Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Yolande de GUELDRE

Statue de Yolande de Gueldre, réalisée par Edmond de Valériola, septembre 1911.


Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.


Œuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau de Frantz Vermeylen : Guillaume de Bavière, Marguerite d’York, Arnould de Binche et Charles-Quint (toutes les statues de droite, quand on fait face à la gare). Les quatre autres ont été réalisées par Edmond de Valériola (1877-1956) : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie dont la statue a été volée en 1993. Dans le projet initial, présenté en octobre 1910, Yolande de Gueldre, comme d’ailleurs Gilles Binchois et Guillaume de Bavière, n’avait pas été retenue. Figuraient alors Albert, Isabelle et Jacques Du Broeucq qui, sur décision du conseil communal de Binche et d’Eugène Derbaix en particulier, furent remplacés dans la version définitive du projet, arrêtée au printemps 1911.


Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1894-1904), de Valériola est le cadet de 20 ans de Frantz Vermeylen avec lequel il travaille sur le chantier binchois. Plusieurs fois candidat au Prix de Rome, le Bruxellois s’est spécialisé dans les portraits (surtout les jeunes filles et les femmes) et les médailles. La ville d’Ostende lui a confié le monument James Ensor (1930), celle d’Etterbeek celle de Constantin Meunier (1931) et il est aussi l’auteur d’un buste en marbre de Jules Bordet (Académie royale de Médecine, 1950). Comme beaucoup de sculpteurs de son époque, il fut sollicité pour réaliser des monuments commémoratifs des événements de 14-18, puis de la Seconde Guerre. Il semble cependant que les critiques émises lors de la présentation de son lieutenant-général Bernheim (inauguré à Bruxelles, au square Marie-Louise, en 1936) aient quelque peu porté préjudice à sa réputation. Cela ne l’empêche pas de réaliser de nombreuses œuvres personnelles, l’artiste travaillant le marbre autant que le bronze suivant son inspiration qui trouva aussi à s’épanouir comme médailliste. À Binche, en 1910, ce sont cependant quatre statues qu’il réalise dont une Yolande de Gueldre, située à gauche lorsqu’on fait face à la gare et qui se trouve entre Gilles Binchois (la plus éloignée par rapport à la gare) et Baudouin le Bâtisseur qui n’est autre que son fils.


Dans l’histoire de la ville de Binche, tant Yolande que Baudouin occupent une place particulière. À la première, on attribue en effet d’avoir choisi le site d’où est née une ville neuve au début du XIIe siècle : bâtie sur un éperon rocheux, au pied de la Samme, Binche sera fortifiée par le second dans les années 1140. Veuve de Baudouin III de Hainaut (1088-1120), Yolande de Gueldre avait épousé, en 1107, le 4e héritier du comté de Hainaut depuis que Baudouin Ier avait acquis le titre en 1051. Leur fils exercera un long règne sur le Hainaut, héritant de son père en 1120 et gardant son titre jusqu’à son décès en 1171. Née dans la famille des comtes de Gueldre, Yolande de Wasseberg (1089-1140) épousera en secondes noces Geofroy, seigneur d’Ostrevant. 

 

Sources


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 460

 

Statue de Yolande de Gueldre

 

Place et square Eugène Derbaix

7130 Binche

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Statue Charles de Gaulle

Statue à la mémoire du caporal Charles de Gaulle, réalisée par Guido Clabots, 15 août 2014.
 

Le 15 août 1914, le jeune lieutenant français Charles de Gaulle est blessé à Dinant lors de combats qui précèdent de quelques jours le terrible massacre de plus de 600 civils dinantais, le 23 août 1914. 

À l’occasion des multiples commémorations du centenaire de la Grande Guerre, les autorités locales de Dinant ont décidé, notamment, de rendre hommage à celui qui deviendra par la suite l’homme du 18 Juin, incarnera la France libre, avant d’être, à deux reprises, président de la République. C’est à quelques mètres de l’endroit où il a été blessé en 1914 que la statue est inaugurée le 15 août 2014, en présence de Bernard de Gaulle (91 ans), le neveu du Général, ainsi que du petit-fils de Konrad Adenauer, le premier chancelier de l’Allemagne devenue république et fédérale. Au-delà de la blessure d’un jeune lieutenant français, c’est la réconciliation et le rapprochement entre les peuples que doit avant tout symboliser le monument.


Avant ce projet, Dinant avait déjà honoré la mémoire de Charles de Gaulle (1890-1970) par l’apposition d’une plaque commémorative sur le pont, deux fois reconstruit, qui porte aussi son nom. Le projet de 2014 a été encadré par les autorités communales, le Comité 14-18 et a bénéficié du soutien officiel de la Fondation Charles de Gaulle à Paris et du Cercle d’études Charles de Gaulle de Belgique, tandis qu’une souscription internationale avait été lancée. Depuis de longues années, l’idée avait germé dans l’esprit de Christian Ferrier, vice-président du Centre d’études Charles de Gaulle de Belgique, et ancien directeur des écoles communales. Un premier projet fut abandonné en raison du montant demandé par un artiste français préempté pour réaliser l’œuvre en cuivre. Par contre, l’offre de Guido Clabots (1949-) fut jugée réalisable et ce sont par conséquent des artisans locaux qui ont représenté de Gaulle en uniforme de lieutenant, mettant en évidence, par la même occasion, un savoir-faire ancestral, puisque l’atelier Clabots est le dernier à produire de la dinanderie dans la cité mosane. Haute de 2,5 mètres, la statue présente dès lors la double singularité de représenter de Gaulle à l’âge de 24 ans et d’être réalisée en cuivre.


Tombé dans cet art particulier quand il était tout petit, Guido Clabots a vu pendant des années son père diriger un atelier de dinanderie à Uccle, avant de se lancer lui-même dans le métier et d’assurer ainsi une tradition familiale qui en est à sa 3e génération. