
Vecqueray, ou Dom André (aussi orthographié Vecquerai) Georges
Eglises, Socio-économique, Entreprise
Henri-Chapelle 22/02/1714, Malmedy 03/05/1778
Certes vouées essentiellement à la vie religieuse, les abbayes – nombreuses en pays wallon – jouent aussi un rôle déterminant dans la vie économique. Dans la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy, les moines de l’ordre bénédictin, installés le long de la Warche, ne font pas exception, profitant de la force hydraulique de quelques bras d’eau. Dès le XVIe siècle, une activité de tannerie se développe ; on dénombre aussi un moulin à grains, une scierie, voire un fondeur de cloches au XVIIIe siècle. À la même époque, naît une nouvelle activité industrielle orientée dans la fabrication de papier et de carton ; l’entreprise sera rachetée en 1801 par Henri Steinbach. Nommé à la direction de la papeterie le 21 mai 1754, dom André Vecqueray a joué un rôle essentiel dans le développement dans cette activité appelée à un grand avenir dans la région de Malmedy. Ce sont les recherches patientes de Maurice Lang qui ont contribué à tirer le rôle essentiel de Vecqueray de l’oubli.
Premier garçon d’une famille paysanne de neuf enfants, le jeune Vecqueray présente des prédispositions pour l’étude ; son oncle, curé à la Clouse (près d’Aubel), l’oriente vers la vie religieuse. Admis au noviciat à l’abbaye de Malmedy (1733), ordonné sous-diacre à Cologne (1735), il devient prêtre en 1738. Après une douzaine d’années consacrées à l’étude et à la prière, il se passionne pour un projet que soutient le prince-abbé.
Un premier projet de papeterie avait vu le jour en 1726, mais sans être concrétisé. Il inspire cependant un second projet, lancé en 1750, par un bourgeois malmédien qui obtient l’aval des responsables de l’abbaye. Entre 1751 et 1753, deux bâtiments sont construits et, dès 1753, les religieux commencent à fabriquer à la fois du papier et du carton. Durant la phase de construction, dom André Vecqueray est envoyé en mission. Au cours de plusieurs voyages « dans le monde », il se familiarise avec cette activité et découvre certains secrets de fabrication ; mais il est surtout chargé de recruter une main d’œuvre spécialisée, qu’il rencontre dans les régions avoisinantes : au pays de Liège, dans les Pays-Bas et dans le duché de Juliers ; enfin, il prospecte des débouchés et amènent les premiers clients.
En dépit des efforts consentis, les premiers résultats obtenus par les moines sont désastreux. La qualité n’est pas au rendez-vous, les clients sont mécontents et les stocks s’accumulent à Malmedy. Subissant au quotidien les conséquences de cette situation, Vecqueray accepte d’être nommé à la direction de la papeterie abbatiale, tout en revendiquant « les pleins pouvoirs » (1754). Inquiet des conséquences financières de l’entreprise pour la communauté religieuse, le prince-abbé autorise Vecqueray à réorganiser les méthodes de fabrication et accepte d’emprunter un montant indispensable à la relance des activités.
En offrant désormais des produits de qualité, Vecqueray n’a guère de peine à trouver des débouchés, principalement auprès des manufactures de draps déjà bien présentes à Verviers, Eupen, Aix-la-Chapelle, Roetgen, Montjoie et Malmedy, où les cartons sont indispensables. Le redressement de la papeterie abbatiale est progressif, mais l’entreprise est bénéficiaire et les profits générés servent à l’amélioration du bien-être général de la communauté. Celle-ci est cependant agitée par d’importants problèmes internes et, en raison de sa capacité à bien gérer la fabrique de papier, dom André Vecqueray se voit confier la charge de prieur claustral, ad interim (1762). Ramenant le calme et la concorde entre les moines, le prieur est confirmé officiellement dans ses fonctions par le prince-abbé (1763), avant de se confier l’autorité temporelle sur le monastère de Malmedy. Chef d’entreprise, « inspecteur au service de l’abbé », dom André Vecqueray entre encore au Conseil provincial de Stavelot (1765).
Afin d’exercer au mieux toutes ses responsabilités, Vecqueray demande à être déchargé de la direction de la papeterie. Jusqu’à son décès, en 1778, il restera membre de la Commission des religieux en charge de la surveillance des comptes de l’entreprise. Mais, en octobre 1766, frère Henri lui a succédé dans la gestion quotidienne ; il restera à la tête de la papeterie jusqu’au moment où la principauté abbatiale se fond dans les nouveaux départements français (1795). Ce frère Henri était né Jean-Godefroid Cavens (1725-1800) ; il est l’oncle d’Eulalie Cavens qui épousera, en 1827, Henri-Joseph Steinbach, fils du fondateur de la Papeterie Steinbach..., née du rachat, sous le régime français, de l’entreprise bénédictine.
Sources
Maurice LANG, Dom André Vecqueray, fondateur de la papeterie abbatiale de Malmedy, et sa famille, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1952, t. XVI, p. 51-93
Joseph BASTIN, Les origines de la papeterie-cartonnerie de Malmedy, dans Armonac Walon d’Mâm’dî, 1937, p. 97-98
Maurice LANG, Généalogies, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 59-70

Thomas Charles
Socio-économique, Entreprise
Opont 17/04/1947
Même s’il a quitté l’aventure après quelques années, Charles Thomas restera toujours l’un des deux fondateurs de la société de rénovation puis de construction de maisons « Thomas & Piron », considéré en 2015 comme le n°1 dans la construction de maisons clé sur porte en Wallonie, ainsi qu’au grand-duché de Luxembourg. Maçon indépendant, Charles Thomas ne devait apporter qu’une aide ponctuelle, en 1974, au jeune Louis-Marie Piron qui s’était mis en tête de rénover une maison familiale, sans avoir de grandes connaissances dans le métier. De la bonne entente entre les deux hommes allait naître une SPRL, en février 1976, qui se spécialise dans la rénovation de maisons dans la région de Paliseul. Le carnet de commandes est bien garni et, avec la collaboration de Bernard Piron au début des années 1980, la société prend de l’expansion. En 1988, elle prend même la forme d’une Société anonyme, tout en proposant désormais des maisons clés sur porte. L’aventure entrepreneuriale « Thomas&Piron » était lancée. La petite PME wallonne n’allait plus cesser de grandir.
Pourtant, à ce moment, Charles Thomas renonce à ses parts dans l’actionnariat de T&P, tout en continuant à apporter sa contribution à l’aventure. Chef d’équipe, il est d’abord chargé de la formation des jeunes recrues (1985-1995). Ensuite, il est nommé responsable de la qualité des chantiers (1995-2005), avant de terminer sa carrière au service après-vente (2005-2012). Dans ces deux dernières fonctions, il est l’homme à tout faire, assurant le suivi des éventuels problèmes sur n’importe quel chantier, fini ou en cours.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse dont Le Soir, 15 septembre 2000, 16 novembre 2006, La Meuse, 16 mai 2013

Steinbach Jules
Socio-économique, Entreprise
Malmedy 20/09/1841, Ingenbohl-Brunnen (Suisse) 18/08/1904
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, au cœur de la Wallonie prussienne, une papeterie assure la prospérité de Malmedy et de ses alentours. Plus de 500 personnes y travaillent sous la direction de Jules Steinbach, fils cadet de Henri (1796-1869) et petit-fils de Henri-Joseph (1758-1829), fondateur de la dynastie.
Après avoir bénéficié d’une solide formation chez les Jésuites, Jules Steinbach est associé à la gestion de l’entreprise paternelle, mais ce n’est qu’au décès du patriarche que les trois frères prennent véritablement la mesure de l’importance des activités développées sur les bords de la Warche : ayant acquis en Angleterre une des machines les plus performantes de l’époque, la papeterie Steinbach rivalise en qualité avec les meilleurs sur tous les marchés d’Europe. Avec ses deux frères – Victor (1836-1905), ingénieur des Arts et Manufactures que ses activités conduisent en Lorraine pour s’occuper de l’exploitation des Hauts-fourneaux de Jarville, et Alphonse (1830-1913) rappelé de Liège où il vivait jusqu’alors –, Jules Steinbach prend la direction des affaires familiales et, dès 1873, une société de droit allemand, Steinbach et Cie, est fondée pour consolider les acquis et surtout affronter de nouveaux défis.
Parcourant les routes d’Europe, à l’affut de toutes les innovations introduites dans son secteur d’activité, Jules Steinbach entretient un vaste réseau de contacts avec des techniciens et amplifie la dynamique de modernisation qu’avait lancée son père. Il n’hésite pas à installer de nouvelles machines à Malmedy ; les activités prennent une dimension internationale plus grande encore. Déjà réputée pour la qualité de son papier dessin, la gamme des produits Steinbach s’élargit, dès 1870, à la fabrication de papiers photographiques. Depuis 1844, grâce à la calotypie, il est désormais possible de produire des images sur papier et Henri Steinbach propose déjà des supports papiers adaptés dans les années 1850.
Depuis Berlin, où il est installé en tant que représentant officiel pour la vente des appareils Kodak, Raymond Talbot, originaire de Malmedy, attire l’attention de Jules Steinbach sur la qualité supérieure pour la photographie que présente le papier réalisé à base de chiffons sur les bords de la Warche. Grâce aux conseils de Talbot, Jules Steinbach va tirer profit de cet avantage technique et, avec les progrès de la photographie, la production lancée en 1876 à Malmedy connaît un succès considérable. En 1878, la spécificité technique du papier mis au point par Steinbach est récompensée d’une médaille d’or et d’un diplôme d’honneur à l’Exposition internationale du Papier de Berlin. La success-story de Jules Steinbach ne fait que commencer ; à la fin du siècle, il a adapté ses variétés de papier aux différents procédés utilisés par les émulsionneurs. Par ailleurs, pour asseoir son monopole sur le marché des produits photographiques et contrer une concurrence américaine, la société malmédienne n’hésite pas à s’associer à la société française « Blanchet frères et Kléber » (installée à Rives, dans l’Ysère) : ensemble, elles constituent la GEPACO (pour The General Paper Corporation), dont le siège est fixé à Bruxelles (1898, dissoute en 1934).
Même si l’installation d’une fabrique de cellulose (1882-1897) se solde par un échec, Steinbach ne recule pas devant les risques de l’innovation et des investissements ; en 1889, il rachète les bâtiments d’un concurrent malheureux et, pendant dix ans, y produit du papier albuminé « Enamel », toujours destiné aux reproductions photographiques. Les activités de Steinbach et Cie profitent pleinement tant de la recherche de qualité et d’innovation de son patron que de la position géographique particulière de l’entreprise malmédienne, installée aux frontières de la Prusse et de la Belgique, et surtout au voisinage de régions en pleine expansion. Les Steinbach sont présents aussi bien à Berlin, qu’à Liège ou en Lorraine. Ainsi, Jules Steinbach détient des participations financières diversifiées, étant administrateur dans des sociétés wallonnes et allemandes dans les secteurs du charbonnage et de la métallurgie.
