Frédéric MARCHESANI, 2013

La maison natale du prince-abbé Célestin Thys

Le hameau de Fairon a vu naître Célestin Thys (1730-1796), 76e et dernier prince-abbé de Stavelot-Malmedy de 1786 à 1792. Sur la façade de l’édifice se trouve aujourd’hui une plaque commémorative présentant le blason du prince-abbé dans le haut de la composition et une inscription dédicatoire « Dans cette maison est né Célestin Thys, dernier prince-abbé de Stavelot et de Malmedy », accompagnée de ses dates de naissance et de mort.

Portrait du prince-abbé Célestin Thys conservé au musée de la principauté abbatiale © KIK-IRPA, Bruxelles

Portrait du prince-abbé Célestin Thys

conservé au musée de la principauté abbatiale

En 1789, le souverain stavelotain avait subi lui aussi les conséquences des événements nés en France et qui se propagèrent à Liège et dans le Brabant. Les magistrats de Stavelot et Malmedy demandèrent à ce moment à leur prince l’abolition des privilèges. Après avoir accepté, Célestin Thys finit par se rétracter. Cette décision marque le point de départ de sa chute et de l’explosion de la colère dans sa principauté. Emportant ses archives et des trésors du monastère, le prince-abbé prend le chemin de l’exil. Il est évacué à Echternach, abbaye du duché de Luxembourg, avant de prendre la route de Hanau, ville de Hesse, et de Francfort. Après la bataille de Jemappes de 1792, la principauté de Stavelot est ouverte aux révolutionnaires. Célestin Thys, quant à lui, décède à Hanau le 1er novembre 1796.

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Portrait du prince-abbé Célestin Thys conservé au musée de la principauté abbatiale © KIK-IRPA, Bruxelles
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Les anciennes bornes aux frontières de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy

Les frontières de l’ancienne principauté abbatiale conservent de nos jours un nombre considérable de bornes anciennes dont trois sont classées. Sept sites ont ainsi retenu
notre attention.

Anthisnes

La borne Liège-Stavelot devant l’avouerie d’Anthisnes © IPW

La borne Liège-Stavelot devant

l’avouerie d’Anthisnes

Une borne marquant la frontière entre les principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy est située devant le bâtiment de l’avouerie d’Anthisnes. Elle est aujourd’hui le témoin d’un bornage plus conséquent effectué sur le domaine d’Anthisnes et étant le résultat d’un événement pour le moins important. Propriété ecclésiastique appartenant à l’abbaye de Saint-Laurent de Liège, Anthisnes releva de la principauté de Liège jusqu’au 23 avril 1768 lorsque, suite à un contrat  d’échange entre le prince-évêque Charles-Nicolas d’Oultremont et le prince-abbé Jacques de Hubin, le domaine passa dans le giron de la principauté de Stavelot-Malmedy. Le bornage réalisé la même année devait donc sceller cet accord et rectifier le tracé des frontières entre les deux principautés.

Cette pierre calcaire est installée de nos jours devant le no 19 de l’avenue de l’abbaye. De section carrée, elle se termine par une petite pyramide galbée et porte des inscriptions gravées sur trois de ses faces : LG et l’emblème du perron d’un côté, la mention STAVELOT d’un autre côté et la date de 1768 sur un troisième.

Une seconde borne se situe dans l’entité d’Anthisnes, dans le hameau de Les Floxhes. Proche d’une grosse ferme des XVIIe et XVIIIe siècles constituant la principale construction du lieu, il s’agit à nouveau d’une borne-frontière des anciennes principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy qui est elle aussi un témoin de la rectification du tracé des frontières en 1768. Comme sa jumelle, elle se présente sous la forme d’un pilier quadrangulaire en calcaire d’environ 1 m de hauteur, à terminaison sphéroïdale cette fois, et porte les mêmes inscriptions sur trois de ses faces.

Clavier
L’entité de Clavier conserve trois bornes stavelotaines, toutes les trois classées le 14 mars 1940, qui témoignent de l’importance de la famille d’Argenteau, propriétaire de la seigneurie d’Ochain. Le territoire de l’actuelle entité de Clavier était sous l’Ancien Régime divisé entre la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et le duché de Luxembourg. Les seigneuries d’Ochain et de Vervoz étaient luxembourgeoises et celle d’Atrin, stavelotaine.

