Paul Delforge
Charlier Jambe de Bois
Bas-relief en l’honneur de Charlier Jambe de Bois, réalisé par Servais Detilleux, 14 mai 1939.
Apposé sur la façade d’une maison des hauteurs de Liège, le bas-relief représentant Jean-Joseph Charlier (1794-1866), passé à la postérité sous le nom de Charlier dit la Jambe de Bois, le montre à côté de son célèbre canon, dans ses habits caractéristiques de l’imagerie populaire pour illustrer les événements de 1830. Tandis qu’il est fort justement représenté avec son handicap à la jambe droite, une chaîne brisée sur une borne symbolise son combat pour la liberté. La partie illustrée du bas-relief a été très travaillée par Servais Detilleux qui représente de façon elliptique des briques, maisons et pavés pour évoquer les combats de Bruxelles. En contre-bas, sur une surface plane, se détache le simple texte suivant :
J. J. CHARLIER
DIT « JAMBE DE BOIS »
1794 – 1866
Né au moment où l’ancienne principauté de Liège était sur le point d’être annexée à la France, soldat au service de Napoléon (1813), il a combattu en « Allemagne » et à Waterloo. Ce serait sur ce champ de bataille que le Liégeois aurait été blessé ; mal soignée, sa jambe se serait infectée alors qu’il était rentré à Liège et on dut l’amputer pour stopper la gangrène. À partir de 1818, il perçoit d’ailleurs une petite pension de l’État en raison de son handicap. Celui-ci ne l’empêche pas d’être parmi les premiers volontaires liégeois prêts à en découdre avec les « Hollandais » en 1830. Avec son canon surnommé « Willem », Charlier dit Jambe de Bois prend une part active aux journées décisives de la Révolution belge (23-27 septembre).
Homme de condition modeste, simple tisserand à l’origine, il incarne les volontaires liégeois qui, comme d’autres Wallons, sont venus faire la Révolution dans les rues de Bruxelles.
L’hommage est rendu à l’initiative de la « Société royale les R’Jettons des combattants di 1830 », comme l’atteste une plaque apposée sous le bas-relief :
STE RALE LES R’JETTONS DI 1830
PRESIDENT JULES VAN MULEN
COMITE D’HONNEUR MME F. DUPONT
MRS A.BUISSERET – C. LOHEST
ET MME VANNERUM
14 – 5 - 1939
Cette société a été constituée à Liège en 1901 et avait son local au 109 de la rue Pierreuse…
Quant à Servais Detilleux (Stembert 1874 - Bruxelles 1940), l’auteur du bas-relief, il n’a pas croisé la route de Charlier Jambe de Bois, mais son enfance a dû être bercée par les exploits du « héros de 1830 » ; formé à l’Académie de Liège (1891-1896, 1899-1900), il fréquente aussi J. Portaels et Ch. Van der Stappen à Bruxelles. Surtout peintre et dessinateur, mais aussi sculpteur, il privilégiait les paysages, les scènes historiques, les vues de ville, tout en réalisant des nus et des portraits, notamment d’hommes politiques, voire de Léopold II.
Sources:
La Vie wallonne, septembre 1928, XCVII, p. 65
René HÉNOUMONT, Charlier dit la jambe de bois : le canonnier liégeois de 1830, Bruxelles, Legrain, 1983
Paul EMOND, Moi, Jean-Joseph Charlier dit Jambe de Bois, héros de la révolution belge, Bruxelles, 1994 (rideau de Bruxelles)
Les journées de septembre 1830, Mémoire de Jean-Joseph Charlier dit la jambe de bois, capitaine d’artillerie en retraite, Liège, 1967 (première édition en 1853)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 457
126 rue Pierreuse
4000 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge
Statue Charlemagne
Statue équestre de Charlemagne, réalisée par Louis Jehotte, 26 juillet 1868.
Jeune État né d’une révolution, la Belgique de 1830 n’obtient d’assurances sur sa pérennité qu’à la suite de la signature du Traité des XXIV articles, à Londres, en 1839. Déjà quelques « peintres d’histoire » ont commencé à s’inspirer d’événements du passé « belge » et les parlementaires ont décidé « d’honorer la mémoire des grands hommes belges » en encourageant toute initiative pour que fleurissent des statues dans l’espace public. =
À la suite du ministre de l’Intérieur, Jean-Baptiste Nothomb, des commandes sont passées auprès de sculpteurs pour décorer le péristyle du grand vestibule du Parlement (1845). D’emblée s’imposent comme « héros nationaux » Pépin de Herstal, Thierry d’Alsace, Baudouin de Constantinople, Jean Ier de Brabant, Philippe le Bon et Charles Quint.
Tandis que l’hôtel de ville de Bruxelles se couvre de près de 300 statues (entre 1844 et 1902), la façade du nouveau Palais provincial de Liège en accueille une quarantaine (entre 1877 et 1884). Une impulsion avait été donnée, le mouvement allait suivre, abandonnant les façades pour occuper les places publiques.
Chef de Cabinet, en charge de l’Intérieur (1847-1852), Charles Rogier invite chaque province à élever un monument digne des gloires nationales dans son chef-lieu. Soutenu par son successeur, Joseph Piercot, le projet se concrétise lorsque Rogier redevient ministre, entre 1858 et 1868. Aux quatre coins du pays, les édiles municipaux se mobilisent bon gré mal gré (en raison des coûts) dans un projet qui se veut collectif, mais qui révèle à la fois des particularismes locaux et des interrogations sur la définition de « belge ».
À Liège, le sculpteur Louis Jehotte (1804-1884) a offert ses services, dès 1855, pour élever sur la place Saint-Lambert une statue équestre de Charlemagne, en bronze, personnage étonnement absent de la sélection de J-B. Nothomb. Arrière-petit-fils de Pépin de Herstal, petit-fils de Charles Martel et fils de Pépin le Bref, Charles le Grand semble présenter quelques liens avec l’Ardenne et le pays mosan, avant qu’il ne soit couronné empereur, à Rome, le 25 décembre 800, par le pape Léon III. Si Charlemagne (742-814) établit sa capitale à Aix-la-Chapelle, on s’interroge encore au XIXe siècle sur le lieu de sa naissance. L’Académie a mis la question en concours, mais aucune réponse ne lui est parvenue. Herstal paraît cependant un meilleur choix que Liège, car jusqu’en 784, Charlemagne y disposait d’un palais où, disait-on, il aimait résider… De surcroît, dans certains quartiers de la localité son souvenir continue d’être vénéré, tant lors d’une fête annuelle que dans une église. Mais, au milieu du XIXe siècle, la question du lieu de naissance de Charlemagne n’est pas réglée : Belgique, France, Allemagne ? L’initiative de Jehotte relance la polémique et pousse l’Académie royale à mettre la question en concours, sans recevoir de réponse.
Embarrassée par l’offre de Jehotte, la ville de Liège choisit néanmoins, en 1862, d’installer le futur monument à proximité de l’ancien chœur occidental de la cathédrale Saint-Lambert démolie. Personne ne conteste le statut de cette « gloire nationale », mais le Conseil provincial remet en question la pertinence de l’emplacement, si bien qu’en 1863, les autorités locales optent pour le boulevard d’Avroy, dans cette partie de la ville où d’importants travaux ont transformé les anciens bras de la Meuse en avenues. Contestant cette décision en justice, le sculpteur perd son procès, mais obtient satisfaction quand il réclame que l’empereur soit orienté face au sud. Dans la mesure où le gouvernement intervient financièrement, plus rien ne s’oppose à la réalisation de la fameuse statue équestre. C’est finalement le 26 juillet 1868 que l’on procède à son inauguration devant une foule importante, mais en l’absence des hautes autorités, hormis le gouverneur de la province de Liège qui préside.
Formé à l’Académie de Liège, Louis Jehotte a bénéficié d’une bourse de la Fondation Darchis dans sa jeunesse, et a fait le voyage en Italie (Florence et Rome). Ami d’Eugène Simonis, il est comme lui élève de Mathieu Kessels à Rome (en 1823), avant de séjourner à Paris (1830) et à Copenhague où il fréquente l’atelier de Thorwaldsen (1831). Nommé professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1835, il y enseigne seul cette matière pendant 27 ans (1835-1863), influençant considérablement plusieurs générations d’artistes (Mélot, Bouré, Fiers, Meunier, Desenfans, etc.). Préférant sculpter des sujets religieux, Jehotte se fait rare en monuments publics. Pourtant, c’est lui-même qui avance, en 1855, l’idée de Charlemagne, personnage auquel il consacre, avec son ami André Van Hasselt, une importante biographie résultant de vingt ans de recherches. Tenant particulièrement à ce monument, Jehotte a acquis un terrain à Bruxelles (rue de Pachéco) et c’est là qu’il exécute lui-même la fonte de cette œuvre colossale, pesant dix tonnes.
Le cheval et son cavalier sont en bronze. Le socle est en pierre. On peut lire l’inscription :
« CAROLUS MAGNUS
MAGNUS BELLO
MAJOR PACE »
De style roman, le piédestal est aussi orné de statues représentant les ancêtres de l’empereur, à savoir (sainte) Begge, Pépin de Herstal, Charles Martel, Bertrade, Pépin de Landen et Pépin le Bref.
En 1888, des vandales abîment trois des statues du piédestal et un nouveau procès oppose la ville et le sculpteur qui meurt sans que l’affaire soit réglée. À la veille de la Grande Guerre, la partie inférieure du socle est remplacée. Au début du XXIe siècle, il a été procédé à une rénovation totale du monument qui a retrouvé des couleurs et un large espace de dégagement.