Dans la cité de Malmedy, il occupe aussi de multiples responsabilités ; il succède notamment à son père dans les fonctions de membre du Conseil de la Ville, de conseiller à la Chambre consultative du Commerce, et comme premier député du Cercle, puis comme membre des États du Cercle pour les industriels, puis de la première Diète du Cercle (1888-1904). À ce titre, il se préoccupe de défendre l’usage du français ; il fait notamment partie d’une délégation qui dépose une requête en ce sens, à Berlin, en 1899. Par ailleurs, Jules Steinbach est aussi administrateur de l’orphelinat (1874), avant d’en devenir le directeur gérant (1882-1904), et le vice-président de la Caisse de Secours des ouvriers des Fabriques. On lui attribue d’avoir fait preuve de grandes largesses à l’égard des nombreuses œuvres qui le sollicitent (notamment pour la construction de l’hôpital Saint-Joseph) et, malgré le caractère déjà fort avancé de la législation sociale prussienne, d’avoir instauré un système particulièrement favorable à ses ouvriers (caisse de maladie, pension, etc.).
Témoignages de sa grande fortune, les nombreuses villas qu’il fait construire pour ses filles, l’aménagement du Châtelet, voire la nouvelle rue qu’il fait tracer en 1898 et qui modifie quelque peu la vie du centre-ville de Malmedy au début du XXe siècle. Quant à l’hôtel de maître qu’il y fait construire, il en confie la réalisation au jeune architecte Fritz Maiter en 1899 ; édifice au hall de marbre blanc et à la façade qui oppose briques rouges et pierre blanche, le tout couronné d’un campanile bulbeux, cet ensemble est achevé en septembre 1901. L’industriel Steinbach en fera don à la ville, qui l’utilisera comme hôtel de ville, en imposant sur la façade une inscription latine au fronton (civibus), contrairement à la volonté du Landrat. C’est en villégiature, au bord du lac des Quatre-Cantons, que Jules Steinbach décède en 1904.
Sans doute attirés par les activités de Steinbach, deux industriels verviétois installeront une nouvelle papeterie à l’ouest de Malmedy en 1909. Les deux activités, celle de Steinbach et celle du Pont-de-Warche seront réunies au sein du groupe Intermills.
Sources
Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-28
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot - Malmedy - Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 32
Wallonia, t. 12, n°1, janvier 1904, p. 267 ; L’Écho du Parlement, 17 septembre 1865 ; La Meuse, 25 mars 1869
Joseph BASTIN, Les origines de la papeterie-cartonnerie de Malmedy, dans Armonac Walon d’Mâm’dî, 1937, p. 97-98
Maurice LANG, Dom André Vecqueray, fondateur de la papeterie abbatiale de Malmedy, et sa famille, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1952, t. XVI, p. 51-91
Maurice LANG, Généalogies, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 59-70
Walter KAEFER, Propos d’archéologie industrielle, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1981, t. XLV, p. 5-21
Walter KAEFER, Histoire du papier. Sa fabrication. Les papeteries de Malmedy, Malmedy, Association des Historiens belges du Papier, 1988
Walter KAEFER, La papeterie Steinbach en 1812, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1995-1996, t. 56, p. 33-37

Steinbach Henri-Joseph
Socio-économique, Entreprise
Malmedy 11/03/1758, Malmedy 01/07/1829
À la fin de l’Ancien Régime, quand Malmedy et Stavelot formaient encore une principauté abbatiale, les moines bénédictins de Malmedy étaient à la tête d’une petite entreprise de production de papier et surtout de carton. Certes vouées essentiellement à la vie religieuse, les abbayes – nombreuses en pays wallon – jouent en effet un rôle déterminant dans la vie économique. Au bord de la Warche, la papeterie abbatiale de Malmedy existe depuis 1753. Elle reste la propriété des moines jusqu’en 1795 et l’annexion de la principauté à la France.
Au moment des événements révolutionnaires et surtout de la confiscation, puis de la vente des biens du clergé, un duo de trafiquants liégeois se porte acquéreur des biens des Bénédictins (1797), avant de les revendre, en mai 1801, à trois Malmédiens, dont Henri-Joseph Steinbach. Celui-ci est le fondateur de la dynastie familiale des industriels du papier qui se succèdent à Malmedy tout au long du XIXe siècle.
Les Steinbach sont de longue date installés à Malmedy ; la tannerie est leur activité principale. Le désordre provoqué par les événements révolutionnaires des années 1789-1790 et les passages de troupes qui en résultent conduisent une branche des Steinbach à installer ses activités de fabrication de cuir à Andenne, dans le comté de Namur (1793). L’autre branche, dite Steinbach de la Saulx, reste en bordure de la Warche. Fils d’un ancien bourgmestre de Malmedy, Henri-Joseph Steinbach s’adapte rapidement au régime nouveau et devient d’ailleurs commissaire dès le début du régime français (1795). Spécialisé dans la tannerie, l’entrepreneur a fort à faire avec la concurrence locale. Il élargit par conséquent ses activités avec l’acquisition de la papeterie fondée au XVIIIe siècle par dom André Vecqueray. En 1806, quand il parvient à racheter les parts de ses deux associés, J-F. Darimont et Fr-H. Neuray, il devient le seul propriétaire de la Papeterie Steinbach, ainsi que de l’église abbatiale, des terres et biens dépendant du monastère. Déjà à ce moment, il ne parvient à rencontrer la demande émanant des manufactures verviétoises du textile tant la demande est forte.
Fabriquant des papiers de qualité variée (pour l’écriture, l’emballage des denrées alimentaires, du tabac…) et de carton à lustrer les étoffes de laine et de soie pour l’industrie textile, Henri-Joseph donne l’impulsion aux activités de l’industrie papetière, dont héritera son fils (Nicolas-Henri-Ignace). Son mariage avec Albertine Monique Josèphe de la Saulx lui a permis de sceller une alliance avec une autre importante famille de Malmedy, les Cavens, dont faisait partie le dernier directeur de la papeterie des Bénédictins, dom Henri Cavens.
