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Monument Hortense MONTEFIORE-BISCHOFFSHEIM

Dans l’espace public wallon, les personnalités féminines comptent pour moins de 6% de l’ensemble des monuments dédiés à un personnage historique. Dès lors, le monument Montefiore-Levi créé par Oscar Berchmans et qui a été inauguré à Esneux le 19 juillet 1908 peut être considéré comme un rare modèle. Ce n’est ni un exploit, ni une découverte ni un acte de résistance qui est mis ici en évidence, mais l’action bienfaitrice et constante d’une grande bourgeoise vivant dans la périphérie liégeoise. 

Fille du banquier J-R. Bischoffsheim (1808-1883), né en Allemagne, naturalisé Belge et actif dans les milieux financiers bruxellois où il oriente la politique monétaire et financière du jeune État belge, Hortense (1843-1901) épouse en 1866 l’ingénieur Georges Montefiore-Levi (1832-1906), industriel né en Angleterre, naturalisé belge quand il s’installe durablement à Liège, arrondissement dont il sera l’un des représentants directs au Sénat, de 1882 à 1901, au nom du parti libéral. 

Le couple acquiert en 1882 le château du Rond-Chêne à Esneux. Souffrant d’un lourd handicap aux jambes depuis sa plus tendre enfance, Hortense Montefiore-Bischoffsheim poursuit une tradition familiale faite de mécénat et de philanthropie. Protectrice de plusieurs œuvres en faveur de la communauté juive de Liège, elle est à l’origine de la construction d’un asile à Esneux destiné à la revalidation et à la convalescence (en milieu rural) de jeunes enfants de Liège, sur base d’un avis médical ; l’œuvre est neutre philosophiquement, et pratique la mixité des jeunes garçons et des jeunes filles. Par ailleurs, à la fin du XIXe siècle, le couple Montefiore fait don à la ville de Liège d’une série de fontaines artistement réalisées et destinées à fournir de l’eau potable aux passants dans les rues de Liège. À sa mort, Hortense Montefiore lègue une partie de sa fortune pour la création d’un hôpital moderne dans la région d’Esneux. 

 

Statue dite Montefiore

Afin d’honorer cette bienfaitrice, la commune d’Esneux prend l’initiative d’élever un monument. Sa réalisation est confiée au sculpteur liégeois Oscar 

Berchmans (1869-1950). Ayant grandi dans un milieu tourné vers la peinture, Oscar opte pour la sculpture lorsqu’il suit les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Liège auprès de Prosper Drion et d’Adrien de Witte (1884) ; il fréquente aussi l’atelier de Léon Mignon et de Paul de Vigne auprès desquels il apprend son métier.  

Au-delà de commandes pour les particuliers, Berchmans sera souvent sollicité par les autorités liégeoises qui lui confient la réalisation de bas-reliefs pour le Palais des Beaux-Arts de l’exposition de 1905, le mémorial Mignon (1906), des bustes et des monuments comme ceux dédiés à Montefiore-Levi (1911) ou à Hubert Goffin à Ans (1912). Le monument qu’il réalise en 1908 pour le compte de la commune d’Esneux peut donc être rangé parmi les premiers de celui qui deviendra bien plus tard professeur à l’Académie de Liège. 
Tenant compte de l’infirmité de son modèle, l’artiste la représente assise, portant dans ses bras trois très jeunes enfants d’allure chétive ; le groupe est en bronze. Le socle du monument qui est en pierre fait office de siège, et l’ensemble présente un caractère assez massif qu’atténuent à peine les rondeurs voulues par Berchmans. Sur la partie inférieure du siège, de face, apparaît en très grand le mot CHARITE gravé dans la pierre. Vient ensuite l’hommage : « A Mme Montefiore-Levi La commune d’Esneux reconnaissante 1908 ». 
 

 

- François STOCKMANS, Georges Montefiore-Levi, dans Biographie nationale, t. 38, col. 596-616 
- http://www.esneux.be/site/loisirs_et_dec/histoire/index.php?ref_annu=1217&ref_annu_page=942 (sv. février 2014) 
- Marie-Sylvie DUPONT-BOUCHAT, dans Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, 2006, p. 59 
- Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 53-55 
- A. PRICK-SCHAUS, N. MALMENDIER et M. DE SELLIERS, « Arts et Nature – temps et espace – Esneux », 2005 

Avenue Montefiore 23 
4130 Esneux

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Paul Delforge

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Médaillon MOLIÈRE

Médaillon Molière (Mons)C’est au début des années 1840 que la ville de Mons accueille un nouveau théâtre : sur les plans de l’architecte montois Charles Sury (1814-1865), un bâtiment néo-classique s’élève à l’angle de la rue Neuve et de la Grand Place. Le porche d’entrée, avec ses colonnes ioniques, est fermé par trois massives grilles en fonte, réalisées par le ferronnier Ph-J. Hoyois et ornées par le sculpteur Émile Hoyaux qui signent les quatre médaillons représentant Molière, Racine, Grétry et de Lassus, ainsi que les attributs des arts scénique et musical sur un fronton triangulaire.   

L’inauguration se déroule le 18 octobre 1843, offrant à la ville de Mons un théâtre moderne en plein centre-ville. Devenu vétuste, voire dangereux, le premier théâtre sera démoli au milieu du XXe siècle et laissera place à un « Grand Théâtre » tout neuf, inauguré en 1948, où l’on a conservé les grilles d’origine, leur hauteur étant quelque peu réduite. Quant aux quatre médaillons d’E-J. Hoyaux qui continuent d’y briller de mille feux, ils datent de 1846.   

Formé au collège de sa ville natale, le Montois Sury avait été nommé conducteur des travaux de la cité du Doudou en 1837, avant d’être désigné comme architecte principal en 1844. Mons lui doit plusieurs édifices comme le théâtre déjà cité (1843), mais aussi l’arsenal (1848), l’abattoir (1853), le manège (1854) et une école. Professeur à l’Académie des Beaux-Arts, Sury a aussi contribué à la restauration du beffroi et de Sainte-Waudru, et a pris part aux projets d’agrandissement de la ville après la démolition des fortifications. Sury était plus âgé que Hoyaux.   

Formé à l’Académie de sa ville natale, où il reçoit les conseils d’Antoine Van Ysendyck, le Montois Émile-Joseph Hoyaux  (14 juin 1823 - date de décès inconnue) avait exposé dès 1842 un bas-relief et un buste de Voltaire qui furent immédiatement remarqués. C’est par conséquent à un sculpteur de vingt ans qu’est confiée la réalisation des médaillons des grilles du théâtre (achevés en 1846), avant d’être sollicité pour d’autres réalisations diverses. Outre de nombreux bustes et portraits, Hoyaux réalise une statue de la Vierge pour la chapelle du saint-Sacrement à Sainte-Waudru et s’occupe de la restauration des gargouilles de la même Saint-Waudru ; il signe aussi le bas-relief du fronton du théâtre de Mons, ainsi qu’un bas-relief sur le mausolée de la famille Duvivier (1855). Issu d’une famille de tailleurs de pierre, Émile-Joseph Hoyaux semble être le père d’Émile-Aimé Hoyaux, ingénieur et entrepreneur, pionnier en de nombreux domaines, dans le dernier quart du XIXe siècle, et notamment qui fut à l’initiative de la Cité ouvrière de Cuesmes (la Cité Hoyaux). Quant à Molière, né Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673), plusieurs pièces de son œuvre sont jouées par le théâtre montois qui témoigne ainsi son attachement au théâtre français.   

Sources

- Ernest MATTHIEU, Sury, dans Biographie nationale, t. 24, col. 277-279  
- Le passé artistique de la ville de Mons, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, vol. 16, 1880, p. 360  
- Christiane PIÉRARD, Les logements sociaux à la fin du XIXe siècle et la Cité Hoyaux à Mons (Cuesmes), dans Revue belge d’histoire contemporaine, 1977, n°3-4, p. 539-567  
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 728  

Grand-Place 
7000 Mons

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Paul Delforge

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Plaque Henri MICHAUX

Après la Première Guerre mondiale, François Bovesse a donné ses lettres de noblesse au décret de l’Assemblée wallonne instaurant une fête de la Wallonie. Avec la création en 1923 du Comité de Wallonie, l’organisation des fêtes à Namur est désormais structurée et pérennisée : désormais, des manifestations rendent hommage aux volontaires wallons qui ont contribué aux Journées de Septembre 1830. 

Mêlant discours politique, folklore wallon et namurois, le rendez-vous annuel de septembre prend plusieurs déclinaisons dont l’inauguration de plaques commémoratives en souvenir de « grands Namurois ». En 1925, à l’initiative des Amis de l’Art wallon, en particulier de la section namuroise, la plaque apposée sur la « maison natale » de Félicien Rops est la première à s’inscrire sur une liste qui ne va cesser de s’allonger. En septembre 1987, trois ans après sa disparition, le poète Henri Michaux, à son tour, est honoré par l’apposition d’une plaque sur une façade de la place de l’Ange 

Plaque Henri Michaux (Namur)


Plusieurs poèmes de Michaux sont lus à cette occasion par Robert Delieu, ainsi que par des artistes de l’Atelier poétique de Wallonie. Né en Wallonie, élevé six ans en Flandre puis à Bruxelles, ce fils de bonne famille insoumis s’est exilé en France, où il s’est employé à renier ses racines. Après une adolescence chaotique, Michaux découvre l’œuvre de Lautréamont (1922), puis de Rimbaud, voire de Charlie Chaplin, ainsi que la peinture de Klee, Ernst et Chirico (1925) ; c’est l’étincelle qui provoque en lui le besoin de l’expression.  

Il se lance dans l’exploration du monde, il dessine, écrit et peint ce qu’il voit, ressent et vit : hauts sommets de l’Équateur, descente de l’Amazone en pirogue, voyages sur les pentes de volcans, en Inde, en Chine, au Japon... Ses chemins sont tortueux ; il ne trouvera pas la sérénité, même si, à Paris, Jean Paulhan devient son éditeur à la NRF et Jacques-Olivier Fourcade un ami éditeur et conseiller littéraire. 

Ses premiers dessins sont des pages d’écriture prenant la forme de pictogrammes. Ses livres sont tumultueux. Ses carnets de voyage sont tantôt réels tantôt imaginaires. Ses gouaches et aquarelles représentent des forêts vierges luxuriantes sur fond noir. Sa peinture capte les images intérieures de L’Espace du dedans (1944). En 1938, il a créé un personnage, Plume, spécimen extraordinaire de l’individu moderne. Ses dessins doivent beaucoup à la mescaline, une des substances hallucinogènes dont Michaux fait une expérience systématique de 1956 à 1960. Ses graphiques créent un nouvel univers de signes. Son long périple au pays du soi-même s’accompagne d’expériences poétiques étranges dont la drogue n’est pas absente à partir de 1954. Toujours à contre-courant, Henri Michaux – qui a obtenu la citoyenneté française en 1955 – a publié une trentaine d’ouvrages, reportages, histoires fantastiques et réalistes, contes fantaisistes et humoristiques. 