La pire al Messe, difficilement localisable, se situe dans le hameau d’Atrin, siège d’une seigneurie citée pour la première fois en 959 dans un acte de donation à l’abbaye de Stavelot. La seigneurie fut ensuite notamment propriété du comte de Luxembourg. Mesurant approximativement 1,3 m de hauteur, en calcaire, il ne s’agit pas d’une borne-frontière d’État. La croix d’Argenteau et les lettres mutilées OCHA marquent la limite de la seigneurie d’Ochain. Toutefois, une autre face de cette borne est gravée du loup de saint Remacle, emblème de la principauté de Stavelot.

Devant le no 71 de la route de Bois à Clavier même, la pierre du Fond du Val est aussi une borne-frontière, une fois de plus entre les deux principautés. Haute de 1,25 m, elle se présente sous une forme à peu près conique et est décorée d’un écu frappé aux armoiries de la famille d’Argenteau ainsi
que d’un cartouche comprenant le millésime 1611. Il s’agit d’une borne placée sous l’épiscopat et l’abbatiat d’Ernest de Bavière alors maître des deux principautés.

À côté du no 10, rue de Vervoz, la pierre au Loup est encore une borne-frontière entre Liège et Stavelot. Elle fut installée en 1615 par Ferdinand de Bavière, prince-évêque de Liège et prince-abbé de Stavelot-Malmedy comme son prédécesseur. Haute de 1,30 m, elle porte tout comme sa jumelle l’écu de la famille d’Argenteau, toutefois très effacé et un cartouche millésimé. De l’autre côté se trouve un cartouche portant le même millésime et un écu orné du loup de saint Remacle surmonté des initiales S◆A.

Waimes

La pierre à trois coins. Photo de 1925 © KIK-IRPA, Bruxelles

La pierre à trois coins.

Photo de 1925

L’actuelle commune de Waimes compte un nombre conséquent de témoignages des anciens bornages principautaires. Dès 670, la plus grande partie du territoire de Waimes était comprise dans le domaine de l’abbaye de Stavelot. Au Xe siècle, la frontière se fixant plus à l’est, le village se trouve complètement absorbé dans la principauté abbatiale. Les seigneurs de Waimes fournirent ainsi plusieurs mayeurs et podestats. La plus importante des bornes conservées aujourd’hui est située à Botrange et date de 1775. Cette pierre à trois coins se trouve au départ de l’allée Marie-Thérèse et porte des inscriptions sur ses trois faces : LUX, LIM et STAVELOT. L’endroit est symbolique et chargé d’histoire : à cet endroit, la principauté de Stavelot-Malmedy rencontrait les territoires des duchés de Luxembourg et de Limbourg, alors tous deux possessions autrichiennes. En 1755-1756, le prince-abbé Alexandre Delmotte avait cédé à l’impératrice Marie-Thérèse la route de Sourbrodt et la Fagne Rasquin. Cette négociation mettait fin à un long conflit autour des limites entre Robertville
et Sourbrodt et fut à l’origine de l’installation de 30 bornes. À partir de la pierre à trois coins, une série de dix bornes, dites « Marie-Thérèse », sont conservées et situées entre Sourbrodt et la rivière Helle. Elles rectifient le tracé des frontières au détriment du territoire stavelotain. Plusieurs d’entre elles portent selon l’endroit les inscriptions LUX, LIM ou MALME et toutes font l’objet d’une protection par classement. C’est aussi le cas pour trois bornes Stavelot-Luxembourg près de Botrange, vers la petite Hesse et dans les bois de Sourbrodt.

Non loin de là, sur le site de la Baraque Michel, est conservé le Boultè, peut-être autrefois l’ancien perron de Malmedy. Planté en bordure de la grand-route, il est considéré comme un des monuments les plus caractéristiques de la Fagne et a peut-être également servi de monument indicateur. Il s’agit d’une haute colonne de près de 5 m en forme de baratte (un boultè), annelée en son milieu et surmontée d’une pomme de pin. Mystérieux, le monument ne possède aucune inscription.

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La borne Liège-Stavelot devant l’avouerie d’Anthisnes © IPW
La pierre à trois coins. Photo de 1925 © KIK-IRPA, Bruxelles
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Le château fort de Logne et son environnement

L’actuel hameau de Logne se situe en contrebas des ruines de l’ancien château. Sous l’Ancien Régime, « Logne » désignait le village se trouvant à l’emplacement de l’actuelle localité de Vieuxville. Le nom apparaît pour la première fois dans une charte de l’abbaye de Stavelot de 862. Le château devient alors le centre militaire de la châtellenie de Logne. Après le démantèlement de la forteresse en 1521, le princeabbé Guillaume de Manderscheidt prend le titre de « comte de Logne » et crée le comté du même nom qui désigne alors toute la partie occidentale de sa principauté.

