SPW - G. Focant 

Bureau d'Octroi du boulevard des Gérardchamps, à Verviers

En juillet 1803, la municipalité de Verviers décide d’appliquer la loi du 19 mai 1802 qui lui permet d’établir un bureau public de pesage, mesurage et jaugeage, autrement dit un bureau d’octroi. L’autorisation officielle parvient à la mairie le 21 avril 1804, et le système est inauguré le 21 mai suivant. La ville conclut également un partenariat avec la municipalité toute proche de Hodimont afin de mettre la perception des taxes en commun. 

Sous le régime français, six bureaux d’octroi sont édifiés sur le territoire des deux communes. Le bureau central se trouve dans le couvent des Sépulcrines, qui sera ensuite transformé en collège impérial en 1807, lequel donnera son nom à la rue du Collège et dont ne subsiste aujourd’hui que la chapelle Saint-Lambert.

Actuellement, il ne reste que deux témoins, dont un situé dans rue de la Grappe, érigé sous le régime hollandais. 

Le second, établi à la limite de Verviers-Centre, est un petit édifice néoclassique édifié au début du XIXe siècle. Élevé en brique peinte et calcaire, il est caractérisé par son péristyle formé de trois arcades cintrées retombant sur des colonnes et des pilastres d’ordre toscan. L’édifice, déplacé de quelques dizaines de mètres en 1969, est un bel exemple de style Empire dans nos régions.

L’octroi

Aboli le 19 février 1791 par l’Assemblée nationale, l’octroi est une taxe créée sous l’Ancien Régime dont devait s’acquitter tout qui souhaitait entrer dans les murs d’une ville. Les finances de l’État sont toutefois toujours aussi désastreuses après la Révolution, et de nombreuses villes accumulent rapidement un déficit important. L’octroi est donc progressivement rétabli sous le Directoire pour subvenir aux besoins des communes, des hôpitaux et des hospices. Il est rétabli par le gouvernement par les lois des 18 octobre et 1er décembre 1798. 

Cette taxe locale frappe les boissons, le bétail, le bois, le fourrage et les produits alimentaires. Malgré le fait que l’octroi constitue la source principale de revenus de la municipalité, il est extrêmement impopulaire. La mesure se poursuit pendant quelques décennies et est supprimée en Belgique en 1860. En France, l’octroi ne disparaît officiellement qu’en 1948.

Boulevard des Gérardchamps
4800 Verviers

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Ancienne école française de Naast

Précédée d’un jardinet dont l’entrée est marquée par deux colonnes ioniques à base décorée de festons, l’ancienne école française de Naast présente une façade d’un niveau et demi de quatre travées. Celle-ci est percée de baies à encadrement mouluré et reliées par des chaînes à hauteur des linteaux et des appuis de fenêtres. 

La travée d’entrée de l’édifice est surmontée d’un entablement à frise orné de motifs feuillagés et d’un cartouche sur lequel est gravée l’inscription LA(N) XII RE(PUBLIQUE) / ECOLE FRANCAISE – PENSIONNAT / MDCCCIII.

7062 Naast

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Frédéric MARCHESANI, 2014

G. Focant-SPW

Ancienne cour de justice de Richelle

Richelle était sous l’Ancien Régime une seigneurie ecclésiastique sur laquelle le drossard exerçait les droits de haut-avoué au nom du duc de Brabant. Cette terre appartenait au chapitre de Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle. 

La seigneurie hautaine du village appartenait toutefois au comte de Dalhem puis à ses successeurs de Limbourg, Brabant, Bourgogne, Espagne et Autriche. 

En 1661, le village fut compris dans les possessions des pays d’Outremeuse attribués aux Provinces-Unies et ne revint aux Pays-Bas autrichiens qu’en 1785.

Non loin de l’église se trouve le siège de l’ancienne Cour de justice de Richelle. Il s’agit d’une ferme des XVIIe et XVIIIe siècles, remaniée par la suite, s’ouvrant par un portail en calcaire de 1745 et portant les armes de Jean-Mathias d’Odémont, maïeur de Richelle et de Mortier et receveur des États du comté de Dalhem. 

La représentation de la colombe du Saint-Esprit dans l’ancienne cour de justice de Richelle. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Ce personnage important de la région est à l’origine de la construction du grand portail avec chaînage en pierre de taille qui rappelle son parcours : greffier de la Cour de justice en 1731 et receveur des États en 1741. Le corps des bâtiments est percé de fenêtres à meneaux en pierre de taille. 