Finalement, même si l’intention est d’honorer un des plus remarquables créateurs wallons du XXe siècle, apposer une plaque commémorative sur la maison natale de Henri Michaux peut apparaître comme un geste iconoclaste, tant Henri Michaux a combattu pour se couper de ses origines. Fondamentalement, Henri Michaux ne voulait pas naître, et toute sa vie, il a traîné ce fardeau originel. Peut-être est-ce pour cela que la plaque apparaît comme une sorte de mensonge : Michaux n’est pas né là, mais non loin de là, dans un immeuble figurant dans le pâté de maisons qui ont été détruites pour aménager la place de l’Ange. La maison natale de Michaux n’est plus là, mais son esprit hante encore le cœur de Namur. 

 

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, septembre 1987 
- Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos) : 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, notamment p. 119 
- Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 303 
- Le Guetteur wallon, octobre 1928, n°8-9, p. 18 
- Raymond BELLOUR, Ysé TRAN, Henri Michaux Œuvres Complètes, Gallimard, coll. « La Pléiade », Paris, 1988

Place de l’Ange 50
5000 Namur

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Paul Delforge

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Buste MEYERBEER Giacomo

Célèbre compositeur d’opéras du XIXe siècle, le Prussien Giacomo Meyerbeer (1791-1864) avait l’habitude de séjourner à Spa, cité thermale dont la réputation avait depuis longtemps traversé les frontières. Auteur à succès, il avait pris ses habitudes à Spa ; il en appréciait particulièrement les eaux et les Spadois étaient particulièrement honorés de compter parmi leurs hôtes réguliers une personnalité aussi renommée que fortunée. 

Durant l’été 1860, les autorités locales décident de lui dédier une promenade dans les bois de Creppe : elle existe toujours entre Géronstère et Barisart ; d’autres traces témoignent de la présence de Meyerbeer à Spa : plaque sur la façade de l’hôtel du Mouton blanc, nom donné à des maisons – Le Prophète, L’Etoile du Nord – inspiré de ses opéras, mais aussi à une villa qui est un lieu de vacances ; enfin, dans le parc communal, un imposant monument a été érigé en 1912, avec le buste de Meyerbeer.

Né Jacob Liebmann Meyer Beer, ce Berlinois s’avère un pianiste talentueux, mais très vite il est attiré par la composition. Ayant opté pour le nom d’artiste Meyer-Beer en 1812, il ne parvient pas à percer dans l’ancien empire germanique désormais soumis à Napoléon ; après avoir découvert Paris et avoir parcouru l’Italie, il parvient à séduire le public italien par ses opéras de style « rossinien ».

Italianisant son prénom – Giacomo – en guise de remerciement, Meyerbeer est joué dans les principales capitales d’Europe dès le milieu des années 1820. C’est à Paris qu’il va triompher, grâce principalement à trois opéras : Robert le Diable (1831), Les Huguenots (1836) et Le Prophète (1849). Avec L’Africaine (œuvre posthume, 1865), il a défini le cadre du « Grand Opéra » par la synthèse qu’il réussit à réaliser entre la technique orchestrale germanique, le bel canto italien et la déclamation française. Offrant à son époque, une musique que chacun pouvait et voulait entendre, Meyerbeer s’impose comme le plus joué des compositeurs du XIXe siècle, avant que son œuvre ne soit rangée au purgatoire. 

Bénéficiant des mesures nouvelles du jeune roi Frédéric-Guillaume IV à l’égard des juifs, Meyerbeer était devenu le directeur général de la musique de l’Opéra royal de Prusse (1842-1846) et maître de la chapelle musicale du roi ; c’est là l’une des nombreuses reconnaissances attribuées à un Meyerbeer particulièrement attentif à la défense de son œuvre. 

Néanmoins, les critiques ne sont pas unanimes. Adoré de son vivant, Meyerbeer sera vilipendé après sa mort à Paris en 1864 ; et les attaques ne portent pas sur le seul plan de sa musique : certains aspects de sa personnalité, mais surtout ses origines juives alimentèrent des commentaires peu amènes. Ainsi, par exemple, comme le constatent certains de ses biographes, Meyerbeer est honoré d’une statue à Spa, alors que Berlin ne lui a réservé aucune attention particulière dans l’espace public. 

Le bourgmestre Joseph de Crawhez est à l’initiative de ce monument dont la réalisation a été confiée au sculpteur Charles Gir ; le baron de Crawhez l’a d’ailleurs offert à la ville de Spa et l’inauguration, en août 1912, est marquée par d’importantes manifestations placées sous le haut patronage de la reine Elisabeth : illuminations, retraite aux flambeaux, concerts et soirée musicale de gala, sous la direction de Sylvain Dupuis et en présence notamment de Jean Noté, sont interprétés des extraits de quatre opéras de Meyerbeer. À l’origine, le monument est placé dans les jardins du Casino ; il prendra ensuite place dans le parc des Sept Heures à quelques mètres du parcours du mini-golf. 

Très en vogue jusqu’au début des années 1930, le Français Charles-Félix Girard (Tours 1883-Bordeaux 1941), mieux connu sous le pseudonyme de Charles Gir, voir Ch. Gir, est à la fois dessinateur, affichiste, caricaturiste, peintre et sculpteur. Si sa signature apparaît régulièrement dans L’Assiette au beurre et d’autres titres de presse, il est aussi apprécié pour ses croquis et pastels de danseurs de l’Opéra de Paris, pour ses affiches destinées au théâtre, et pour ses illustrations d’ouvrages littéraires. Après avoir croqué de nombreuses scènes de la Grande Guerre et de ses poilus dont il était, il signera le portrait de plusieurs personnalités de l’Entre-deux-Guerres. Une ultime sculpture – un monumental Don Quichotte – évoque une facette moins connue de l’activité d’un artiste qui cultivait depuis son plus jeune âge un goût prononcé pour l’opéra. Sans doute est-ce là qu’il faut chercher le lien qui unit Gir, Meyerbeer et Spa. 