Sources:
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, t. 1. La Sculpture belge, Bruxelles, CGER, 1990, p. 71
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 460-461
Pier
re COLMAN, Le site de la statue équestre de Charlemagne, dans Chroniques d’archéologie et d’histoire du pays de Liège, Liège, Institut archéologique liégeois, juillet-décembre 2004, n°7-8, tome II, p. 76-77
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 246-250
Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 154
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 9-10
Pierre COLMAN, Le sculpteur Louis Jehotte, alias Jehotte (1803-1884) académicien comblé...d’avanies, Liège, 2010
http://www.sculpturepublique.be/4000/Jehotte-Charlemagne.htm
Jean WUILBAUT, Mons 1853-1868. Controverses autour de la statue de Baudouin de Constantinople, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, Mons, 1988, t. 73, p. 1-45
Alain COLIGNON et Baudouin VAN DEN ABEELE, Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 105-107
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 764
Alexia CREUSEN, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Boulevard d’Avroy
4000 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge
Statue Jean CHAPEAVILLE
Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais.
Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ».
Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Chapeaville est parmi celles-ci.
Située entre Lambert Lombard et François Borset, la statue de Jean Chapeaville est l’une des 42 personnalités retenues. De facture sérieuse, elle a été réalisée avec un souci d'art et de différenciation ; le visage présente des similitudes avec le peu de documents que l’on a conservés. Sur la façade du marteau de droite du palais provincial, dans la partie supérieure des colonnes d’angle, Jean Chapeaville (1551-1617) a été représenté, livres en mains, par le sculpteur Mathieu de Tombay qui signe cinq des 121 figures liégeoises.
Chanoine de la cathédrale Saint-Lambert depuis 1587, Jean Chapeaville était une personnalité proche des princes-évêques Ernest puis Ferdinand de Bavière, dont il a été le vicaire général. Premier directeur du Grand Séminaire de Liège créé en 1592, il est aussi considéré comme le fondateur de l’historiographie moderne liégeoise.
okQuant au sculpteur Mathieu de Tombay qui signe cette statue, il est le frère d’Alphonse qui est le plus connu de cette famille liégeoise de sculpteurs, et qui travaille aussi sur le chantier du palais provincial. Ce Mathieu de Tombay est souvent confondu avec son grand-père, son parfait homonyme, voire totalement ignoré.
Source:
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 100
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 350
La Meuse, 2 octobre 1880
façade du Palais provincial, face à la place Notger - 4000 Liège
Statue de Jean Chapeaville, réalisée par Mathieu de Tombay, c. 15 octobre 1880.
Paul Delforge
Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Stèle et médaillon Louis BOUMAL
Située dans le Parc de la Boverie, à Liège, une stèle surmontée d’un médaillon a été installée en 1925, à la mémoire de Louis Boumal (1890-1818). Poète, écrivain, professeur de rhétorique à l’Athénée de Bouillon, cet auteur a très tôt attiré l’attention sur sa production littéraire quand la Grande Guerre éclate. Mobilisé dès le mois d’août 1914, le jeune soldat combat du côté de l’Yser, gagnant sur le champ de bataille ses étoiles de lieutenant. En octobre 1918, il est emporté par la fièvre de la grippe espagnole.
Constitué à l’entame des années 1920, un comité d’amis et d’admirateurs du poète s’assigne trois objectifs : publier une édition de ses meilleurs écrits ; ériger un monument et ramener sa dépouille dans sa ville natale. Le Comité de patronage comprend de fortes personnalités, ministres, gouverneurs, bourgmestre, écrivains, membres de l’Académie de langue et littérature françaises. Les démarches nécessaires sont entreprises pour ramener les restes du défunt de Bruges au cimetière de Robermont où une première cérémonie officielle se déroule le 16 juin 1925. Il s’agit d’une première étape. La seconde est l’œuvre de la section de Liège des Amis de l’Art wallon qui obtient le soutien de la ville de Liège et une contribution de la société des Amis de l’Art wallon présidée par Jules Destrée. Placé sous la présidence de Lucien Christophe aidé de Camille Fabry, le secrétaire, et d’une dizaine d’écrivains, le « Comité Boumal » confie la réalisation du monument au sculpteur Georges Petit (1879-1958).