Sources
Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-28
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot - Malmedy - Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 32
Wallonia, t. 12, n°1, janvier 1904, p. 267 ; L’Écho du Parlement, 17 septembre 1865 ; La Meuse, 25 mars 1869
Joseph BASTIN, Les origines de la papeterie-cartonnerie de Malmedy, dans Armonac Walon d’Mâm’dî, 1937, p. 97-98
Maurice LANG, Dom André Vecqueray, fondateur de la papeterie abbatiale de Malmedy, et sa famille, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1952, t. XVI, p. 51-91
Maurice LANG, Généalogies, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 59-70
Walter KAEFER, Propos d’archéologie industrielle, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1981, t. XLV, p. 5-21
Walter KAEFER, La papeterie Steinbach en 1812, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1995-96, t. 56, p. 33-37
Anne RENARD, L'industrie de la tannerie à Stavelot et Malmédy sous le régime français, Université de Liège, mémoire inédit en histoire, 1984
Denise NOËL, Contribution à l'histoire religieuse des cantons de Stavelot et de Malmédy sous le régime français, Université de Liège, mémoire inédit en histoire, 1951

Steinbach Henri
Socio-économique, Entreprise
Malmedy 16/03/1796, Malmedy 17/03/1869
Jusqu’en 1795, Malmedy et Stavelot forment une principauté abbatiale, avant de se fondre dans le département de l’Ourthe. Certes voués à la vie religieuse, les moines installés au bord de la Warche ont aussi développé des activités économiques nombreuses – moulin à grain, scierie et surtout papeterie – qu’ils abandonnent précipitamment quand le régime français se met en place. Confisqués et nationalisés, les biens du clergé sont mis en vente un peu partout ; à Malmedy, la papeterie abbatiale est achetée par deux Liégeois (1797) qui s’empressent de faire un bénéfice en revendant les anciennes propriétés des Bénédictins à trois Malmédiens, dont Henri-Joseph Steinbach. Après avoir racheté leurs parts à ses associés (1806), Steinbach, seul maître à bord, est le fondateur de la dynastie familiale des industriels du papier qui se succèdent à Malmedy tout au long du XIXe siècle.
Son fils, Nicolas-Henri-Ignace Steinbach, prend seul la direction de l’entreprise en 1832 et va donner aux affaires familiales un nouvel élan. Dans un premier temps, il poursuit la fabrication de cartons destinés à l’industrie du drap, en l’occurrence du carton poli destiné à presser les étoffes fines, soieries et draperies. La production est fort importante et, après avoir été écoulée sur les marchés de proximité (Verviers, Eupen, Montjoie), est désormais exportée sur tous les marchés d’Europe (Autriche, Russie, Suède, Espagne).
Henri Steinbach continue aussi à vendre des papiers de qualité variée, mais il est conscient de devoir moderniser ses outils de production. Aussi, dans un second temps, il abandonne ses activités traditionnelles pour se spécialiser dans des produits de qualité supérieure : en 1841, il fait l’acquisition, en Angleterre, auprès de la firme The Bryan Donkin Company Ltd, d’une toute nouvelle machine à papier à table plate. Mue par une machine à vapeur, cet outil est capable de fabriquer du papier mince ou renforcé, d’une largeur de 140 cm, en continu. Déjà très performante, la machine anglaise est améliorée dans les ateliers malmédiens et permet à la société Steinbach d’offrir une qualité équivalente aux meilleurs produits venant d’Outre-Manche. C’est à une véritable révolution à laquelle on assiste, l’ère de la fabrication manuelle avec tous ses accessoires étant abandonnée.
D’autres machines suivront et, en peu de temps, à l’intérieur du Zollverein, la papeterie malmédienne est un des leaders du marché. Reconnaissant à l’égard de l’industriel, le gouvernement prussien nomme Henri Steinbach commissaire d’État lors de la première Exposition universelle de Paris, en 1855.
Sur le plan local, s’inscrivant dans la tradition familiale, Henri Steinbach exerce diverses responsabilités importantes. Membre du Conseil de la Ville depuis 1823, bourgmestre-adjoint pendant douze ans à titre honorifique, conseiller de la Chambre consultative du Commerce, il siège à l’Assemblée du Cercle et, en 1855, il succède à son beau-frère, Ernst von Frühbuss, comme premier député des États du Cercle.
Trois filles et trois garçons naîtront du mariage de Henri Steinbach avec Eulalie Cavens. Les trois hommes, Alphonse (1830-1913), Victor-Hubert-Marie (1836-1905) et Jules (1841-1904) resteront actifs dans la papeterie, mais c’est le cadet qui reprendra principalement les activités familiales.
Sources
Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-28
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot - Malmedy - Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 32
Wallonia, t. 12, n°1, janvier 1904, p. 267 ; L’Écho du Parlement, 17 septembre 1865 ; La Meuse, 25 mars 1869
Walter KAEFER, Histoire du papier. Sa fabrication. Les papeteries de Malmedy, Malmedy, Association des Historiens belges du Papier, 1988
Joseph BASTIN, Les origines de la papeterie-cartonnerie de Malmedy, dans Armonac Walon d’Mâm’dî, 1937, p. 97-98
Maurice LANG, Dom André Vecqueray, fondateur de la papeterie abbatiale de Malmedy, et sa famille, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1952, t. XVI, p. 51-91
Maurice LANG, Généalogies, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 59-70
Walter KAEFER, Propos d’archéologie industrielle, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1981, t. XLV, p. 5-21
Walter KAEFER, La papeterie Steinbach en 1812, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1995-96, t. 56, p. 33-37
Anne RENARD, L'industrie de la tannerie à Stavelot et Malmédy sous le régime français, Université de Liège, mémoire inédit en histoire, 1984

Renard Camille
Socio-économique, Entreprise
Liège 01/05/1832, Bruxelles 17/11/1921
Imprimeur-libraire et professeur d’histoire de l’art à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, Laurent-Eugène Renard a donné à ses fils le goût de l’art et de la culture : Jules Renard, dit Draner (Liège 1833, Paris 1926) fera carrière comme caricaturiste ; Camille, quant à lui, alliera science, culture et imagination dans les domaines de la céramique et de la verrerie, à son compte dans un premier temps, au service du Val Saint Lambert ensuite.