Buste Giacomo Meyerbeer (Spa – parc des Sept Heures)Le buste en bronze de Meyerbeer culmine au sommet d’un imposant socle de forme rectangulaire ; sur la face avant, sous l’inscription : MEYERBEER 
1791 - 1864; un bas-relief illustre une anecdote locale selon laquelle Meyerbeer avait l’habitude de se rendre dans les bois de Spa installé sur le dos d’un âne. À l’avant du monument, une jeune femme tend la tête vers le haut pour apercevoir le compositeur prussien, tout en lui tendant un présent. Sur le côté droit, un autre bas-relief illustre une scène de l’opéra Les Huguenots. En dessous, gravée dans la pierre, une mention rappelle que le monument a été : OFFERT A LA VILLE DE SPA PAR  SON BOURGMESTRE BARON JPH DE CRAWHEZ

Sources

- Malou HAINE, 400 lettres de musiciens : au Musée royal de Mariemont, Liège, Mardaga, 1995, coll. Musique, p. 512-535 
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Meyerbeer 
- http://www.jesuismort.com/biographie_celebrite_chercher/biographie-giacomo_meyerbeer-18501.php  
- http://www.sparealites.be/les-noms-des-ponts-de-la-promenade-meyerbeer (s.v. juin 2015) 
- http://www.dailymotion.com/video/xj1ozz_exposition-consacree-a-charles-gir-grisy-les-platres_creation  

Parc des Sept Heures 
4900 Spa

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Désiré MERCIER

Légèrement en retrait de la chaussée de Mont Saint-Jean, devant le collège cardinal Mercier, se dresse l’imposant monument dédié au prêtre mais aussi et surtout à l’enseignant. La sculpture représente en effet le professeur-cardinal en dialogue avec un jeune étudiant en culotte courte, portant sa mallette sous son bras gauche et son calot dans la main droite. 

Réalisée en 1931, la sculpture ne sera hissée sur son socle et inaugurée que le 30 juin 1935, en présence du roi Léopold III et de la reine Astrid, comme le montre notamment une série de chromos imprimés par les chocolats « Côte d’Or », démarche qui symbolise à elle seule l’importance de l’événement auquel prirent part également le Cardinal Van Roey, le nonce apostolique Micara, plusieurs évêques, ministres et ambassadeurs. 

D’ailleurs, événement rare pour l’érection d’un monument, une cérémonie officielle a eu lieu le 17 juillet 1933 pour la bénédiction et la pose de la première pierre dudit monument ! Des discours y furent déjà prononcés, notamment par le cardinal Van Roey, le ministre de la Prévoyance sociale, Henri Carton de Wiart, et par Charles de Preter, président du comité exécutif responsable du projet. 

Le Collège Cardinal Mercier est alors en pleine phase de construction ; il a été souhaité par le cardinal qui a béni la première pierre en juin 1924 ; quelques mois avant sa disparition, il a fait une visite surprise sur le chantier, témoignant ainsi de son intérêt tout particulier pour le projet. Il ne verra cependant pas l’inauguration de cet important établissement d’enseignement primaire et secondaire dont il avait ardemment défendu la création dans sa ville natale. 
 

Statue Cardinal Mercier (Braine l’Alleud)

Les plans initiaux du Collège sont l’œuvre de l’architecte Henri Vaes qui s’occupe également de définir l’implantation du monument en l’honneur du 

Cardinal Mercier. Érigé en 1935 par l’entreprise Legrève frères, il est quelque peu décentré par rapport à la façade principale. Situé sur le côté gauche lorsqu’on fait face à l’entrée du Collège, il apparaît d’autant plus imposant que l’ensemble est surélevé par rapport à la chaussée et que la sculpture en bronze est elle-même posée sur un socle composé de 9 rangées de hauts blocs de pierre rouge.  

Au pied du socle, dans un angle créé pour faire apparaître une longue croix dans le relief de la pierre, apparaît la simple mention, aujourd’hui en lettres blanches sur fond noir : 1851 -  CARDINAL MERCIER - 1926.

À l’origine, on trouvait le même texte, mais en lettres noires sur la pierre rouge polie. 

Confié au R.P. Ephrem-Marie de Kcynia (ou Ephram-Maria de Czynia ou de Kzynia), le groupe monumental était déjà achevé en 1931. Un jeune étudiant avait posé pendant une quinzaine de jours pour ce statuaire polonais qui réalisait alors aussi la statue en bronze du Cardinal destinée aux jardins de l’Institut supérieur de Philosophie de Louvain. Pour Leuven, il représente le cardinal absorbé dans son travail d’écrivain ; pour Braine-L’Alleud, dans un style identique, il lui donne une autre stature. Familier du cardinal Mercier, Ephram-Marie de Kcynia est le dernier prêtre consacré par celui-ci. Ensemble, Mercier et de Kcynia avaient édité un ouvrage, Fioretti, les petites fleurs de S. François d’Assises où le cardinal signa la préface et l’artiste polonais une série d’aquarelles. En 1923, celui-ci signe encore une série de huit aquarelles pour illustrer l’ouvrage d’Arnold Goffin, Le Cantique des créatures de Saint-François d’Assise. Il réalisera d’autres aquarelles religieuses.  