À l’intérieur, le siège de la Cour de justice, en fonction jusqu’à la Révolution, est caractérisé par un plafond à caissons orné de stucs présentant en son centre la Colombe symbolique irradiant 8 rayons, symbole du Saint-Esprit et de « l’âme du juste ». C’est là que le maïeur et ses échevins rendaient la justice courante.

 

rue de la Cour de Justice
4600 Richelle

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Ancien hôtel de Gomegnies

Fortement remanié au XIXe siècle, l’ancien hôtel de Gomegnies a été érigé pour la première fois au XVIIIe siècle. Sa façade arrière de type tournaisien en est encore aujourd’hui le témoin. L’imposante façade à rue a pour sa part été transformée et présente une composition symétrique à trois niveaux de neuf travées construites en brique et pierre. L’édifice abrite actuellement un établissement provincial d’enseignement.

Le 12 juillet 1794, l’hôtel est affecté au directoire du district de Mons, institution provisoire vouée à devenir l’institution préfectorale une fois l’annexion avalisée par le législateur français en 1795. Les occupants de l’hôtel de Gomegnies étaient étroitement liés à celui qui siégeait dans l’hôtel de Sécus, dont ils dépendaient directement. Leur travail consistait à parcourir le futur département afin de procéder à l’installation des nouvelles municipalités. Le schéma était toujours le même : destitution du mayeur et des échevins, prestation de serment des nouveaux administrateurs (maintenir la liberté et l’égalité, mourir à leur poste, s’il le fallait, en les défendant), déclaration de l’installation du nouveau pouvoir. La grande majorité de ces opérations prit fin en novembre 1794.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Bornes de l’ancien duché

La baraque Michel et le territoire de Waimes sont riches en bornes-frontières 19. Parmi celles-ci, une borne de 1755 marque la limite entre les duchés de Limbourg et de Luxembourg. Elle se trouve quelque peu en aval de la source de la Helle entre les Wéz et les Waidages et est accompagnée de deux autres bornes datées de 1815 et 1830, au lieu-dit « trois bornes » marquant encore aujourd’hui la frontière entre Belgique, Pays-Bas et Allemagne. 

Plus loin se trouvent les bornes de l’Eupendergraben, situées le long du fossé entre le Spoorbach et la Getz. Ce fossé fut creusé en 1744 pour marquer la frontière entre le duché de Limbourg et le duché de Juliers, ancien duché du Saint-Empire romain germanique, membre du cercle de Westphalie.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Sgraffite César de PAEPE

Sgraffite César de Paepe, réalisé par Paul Cauchie, circa décembre 1902.


À hauteur de la place du Peuple, à Pâturages, à l’entrée de la rue de la Libération, deux sgraffites sont intégrés dans la décoration de la façade de la Maison du Peuple ; ils représentent César de Paepe et Alfred Defuisseaux. La présence de bas-reliefs ou de sculptures n’est pas rare sur la façade des Maisons du Peuple de Wallonie, mais le plus souvent elles évitent de représenter des personnalités historiques, privilégiant les ouvriers, des Marianne au bonnet phrygien ou des allégories. 

Avec les trois personnalités du mouvement socialiste de la Maison du Peuple d’Ollignies, les César de Paepe et Alfred Defuisseaux  explicitement illustrés à Pâturages constituent donc une rareté. Nettement plus discrets que l’imposant Triomphe du Travail qui décore l'arcade aveugle de la travée centrale, les deux sgraffites sont insérés latéralement, chacun dans un médaillon, et représentent le visage l’un de César de Paepe, l’autre d’Alfred Defuisseaux, avec leur nom qui surmonte leur portrait. Ces dessins gravés dans du mortier coloré, typiques des façades Art Nouveau, ont progressivement perdu de leur éclat, depuis leur inauguration au tout début du XXe siècle.


Les trois sgraffites sont l’œuvre de Paul Cauchie (Ath 1875 – Etterbeek 1952) qui n’en est alors qu’à ses tout débuts. Après avoir entamé des études d’architecture à l’Académie d’Anvers, il s’est réorienté vers la peinture. Dans la dernière décennie du XIXe siècle, il fréquente l’Académie de Bruxelles (1893-1898). Élève de Montald, Cauchie s’initie à une technique redécouverte en tant que manière de décorer tant en extérieur qu’en intérieur, le sgraffito. Influencé par l’École de Glasgow, en particulier par Mackintosh, Cauchie est un décorateur indépendant (à partir de 1896) qui s’impose comme un représentant de l’Art Nouveau. Sa propre maison (il s’est installé rue des Francs à Etterbeek vers 1904) est une sorte de manifeste de son engagement artistique. 