Implanté dans un site classé, au sommet d’un étroit et haut éperon barré naturel au confluent de l’Ourthe et de la Lembrée, cette ancienne place forte médiévale appartient aux moines de l’abbaye de Stavelot depuis la charte du roi Lothaire II de 862. Un castrum servant de retraite à ces mêmes moines lors des invasions barbares est mentionné vers 883-885. En 1138, l’abbé Wibald de Stavelot améliore les installations et transforme le modeste refuge en un véritable château fort, placé sous l’autorité d’un « ministerial » chargé de l’organisation militaire et judiciaire du lieu. De nombreux sièges tenus aux XVe et XVIe siècles aboutissent à la destruction du lieu en 1521 par le seigneur de Sedan Robert II de la Marck, partisan du roi de France François Ier alors en guerre contre Charles Quint.

Le blason de Guillaume de Manderscheidt sur le logis de la ferme de la Bouverie. © IPW

Le blason de Guillaume de Manderscheidt sur le logis de la ferme de la Bouverie

Après le démantèlement de la place forte, le château est restitué à l’abbaye de Stavelot. Les ruines sont longtemps abandonnées jusqu’à un regain d’intérêt marqué par une première campagne de fouilles en 1898. La province de Liège acquiert le site en 1968 et en confie la gestion depuis à diverses asbl. Entretien, sauvegarde et exploitation touristique des ruines ont ainsi été réalisés. Les vestiges visibles de nos jours témoignent de trois phases de construction :

- une phase primitive datant vraisemblablement du XIIe siècle comprenant une haute-cour et son enceinte ainsi qu’une tour-donjon ;
- un corps de logis élevé probablement au XIIIe ou au XIVe siècle ;
- un réaménagement complet dans le dernier quart du XVe siècle par l’érection d’un système de défense bas et extérieur à la vieille enceinte.

L’ancienne maison dite de l’abbé à Vieuxville © IPW

L’ancienne maison dite de l’abbé à Vieuxville

La localité de Vieuxville compte encore deux bâtiments d’importance liés à son ancienne appartenance stavelotaine. Après la destruction du château, de nombreux monuments de Vieuxville furent construits avec une partie des matériaux de celui-ci, notamment la ferme de la Bouverie, maison du représentant de l’abbaye de Stavelot, encore dénommé alors « châtelain de Logne ». Propriété des moines, elle accueillait aussi le siège militaire des cours centrales et fiscales dont le prince-abbé était le chef. Ancienne exploitation agricole élevée en moellons de calcaire aux XVIe et XVIIIe siècles, le quadrilatère donne sur une cour pavée accessible par un portail du XIXe siècle. Au nord se situe le logis reconstruit en 1564 ; cette partie de la ferme conserve une pierre sculptée aux armes du prince-abbé Guillaume de Manderscheidt et datée de 1570. Le bâtiment abrite aujourd’hui le musée archéologique du comté de Logne.

Non loin de là se trouve l’ancienne maison dite de l’abbé. Cette bâtisse du XVIIIe siècle, plusieurs fois remaniée depuis, est l’héritière d’une demeure plus ancienne comprenant la maison du prince-abbé de Stavelot-Malmedy, transformée avant la Révolution, et un oratoire aujourd’hui disparu. La maison conserve un intérieur ancien : portes du XVIIIe siècle, rampe d’escalier à balustres plats, taque de cheminée en fonte datée de 1560 et gravée de motifs et inscriptions religieuses.

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Le blason de Guillaume de Manderscheidt sur le logis de la ferme de la Bouverie © IPW
L’ancienne maison dite de l’abbé à Vieuxville © IPW
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Le monastère et la cathédrale Saints-Pierre-Paul-et-Quirin