 

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
- Xavier CAMBRON, Si le Collège m’était conté…, Braine-l’Alleud, éd. IdéeLumineuse, s.d. 
- Chronique de l’Institut supérieur de Philosophie, dans Revue néo-scolastique de philosophie, 33e année, n°30, 1931, p. 241-244 
- http://www.wiki-braine-lalleud.be/index.php5?title=Coll%C3%A8ge_Cardinal_Mercier_-_Ann%C3%A9es_1930  

Chaussée de Mont Saint-Jean 83
1420 Braine l’Alleud

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste MÉLOTTE Jules

Monument  Jules Mélotte

Prenant prétexte de la commémoration du cinquantième anniversaire de l’invention de l’écrémeuse à bol librement suspendu, Alfred Mélotte prend 

l’initiative de faire ériger un monument, à Remicourt, à proximité de l’usine familiale, en l’honneur de son frère, le génial inventeur. Le brevet n°82314 scellant l’invention de cette écrémeuse révolutionnaire porte la date du 23 juin 1888. 

Son inventeur, Jules Mélotte (1858-1919), avait repris la petite entreprise paternelle créée en 1852 et avait donné, dans les années 1880 et surtout 1890, un essor considérable aux « Ateliers de Construction de Veuve Mélotte » par la fabrication industrielle de la fameuse écrémeuse Mélotte, premier prix du Grand concours international de Bruxelles 1888. 

À la fin du siècle, son produit a envahi le marché mondial et plus de 1 000 ouvriers sont occupés à Remicourt dans une usine citée comme « exemple de développement industriel de très haut niveau en milieu rural ». Ni les machines ni leur patron ne survivront cependant au pillage allemand de 14-18. 

Avec courage, Alfred Mélotte reprendra l’entreprise de Remicourt, la transformera en SA Ecrémeuse Mélotte (1921), se spécialisera dans « la traite 

mécanique » et lui apportera encore quelques belles années de développement. Ne souhaitant pas que l’on oublie le rôle majeur joué par son frère qui fut aussi conseiller communal et échevin de la localité (1894-1917), Alfred Mélotte confie au sculpteur Pierre Theunis le soin de fixer les traits de Jules Mélotte dans la pierre et à l’architecte Michel Polak d’aménager le monument.

L’inauguration se déroule en juin 1938 et la foule peut ainsi admirer, juste à l’entrée de l’usine, l’imposant ensemble réalisé. Michel Polak a disposé le buste en bronze de Theunis sur une haute colonne carrée en pierre blanche et a donné de la dimension au monument en édifiant latéralement deux murets arrondis avec des pierres disposées sur trois niveaux, carrées au centre, rectangulaires en haut et en bas. À l’avant du monument, un dégagement a été créé avec un pavement de pierres aux formes arrondies. 

Actuellement une importante végétation maîtrisée a pris possession de l’arrière du monument. Avec le temps les inscriptions se sont effacées ; actuellement, on lit simplement : JULES MELOTTE - 1858-1919, alors qu’à l’origine, Alfred Mélotte avait tenu à une dédicace précise sur l’objet et les circonstances de cet édifice : 

« A Jules Mélotte. Fondateur de l’usine. 
1888-1938. Cinquantenaire de l’invention de l’écrémeuse à bol suspendu. 
Monument érigé par la Société Anonyme Écrémeuses Mélotte ».

Formé à l’Académie de Bruxelles auprès de Charles Van der Stappen et de Julien Dillens, Petrus Josephus Theunis (Anvers 1883-Schaerbeek 1950) est deuxième du Prix de Rome 1906. Sculpteur, portraitiste, médailleur, il voyage en Europe, s’arrête sur plusieurs chantiers et il est notamment ornementaliste à Londres. De sa rencontre avec Thomas Vinçotte naîtra une solide collaboration, Theunis secondant ce dernier sur de nombreux projets comme la décoration du Palais royal ou la statue équestre de Léopold II à Bruxelles. Comme nombre de sculpteurs de sa génération, il réalise plusieurs monuments aux victimes de la Grande Guerre. Réalisant de nombreux bustes, il répond à des commandes publiques comme privées (à l’exemple du buste de Mélotte), tout en réalisant des œuvres de sa propre inspiration, les nus féminins ayant sa préférence.  
 

Sources

- Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434 et 442 
- Daniel PIROTTE, Jules Mélotte, dans Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 57-64. 
- Alphonse LEUNEN, Jules Mélotte, dans Biographie nationale, t. XXXVIII, col. 579-588. 
- Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 135. 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 500

Rue Jules Mélotte 27
4350 Remicourt

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Giacomo MATTÉOTI

La figure de Giacomo Matteotti (1885-1924) incarne la lutte antifasciste. Figure de proue du mouvement socialiste italien, ce fils de bonne famille vénitienne est emprisonné en Sicile durant la Grande Guerre pour avoir prôné la neutralité de l’Italie. 

Élu député en 1919, il incarne l’aile réformiste du PSI. L’écart de pensée entre la direction du Parti socialiste italien et les réformistes est tel que la scission intervient en 1922. Exclu du PSI, Matteoti est l’un des fondateurs du Parti socialiste unitaire, dont il devient le secrétaire général. Contestant le résultat du scrutin d’avril 1924 où le Parti national fasciste de Mussolini a remporté la majorité absolue dans des conditions qu’il dénonce, Matteoti ne cesse d’attaquer les fascistes, leurs idées, leur dérive. 

Son enlèvement est le seul moyen trouvé pour le faire taire. En plein après-midi, dans les rues du centre de Rome, Matteoti est emmené de force par des fascistes le 10 juin 1924. Roué de coups et poignardé, son corps ne sera retrouvé que le 16 août. 

Pendant les semaines estivales de 1924, l’Italie est paralysée par une profonde crise politique dont Mussolini parvient néanmoins à sortir avec les avantages. En dépit de deux procès (1926 et 1947), d’épaisses zones d’ombre demeurent autour des circonstances de la disparition de Matteoti qui devient, dès les années 1920, une icône de la résistance au fascisme. 

En Wallonie, une petite dizaine de communes ont donné son nom à une rue ou à une place. À Petit-Wasmes, c’est un monument qui a été érigé en 1970. Plus exactement, il s’agit du transfert à Wasmes d’un monument inauguré à Bruxelles, en 1927.  

Il s’agit d’une haute pierre monumentale Art-déco réalisée par War van Asten (1888-1958). Le 21 septembre 1927, l’œuvre fut inaugurée, en grandes pompes, dans la salle blanche de la Maison du Peuple de Bruxelles, salle qui fut rebaptisée « Salle Matteoti ». Sculpté dans le grès blanc des Vosges, le monument forme un demi-relief, au milieu duquel s'élève un pilier porteur d'un cœur enflammé. Debout contre le pilier, sont appuyés un ouvrier en deuil et une travailleuse avec la tête baissée. La colonne principale porte l’inscription en langue française : « Ce cœur enflammé bat pour la liberté ».

Sur le piédestal, figure la même inscription gravée en flamand et en italien, ainsi qu’un médaillon représentant Matteotti en bas-relief. Sculpteur dit engagé, War van Asten a mis son talent au service de ses idées politiques. Né à Arendonk, réfugié à Eindhoven durant la Grande Guerre, il a réalisé de nombreux bustes et plusieurs monuments aux morts et victimes après les deux guerres mondiales. Il est décédé à Ixelles où il s’était installé.  
 

Sources


- Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 37  
- Reports submitted to the Third Congress of the LSI, Brussels, August 1928

Rue du Petit-Wasmes 
7340 Petit-Wasmes (Colfontaine)

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Inaugurée en 1927 à Bruxelles
Érigée en 1970 à Wasmes

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue MASSON Arthur

À quelques centaines de mètres de sa maison natale, Arthur Masson a fait l’objet d’un monument, dans la rue Maubert, à deux pas de l’église de Rièzes, village adossé à la frontière française et qui fait partie de l’entité de Chimay. 

Après les célébrations en grandes pompes du centième anniversaire de la naissance du père de Toine Culot (1996), un regain d’intérêt se porte sur l’écrivain wallon : en septembre 1997, Namur inaugure un square ; en 1998, Treignes lui dédie une statue installée devant un espace culturel qui porte le nom d’Arthur Masson. En 1999, Robert Bronchart publie, aux éditions de l’Institut Destrée, un livre intitulé Arthur Masson ou le partage du plaisir (1896-1970) et multiplie les conférences. En 2000, Gérald Frydman réalise un documentaire sur l’homme qui écrivait des livres. Dans son village natal, depuis les années 1960, une plaque rappelle l’endroit où il est né et, en 1970, une rue porte son nom, mais il faut attendre les fêtes de Wallonie 2003 pour que soit inaugurée une œuvre originale, créée à l’initiative du groupement Animations Rièzoises présidé par José Fontenelle. 

Lors d’une exposition présentée à Rièzes, en 2001, par Robert Bronchart, celui qui est aussi sculpteur s’est étonné de l’absence d’un monument emblématique dans son village natal. Le défi était lancé, Bronchart proposant d’ailleurs un projet représentant Arthur Masson debout, entouré de cinq personnages de son œuvre. Assurant le financement et la coordination du projet, Animations Rièzoises confie la statue de Bronchart à Chaba Tulok qui moule les éléments d’après la sculpture, à Hugues Van Vlordop qui se charge de les couler, tandis qu’Angelo Monte Forte les assemble et le personnel communal chimacien se charge de réaliser le socle. 

Une plaque identifie clairement l’initiative :

Arthur Masson 
Auteur de Toine Culot 
Né à Rièzes le 22 février 1896 
Décédé à Namur le 28 juillet 1970 

Don de l’Animation Rièzoise 
Sculpteur Robert Bronchart             Rièzes le 13/09/2003

Monument Arthur Masson (Rièzes)Cette œuvre collective est inaugurée dans le cadre des fêtes de Wallonie et surtout de la ducasse de Saint-Gorgon, en présence de plusieurs dizaines de personnes, dont les autorités communales de Chimay et les deux nièces de l’écrivain. Par ailleurs, Chimay accueille une exposition et une pièce de théâtre sur Arthur Masson mise en scène par les élèves de l’école de Rièzes. 

Né en 1896, d’un père douanier, Arthur Masson (1896-1970) n’imaginait pas atteindre la célébrité par ses écrits et ses personnages. Professeur à l’Athénée puis à l’École normale de Nivelles, il avait imaginé avant-guerre le personnage truculent de Toine Culot. Apparu sous un titre peu flatteur – obèse ardennais –, ses aventures dans « la tourmente » confortent l’impression du lecteur de partager un morceau de l’existence de ce personnage qui lui ressemble. Dans un récit en français, l’écrivain recourt volontiers à des expressions wallonnes au suc intraduisible. Pleine d’une drôlerie populaire, piquante et de bon goût, la saga de Toine Culot se poursuit après la Libération. Il devient alors le maire de Trignolles (Treignes) et gravite autour de lui tout un petit monde qui est à la Wallonie ce que sont à Marseille Fanny, César, Marius ou Topaze : Tchouf-Tchouf, le médecin, Adhémar Pestiaux, le droguiste, l’Abbé Hautecoeur ou encore T. Déome. 

