Pirson François-Gérard
Révolutions
Sart-Custinne 24/10/1765, Dinant 01/05/1850
Formé au collège royal de Sedan et à Dunkerque où il suit des cours de commerce et de comptabilité, François Pirson est issu d’une famille aisée vivant dans le duché de Bouillon, État semi-autonome tourné vers Paris. C’est là que le jeune homme se trouve au moment où éclate la Révolution, en 1789.
À son retour à Bouillon qui s’agite également à la suite des événements parisiens, Pirson se fait le porte-parole des notables en dénonçant quelques abus du duc. En 1790, il contribue à la mise en place d’une Assemblée générale (Paliseul, mars 1790). Composée de 55 « députés » sur le modèle de l'Assemblée nationale française, approuvée par le duc et installée à Bouillon, elle se dote d’un Comité d’action composé de 12 membres. Rapidement les droits féodaux sont abolis. En février 1791, elle adopte un décret proclamant la souveraineté « nationale » du duché.
Au printemps 1792, l’Assemblée devient permanente, son but étant de rectifier la Constitution du pays. Le 28 mars 1792, une charte constitutionnelle est proclamée qui doit accueillir les réformes projetées ; elle se réfère aux principes de la Constitution française et de la Déclaration des Droits de l’homme d’août 1789. Sorte de monarchie constitutionnelle, Bouillon contraint le duc Godefroy-Charles-Henri de la Tour d’Auvergne à prêter le serment de respecter la loi fondamentale. Le 26 mai, l’Assemblée abolit tous les droits seigneuriaux et féodaux. L’Assemblée reste constituante jusqu’en novembre 1792 et crée une véritable démocratie bourgeoise. En 1793, Pirson est le délégué de l’Assemblée à Paris pour y négocier avec son homologue française… l’indépendance d’une République ardennaise. En 1794, la République de Bouillon est née.
Contrée rurale aussi révolutionnaire que Paris, Bouillon est cependant annexée à la République manu militari le 4 brumaire an IV (25 octobre 1795). Pour s’assurer l’intégration du duché dans la république, la Convention eut soin de partager le territoire « ancien » entre les trois nouveaux départements (Ardennes, Forêts et Ourthe). Citoyen français, François Pirson exerce tour à tour la fonction de commissaire du Directoire exécutif pour organiser les cantons d'Orchimont et de Gedinne dans le département de Sambre-et-Meuse (octobre 1795-mars 1796), membre puis président de l'administration centrale dudit département (jusqu’en avril 1799), avant de devenir membre du Conseil de la sous-préfecture de Saint-Hubert sous le Consulat et membre du Conseil général du département en 1808.
Ayant déménagé à Dinant, il est nommé capitaine de la Garde civile mais s’occupe surtout de bienfaisance à l'hospice de la cité mosane (1815), devenant membre de la direction du Bureau de bienfaisance (1816). Après avoir siégé aux États provinciaux de Namur, il devient membre du Conseil communal de Dinant (1817), puis de la Seconde Chambre des États généraux (1819) et enfin commissaire d'arrondissement (1820) : son opposition à la politique est virulente et remarquée. Retiré de la politique en 1822, il réapparaît au premier plan durant la révolution de 1830. Président de l'administration provisoire dinantaise, il est délégué au Congrès national (1830) où il vote en faveur du duc de Neumours. Il siège à la Chambre des représentants jusqu’en 1842. Il est désigné bourgmestre de Dinant, deuxième titulaire d’une charge qu’il exerce d’août 1836 à 1848. Républicain libéral anti-orangiste, il est partisan d'une séparation absolue entre l'Église et l'État, tout en étant un catholique « progressiste » pratiquant… Au sein de l’unionisme régnant aux débuts de la Belgique, cela ne doit pas étonner. Il est le père de Victor Pirson, futur gouverneur de la province de Namur.
Sources
Luc FRANÇOIS, François Pirson (1765-1850) : Un acteur politique en période troublée, dans De la Meuse à l'Ardenne, n° 9, 1989, p. 15-33.
VERMER Adelin, La révolution bouillonnaise et ses lendemains. Contribution à l'histoire des révolutions de la fin du XVIIIe siècle, Heule : UGA, 1975, (Anciens pays et assemblées d'États = Standen en landen ; 65)
Fr.-D. DOYEN, dans Biographie nationale, t. XVII, 1903, col. 665-670
Mandats politiques
Membre de l’Assemblée générale de Bouillon (1790-1795)
Membre des États provinciaux de Namur
Conseiller communal de Namur (1817-1822)
Délégué au Congrès national (1830-1831)
Député (1831-1843)
Bourgmestre de Dinant (1836-1848)
© Institut Destrée, Paul Delforge
Contenus liés
Leçon
Dictionnaire des Wallons
- CHAPUIS Grégoire-Joseph
- DE CHESTRET Jean-Remy
- DEFRANCE Léonard
- FABRY Jacques-Joseph
- BOUQUETTE Jean-Denis
- FYON Jean Joseph
- RANSONNET Jean-Pierre
- BASSENGE Jean-Nicolas
- DE FASSIN Nicolas-Henri
- DETHIER (ou DE THIER) Laurent-François
- LEBRUN Pierre (né Pierre Marie Henri TONDU)
- SMITS Jean Joseph
- THEROIGNE Anne-Josèphe
- TUTOT Jean-Jacques