Sa réputation ne cessera de croître jusqu’à la Grande Guerre, mais il n’est encore qu’un tout jeune artiste lorsqu’il réalise la décoration de la Maison du Peuple de Pâturages. À la tête d’une « Entreprise générale de Décoration en Sgraffito pour Façades et Intérieurs », il signera des centaines de ces décorations caractéristiques dans les communes de l’arrondissement de Bruxelles, à La Haye (pendant la Grande Guerre), mais aussi dans de nombreuses villes de Wallonie.


La raison pour laquelle Cauchie représente César de Paepe (Ostende 1842 – Cannes 1890) sur la façade de la Maison du Peuple de Pâturages est liée au rôle majeur joué par ce dernier dans le mouvement socialiste durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Typographe, correcteur d’imprimerie par nécessité, de Paepe a mené en parallèle des études universitaires qui lui permettent de décrocher un diplôme de médecine. Exerçant sa nouvelle profession auprès de patients de conditions sociales difficiles, il poursuit une action politique qu’il a entamée dès son adolescence, et ce en dépit d’une santé personnelle chancelante. 

Actif à Gand dans une série de cercles et associations, il est particulièrement séduit par les idées des socialistes français, en particulier celles de P-J. Proudhon. Délégué belge à l'Association internationale des Travailleurs (Londres, 1864), César De Paepe se fait rapidement un nom au niveau européen par la qualité de ses interventions et de ses rapports. S’éloignant du proudhonisme, il contribue à l’émergence d’un socialisme belge qui prend la forme du POB, en 1885, nouveau parti auquel il donne le nom. Défenseur de la libre pensée, auteur prolixe, César De Paepe est « sans conteste la figure la plus marquante du mouvement socialiste belge à ses débuts » (Delsinne), même si dans le Hainaut, et le Borinage en particulier, on insiste surtout sur l’action d’Alfred Defuisseaux, souvent opposé à de Paepe quant à la forme de la stratégie à adopter. Les deux hommes sont justement représentés par Cauchie… L’équilibre et la symétrie qui prévalent sur la façade de la Maison du Peuple de Pâturages sont donc davantage artistiques que le reflet de leurs positions politiques.

 


François FONCK, Les Maisons du Peuple en Wallonie, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2010, p. 50, 78, 143
Guy DESSIEY (dir.), Paul Cauchie. Architecte. Peintre. Décorateur, Bruxelles, éd. Cauchie, 1994
http://www.cauchie.be/maison-cauchie/restauration/historique (s.v. juin 2014)
Léon DELSINNE, César de Paepe, dans Biographie nationale, t. 30, col. 647-653
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 199

Sgraffite César de Paepe

Place du Peuple 1

7340 Pâturages

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Paul Delforge

Jo Van Hove

Chapelle musicale Reine Élisabeth

Parmi les nombreux monuments du domaine royal d’Argenteuil se trouve une demeure plus récente, bijou de l’architecture Art déco, bien que déjà empreinte d’une touche de modernisme. Construite d’après les plans de l’architecte Yvan Renchon, la chapelle a été, inaugurée le 11 juillet 1939. 

Le bâtiment a été spécialement étudié pour l’activité qui lui était destinée : accueillir et loger de jeunes prodiges de la musique tout en leur donnant la possibilité de se perfectionner et de se produire en concert. La chapelle musicale Reine Élisabeth est en effet une institution d’enseignement supérieur artistique fondé par la reine, passionnée de musique classique. 

Jusqu’en 2004, elle accueille en résidence une douzaine de jeunes musiciens accompagnés par un professeur pour des cycles de trois ans, avant de fermer ses portes et de procéder à une campagne de restructuration intense. Le projet a depuis été entièrement rénové et se consacre pleinement à la formation de haut niveau dans six disciplines (chant, violon, piano, violoncelle, alto et musique de chambre) et à l’insertion professionnelle à travers un réseau de partenaires culturels en Belgique et dans le monde entier. 

Depuis 2004, la chapelle accueille une cinquantaine de jeunes talents chaque année et prépare leur participation à différents concours musicaux internationaux, parmi lesquels le célèbre concours Reine Élisabeth, dont les finalistes sont accueillis chaque année à la chapelle pour y préparer leur participation. Pour mener à bien ce travail, un nouveau bâtiment devant permettre de doubler la capacité d’accueil a été inauguré en janvier 2015.