Élève d’Alexandre Daoust, le Dinantais Robert Bronchart s’est notamment formé à Bruxelles auprès de Roger Somville, avant de se lancer tant dans la peinture que dans la sculpture ; sa maîtrise du dessin lui procure une réelle aisance artistique. Il alterne huiles, pastels, dessins, lithogravures et sculptures. Dans sa jeunesse, la lecture des aventures de Toine Culot lui avait inspiré de nombreux dessins où il se plaisait à représenter tout le petit monde de Trignoles. L’écriture d’un livre et la sculpture complètent sur le tard l’exploration de l’univers sorti de l’imagination d’Arthur Masson. 

En effet, c’est au moment où, étudiant à l’Université libre de Bruxelles, il s’était retrouvé loin de Dinant, « exilé à Bruxelles » que Bronchart avait trouvé refuge dans le monde de Masson et réalisé ses premiers dessins. Quelques années plus tard, le chercheur, ingénieur chimiste, profite de sa mise à la retraite pour retourner « au pays », à Hastière au début des années 1990. En bord de Meuse, Bronchart redécouvre Masson et réalise dans un premier temps des dizaines de petites statues en terre représentant les personnages de la saga de Toine Culot. Il part à la découverte d’archives inédites et entre en contact avec ceux qui ont croisé la route de l’écrivain, donnant ainsi naissance à un livre, à des conférences et au projet de statue Masson à Rièzes.

Sources

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse dont Nouvelle Gazette, 15/09/2003 
- André LÉPINE, 80 monuments insolites d’Entre-Sambre-et-Meuse, Cerfontaine, 1989, p. 70 
-  Robert BRONCHART, Arthur Masson ou le plaisir du partage (1896-1970), Charleroi, Institut Destrée, 1999 
- Paul DELFORGE, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995 
- A. DULIÈRE, Biographie nationale, 1977-1978, t. 40, col. 627-632 
- Marcel LOBET, Arthur Masson ou la richesse du cœur, Charleroi, Institut Destrée, 1971 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 333 
- http://bioul-notre-village-natal.eklablog.com/falaen-expo-du-peintre-robert-bronchart-ex-eleve-d-alexandre-daoust-a101731955

Rue de Maubert 
6464 Rièzes

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Inaugurée le 13 septembre 2003

Paul Delforge

 Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Arthur MASSON

Plaque à la mémoire d’Arthur Masson, réalisée à l’initiative des autorités locales, du gouvernement wallon et du Comité central de Wallonie, 18 septembre 1997.  

De manière très discrète, une plaque de pierre rend hommage, à Namur, au célèbre écrivain Arthur Masson, père de Toine Culot. Cette plaque est apposée sur le mur de l’escalier donnant accès à l’esplanade située devant le greffe actuel du Parlement wallon. La plaque est très symbolique, mentionnant simplement : 

Arthur Masson 
Ecrivain wallon 
Père de Toine Culot
Treignes 
1896-1970 ».

L’endroit qui a été choisi est lui aussi doublement symbolique. En janvier 1974, en effet, alors que la ville de Namur s’était dotée d’une nouvelle place, il avait été décidé de la dénommer « square Arthur Masson ». Président du Comité pour le souvenir d’Arthur Masson, le docteur Robaux avait convaincu les forces vives namuroises de rendre ainsi hommage à l’écrivain récemment disparu ; à l’époque, une plaque de rue avait été apposée qui expliquait, brièvement, qui était Arthur Masson :

SQUARE 
ARTHUR MASSON 
1896 – 1970 
PERE DE L’IMMORTEL TOINE CULOT 
BIENHEUREUX LES SEMEURS DE JOIE.

Vingt-trois ans plus tard, en septembre 1997, le bâtiment devant lequel la nouvelle plaque est inaugurée est alors occupé par le Cabinet du Ministre Michel Lebrun, qui n’est autre que le bourgmestre « empêché » de Viroinval, patrie de Toine Culot.  

La dédicace gravée dans la pierre bleue est évidemment plus discrète que la fontaine Rahir inaugurée en 1998 devant l’espace Masson à Treignes ou que la statue située à Rièzes. Il n’empêche. Les autorités namuroises et wallonnes rendent ainsi hommage à l’écrivain dont le nom est immédiatement associé à celui de son héros, Toine Culot. 

Pourtant, Arthur Masson – professeur de l’Athénée de Nivelles avant d’enseigner à l’École normale de Nivelles entre 1922 et 1946 – n’est pas que l’auteur de la seule saga des Toine Culot. Son œuvre hésite longtemps entre la poésie et le conte et il publie pratiquement un livre par an entre 1946 et 1970. À la fin des années 1960, Un Gamin terrible remporte d’ailleurs un certain succès en librairie. Néanmoins, le truculent personnage inventé en 1938 reste le préféré des lecteurs qui attendent le récit de ses aventures sous forme de feuilleton dans les pages de La Libre Belgique avant de se jeter sur des livres qui narrent les aventures d’un petit monde qui est à la Wallonie ce que sont à Marseille Fanny, César, Marius ou Topaze : Tchouf-Tchouf, le médecin, Adhémar Pestiaux, le droguiste, l’Abbé Hautecoeur ou encore T. Déome. 

