Lescarts Jean

Militantisme wallon, Politique

Mons /1851, Mons 9/12/1925

Docteur en Droit, avocat au Barreau de Mons, Jean Lescarts goûte à la politique et rallie le parti libéral montois. Conseiller communal, il exerce le mandat d’échevin, avant de succéder, en 1905, à Henri Sainctlette à la tête du collège communal. L’embellissement de la cité du Doudou est à son programme ; il y promeut aussi la construction d’un nouvel Athénée qui viendra remplacer celui qu’il avait fréquenté durant son adolescence. Pendant vingt ans, Jean Lescarts est le bourgmestre de Mons, sans exercer aucun mandat à d’autres niveaux de pouvoir. Ce n’est pas qu’il se désintéresse des affaires de l’État, loin de là. Lorsque Jules Destrée interpelle l’opinion publique avec La Lettre au roi et entreprend de constituer un Parlement wallon informel, Jean Lescarts se mobilise. Déjà président de la section de Mons des Amis de l’Art wallon (1912), il rallie l’Assemblée wallonne dès l’automne 1912 et accepte d’être l’un des délégués de Mons au sein de cet organisme wallon chargé d’étudier la question de la séparation administrative. Prenant une part active à ses travaux, il intervient notamment lors de la session de Mons (16 mars 1913) qui examine les options d’un emblème wallon. Quand certains hésitent devant un coq qui pourrait être interprété comme trop français, Lescarts influence le choix final en se demandant si le coq est seulement un emblème français ou plus simplement le symbole de la Gaule toute entière. « Si nous sommes Gaulois, pourquoi ne pas le proclamer fièrement en inscrivant le coq sur un drapeau ? ». Il intervient aussi au moment du choix de la devise : Wallon toujours est alors préféré à Wallon demeure.

Après l’adoption du seul décret de l’Assemblée wallonne, Jean Lescarts contribue à populariser les emblèmes wallons : l’hôtel de ville montois est l’un des premiers à pavoiser aux couleurs wallonnes. Jusqu’en 1925, année de son décès, le maire de Mons restera un membre fidèle de l’Assemblée wallonne. Sous l’occupation allemande de 14-18, il se refusera à poursuivre l’étude de la question wallonne tant que la liberté n’est pas rendue à l’ensemble de la Belgique. En tant que bourgmestre, il avait été pris en otage dès le mois d’août 1914 ; par la suite, il s’affaire pour organiser, protéger, ravitailler et défendre la vie de ses administrés. Son dévouement et sa bravoure lui valurent le respect de tous ses contemporains.

Fin lettré, grand ami des arts et archéologue érudit, particulièrement attentif à la sauvegarde du patrimoine montois, Jean Lescarts a transformé sa maison (derrière la Halle) en un véritable musée. Aujourd’hui, le Musée du Folklore et de la Vie montoise porte aussi le nom de Maison Jean Lescarts afin d’honorer sa mémoire. En 1925, Victor Maistriau lui succède comme bourgmestre.

 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 980
Paul DELFORGE, L’Assemblée wallonne (1912-1923). Premier Parlement de la Wallonie ?, Namur, Institut Destrée, décembre 2012, coll. Notre Histoire n°10