il retire des statuettes de petit format et aux thématiques populaires. Trouvant un public auprès des particuliers, il répond aussi à des commandes officielles, comme le chantier du conservatoire de Musique de Bruxelles, où il collabore notamment avec Sopers, De Vigne et Mélot. En 1911, à Namur, sa sœur présenta une série de terres cuites que celui qui fut le premier directeur de l'Académie de Dinant avait réalisées, notamment le Point d'interrogation, considérée comme son œuvre majeure. 

En 1887, c’est d’après un portrait dessiné par Albert Dürer que Laborne réalise le buste de Joachim Patenier, placé sur un socle en pierre de grande dimension, même si le buste paraît quelque peu disproportionné, tant il est large par rapport à son support.

À différentes reprises, le monument Patenier a été le théâtre de manifestations d’hommage. Pour n’en citer qu’une, le 21 novembre 1974, à l’occasion des 450 ans du décès de l’artiste (1470-1524), se sont associées la Ville de Dinant et la Société des amis de l’Art en Wallonie, commission artistique de la Fondation Plisnier pour un dépôt de fleurs et un discours d’hommage prononcé par André Piron.



http://www.dinant.be/patrimoine/celebrites/art-&-culture/laborne-edouard (sv. février 2014)
http://www.patrimoinemosan.net/Patenier.html (sv. août 2013)
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 95, 562.
Liliane SABATINI, Le Musée de l’Art wallon, Bruxelles, 1988, collection Musea Nostra
Jacques STIENNON, Jean-Patrick DUCHESNE, Yves RANDAXHE, Cinq siècles de peinture en Wallonie, Bruxelles, Les éditeurs d’art associés, 1988.
Jules HELBIG, Biographie nationale, 1901, t. 16, col. 679-689.

Place Patenier
5500 Dinant

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Paul PASTUR

Au cœur du piétonnier qui longe les bâtiments de l’Université du Travail, une imposante statue en bronze représentant Paul Pastur (1866-1938) rend hommage à celui qui contribua à la fondation de l’établissement scolaire et fut, pendant de longues années, un bâtisseur tant à Charleroi que dans la province du Hainaut, préoccupé aussi par la question wallonne. Réalisé par Alphonse Darville, à la demande de la province du Hainaut, le monument a été inauguré en octobre 1950, quelques semaines à peine après la fin de la Question royale.

Statue Paul Pastur (Charleroi)

Paul Pastur

Avocat au barreau de Charleroi, grand ami de Jules Destrée, Pastur resta marqué toute sa vie par les événements sociaux de 1886 et se fera le défenseur acharné du suffrage universel et de législations sociales favorables aux travailleurs. Dirigeant du POB naissant, échevin de Charleroi entre 1896 et 1900, il n’acceptera que des mandats à l’échelon provincial : de 1900 à 1938, il est l’un des députés permanents du Hainaut et, à ce titre, consacre ses meilleurs efforts pour démocratiser l'enseignement et la culture, et pour favoriser une société des loisirs qui contribue à l’émancipation des individus. Initiateur de l'École industrielle supérieure provinciale (1903), qui devient l'Université du Travail en 1911, au moment de l’Exposition internationale de Charleroi, il est considéré comme le père de cet instrument destiné à former une main-d’œuvre qualifiée pour l’industrie en pleine expansion. 

De Paul Pastur, on retient aussi volontiers qu’il introduit en Hainaut, sur l'exemple américain, une fête des mamans, le dernier dimanche de mai (1927), qui deviendra nationale 10 ans plus tard. Il consacre aussi une attention particulière à l’obtention puis à l’amélioration de loisirs pour les travailleurs (temps de travail, infrastructures, etc.).

L'artiste Alphonse Darville

La réalisation du monument Pastur a été confiée à Alphonse Darville (1910-1990). Né à Mont-sur-Marchienne en 1910, formé à l’académie des Beaux-Arts de Bruxelles, le jeune Darville a bénéficié très tôt de la confiance de ses contemporains, en particulier de celle de Jules Destrée et de Paul Pastur. À 20 ans, il est encore fort peu connu quand il se voit confier la réalisation du buste de Pierre Paulus. Ce n’est que l’année suivante, en 1931, que Darville recevra le Prix Godecharle puis, en 1935, le Premier Grand Prix de Rome. 