Né à Lille, de parents liégeois, Georges Petit grandit à Liège et reçoit une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts où il est l’élève de Prosper Drion, Jean Herman et Frans Vermeylen. Il deviendra plus tard professeur de cette Académie. « Depuis 1901, date de ses premières œuvres, jusqu’à la guerre de 1940, Georges Petit a occupé avec autorité la scène artistique liégeoise », affirme Jacques Stiennon qui explique qu’il devait sa position aux multiples commandes officielles reçues autant qu’à sa maîtrise précoce de son art. Sa sensibilité et sa capacité à transformer une anecdote en symbole universel ont influencé durablement ses élèves, parmi lesquels Oscar et Jules Berchmans, Robert Massart, Louis Dupont et Adelin Salle. D’abord attiré par les portraits, Petit a livré plusieurs bustes de grande facture, tout en s’intéressant à la condition humaine. Marqué par la Grande Guerre, l’artiste y puise une force qui se retrouve dans ses réalisations des années 1917 à 1927, période où s’inscrit la stèle dédiée à Louis Boumal. Ensuite, comme épuisé par tant de souffrances, il choisit la peinture de chevalet et devient plus léger, sans tomber dans la facilité. Les visages humains tendent à disparaître et tant les paysages que les traditions wallonnes l’inspirent : en peinture, comme dans ses médailles (qui sont très nombreuses et d’excellente facture), voire dans les quelques sculptures qu’il exécute encore, comme la Tradition commandée par le Musée de la Vie wallonne.
En pierre calcaire, la stèle du parc de la Boverie est surmontée d’un médaillon où a été gravé le profil gauche de Louis Boumal, légèrement décalé ; les initiales du sculpteur apparaissent en bas à droite. Sur la stèle figure aussi la mention :
« À
LOUIS BOUMAL
1890-1918
Et plus bas :
AU POÈTE
AU SOLDAT ».
Sur la face avant, le pied de la stèle a fait l’objet d’une décoration gravée dans la pierre. L’ensemble a été inauguré le 17 octobre 1925 dans le parc public de la Boverie devant une assistance fournie : Lucien Christophe prononce un discours solide dans lequel il retrace les grands traits de la carrière littéraire de celui qui fut son compagnon d’armes. Il lit aussi des vers du Jardin sans Soleil. L’hommage se déroule en présence de Xavier Neujean, Jean Haust, Joseph-Maurice Remouchamps, Émile Jennissen, Marcel Paquot ou encore le consul général de France Labbé. Parallèlement à l’inauguration du monument, le Comité Boumal avait décidé d’attribuer un prix de 500 francs au « meilleur volume de vers de langue française publié en 1925 ». Sur base d’un rapport rédigé par Richard Dupierreux, c’est Toi qui pâlis au nom de Vancouver, de Marcel Thiry, qui est couronné.
Aménagé pour recevoir l’exposition de 1905, le parc de Boverie ne va cesser d’accueillir, dans un décor d’arbres et de fleurs, des monuments rendant hommage à des personnalités marquantes du monde culturel liégeois. La stèle « Louis Boumal » sera déplacée à différentes reprises avant de trouver place dans l’axe du pont le plus au nord.
Sylvie DELLOUE, Nathalie DE HARLEZ, Pierre FRANKIGNOULLE, Bénédicte MERLAND, Étude historique sur sept parcs liégeois, projet réalisé par l’asbl Homme et Ville pour l’échevinat de l’Urbanisme de la Ville de Liège, Liège, 2006
Paul DELFORGE, Société des Amis de l’Art wallon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1484-1486
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 11
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 282
La Vie wallonne, 3e année, 15 septembre 1922, XXV, p. 43-44
La Vie wallonne, 5e année, 15 juillet 1925, LXI, p. 456-457
La Vie wallonne, 6e année, 15 octobre 1925, LXII, p. 75-76 et 82
Parc de la Boverie
4020 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Monument Mathieu BODSON
Situé à l’intersection de la rue Jean Hermesse, de la rue du Diable et de la place Mathieu Bodson, à Jupille, près de Liège, un monument rappelle qu’un résistant de la Grande Guerre a été fusillé à Bruxelles en 1916 pour espionnage. Ouvrier plombier quand éclate la Grande Guerre, Mathieu Bodson vient tout juste de fêter ses vingt et un ans. Il s’est porté volontaire dès août 1914, mais il a été réformé par l’armée belge. L’armée britannique lui trouve pourtant suffisamment de qualités pour recourir à ses services dans le contre-espionnage. Il est actif pendant plusieurs mois, avant d’être dénoncé. Arrêté et condamné à mort, Mathieu Bodson est exécuté à Bruxelles en septembre 1916 : les chefs d’accusation retenus contre lui portent sur le fait d’avoir favorisé le passage de fugitifs aux Pays-Bas, sur la fabrication de faux-passeports et une aide aux soldats belges.
À l’initiative de l’administration communale de Jupille, la place de Fléron est rebaptisée place Mathieu Bodson dès les années 1920, mais une association souhaite rendre un hommage plus appuyé au « héros local » en érigeant un monument. Se positionnant sans doute comme les descendants lointains de la famille des pépinides, « Lès R’djètons dès Pépins » obtiennent le soutien des autorités communales et des anciens combattants de 14-18 pour élever un monument que la végétation a progressivement encerclé. Précédé d’un bac d’eau alimenté par le réseau, le monument en béton comprend sur sa partie supérieure un portrait de profil du résistant, placé entre deux colonnes et surmonté d’un mince chapiteau. Outre le nom des contributeurs, le monument mentionne :
« Mathieu Bodson
Fusillé à Bruxelles
Pour espionnage
16 septembre 1916 ».
Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 72
Lettre du Patrimoine, avril 2013
http://www.bel-memorial.org/cities/liege/jupille-sur-meuse/jupille-sur-meuse_mon_mathieu_bodson.htm (sv 31 janvier 2014)
place Mathieu Bodson
4020 Liège-Jupille
Paul Delforge
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Statue Victor BERTRAND
À l’entrée du quartier liégeois d’Outremeuse, du côté du Pont d’Amercœur, une statue a été érigée en hommage au lieutenant-général Victor Bertrand (1857-1931). Général-major en 1914, il était en charge du commandement de la place de Liège lors de l’offensive allemande d’août 1914. Le 5 août, il menait une première contre-attaque à hauteur du barrage de Rabosée ; proche du général Leman, il lui succède à la tête de la 3e division d’Armée du 24 août 1914 au 5 janvier 1915. Sa bravoure, son sens de la décision, son engagement dans la défense de sa cité natale ont été salués par tous les témoins des événements. Par sa résistance et celle de ses forts, Liège est parvenue à retarder l’avancée des soldats de l’empire et rien que cela était déjà héroïque.
Maintes fois décoré après l’Armistice, le commandant en chef de la place de Liège reçut de la jeune association de « la République libre d’Outremeuse » une attention toute particulière. En effet, peu de temps après sa disparition, le groupement lance une souscription publique dans le but d’ériger un monument commémoratif. Le projet est confié à l’architecte E. Sélerin et au sculpteur Louis Gérardy. Ce monument est la seule statue personnalisée d’un héros militaire de la Grande Guerre dans l’espace public liégeois. Il est inauguré fin septembre 1934 à l’heure des fêtes de Wallonie. Sur le socle en pierre assez stylisé, les lettres gravées en grand identifient le militaire :
« Lieutenant
Général
Bertrand
1857-1931 »
Représenté debout, avec son uniforme entre ouvert et son képi sur la tête, l’officier plie le bras droit sur son bassin, tandis qu’il s’appuie sur un long sabre tenu dans sa main droite. En position d’arrêt, il semble scruter l’horizon sans craindre le moindre danger. Son visage comme l’ensemble de son corps sont orientés vers l’intérieur de la ville et non vers l’extérieur.
Très vite, le monument s’est imposé comme un lieu de passage et d’arrêt obligés lors des cérémonies annuelles du 11 novembre pendant de nombreuses années. Entretenue pendant quelques années par l’association, la statue a été reprise par la ville de Liège qui l’a intégrée dans son patrimoine.
Sa réalisation avait été confiée à Louis Gérardy (1887-1959) qui avait fréquenté volontiers l’atelier d’Oscar Berchmans. Proche des milieux wallons, Gérardy a été sollicité à plusieurs reprises lorsqu’il s’est agi de réaliser des médaillons destinés aux tombes des disparus (ainsi Henri Bekkers, Nicolas Defrêcheux, Louis Warroquiers au cimetière de Robermont). En 1919, il réalise le monument serbe sur la pelouse d’honneur de Robermont. Dans les années 1930, il travaille sur le chantier de décoration du Lycée de Waha (bas-reliefs). Cependant, il s’est davantage spécialisé dans la représentation animalière (tête de chiens, d’oiseaux, etc.), signant des bas-reliefs, comme des statuettes décoratives.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 205
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m'était conté, n°35, été 1970, p. 9
place Théodore Gobert, près du pont d'Amercoeur
4020 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Statue Berthe
Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège d’un bâtiment digne de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Berthe est parmi celles-ci.
Membre de cette équipe, Léon Mignon (1847-1898) va réaliser quatre des 42 statues et représenter deux scènes historiques (La bataille de Steppes et L’institution de la Fête-Dieu). De retour d’un séjour de plusieurs mois à Rome, Léon Mignon s’est installé à Paris ; rentrant à Liège de temps à autre, il apporte sa contribution au chantier de décoration du Palais provincial. C’est aussi durant cette période qui va de 1876 à 1884 que l’artiste réalise ses œuvres majeures, celles qui lui assurent en tout cas une réelle notoriété : Li Toré et son vis-à-vis Le Bœuf de labour au repos.
Réalisée en pierre durant la même période, sa statue de la mère de Charlemagne (c. 720 – 783) ne ressemble en rien aux « monuments » que la ville de Liège implante aux Terrasses.