L’ancien monastère bénédictin de Malmedy possède une longue histoire remontant au VIIe siècle. La ville se développe autour de son abbaye, qui subit de nombreuses épreuves à travers les temps. Détruite par des raids normands et hongrois aux IXe et Xe siècles, elle est également plusieurs fois la proie des flammes. Le prince-abbé Guillaume de Manderscheidt est à l’origine de nombreux travaux, principalement après l’incendie de 1521. Il rénove les bâtiments sinistrés, ajoute le quartier abbatial et reconstruit la tour de l’abbatiale de 1535 à 1539. Les bâtiments conventuels conservés de nos jours datent de 1708 comme le renseignent les restes d’une inscription en ancrage située dans le cloître. Amputé du « quartier du prince », disparu suite à l’incendie de 1689, le monastère présente toutefois une belle unité architecturale. Il se compose de quatre ailes et deux avant-corps latéraux élevés en calcaire et moellons divers sur deux niveaux coiffés de hautes bâtières d’ardoises. Les bâtiments, annexés à la cathédrale, forment un grand cloître entourant une cour intérieure. Le bâtiment cessa d’être un monastère à la Révolution pour connaître depuis de nombreuses affectations. Il abrite aujourd’hui, dans une partie des bâtiments restaurés en 2005, le Trésor de la cathédrale de Malmedy, témoin de la riche histoire de la cité et de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Y sont notamment conservés de nombreux objets liturgiques liés à l’histoire principautaire ainsi qu’une belle collection de portraits des derniers princes-abbés. Plus récemment, le monastère est devenu le « Malmundarium », cœur touristique et culturel de Malmedy. Espace de mémoire, d’art et d’histoire, il présente de nombreuses facettes de l’histoire malmedienne parmi lesquelles une imposante ligne du temps, l’« Historium », retraçant quatorze siècles d’histoire depuis 648 jusqu’à nos jours.

Le monument funéraire de Joseph de Nollet. © IPW

Le monument funéraire de Joseph de Nollet

Témoin privilégié de l’histoire de Malmedy, le monastère est indissociable de son ancienne église abbatiale, aujourd’hui cathédrale. Bien que résidant la plupart du temps à Stavelot, le souverain était abbé de Malmedy et siégeait donc dans l’église dédiée aux saints Pierre, Paul et Quirin. Le bâtiment actuel, construit de 1776 à 1782, est le successeur de plusieurs églises abbatiales. Consacré en 1784, il a été élevé sur les plans de l’architecte Charles-Antoine Galhausen. L’ancienne abbatiale, détruite par le feu en 1689 comme le monastère suite au passage des troupes de Louis XIV, attendait un nouveau souffle depuis près d’un siècle. L’imposante façade présentant deux tours carrées sous coiffe à lanternon octogonal annonce à elle seule les proportions de l’édifice. La façade principale, tout comme les façades latérales, sont assez épurées ainsi que l’intérieur décoré tout en pureté et sobriété par le stucateur-ornemaniste François-Joseph Duckers qui réalisa notamment les bas-reliefs de la coupole.

Le monument funéraire de Dieudonné Drion © IPW

Le monument funéraire de Dieudonné Drion

Siège spirituel du prince-abbé à Malmedy, la cathédrale conserve encore des traces manifestes de son appartenance à la principauté abbatiale : deux tombeaux en marbre noir et blanc sont murés dans le chœur. Le premier, à droite, porte les armoiries de la principauté ainsi que celles du prince-abbé Joseph de Nollet (1672-1753). Le second, à gauche, porte également les armoiries principautaires ainsi que celles du prince-abbé Dieudonné Drion (1669-1741). Les vitraux de la nef, bien que récents, témoignent eux aussi du passé prestigieux de la ville. Installés après les bombardements de 1944, ils présentent plusieurs devises et armoiries de princes-abbés de Stavelot-Malmedy, parmi lesquelles celles de Joseph de Nollet et de Jacques de Hubin. Le vitrail de la croisée du transept représente quant à lui les armoiries de l’ancienne principauté.

Le vitrail moderne portant les armoiries de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy © IPW

Le vitrail moderne portant les armoiries de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy

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Le monument funéraire de Joseph de Nollet © IPW
Le monument funéraire de Dieudonné Drion © IPW
Le vitrail moderne portant les armoiries de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy © IPW
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Le site de l'abbaye de Stavelot

La façade sud-est de l’abbaye et le fronton aux armes de Joseph de Nollet © IPW

La façade sud-est de l’abbaye et le fronton aux armes de Joseph de Nollet

Véritable centre du pouvoir principautaire, l’abbaye de Stavelot a subi les affres du temps pour parvenir jusqu’à nous avant sa restauration complète par la Région wallonne achevée en 2002. Ce site exceptionnel est aujourd’hui un témoin privilégié de ce que fut la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Ancienne abbaye bénédictine fondée au milieu du VIIe siècle par saint Remacle, elle devint au fil des siècles un complexe de grande importance dont subsistent actuellement les vestiges archéologiques de l’abbatiale, la porte de l’abbaye, les bâtiments de service à sa gauche, la façade sur cour du Conseil de la principauté à sa droite et les bâtiments abbatiaux disposés autour du cloître. Classée comme monument et comme site le 24 décembre 1958, l’abbaye et son environnement figurent aussi sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie.