Co-fondateur de L’Art vivant au pays de Charleroi (1933), attaché à la promotion de la création artistique en Wallonie, co-fondateur de la section de Charleroi de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (1945), Darville contribue aussi à la création de l’académie des Beaux-Arts de Charleroi, qu’il dirige de 1946 à 1972. En 1951, il signe l’insolite monument au pigeon-soldat, qui trouve place dans le parc Astrid de Charleroi.

En 1950, le monument que Darville consacre à Pastur est l’un des plus spectaculaires ; en tout cas, l’ensemble est l’un des plus grands jamais réalisés par l’artiste. À l’arrière de la statue en bronze d’un Paul Pastur qui se tient debout, tenant son chapeau de la main droite, s’élève une sorte de tour de près de 10 mètres de haut sur laquelle sont délivrés plusieurs messages. D’abord, au-dessus de la statue elle-même, apparaît la mention :


PAUL PASTUR
1866 – 1938
AVOCAT
DEPUTE PERMANENT
FONDATEUR DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE
DU HAINAUT
PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ DU TRAVAIL
1902 – 1938


Au sommet de cette face de la tour, est gravé le sigle de l’UT. Sur les faces latérales, Darville a donné libre cours à son inspiration pour réaliser une allégorie de la jeunesse et de la culture ; à l’arrière, le blason de la province est gravé dans la pierre, avec la mention :


A PAUL PASTUR
LE HAINAUT RECONNAISSANT
INAUGURE LE 28 – 10 – 1950




Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse dont La Nouvelle Gazette, le Journal et Indépendance, 15 juillet 1991
Jacques GUYAUX, Paul Pastur, la grandeur du Hainaut, Bruxelles, éd. Labor, Institut Destrée, Fonds Pastur, 1978, p. 115-116
Paul DELFORGE, Paul Pastur, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1240-1241
Geneviève ROUSSEAUX, Alphonse Darville sculpteur, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1982, coll. « Figures de Wallonie »
Alphonse Darville : 60 [soixante] années de sculpture, catalogue d’exposition, 20 novembre 1982 - 16 janvier 1983, Jean-Pol DEMACQ [préface],  Charleroi, Musée des Beaux-Arts, 1982
Alphonse Darville 1977, Charleroi, Impaco, 1977
Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 290 ; t. II, p. 190

 

 

Piétonnier de l’Université du Travail
6000 Charleroi

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Paul PASTUR

Encastrée dans la façade de la maison située au coin de l’avenue Rêve d’Or et de la rue Warocqué, à La Louvière, une plaque rend hommage à l’action menée par Paul Pastur (1866-1938) en faveur des loisirs des travailleurs.

 

Paul Pastur

Avocat au barreau de Charleroi, grand ami de Jules Destrée, Pastur resta marqué toute sa vie par les événements sociaux de 1886 et se fera le défenseur acharné du suffrage universel et de législations sociales favorables aux travailleurs. Dirigeant du POB naissant, échevin de Charleroi entre 1896 et 1900, il n’acceptera que des mandats à l’échelon provincial : de 1900 à 1938, il est l’un des députés permanents du Hainaut et, à ce titre, consacre ses meilleurs efforts pour démocratiser l'enseignement et la culture. 

Initiateur de l'École industrielle supérieure provinciale (1903), qui devient l'Université du Travail en 1911, il introduit en Hainaut, sur l'exemple américain, une fête des mamans, le dernier dimanche de mai (1927), qui deviendra nationale 10 ans plus tard. Il consacre aussi une attention particulière à l’obtention puis à l’amélioration de loisirs pour les travailleurs (temps de travail, infrastructures, etc.).