Ingénieur civil à l’École des Arts et Manufactures de Liège (1854), boursier du gouvernement (1855), le jeune Camille Renard entame sa carrière professionnelle en participant aux travaux d’une Commission d’enquête chargée d’évaluer les conséquences de la fabrication de produits chimiques en province de Namur. Ensuite, s’installant à son compte, il prend la direction de la Société métallurgiste d’Andenne, dont il assure la gérance. En quelques mois, avec sa jeune épouse, Léonie Steinbach, il met en place, à Seilles, une manufacture spécialisée dans les produits réfractaires, la société Steinbach et Cie. Conciliant ses connaissances et ses talents dans les domaines de la chimie, de l’art et de l’industrie, Camille Renard étend enfin ses activités, à Andenne, dans le secteur de la porcelaine ; il recrute tous azimuts des ouvriers particulièrement qualifiés dans la fabrication et la décoration. Sa société, la « Manufacture Saint Maurice. Camille Renard-Steinbach, à Andenne », se lance dans la fabrication haute gamme, comparable à la porcelaine de Sèvres. Dès 1861, il présente sa production à l’Exposition universelle de Metz. Puisant leur inspiration aux meilleures sources anciennes, les œuvres qui sortent des ateliers Renard témoignent d’un savoir-faire qui respecte la tradition, tout en intégrant les dernières techniques de l’époque. Malgré les efforts consentis et la qualité des produits mis sur le marché, l’expérience industrielle de Camille Renard tourne court : en 1864, il doit remettre toutes ses affaires. Une autre vie s’ouvre alors à lui, au Val Saint-Lambert, d’une part, à l’Université de Liège, d’autre part.
Repéré par Jules Deprez au moment même où celui-ci succède à Auguste Lelièvre, l’un des deux fondateurs du Val Saint-Lambert, Camille Renard est engagé comme créateur indépendant de modèles de peinture et de gravures (1864). Directeur du Val Saint-Lambert auquel il va donner sa prodigieuse expansion dans la deuxième moitié du XIXe siècle, Deprez table sur les produits de luxe et fait confiance à la créativité de Renard : celui-ci met toute l’expérience acquise dans la porcelaine andennaise au service de l’atelier de peinture de la cristallerie. Même si la nature s’impose comme nouveau sujet d’inspiration, son style, classique, est constant ; il résiste à l’Art nouveau. En tant que collaborateur extérieur, Renard signe les dessins de ses projets et la description des techniques à employer, mais les verres réalisés ne portent que la marque de la manufacture. Par conséquent, et même si dans une production industrielle d’une telle ampleur les mérites doivent être partagés, un grand nombre des prix et récompenses que récolte le Val Saint-Lambert de 1864 à 1901 (notamment lors des expositions universelles ou internationales) peut être attribué à Camille Renard, superviseur du département artistique de la société.
En sus de ses activités sérésiennes, Renard a réussi à s’ouvrir une situation académique à l’Université de Liège. Engagé comme chef de travaux en 1864, il est nommé professeur en 1879, en charge des manipulations chimiques à l’École des Mines, ainsi que du cours d’esthétique et d’histoire de l’art. En octobre 1868, à l’instar de son père, il est nommé professeur d’archéologie à l’Académie de Liège (1868-1904) et, à partir de 1881, il est en charge du cours d’esthétique destiné aux élèves de l’école de dessin des cristalleries, tout en professant à l’Institut supérieur des Demoiselles (-1904).
Conférencier apprécié pour la multiplicité des sujets traités, ses talents pédagogiques et son attention à l’égard d’un « public ouvrier » (notamment au Cercle Franklin), il publie plusieurs ouvrages didactiques dans le domaine de l’art, ainsi qu’un traité de chimie. Illustrateur, chroniqueur, critique, biographe, membre de jury, « expert industriel », membre de nombreuses cercles, professeur émérite (1902), aquarelliste à la fin de sa vie, il expose, surtout à partir de 1904, ses paysages de Wallonie ou de Flandre, dans plusieurs salons, jusqu’à la Grande Guerre. En juin 1900, organisée au Théâtre royal à Liège, notamment par ses anciens élèves et ses collègues de l’industrie, une grande cérémonie officielle rend hommage à Camille Renard ; à cette occasion, le peintre Ubaghs lui dédie un portrait remarqué. Comme l’écrit très bien Anne Pluymaekers, sa meilleure biographe, « la grande force de Camille Renard fut de savoir lier intimement la recherche, l’art et l’industrie. (…) il incarne l’éclectisme omniprésent durant la seconde moitié du XIXe siècle ».
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Anne PLUYMAEKERS, Camille Renard (1832-1921), artiste ingénieur éclectique au service des arts du feu, dans Art et industrie, Art&Fact, numéro 30, Liège, 2011, p. 63-70
La Meuse, 1861-1914

Piron Louis-Marie
Socio-économique, Entreprise
Opont 15/02/1956
En décernant le prix 2014 de Manager de l’Année à Louis-Marie Piron, le magazine Trends Tendance salue une success story bien ancrée dans le paysage wallon et qui a également pris une dimension internationale, et met en évidence le parcours d’un self made man, gradué en sylviculture devenu administrateur-délégué d’une holding familiale prospère. Se présentant, en 2015, comme le n°1 dans la construction de maisons clé sur porte en Wallonie, ainsi qu’au grand-duché de Luxembourg, la SPRL Thomas & Piron est en effet une société familiale, créée en 1976, et qui a grandi de façon fulgurante.
