Collignon Robert

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Villers-le-Bouillet 10/02/1943



Député wallon : 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995* ; 1999* *2000-2004 
Ministre wallon : 1992-1995 
9e Ministre-Président wallon : *1994-1995 ; 1995-1999 
11e Président du Parlement wallon : *2000-2004 

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1966), professeur de Droit dans l’enseignement technique (1967), le militant wallon et socialiste fait brièvement partie du Cabinet du ministre des Relations communautaires, Freddy Terwagne, en qualité d’attaché de presse (1968). C’est d’ailleurs dans l’étude de ce dernier que Robert Collignon mène sa carrière d’avocat, avant de reprendre le Cabinet après le décès de celui-ci. Sur les pas de son mentor, il est élu député PS dans l’arrondissement de Huy-Waremme (1971-1974).

Conseiller communal d’Amay élu en 1976, d’emblée échevin de l’Instruction publique (1977-1982), puis des Finances (1983-1987), il succède au bourgmestre Maurice Dumongh démissionnaire en 1987. Hormis durant la période où il exerce des fonctions ministérielles, il restera le bourgmestre d’Amay jusqu’en décembre 2006.

Retrouvant la Chambre des représentants après l’adoption des lois d’août 1980, il siège également au Conseil régional wallon (1981-1995). En 1985, il quitte la Chambre pour le Sénat (1985-1995), où il préside la commission parlementaire d’enquête sur le drame du Heysel. Dans les commissions parlementaires, il se montre particulièrement intéressé par les problèmes institutionnels, économiques, de Justice et des Affaires étrangères. Régionaliste wallon affirmé, il prend fait et cause pour la question fouronnaise et l’installation des institutions régionales à Namur. Membre de la Commission du Sénat chargée de transformer les termes de l’accord institutionnel de 1988 en dispositions de loi, le chef de groupe du PS au Sénat (1988-1989) veille à l’adoption de chacune d’elles.

Chef du groupe socialiste au Conseil régional wallon (1988-1992), président du Comité permanent des Fédérations wallonnes du PS, et vice-président du PS (1989-1992), principal animateur du Congrès d’Ans des socialistes wallons (février 1991), il devient ministre de l’Aménagement du territoire, du Logement et du Budget dans le gouvernement wallon présidé par Guy Spitaels (1992-1994), tout en restant un acteur attentif du « dialogue de communauté à communauté » qui aboutit aux accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin. Conséquence de ces réformes, le ministre Collignon hérite de compétences supplémentaires : la Santé et l’Aide aux personnes, alors que l’Aménagement du Territoire est confié à André Baudson.

La démission de Guy Spitaels cité dans le dossier Agusta modifie la trajectoire politique de Robert Collignon qui se retrouve ministre-Président wallon (25 janvier 1994), en charge de l’Économie, des PME, des Relations internationales et du Tourisme. Depuis Alfred Califice, il est le neuvième ministre à présider un exécutif wallon. Il préside aussi le Comité de suivi d’Objectif 1. Au sein de son Cabinet, il crée une cellule dite « Identité wallonne », fort active de 1994 à 1999.

Plébiscité dans son arrondissement de Huy-Waremme en mai 1995, R. Collignon figure parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon. Reconduit comme ministre-Président du gouvernement wallon (1995-1999), le député wallon est remplacé par son suppléant, Marc Mélin. Le « Premier wallon » retrouve les mêmes compétences auxquelles s’ajoute le Patrimoine, matière à laquelle il accorde beaucoup d’importance. En 1998, un premier site wallon est inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco (les ascenseurs du Canal du Centre) ; il ne s’agit là que d’un petit exemple de l’important travail effectué durant toute la législature et dont l’Institut du Patrimoine wallon – créé en 1999 – pérennisera les principes.