L’ancienne porte de l’abbaye et l’arvô © ETC

L’ancienne porte de l’abbaye et l’arvô

La porte de l’abbaye, construite par le prince-abbé Guillaume de Manderscheidt, est datée de 1522 par une inscription gothique présente sur l’édifice. Élevé en briques et calcaire sur deux niveaux, le bâtiment conserve le souvenir de deux souverains stavelotains : les armes de Guillaume de Manderscheidt, prince-abbé de 1499 à 1546, se trouvent à gauche de la large entrée en plein cintre ; un panneau armorié placé plus haut présente les armes martelées de François-Égon de Fürstenberg, prince-abbé de 1668 à 1692, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique. Ce second panneau présente une longue inscription latine qui témoigne des travaux de réfection de l’édifice commandités en 1677 par ce dernier. À gauche de la porte subsistent plusieurs bâtiments de service : écuries, brasserie et boulangerie datés de 1714. À droite de la porte se trouve l’hôtel du Conseil de la principauté, millésimé 1717. Élevé en briques et calcaire et comptant cinq travées sur deux niveaux, le bâtiment a toutefois subi des modifications dans la seconde moitié du XXe siècle ; seule la façade principale est aujourd’hui conservée en l’état. Ce bâtiment abritait les séances du Conseil d’État, organisées sous la présidence du prince-abbé ou de son représentant et auxquelles participaient les deux prieurs de Stavelot et Malmedy ainsi que plusieurs conseillers. C’est à cet endroit que se trouvait également le quartier du Prince, édifié en 1718 mais lui aussi modifié par la suite.

Les armoiries du prince-abbé François-Égon de Fürstenberg sur l’ancienne porte de l’abbaye © IPW

Les armoiries du prince-abbé François-Égon de Fürstenberg sur l’ancienne porte de l’abbaye

Les bâtiments conventuels constituent de nos jours la partie la plus imposante des vestiges de l’abbaye. Devenus propriété de la Région par bail emphytéotique et restaurés entre 1999 et 2002, ils abritent aujourd’hui le musée de la principauté de Stavelot-Malmedy ainsi que le musée du circuit de Spa-Francorchamps et le musée Apollinaire. Les trois ailes actuelles, construites autour du cloître, avaient été édifiées aux côtés de l’ancienne abbatiale entre 1740 et 1780 en briques et calcaire dans le plus pur esprit classique de l’époque. La quatrième aile du cloître a disparu en même temps que l’église. Ces bâtiments conservent encore quelques traces matérielles liées à la présence des souverains stavelotains : la cheminée de la salle du chapitre est frappée des armes de la principauté ; les armoiries du prince-abbé Joseph de Nollet (1741-1753) ainsi que sa devise Nemini infensae sont inscrites sous un fronton courbe à l’ornementation très soignée situé à l’angle sud-est des bâtiments ; enfin, l’aile ouest comporte un fronton triangulaire orné des armes et de la devise de Jacques de Hubin, commanditaire de la reconstruction de deux ailes en 1774.

Les armoiries du prince-abbé Guillaume de Manderscheidt sur la porte de l’ancienne abbatiale © IPW

Les armoiries du prince-abbé Guillaume de Manderscheidt sur la porte de l’ancienne abbatiale

Le seul témoin conservé de l’imposante église abbatiale se trouve en face de ces bâtiments. Une tour carrée, élevée en moellons de grès et de calcaire, présente des bases romanes appartenant à l’avant-corps ouest de l’église consacrée en 1040 par le prince-abbé Poppon. Reconstruite en 1536 par Guillaume de Manderscheidt comme l’indiquent un millésime et les armoiries du prince-abbé, la tour domine aujourd’hui les vestiges archéologiques de l’église détruite à la Révolution.

Pierre aux armes de François-Égon de Fürstenberg commémorant la restauration de l’ancien château de Stavelot (1672), conservée au musée de la principauté © ETC

Pierre aux armes de François-Égon de Fürstenberg commémorant la restauration de l’ancien château de Stavelot (1672), conservée au musée de la principauté

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L’ancienne porte de l’abbaye et l’arvô © ETC
Les armoiries du prince-abbé François-Égon de Fürstenberg sur l’ancienne porte de l’abbaye © IPW
La façade sud-est de l’abbaye et le fronton aux armes de Joseph de Nollet © IPW
Les armoiries du prince-abbé Guillaume de Manderscheidt sur la porte de l’ancienne abbatiale © IPW
Pierre aux armes de François-Égon de Fürstenberg commémorant la restauration de l’ancien château de Stavelot (1672), conservée au musée de la principauté © ETC
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