À l’origine, en 1974, Charles Thomas est un maçon professionnel qui aide le jeune Louis-Marie Piron à rénover une ancienne maison familiale ; deux ans plus tard, ils s’associent au sein d’une SPRL qui limite ses activités au cœur du Luxembourg (10 février 1976) ; aux deux fondateurs s’adjoint un nombre de plus en plus considérable de collaborateurs : ils sont 500 vingt ans plus tard pour faire face aux demandes émanant de tout le Luxembourg – la province mais aussi le grand-duché –, ainsi que du Brabant wallon ; ce chiffre triplera au terme d’une nouvelle période de vingt ans.
En 1981, fraîchement diplômé ingénieur civil, le frère de Louis-Marie Piron rejoint la SPRL dont le siège historique demeure à Our (Paliseul) : Bernard Piron prend en main le contrôle de la gestion d’activités déjà fructueuses. Informatisant les services dès le milieu des années 1980, il contribue à la transformation de la SPRL en société anonyme, en 1988, moment où est présentée la première d’une série de maisons témoins ; de la rénovation, T&P évolue vers la maison unifamiliale, « sur-mesure » et « clé sur porte ». Avec un chiffre d’affaires qui dépassent les 25 millions d’€, Thomas&Piron diversifie et professionnalise ses départements (1992). En 1995, après une aide à l’investissement de la Région wallonne, le plan « cap 2002 » fixe les objectifs. « TP Rénovation » voit le jour (1996), tandis que T&P est certifiée ISO 9001 (1997), et s’ouvre à l’international avec « TP International » (1999) : l’Europe et l’Afrique contribuent à l’expansion de T&P qui construit 500 maisons sur la seule année 2003 et dépasse les 100 millions d’€ de chiffres d’affaires. En 1999, se met en place « Thomas et Piron Finances » pour placer sous un même pavillon un ensemble d’activités fort diversifiées ; même si Charles Thomas a quitté l’actionnariat depuis longtemps, la société conserve sa dénomination originelle et un ancrage familial.
Des immeubles à appartements, des bâtiments à usage commercial, administratif ou industriel s’ajoutent notamment à un carnet de commandes qui s’étendent à l’ensemble de la Wallonie. Prix spécial du jury « Entreprise la plus performante » depuis la création du trophée Entreprise de l’Année (2005), Thomas & Piron se singularise encore sur un marché difficile en inaugurant un « centre de compétences » (2007), en construisant le tout premier bâtiment de bureaux passif de Wallonie (2008), en mettant l’accent sur des produits accessibles et peu énergivores, voire en dépassant le cap des 1.000 logements construits sur la seule année 2010. En 2013 et 2014, après le rachat de la société française Castelord, l’entreprise de construction wallonne se transforme profondément ; cinq entités juridiques distinctes sont constituées et chapeautées par « Thomas & Piron Holding » ; le nouveau siège de « Thomas & Piron Bâtiment » s’ouvre à Wierde, tandis que le « home » reste à Paliseul, et que la « Rénovation » siège à Maissin.
Au-delà de son activité à la tête de T&P, Louis-Marie Piron s’est associé dans les années 1990 à un groupe d’hommes d’affaires qui investissent dans des projets novateurs. Par ailleurs, il contribue aussi au maintien d’activités de proximité et de qualité, dans la région de Paliseul, dans le secteur Horeca, tout en aidant de jeunes talents wallons.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Sébastien LAMBOTTE, dans WAW, http://www.wawmagazine.be/fr/louis-marie-piron-le-constructeur-gastronome
http://www.thomas-piron.eu/fr/groupe-thomas-piron/historique
http://www.tvlux.be/video/louis-marie-piron-co-fondateur-de-thomas-et-piron_12110.html (s.v. mai 2016)

Mali Pierre
Socio-économique, Entreprise
Verviers 18/08/1856, Plainfield 04/10/1926
Agent commercial au service des familles Simonis et de Biolley, l’Amstellodamois Henri Mali a repéré William Cockerill dans le Nord de l’Allemagne en 1797 et a fini par le convaincre de mettre ses géniales inventions au service de ses patrons, des industriels du textile verviétois. À la suite de ce coup de maître, Henri Mali est resté toute sa vie au service des Simonis et des Biolley, et s’est installé à Verviers en transmettant à ses enfants et petits-enfants son esprit d’entreprise et d’exploration de nouveaux marchés.
Dès 1826, Henri Willem Mali (Verviers ?, New York 1867) est envoyé aux États-Unis pour prospecter les marchés. Fondateur de la Henry WT Mali & Co. Inc. à Manhattan, il s’installe à New York comme agent commercial international et y fait carrière. Il se fait construire un imposant bâtiment du côté de Brooklyn, surplombant la Harlem River ; cet ancien bâtiment de briques rouges constituant le Hall Butler, proche de l’Université, est toujours visible en 2016. Sollicité dès l’établissement des relations diplomatiques et commerciales du nouveau royaume de Belgique pour le représenter aux États-Unis, Henri W. Mali est le premier consul de Belgique aux États-Unis (1831) ; désigné aussi commissaire du gouvernement auprès de la Société de navigation à vapeur entre Anvers et les États-Unis, il est promu consul général en 1855. Jusqu’en 1949, les Mali seront consuls de Belgique à New York.