Sa représentation de Berthe, l’épouse de Pépin le Bref, semble s’inspirer très fortement du gisant de la dame franque de la basilique Saint-Denis à Paris ; par contre, il est loin de la statue qu’Eugène Oudiné (1810-1887) a inaugurée dans la galerie des reines de France et femmes illustres du Jardin du Luxembourg, à Paris. Sans faire allusion au surnom « au Grand Pied » de l’aristocrate franque devenue reine, Mignon lui donne une apparence simple, en insistant sur les signes distinctifs de son pouvoir. La particularité la plus manifeste de cette statue réside dans le fait qu’il s’agit de l’une des deux seules femmes représentées sur la façade du Palais provincial de Liège. Berthe et Gertrude de Moha sont bien seules face à 40 autres hauts personnages historiques masculins. Située entre Charlemagne et Godefroid de Bouillon, la statue de Berthe est placée à l’extrême droite du péristyle, sur la partie supérieure ; elle se situe au-dessus de la statue d’Erard de la Marck.
Elle témoigne aussi que Léon Mignon (1847-1898) n’est pas qu’un sculpteur animalier, même si son œuvre la plus connue à Liège reste Li Toré. Bénéficiaire d’une bourse de la Fondation Darchis, cet élève studieux de l’Académie des Beaux-Arts de Liège, qui fréquentait depuis son plus jeune âge l’atelier de Léopold Noppius, avait trouvé l’inspiration en Italie (1872-1876). Médaille d’or au salon de Paris en 1880 pour son taureau, il s’était installé dans la capitale française (1876-1884), avant d’être contraint à habiter Bruxelles pour pouvoir exécuter des commandes officielles du gouvernement : c’est l’époque de ses bustes, mais aussi de la statue équestre de Léopold II particulièrement remarquable, d’une série de bas-reliefs pour le Musée d’Art moderne de Bruxelles et le Musée des Beaux-Arts d’Anvers, ainsi que d’une Lady Godiva, sa dernière œuvre.
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 89
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Michel Péters sur http://fr.slideshare.net/guest78f5a/petit-historique-de-la-sainttor-des-tudiants-ligeois (s.v. août 2013)
Hugo LETTENS, Léon Mignon, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 504-508
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 231
Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
La Meuse, 2 octobre 1880
Façade du Palais provincial, face à la place Notger
4000 Liège
Paul Delforge
Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Statue Begge
Professeur à l’Académie de Bruxelles, le sculpteur liégeois Louis Jehotte (1804-1884) a offert ses services à sa ville natale, dès 1855, pour élever sur la place Saint-Lambert une statue équestre de Charlemagne. S’inscrivant dans un mouvement typique du XIXe siècle visant à honorer les « gloires nationales belges », cette proposition a embarrassé les autorités liégeoises tant en raison de la question non résolue à l’époque du lieu de naissance de Charlemagne, que par l’insistance du sculpteur d’installer son œuvre sur la place Saint-Lambert. Au milieu du XIXe siècle, la question du lieu de naissance de Charlemagne n’est pas réglée : Belgique, France, Allemagne ? Elle reste d’ailleurs discutée encore aujourd’hui. Cependant, en dépit des protestations de Jehotte, l’emplacement qui est finalement choisi est le boulevard d’Avroy. C’est là que le monument est inauguré le 26 juillet 1868.
Contrairement à l’impression que pourrait donner une vision lointaine de l’impressionnante statue équestre, Charlemagne n’est pas le seul à être honoré. Toute « sa famille » – du moins six de ses ascendants les plus illustres – est associée par Jehotte, par une représentation en bas-relief sur le large socle de style romano-byzantin, par ailleurs ornés de motifs végétaux et de médaillons historiés alternant avec des têtes de lion. Dans les six niches à arcades en plein cintre, que séparent des colonnes ornées de l’aigle impérial, on rencontre Charles Martel, Pépin de Landen, Pépin le Bref, Pépin de Herstal, ainsi que deux femmes, Bertrade et Begge.
Sans que l’on connaisse son lieu de naissance ni d’ailleurs la date, Begge est la fille de Pépin l’Ancien et d’Itte, la fondatrice de l’abbaye de Nivelles. Begge est aussi la sœur de Gertrude de Nivelles. Vers 644, Begge épouse Anségisel, intendant des domaines royaux en Austrasie, avec qui elle a un fils, Pépin le Jeune (dit Pépin II de Herstal) qui deviendra maire des palais d’Austrasie et de Neustrie. Rédigée dans le courant du XIe siècle, la Vita Beggae raconte que son mari fut assassiné à la chasse par un certain Gondouin. Devenue veuve, Begge se réfugie en Hesbaye, vers 673, avant de partir pour l’Italie où elle décide d’entrer en religion comme sa sœur. À son retour de Rome, elle développe un monastère à Andenne qui devient rapidement l’un des plus florissants de nos régions. Surnommée Begge d’Andenne, elle en devient la première abbesse (691). Elle contribue à l’expansion du pouvoir que les Pippinides détiennent alors principalement autour de Liège et en Ardenne. Son fils, Pépin II de Herstal (circa 645 – Jupille 714) n’aura de cesse de consolider la domination de sa famille sur les rois mérovingiens. C’est par conséquent l’arrière-arrière-grand-mère de Charlemagne, que Jehotte représente sur le piédestal de l’empereur.