Dès 1919, il avait créé une structure provinciale active sur le Hainaut : la « Commission des loisirs des travailleurs » était chargée de réfléchir à la manière de procurer aux ouvriers des occupations de leur temps libre équivalant à celles des bourgeois aisés. Ensuite, en constituant 7 sections (habitation, jardinage, petit élevage, étude, éducation physique, éducation artistique, éducation intellectuelle), il les chargea de mener des animations, des concours, des ateliers afin de structurer « positivement » le temps libre obtenu par la diminution des horaires de travail. 

Se constituèrent des sociétés d’habitation à bon marché, des compagnies de théâtre, des groupes d’animateurs socio-culturels, des sociétés de gymnastique et d’éducation physique, plus de 200 bibliothèques, et furent organisées des expositions, des « projections lumineuses », des conférences, etc. En 1924, Pastur lance l’idée d’un congrès international des loisirs de l’ouvrier : il se tiendra en 1935 à Bruxelles, dans le cadre de l’Exposition.

Quelques mois après la disparition de Paul Pastur, l’ouverture d’une Maison des loisirs, à La Louvière, perpétue son œuvre. L’inauguration a lieu le 9 juillet 1939. C’est là qu’est apposée la plaque, en présence d’Alexandre André, président du Conseil provincial. Dans son discours, ce dernier compare l’activité de Paul Pastur à celle de Jules Destrée. Sur la plaque, apparaissent aussi les armoiries de la province de Hainaut.



Jacques GUYAUX, Paul Pastur, la grandeur du Hainaut, Bruxelles, éd. Labor, Institut Destrée, Fonds Pastur, 1978, p. 77-81, 115-116.
Paul DELFORGE, Paul Pastur, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1240-1241.

Rue Warocqué
7100 La Louvière

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Pasquier GRENIER (par Christine Jongen)

Bénéficiant d’un financement inscrit dans le cadre du Phasing out de l'Objectif 1, la Ville de Tournai entreprend de valoriser davantage son patrimoine historique, au-delà du beffroi, de la cathédrale et du Pont des Trous. Via l’Intercommunale Ideta qui est le maître d’œuvre, un plan stratégique privilégie, en effet, depuis 1995 le développement touristique du Hainaut. 

Se concentrant sur le cœur historique de Tournai, les autorités locales confient à l’artiste plasticienne Christine Jongen (1949-) le soin de mettre en place une quinzaine de statues dans un parcours d’interprétation à travers la « Cité des cinq Clochers ». Une quinzaine de statues en bronze sont les étapes marquantes d’un circuit fortement balisé par une signalétique particulière. Touristes comme habitants de la cité sont ainsi invités à une promenade de deux heures, jalonnées de 43 étapes.

Afin de garantir la qualité de l’initiative communale, le bourgmestre, Roger Delcroix, a confié à un comité scientifique composé d’historiens, d’archéologues et de spécialistes des traditions locales la mission d’encadrer le projet. Répondant aux critères souhaités, Christine Jongen implante quinze statues sur les trottoirs de Tournai, entre la Grand-Place, l’Escaut, la Tour Saint-Georges et le Fort Rouge. 

Née à Bruxelles, formée en psychologie à l’université libre de Bruxelles, Christine Jongen travaille comme journaliste à l'hebdomadaire Notre Temps (1975-1976), avant de se consacrer entièrement à la sculpture. Laissant son inspiration se nourrir aux sources les plus variées, de la Renaissance européenne aux grandes traditions asiatiques ou d’Amérique, elle s’oriente vers la peinture abstraite quand elle s’installe en France au début des années 1980. Menant aussi une réflexion continue sur l’art dans son essai À la recherche de formes, paru pour la première fois à la fin les années 1980, elle présente ses œuvres à plusieurs reprises (Paris, Bruxelles, Genève, Bordeaux, Bézier, Montréal, Rome, Barcelone, Avignon, Padoue, etc.) et dans divers salons d'art français (2000-2003).