À la fin des années 1830, Charles Mali (Verviers 1818, Brooklyn 10/07/1899) rejoint son frère Henri W. aux États-Unis et soutient les activités de la société spécialisée et réputée pour tous ses produits de billard haut de gamme. Installé à Brooklyn, président de la Société belge de bienfaisance de New York de 1881 à 1898, membre de la Chambre de Commerce de New York, il est le consul général de Belgique à New York, de mai 1867 à juillet 1899.
Quant à Jules Mali, le troisième frère, revenu à Verviers après un séjour outre-Atlantique qui a duré cinq ans, il fait carrière dans sa ville natale, où il joue un rôle important. Ce sera son fils, Pierre qui partira aux États-Unis pour reprendre la direction de la société de ses oncles.
Jeune ingénieur diplômé de l’Université de Liège (1878), Pierre part en effet pour les Amériques où il accomplit sa carrière. Il y épousera Frances Johnston, la fille du premier président du Metropolitan Museum of Art. Importateur et commerçant, directeur de la « Henry W.T. Mali &. Co », il sera tour à tour vice-consul (1889), consul en remplacement de Charles (1900), et consul général de Belgique à New York (1914-1926). Les deux fils de Pierre, John Taylor Johnston Mali (1893-) et Henry Julian Mali (1899-), prendront sa succession, en tant qu’importateur exclusif des tissus de la société Simonis : la société Mali est le plus ancien fournisseur de matériels de billard haute gamme en Amérique et aussi la plus ancienne entreprise familiale établie à New York City.
Sources
L’Indépendance belge, La Meuse 1840-1914, dont 26 octobre 1855 ; La Meuse, 16 mai 1882 ; Gazette van Moline, 1er novembre 1917
Remember, Nos Anciens. Biographies verviétoises 1800-1900, parues dans le journal verviétois L’Information de 1901 à 1905, Michel BEDEUR (préf.), Verviers, éd. Vieux Temps, 2009, coll. Renaissance, p. 79-80
Théo WÜCHER, Oraison funèbre prononcée le 12 juillet 1899 à l’occasion des obsèques de Charles Mali, New York, Weiss, 1899
Anne VAN NECK, Les débuts de la machine à vapeur dans l’industrie belge, 1800-1850, Bruxelles, Académie, 1979, coll. Histoire quantitative et développement de la Belgique au XIXe siècle, p. 121

Mali Jules
Socio-économique, Entreprise
Verviers 22/03/1817, Verviers 15/05/1882
Agent commercial au service des familles Simonis et de Biolley, l’Amstellodamois Henri Mali a repéré William Cockerill dans le Nord de l’Allemagne en 1797 et a fini par le convaincre de mettre ses géniales inventions au service de ses patrons, des industriels du textile verviétois. À la suite de ce coup de maître, Henri Mali est resté toute sa vie au service des Simonis et des Biolley, et s’est installé à Verviers en transmettant à ses fils son esprit d’entreprise et d’exploration de nouveaux marchés.
Dès 1826, Henri Willem Mali (Verviers ?, New York 1867) est envoyé aux États-Unis pour prospecter les marchés. Fondateur de la Henry WT Mali & Co. Inc. à Manhattan, il s’installe à New York comme agent commercial international et y fait carrière. À la fin des années 1830, Charles Mali (Verviers 1818, Brooklyn 10/07/1899) rejoint son frère aux États-Unis et l’accompagne dans le développement des activités de la société spécialisée et réputée pour tous ses produits de billard haut de gamme. Quant à Jules Mali, le troisième frère, il fait carrière dans sa ville natale, où il joue un rôle important, non sans avoir lui aussi séjourné aux Amériques.
Après ses études au Collège de Dolhain, le jeune Jules Mali a été directement engagé auprès de son père, chez « Iwan Simonis » (1831). Un séjour de cinq années aux États-Unis l’a convaincu des vertus du libre-échange et il s’en fait le porte-parole enthousiaste lorsqu’il revient en bord de Vesdre. Dans ses écrits, lors de conférences, dans les cercles nombreux qu’il fréquente, Jules Mali se montre un partisan convaincu du libéralisme, dont il défend aussi le programme au sein du conseil communal de Verviers pendant de très nombreuses années. Co-fondateur de l’Association libérale de l’arrondissement de Verviers, il était le vice-président de son comité.
Au sein de la Maison Simonis, Jules Mali gravit rapidement les échelons ; dès 1845, il dispose d’une procuration générale pour la gestion des affaires et, en 1870, il est admis comme associé. Les prix remportés lors des grandes Expositions de l’époque (Londres 1862 et Paris 1878 par exemple) témoignent de la prospérité de l’entreprise Simonis tout au long du XIXe siècle, en particulier durant les années où Mali en partage les responsabilités.
Membre fondateur de la Société industrielle et commerciale de Verviers (1863-1882), l’industriel avait désiré créer cette association pour améliorer les relations entre les patrons verviétois : à ses yeux, la concurrence qu’ils menaient entre eux s’avérait stérile face à la vitalité de leurs concurrents. Administrateur de la Société des mines et fonderies de zinc et de plomb de la Nouvelle Montagne à Engis (1873-1882), il préside la nouvelle Chambre de Commerce de Verviers (1876-1882). Membre puis président de la Commission administrative de l’École professionnelle (1861-1882), il plaide en faveur de la création d’établissements scolaires formant les jeunes aux métiers de la mécanique et du tissage. Créée, en 1861, de la fusion de l’École du soir et de l’École de tissage et de dessin industriel, l’École professionnelle ne devait être qu’une étape. Jules Mali plaidait en faveur d’une « École manufacturière ». Ce n’est qu’en 1894 que s’ouvrira l’École supérieure des textiles tant réclamée par Mali.