Formé à l’Académie de Liège, Louis Jehotte a bénéficié d’une bourse de la Fondation Darchis dans sa jeunesse, et a fait le voyage en Italie (Florence et Rome). Ami d’Eugène Simonis, il est comme lui élève de Mathieu Kessels à Rome (en 1823), avant de séjourner à Paris (1830) et à Copenhague où il fréquente l’atelier de Thorwaldsen (1831). Nommé professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1835, il y enseigne seul cette matière pendant 27 ans (1835-1863), influençant considérablement plusieurs générations d’artistes (Mélot, Bouré, Fiers, Meunier, Desenfans, etc.). Préférant sculpter des sujets religieux, Jehotte se fait rare en monuments publics. Pourtant, c’est lui-même qui avance, en 1855, l’idée de Charlemagne, personnage auquel il consacre, avec son ami André Van Hasselt, une importante biographie résultant de vingt ans de recherches. Tenant particulièrement à ce monument, Jehotte a acquis un terrain à Bruxelles (rue de Pachéco) et c’est là qu’il exécute la fonte de cette œuvre colossale, pesant dix tonnes. En 1888, des vandales abîment trois des statues du piédestal et un nouveau procès oppose la ville et le sculpteur qui meurt sans que l’affaire soit réglée. À la veille de la Grande Guerre, la partie inférieure du socle est remplacée. Au début du XXIe siècle, il a été procédé à une rénovation totale du monument qui a retrouvé des couleurs et un large espace de dégagement.
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, t. 1. La Sculpture belge, Bruxelles, CGER, 1990, p. 71 Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 460-461
Pierre COLMAN, Le site de la statue équestre de Charlemagne, dans Chroniques d’archéologie et d’histoire du pays de Liège, Liège, Institut archéologique liégeois, juillet-décembre 2004, n°7-8, tome II, p. 76-77
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 246-250
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Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 9-10
Pierre COLMAN, Le sculpteur Louis Jehotte, alias Jehotte (1803-1884) académicien comblé...d’avanies, Liège, 2010
http://www.sculpturepublique.be/4000/Jehotte-Charlemagne.htm
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 764
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Alain COLIGNON, Dictionnaire des saints et des cultes de Wallonie. Histoire et folklore, Liège, éd. du Musée de la Vie wallonne, 2003
boulevard d’Avroy
4000 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Stèle et plaque Georges ANTOINE
Stèle et plaque à la mémoire d’un musicien et d’un combattant de 1914 victime de la grippe espagnole, réalisées par Louis Dupont, 20 novembre 1938.
Dans le prolongement du Jardin d’Acclimatation, le parc public de la Boverie, à Liège, accueille, dans un décor d’arbres et de fleurs, plusieurs sculptures rendant hommage à des personnalités marquantes du monde culturel. Située face aux anciens bureaux de la RTBf-Liège, une stèle surmontée d’une plaque a été installée à la mémoire de Georges Antoine (1892-1918). Compositeur, musicien, cet artiste liégeois était promis à un bel avenir quand éclate la Première Guerre mondiale. Engagé volontaire en 1914, il combat du côté de l’Yser lorsque sa santé se détériore. Éloigné de sa terre natale, le soldat-musicien-compositeur est finalement emporté par la fièvre de la grippe espagnole, en novembre 1918.
Afin de rendre hommage au musicien trop tôt disparu, une première initiative est prise en 1929. Présidé par Sylvain Dupuis, puis par Ch. Radoux-Rogier, un Comité inaugure un médaillon au Conservatoire de Liège. Quelques années plus tard, une autre initiative est prise par une Association pour l’étude de la musique de Chambre, présidée par le professeur Bohet et soutenue par la Section de Liège des Amis de l’Art wallon, ainsi que par la ville de Liège. Le sculpteur Louis Dupont (1896-1967) se voit confier la réalisation du petit monument.
Natif de Waremme, élève d’Adrien de Witte, il reçoit une bourse du gouvernement au sortir de la Grande Guerre et ouvre son atelier. D’emblée, il reçoit quelques commandes pour des bustes et des bas-reliefs, tels le bas-relief Hubert Stiernet (1925), le buste Jean Varin (1927), le médaillon Georges Antoine (1929) ou le buste Eugène Ysaÿe (1936). Prix Trianon (1928), il obtient une nouvelle bourse de voyage du gouvernement en 1937. La même année, avec Adelin Salle et Robert Massart, il travaille sur l’important chantier des bas-reliefs du Lycée de Waha, avant de réaliser Le Métallurgiste du monument Albert Ier à l’île Monsin. De nombreuses autres commandes parviennent à l’artiste après la Seconde Guerre mondiale, principalement des bas-reliefs, avant que ne lui soient confiés le monument national de la Résistance (1955), puis les reliefs sur les bâtiments de la faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège (1958).