Soucieux de vaincre les sous-régionalismes, partisan résolu du transfert des compétences culturelles et d’enseignement aux Régions, il accorde une grande importance à la lutte contre la pauvreté et au redressement socio-économique. En raison des critiques du partenaire PSC, notamment, une « Déclaration de politique générale complémentaire » fixe à l’exécutif wallon 65 actions concrètes à réaliser dans un délai rapproché (novembre 1997) ; la transversalité et l’évaluation alimentent désormais la réflexion politique wallonne. Par ailleurs, il appuie aussi une résolution du Parlement wallon en faveur du droit de vote des étrangers, rappelant la définition du Manifeste pour la Culture wallonne selon laquelle Sont de Wallonie tous ceux qui vivent et travaillent dans l’espace wallon.

« Le fédéralisme belge sera arrivé à maturité lorsqu’il comprendra quatre entités : la Flandre, la Wallonie, Bruxelles et la Région germanophone, dotées d’un territoire propre et de compétences identiques », écrit-il en substance dans Le Pari wallon (1999). Lors du scrutin de juin 1999, la crise de la dioxine propulse les Écolos en premières lignes, alors que les partenaires sortants subissent un ressac. Dans sa circonscription, Robert Collignon retrouve son mandat de député wallon, emmenant d’ailleurs avec lui un second élu socialiste (Meureau), mais il a perdu des voix (21.519 vp.), au moment où émerge le jeune Écolo Jean-Michel Javaux. Malgré tout, il réalise, avec Willy Taminiaux, le meilleur taux de pénétration de Wallonie. Avec Elio Di Rupo et Jean-Claude Van Cauwenberghe, Robert Collignon négocie la nouvelle majorité wallonne : elle sera arc-en-ciel. Mais R. Collignon n’en sera plus. Avec un peu plus de 66 mois à la tête du gouvernement wallon, il est, après Rudy Demotte, celui qui a exercé cette fonction le plus longtemps.

En juillet 1999, il reste ministre, mais au sein du gouvernement de la Communauté française. Numéro 2 de cette équipe, il est en charge du Budget, de la Culture et des Sports (juillet 1999-avril 2000). Au Parlement wallon, Micheline Toussaint occupe son siège. Maître rigoureux du budget communautaire, il s’attire le courroux de ses collègues et accepte avec plaisir de retrouver Namur et le Parlement wallon, dont il devient le onzième président (2000-2004). Il retrouve du même coup deux bords de Meuse qui lui conviennent mieux que la place Surlet de Chokier. À Namur, il reprend son mandat de député wallon et, à Amay, il exerce effectivement le maïorat après le scrutin d’octobre 2000 (2001-2006). 
Mettant l’accent sur l’identité wallonne, il tente de relancer le dossier de l’installation d’un nouveau bâtiment pour le Parlement wallon, sans succès. 

En juin 2004, il n’est pas candidat à sa propre succession. S’il met un terme à sa carrière parlementaire (2004) et communale (2006), il reste actif dans les milieux d’action wallonne, tant auprès du Mouvement du Manifeste wallon qu’en manifestant sa sympathie pour une forme de rapprochement avec la France qui respecterait l’identité wallonne. Il se montre avant tout partisan d’une régionalisation de la culture. 
En octobre 2012, à la demande de la section amaytoise du PS, il tente un retour sur la scène politique locale ; mais les Amaytois renforcent plutôt le leadership de Jean-Michel Javaux, en repoussant davantage le PS dans l’opposition. Bien qu’élu, Robert Collignon ne siègera pas au conseil communal.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 112-118 – Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014

Mandats politiques

Député (1971-1974) 
Conseiller communal d'Amay (1977-2006) 
Échevin (1977-1987) 
Bourgmestre (1987-2006) 
Député (1981-1985) 
Sénateur (1985-1995) 
Membre du Conseil régional wallon (1981-1995) 
Chef de groupe au CRW (1988-1991) 
Ministre wallon (1992-1994) 
Ministre-Président du gouvernement wallon (1994-1999) 
Ministre de la Communauté française (1999-2000) 
Député wallon (2000-2004) 
Président du Parlement wallon (2000-2004)