Pour Tournai, Christine Jongen crée quinze statues, en bronze, de 70 à 75 centimètres de haut, qui toutes sont déposées sur des piliers de 2,8 mètres de haut, en bois, renforcés par une structure en inox. Coulées selon la technique de la cire perdue dans les ateliers de la fonderie Francart, à Crisnée, les statues sont autant de références au passé de Tournai, évoquant des fonctions (chanoine, évêque) ou des « activités » (tailleurs de pierre, portier, arbalétrier), comme des personnages historiques. 

Parmi celles-ci, Pasquier Grenier (c. 1425-1493) est celui qui symbolise le mieux le succès de la tapisserie tournaisienne. Il a été réalisé dès 2003 et inauguré le 25 mars 2004.

Statue Pasquier Grenier (Tournai)

Au milieu du XVe siècle, les ateliers de Pasquier Grenier réalisent des œuvres remarquables et sont les fournisseurs attitrés de la cour de Bourgogne. Ils livrent aussi à Londres et à Paris. Homme d’affaires, riche collectionneur et diplomate, le plus célèbre des tapissiers tournaisiens exerce une forte influence sur la vie locale et peut aussi représenter la cité lors de missions à l’étranger. Grâce à la famille Grenier, Tournai est devenue le principal centre de l’industrie drapière en occident. 

D’une taille de 73 centimètres environ, du haut de son pilier, la statue de Pasquier Grenier jette un regard circulaire sur la Grand Place de Tournai, observant, sur sa droite, à quelques mètres, le monument Christine de Lalaing. Dans ses habits évoquant le XVe siècle, le personnage tient un parchemin dans sa main gauche.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://christine.jongen.pagesperso-orange.fr/GrilleJongen.htm (sv. septembre 2015)
http://www.badeaux.be/Balisages/Bal5/Site15/Site15.html

Grand-Place
7500 Tournai

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Pasquier GRENIER (par Gigi Warny)

Au tournant des années 1970 et 1980, les autorités tournaisiennes procèdent à la rénovation de leur Conservatoire. Alors que le chantier se termine, six statuettes en bronze sont posées sur le toit-terrasse qui fait face au carrefour du beffroi. 

Oeuvres de Gigi Warny, elles portent le nom de six Tournaisiens ayant acquis une forte notoriété dans différentes activités : Jacques Daret pour la peinture, Pierre de la Rue pour la musique, Lefebvre-Caters pour l’orfèvrerie, Michel Lemaire pour la dinanderie, François Joseph Péterinck pour la porcelaine et Pasquier Grenier (c. 1425-1493) pour la tapisserie.

Celui-ci est certainement le plus célèbre des tapissiers tournaisiens. Au milieu du XVe siècle, ses ateliers réalisent des œuvres remarquables et sont les fournisseurs attitrés de la cour de Bourgogne. Ils livrent aussi à Londres et à Paris. Homme d’affaires, riche collectionneur et diplomate, Pasquier Grenier exerce une forte influence sur la vie locale et peut aussi représenter la cité lors de missions à l’étranger. Grâce à la famille Grenier, Tournai est devenue le principal centre de l’industrie drapière en occident. Il n’est par conséquent pas étonnant que Pasquier Grenier soit considéré comme l’une des six personnalités les plus importantes de l’histoire culturelle et artistique de Tournai.

Car tel est bien le sens à donner aux six statuettes réalisées par Geneviève Warny. Née à Bruges en 1958, cette artiste autodidacte, qui offrait les petites statues qu’elle créait à ses amis, s’est laissée convaincre par l’architecte André Wilbaux de réaliser « six attitudes grandeur nature » pour le fronton de l’ancien Conservatoire de Tournai. Relevant le défi, en travaillant le bronze pour la première fois, Gigi Warny délaisse la psychologie qu’elle étudiait à l’université catholique de Louvain (1983) pour faire de la sculpture son activité principale. Installant son atelier à Louvain-la-Neuve, elle a fourni des œuvres variées à la cité universitaire (fontaine Léon et Valérie en 1984 sur la place de l’Université, La main en diplôme en 1995 près des Halles, Rêverie d’eau en 2001 à la piscine du Blocry). Améliorant et modifiant progressivement ses techniques, elle expose essentiellement en Belgique avant de traverser l’Atlantique et d’être connue aussi au Québec.