Dessinateur, médailliste et statuaire, Louis Dupont reçoit en 1954 le Prix de Sculpture décerné par la province de Liège pour l’ensemble de son œuvre. Celle-ci comprend de multiples réalisations d’inspiration personnelle : après s’être acharné à faire du très joli, l’artiste n’a pas hésité à volontairement tomber dans l’excès inverse. Cherchant sa voie dans l’Entre-deux-Guerres, il aspire sereinement à la beauté dans les statues féminines qu’il affectionne, passant de l’esprit de Maillol à un symbolisme plus marqué avec la maturité.
En pierre calcaire, la stèle rectangulaire, pourvue de deux colonnettes engagées, est actuellement placée devant l’entrée des anciens bureaux de la RTBf-Liège. Elle porte une plaque carrée, en bronze, qui présente le profil droit de Georges Antoine. Sur la stèle figurent les mentions :
A G. ANTOINE
AU COMPOSITEUR
AU SOLDAT
1892-1918
Sur la stèle en pierre a été gravé le nom du commanditaire, l’« Association pour l’étude de la musique de Chambre. 1938 ». Saluée par les mouvements wallons de l’époque, l’inauguration a lieu le 20 novembre en présence des autorités locales et de personnalités du monde artistique et militaire. Échevin des Beaux-Arts, Auguste Buisseret accepte, au nom de la ville de Liège, d’assurer la pérennité du monument.
Sylvie DELLOUE, Nathalie DE HARLEZ, Pierre FRANKIGNOULLE, Bénédicte MERLAND, Étude historique sur sept parcs liégeois, projet réalisé par l’asbl Homme et Ville pour l’échevinat de l’Urbanisme de la Ville de Liège, Liège, 2006
Paul DELFORGE, G. Antoine, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 58
Paul DELFORGE, Société des Amis de l’Art wallon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1484-1486
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, été 1970, p. 11
Louis Dupont : exposition du 29 avril au 21 mai 1983, Liège, Province de Liège, Service des affaires culturelles, 1983
Salon de la libération : musée des beaux-arts, du 1er juin au 15 juillet 1946... (hommage à la résistance liégeoise) : la peinture française, de David à Picasso, art wallon contemporain, le peintre Jacques Ochs, les sculpteurs Louis Dupont, Robert Massart, Adelin Salle, Liège, imprimerie Bénard, 1946
La Wallonie nouvelle, n°49, 27 novembre 1938, p. 3
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 532-533
La Vie wallonne, 15 janvier 1939, CCXXI, p. 101-103
Marcel PAQUOT, Georges Antoine, l’homme et l’œuvre, mémoire couronné par l’Académie, Bruxelles, 1935
Pierre-Yves DESAIVE, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Jardin d’Acclimatation du Parc de la Boverie
4020 Liège
Paul Delforge
IPW
Bâtiment de l'ex-journal "La Wallonie"
Aujourd’hui reconverti par la Ville de Liège, dans un souci louable de réaffectation, en commissariat de police par une de ces ironies de l’Histoire que les victimes liégeoises des grèves de 1950 et de 1960 apprécieraient peut-être peu, les locaux du journal La Wallonie avaient été édifiés en 1925 par l’architecte liégeois Jean Moutschen, qui construisit plus tard, notamment, le lycée Léonie de Waha.
Situés à l’angle des rues de la Régence et de Florimont, ils étaient composés de deux bâtiments d’allure légèrement différente. La façade située rue de la Régence est dominée par la ligne courbe du nstyle paquebot, tandis que l’autre est marquée par des lignes droites. Trois éléments d’origine ont disparu : une tour et une horloge de style Art déco, et un grand coq en bronze (avec le nom du journal), enlevé en 2007 pour être replacé sur un nouvel immeuble des Métallos FGTB à Namur.
1962 : le centre névralgique du MPW
Ce n’est évidemment pas par hasard que l’organe officiel de la section liégeoise du Parti Ouvrier Belge fut baptisé La Wallonie en 1903 déjà et que, après la Première Guerre mondiale, malgré le belgicanisme ambiant, l’édition liégeoise du Peuple prit le titre de La Wallonie socialiste en 1920, puis La Wallonie en 1922, doublée par une Radio Wallonie qui émit de 1925 à 1940. Après le second conflit mondial, le quotidien deviendra essentiellement la propriété de la Fédération des Métallurgistes liégeois FGTB et ses locaux, le centre névralgique de celle-ci davantage que la Maison syndicale de la place Saint-Paul. C’est sur les presses de La Wallonie que sera édité à partir de janvier 1960 l’hebdomadaire Combat, organe du MPW, dont la Fédération provinciale liégeoise des Métallos constituera toujours le noyau fort sous l’impulsion d’André Renard († 1962), de Robert Lambion (1962-1976) et de Robert Gillon (1976-1988).
Rue de la Régence 55
4000 Liège
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009