© Paul delforge

Wincqz Pierre-Joseph

Socio-économique, Entreprise

Soignies 24/10/1811, Soignies 03/04/1877


Descendant d’une longue série de maîtres-carriers – qui furent d’abord commerçants et tailleurs de pierre, avant de s’imposer en directeurs d’exploitation et en patrons d’industrie –, Pierre-Joseph Wincqz connaît parfaitement bien le métier quand il se retrouve seul héritier de Grégoire-Joseph, en 1852. Formé au métier et à la gestion de l’entreprise depuis plusieurs années aux côtés de son père, Pierre-Joseph poursuit et achève la modernisation des exploitations familiales : d’une part, il invente un appareil qu’il fait breveter (pour élever l’eau et le sable nécessaire au sciage des pierres, 1846) ; d’autre part, il investit, comme ses devanciers, dans de nouvelles machines. À la différence de ses prédécesseurs, P-J. Wincqz bénéficie de surcroît de facteurs de développement extérieurs favorables : le chemin de fer lui ouvre de nouveaux marchés, en toutes saisons et en toute sécurité ; les routes sont plus nombreuses et en bon état.

Directeur d’une exploitation de pierre bleue établie à Soignies (1847), Pierre-Joseph Wincqz en devient le propriétaire-exploitant (1852-1877), avant de prendre la tête de trois autres sites carriers, qu’il dote des moyens modernes d’exploitation (1855, 1866, 1876) et où il emploie plusieurs centaines de personnes. En 1850, il aurait été « le premier à employer une machine à vapeur avec treuil et chemin de fer en rampe pour extraire les blocs de pierre ». En 1856, il achète ainsi une puissante machine à vapeur destinée au fonctionnement d’une scierie de pierre ; il en possèdera trois vingt ans plus tard.

En plus de la qualité des produits, le sens de la communication et de la publicité donne aux carrières Wincqz une renommée européenne. Les foires et expositions internationales sont de belles occasions d’exposer, spectaculairement, son savoir-faire. La société de Wincqz ne se contente plus du marché wallon ; il ambitionne d’introduire ses produits sur le marché international, et y parvient. Elle se lance aussi dans la production sucrière, comme l’indique son nom « SA des Carrières et de la Sucrerie P-J. Wincqz ».

S’imposant sur le plan local comme un important notable, P-J. Wincqz est, contrairement à ses ancêtres, actif dans de nombreuses associations professionnelles ou non (Société d’Agriculture, Caisse de Prévoyance pour les Ouvriers carriers de Soignies en 1863, chambre de Commerce de Mons en 1864, présidence du Conseil de Milice…) et en politique. Ardent défenseur des idées libérales, il entre au conseil communal de Soignies en 1841, exerce la fonction d’échevin (1843-1845, 1851) avant d’être désigné à la tête de la cité, exerçant le maïorat sans interruption pendant un quart de siècle (1852-1877) : un nouvel hôtel de ville, une école moyenne et une école primaire pour filles sont à inscrire à son actif, de même qu’une école de dessin et de modelage. Conseiller provincial du Hainaut (1848-1857), il grimpe d’un échelon quand il est appelé à remplacer A. Daminet au Sénat : représentant direct de Soignies pendant vingt ans (1857-1877), membre de la commission des Travaux publics, il se révèle un défenseur du développement du rail (à l’origine de la prospérité de son industrie) et de l’obligation scolaire.

Dans les années 1840, à titre personnel, P-J. Wincqz fait construire une importante demeure de style néoclassique, dénommée le château Wincqz avant de passer dans le patrimoine des Paternoster. Père de 14 enfants, P-J. Wincqz les mariera à des descendants d’importantes grandes familles locales, tissant ainsi un intense réseau économique, politique et social. En 1880, une statue lui est dédiée ; elle est alors installée devant l’hôtel de ville.

À son décès – il dispose de la 75e fortune de la province de Hainaut –, la famille constitue une société en commandite, la Société des carrières, devenue Société anonyme, qu’administre l’un de ses fils, Pierre-Joseph, ingénieur civil diplômé de l’École centrale des arts et manufactures de Paris.

 

Sources

Jean-Louis VAN BELLE, Une dynastie de bâtisseurs. Les Wincqz. Feluy-Soignies XVIe-XXe siècle, Bruxelles, ciaco, 1990, p. 69-87 notamment
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 624-625
Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999, p. 445
Jean-Louis VAN BELLE, dans Nouvelle Biographie nationale, t. III, p. 353-354


Conseiller communal de Soignies (1841-1877)
Echevin (1843-1845, 1851)
Conseiller provincial du Hainaut (1848-1857)
Bourgmestre (1852-1877) 
Sénateur direct (1857-1877)