S’il ne s’est pas établi de l’autre côté de l’Atlantique pour travailler avec ses frères, Jules Mali est néanmoins resté en constantes relations avec eux ; la production verviétoise de tissu haute gamme destiné au billard y rencontre un succès croissant grâce à la société installée là-bas par les Mali. Le fils aîné de Jules, Pierre Mali (Verviers 18/08/1856, Plainfield 04/10/1923), reprendra la direction de la société de ses oncles. Les deux fils de Pierre, John Taylor Johnston Mali (1893-) et Henry Julian Mali (1899-), prendront sa succession, en tant qu’importateur exclusif des tissus de la société Simonis : la société Mali est le plus ancien fournisseur de matériels de billard haute gamme en Amérique et aussi la plus ancienne entreprise familiale établie à New York City.
Sources
L’Indépendance belge, La Meuse 1840-1914 ; La Meuse, 16 mai 1882 ; Gazette van Moline, 1er novembre 1917
Remember, Nos Anciens. Biographies verviétoises 1800-1900, parues dans le journal verviétois L’Information de 1901 à 1905, Michel BEDEUR (préf.), Verviers, éd. Vieux Temps, 2009, coll. Renaissance, p. 79-80
Anne VAN NECK, Les débuts de la machine à vapeur dans l’industrie belge, 1800-1850, Bruxelles, Académie, 1979, coll. Histoire quantitative et développement de la Belgique au XIXe siècle, p. 121

Mali Henri
Socio-économique, Entreprise
Amsterdam 28/03/1774, Verviers 28/10/1850
Dans l’histoire de la Wallonie, l’Amstellodamois Henri Mali joue un rôle singulier. C’est en effet à sa sagacité que l’industriel verviétois Simonis doit d’avoir été mis en contact avec William Cockerill, et de l’avoir convaincu de se rendre dans ce pays wallon où ses innovations vont révolutionner la société.
Actifs dans le secteur textile, à Verviers, depuis 1680, les Simonis développent des activités prospères tant dans le travail que dans le commerce de la laine. Au décès de Jacques Joseph Simonis (1717-1789), Jean-François (1769-1829), le cadet de la famille mieux connu sous le nom d’Ywan Simonis, lui succède, de même que sa sœur Marie-Anne (1758-1831), épouse de J-Fr. de Biolley. Pour ces industriels, les temps sont difficiles. Les événements révolutionnaires perturbent leurs activités ; la situation de leurs affaires s’aggrave surtout durant l’hiver 1794-1795.
Ils décident alors de se réfugier dans le nord de l’Allemagne. Là, continuant à s’intéresser à leur métier, les Simonis observent les techniques utilisées dans la fabrication du textile et décident de les intégrer dans certaines de leurs activités quand ils rentrent finalement à Verviers (1797). Conscients des avantages à tirer de la recherche de nouveaux débouchés et des techniques observées au nord de l’Allemagne, Ywan Simonis, sa sœur Marie-Anne et son beau-frère Jean-François Biolley, s’attachent les services d’un jeune Amstellodamois, Henri Mali, qui devient leur délégué et prospecteur dans les villes hanséatiques (1797).
Pourtant attaché à la célèbre maison Hoop et Cie à Amsterdam, Henri Mali relève le défi de la maison Simonis. Dès 1798, il croise la route d’un mécanicien anglais dont les idées nouvelles n’ont pas réussi à trouver preneur auprès des Russes, des Suédois et des Allemands. Au nom des Simonis, Henri Mali propose un contrat à William Cockerill, mais la perspective d’une embauche chez un petit industriel, installé dans une petite ville alors française, n’enthousiasme guère le sujet britannique. En 1799, à bout de ressources, il finit cependant par se laisser convaincre par Mali et se rend sur les bords de la Vesdre ; ses frais sont pris en charge par les Simonis qui installent le mécanicien dans une dépendance de leurs ateliers. Pépite découverte par Mali, Cockerill brise le secret des récentes inventions anglaises et apporte à Verviers des techniques révolutionnaires ; elles procurent aux usines Simonis et Biolley des longueurs d’avance par rapport à la concurrence.
Si William Cockerill rompt les liens avec Verviers pour poursuivre sa carrière, avec ses fils, du côté de Liège et Seraing, Henri Mali reste, quant à lui, indéfectiblement attaché à la famille Simonis durant toute son existence. Après quelques années de prospection, il a fini par s’installer à Verviers et il y fonde une famille dont trois fils s’avèreront aussi entreprenants que le père. Ses compétences commerciales contribuent au développement des activités des plus importants patrons du textile verviétois. À son décès, en 1850, après 53 ans de service, Henri Mali avait le statut de « chef de bureau dans la maison Simonis ».
Sources
L’Indépendance belge, 5 novembre 1850
Paul LÉON, dans Biographie nationale, t. XLIII, col. 651-660
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 145-146
Pierre LEBRUN, L’industrie de la laine à Verviers pendant le XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Liège, 1948, p. 234-241
Paul HARSIN, La Révolution liégeoise de 1789, Bruxelles, Renaissance du Livre, 1954, coll. Notre Passé, p. 98
Portraits verviétois (Série L-Z), dans Archives verviétoises, t. III, Verviers, 1946
Yvan SIMONIS, Transmettre un bien industriel familial pendant six générations (1750-1940). Une étude de cas en Belgique. Premiers résultats, dans Les Cahiers du Droit, 1992, vol. 33, n°3, p. 735-737 (consulté sur http://www.erudit.org/revue/cd/1992/v33/n3/043162ar.html?vue=resume)
http://gw.geneanet.org/bengos?lang=fr&pz=pascaline+edouardine+beatrice+marie+ghislaine&nz=gosuin&ocz=0&p=henri&n=mali (s.v. mai 2016)