 

Statue évoquant Pasquier Grenier



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.gigiwarny.be/Gallerie.html 
http://optimiste.skynetblogs.be/tag/conservatoire+de+musique (sv. février 2014)

Toit du conservatoire
7500 Tournai

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Fontaine Jean-François Ortmans-Hauzeur

Située au carrefour des rues Ortmans, des Raines, des Alliés, des Sottais et du Collège, à Verviers, le monument fontaine édifié à la mémoire de Jean-François Ortmans (1806-1885) est l’une des plus grandes fontaines murales de Wallonie, avec ses 15 mètres de haut et ses 13 mètres de large. 

Par la décision prise en 1891, les Verviétois et leurs autorités entendaient montrer toute leur reconnaissance à leur bourgmestre récemment décédé ; ils voulaient mettre en évidence son opiniâtreté pour amener l’eau courante et potable à l’intérieur des maisons, tout en dotant l’industrie lainière d’un nouvel instrument de développement économique, par la construction de l’impressionnant barrage de la Gileppe. Industriel lui-même, chimiste de formation, Jean-François Ortmans-Hauzeur avait mené de pair une carrière dans la teinturerie industrielle et dans la politique. Député libéral de 1874 à 1885, il avait consacré 36 ans de son existence à sa ville, en tant qu’échevin d’abord (1849-1854), comme bourgmestre ensuite (1854-1885).

Placé dans la partie supérieure de l’immense fontaine, le buste d’Ortmans-Hauzeur occupe une position centrale ; tous les regards doivent converger vers celui qui a introduit la distribution d’eau à Verviers. Gravés sur une des deux pierres bleues latérales (à gauche), les lettres d’or insistent fortement sur ce point :

«  1878
Ortmans-Hauzeur
réalisa
la
distribution d’eau
de la
Gileppe »
De l’autre côté, sur une autre pierre bleue (à droite), sont inscrits les mots suivants :
« Au
bourgmestre
Ortmans-Hauzeur
1854-1885
ses concitoyens
reconnaissants ».

 

Fontaine monumentale Jean-François Ortmans-Hauzeur

La réalisation de l’ensemble du monument-fontaine a été confiée à Clément Vivroux (1831-1896). Pour cette œuvre d’inspiration néo-classique, il a eu recours, à la fois, à la pierre de taille, au bronze et au calcaire. Placé sur un socle, le buste s’inscrit dans une alcôve en forme de coquillage, le tout entouré de deux fois deux colonnes. Sur le fronton, une femme symbolisant la ville de Verviers tient dans sa main une pièce de drap évoquant l’activité industrielle. Plusieurs allusions à l’eau émaillent le monument : coquillages, amphores et bien sûr le liquide lui-même (provenant du réseau de distribution), qui dévale des bandeaux sculptés imitant des vagues ou des rideaux d’eau (cinq bassins). À la fois architecte et sculpteur, Clément Vivroux semble s’être inspiré de la fontaine Saint-Michel à Paris.

Par ailleurs, Vivroux a aussi signé la fontaine David à Verviers et quatre « pères de l’Église » (en pierre de France) dans l’église Saint-Remacle. Frère d’Auguste Vivroux, Clément appartient à une dynastie liégeoise qui s’adonne à la sculpture, à la peinture et à l’architecture depuis le début du XIXe siècle et jusqu’à la fin du XXe siècle, signant de multiples constructions dans l’est de la Wallonie.




Renseignements communiqués par Jean-François Potelle (janvier 2014)
Paul Delforge, La distribution d’eau à Verviers au XIXe siècle, Université de Liège, 1985.
DESHOUGNES, La petite histoire de la Gileppe, Verviers, 1949.
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 142-152.

Rue des Raines et rue des Alliés
4800 Verviers

carte

Paul Delforge