Chaussée de Tervueren 445
1410 Waterloo

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Classée comme monument et comme site le 27 mai 1994

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Ancien institut médico-pédagogique provincial

Situé non loin du domaine royal d’Argenteuil, de l’autre côté de la chaussée de Bruxelles, un ensemble de bâtiments est aujourd’hui l’héritier d’une histoire centenaire. Dans un parc de quatorze hectares se trouve une ancienne ferme-école dessinée en 1912 dans le style « cottage » par les architectes Fernand Bodson et Théo Clément. Entamé en 1914, le chantier est retardé par la Première Guerre mondiale et n’est achevé qu’en 1923. 

Cette école, inaugurée en 1926, avait pour but d’aider les enfants de toutes conditions à répondre à la nouvelle obligation d’aller à l’école jusqu’à la fin du cycle primaire. La nouvelle méthode d’éducation du docteur Ovide Decroly devait permettre aux enfants de s’orienter vers les métiers de la terre à une époque où les exploitations agricoles étaient encore omniprésentes dans la région. Au fil des décennies et de la disparition des fermes, l’école a perdu de son intérêt et a été reconvertie en institut médico-pédagogique, appelé également « école provinciale des métiers ». 

Vendu ensuite au centre public d’action sociale de Bruxelles et loué à la province du Brabant wallon, le domaine n’abrite aujourd’hui plus d’activités médicales et a été reconverti en village intergénérationnel.

Drèves des Dix Mètres
1410 Waterloo

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Classement comme ensemble architectural le 26 mai 1993

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant

Domaine royal d'Argenteuil

Le domaine d’Argenteuil tire son nom de la petite rivière qui le bordait autrefois, l’Argentine. Deux châteaux et trois lieux d’enseignement y sont implantés. Le domaine, situé en plein cœur de la forêt de Soignes, appartenait à l’origine au comte Ferdinand de Meeûs d’Argenteuil avant d’être partagé en deux : le château d’Argenteuil qui abrite aujourd’hui l’école scandinave Reine Astrid et le domaine royal d’Argenteuil. Ce dernier est célèbre pour avoir accueilli le roi Léopold III et sa seconde épouse Lilian Baels après le mariage du roi Baudouin en décembre 1960. L’ancien souverain et les princes s’installent, dans le château Tuck, construit par l’ambassadeur américain en Belgique dans les années 1920. 

Ce domaine royal de 143 hectares totalement clôturé et interdit au public était gardé par des gendarmes lorsque la famille royale s’y trouvait ; il accueillait de nombreuses personnalités et fut occupé par la princesse Lilian jusqu’à son décès en 2002. Il a été acquis deux ans plus tard par un industriel dans le but d’y installer un centre de recherches éthologiques. 

Le domaine abrite d’autres bâtiments : la célèbre chapelle musicale Reine Élisabeth, la Bogaerts international school et le centre scolaire de Berlaymont, le tout au cœur d’un vaste parc boisé et parsemé de plusieurs plans d’eau, à deux pas de la forêt de Soignes.

Square d’Argenteuil
1410 Waterloo

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Classé comme site le 1er septembre 1997

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Hôtel de ville de Thuin

Deux immeubles sont aujourd’hui protégés par une mesure de classement parmi les nombreux édifices d’intérêt situés dans la Grand-Rue de Thuin. Ils constituaient autrefois la résidence de la famille Gendebien. La maison située au numéro 36 est en fait une annexe du numéro 34, dont elle prolonge le rez-de-chaussée. Elle a été édifiée au 16e siècle comme en témoigne un décor de briques noires conservé au premier étage. La maison s’élève sur trois niveaux bâtis en briques et pierre et a été malheureusement profondément remaniée au 19e siècle. La maison située au numéro 38 date quant à elle du dernier tiers du 18e siècle et comporte deux niveaux. Toutes deux ont été restaurées en 2008 et agrémentées d’ajouts modernes toutefois discrets, dans le but d’y réinstaller l’hôtel de ville de Thuin. L’ancien parc du refuge de l’abbaye d’Aulne, située à l’arrière des immeubles, a été classé comme site et rebaptisé « parc de l’hôtel de ville ».

Grand-Rue 36-38
6530 Thuin

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Classé comme monument et comme site le 30 janvier 1990

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