L’inauguration du « monument » s’est déroulée dans le cadre des Fêtes de Wallonie à Namur. Le dévoilement s’est réalisé en présence du bourgmestre Jean-Louis Close, du ministre Bernard Anselme et du président du Comité central Claude Willemart. Le bourgmestre ff de Viroinval, Jean-Pol Colin était aussi présent. La plaque dédiée à Arthur Masson s’ajoute à celles déjà nombreuses qui honorent des figures majeures de la cité dans l’ensemble des rues de Namur. Elle s’inscrit désormais sur la traditionnelle route des plaques parcourue chaque année durant les Fêtes de Wallonie. 
 

Sources

- Vers l’Avenir et La Meuse, 19 septembre 1997 
- Robert BRONCHART, Arthur Masson ou le plaisir du partage (1896-1970), Charleroi, Institut Destrée, 1999 
- Paul DELFORGE, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995 
- A. DULIÈRE, Biographie nationale, 1977-1978, t. 40, col. 627-632 
- Marcel LOBET, Arthur Masson ou la richesse du cœur, Charleroi, Institut Destrée, 1971 
- Informations communiquées à Marie Dewez par Marie-Laurence Leroy, directrice de l’Espace Arthur Masson

Square Arthur Masson 6
5000 Namur

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Fontaine MASSON Arthur

À Treignes, dont il fut le bourgmestre selon son père spirituel Arthur Masson (1896-1970), Toine Culot est une personnalité que chaque habitant honore, au point de lui rendre une sorte de culte prenant des formes les plus diverses : musée, rue, parcours spectacle, secteur Horeca, fontaine. Tout évoque le personnage imaginé peu avant la Seconde Guerre mondiale par un professeur de l’Athénée puis de l’École normale de Nivelles. 

En 1938, le truculent personnage apparaissait sous un titre peu flatteur : obèse ardennais ; mais ses aventures dans « la tourmente » confortent l’impression du lecteur de partager un morceau de l’existence de ce personnage qui lui ressemble. Sous la plume de l’écrivain, Toine Culot évolue dans un milieu fait de gens simples, dans la vallée du Viroin, et, dans un récit en français, recourt volontiers à des expressions wallonnes au suc intraduisible. Pleine d’une drôlerie populaire, piquante et de bon goût, la saga de Toine Culot se poursuit après la Libération. Il devient alors le maire de Trignolles (Treignes) et gravite autour de lui tout un petit monde qui est à la Wallonie ce que sont à Marseille Fanny, César, Marius ou Topaze : Tchouf-Tchouf, le médecin, Adhémar Pestiaux, le droguiste, l’Abbé Hautecoeur ou encore T. Déome. 

C’est toute cette atmosphère qui est rendue par la fontaine construite sur la place de Treignes, face à l’espace muséal (inauguré en mai 1999). Réalisé par la commune et le Ministère wallon de l’Équipement, l’ensemble de l’aménagement est l’œuvre de la société Agua, tandis que Claude Rahir est le sculpteur qui a conçu la fontaine et réalisé les sculptures en bronze qui la bordent (fonderie van Ransbeeck). Ayant retenu trois des personnages d’Arthur Masson parmi les centaines qu’il créa, à savoir Toine Culot et T. Déome qui discutent pendant que Hilda vient puiser de l’eau, Rahir illustre ainsi une scène de la vie rurale tout en rendant hommage à l’écrivain et à ses « héros ». En pierre bleue et de forme arrondie, la fontaine est conçue de manière à permettre au « visiteur » de partager un moment en compagnie des personnages : s’asseoir à côté du maïeur et poser pour la photo ; voire, pour les enfants, jouer avec les statues dont la taille correspond à celle « d’adultes réels ». 

Le projet général d’aménagement de l’espace public de Treignes remonte à 1996, année où avait été célébré le centième anniversaire de la naissance d’Arthur Masson. Deux ans plus tard, dans le cadre des fêtes de Wallonie, le ministre wallon des Travaux publics, Michel Lebrun, procède à son inauguration.   

Originaire de Verviers, Claude Rahir (1937-2007) avait exercé comme instituteur primaire avant de s’orienter vers une carrière artistique, dont la reconnaissance est internationale. Se formant à la peinture à Liège, à la sculpture à Louvain et à la mosaïque à Ravenne, il va réaliser « des peintures monumentales, des mosaïques murales, des bas-reliefs en galets et pierres naturelles, des sculptures, des décorations de jardins, de parcs, de fontaines et même d'une grand-rue et d'un centre commercial au Japon » (Moreau). Ayant installé son atelier à Nobelais au début des années 1960, l’artiste pose ses pinceaux aussi bien en Jamaïque (une fresque murale à l’Université de Kingston) que sur les murs de Louvain-la-Neuve, en Guyane française, comme au Japon, en Corée ou à Yurac Ckasa, dans les Andes boliviennes, où une fresque colorée, La distribution des pains, orne les murs de l'église. Animateur de la Fête des artistes de la Saint-Martin à Tourinnes, Rahir est au cœur de la 42e édition, en novembre 2007, qui constitue en quelque sorte une rétrospective de l’artiste. 
 

Sources

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Catherine Moreau, Le Soir, 16 février 2007 
- http://clauderahir.phpnet.org/index.htm  
- Robert BRONCHART, Arthur Masson ou le plaisir du partage (1896-1970), Charleroi, Institut Destrée, 1999 
- Paul DELFORGE, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995 
- A. DULIÈRE, Biographie nationale, 1977-1978, t. 40, col. 627-632 
- Marcel LOBET, Arthur Masson ou la richesse du cœur, Charleroi, Institut Destrée, 1971

Rue E; Defraire 29
5670 Treignes

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Inaugurée le 27 septembre 1998

Paul Delforge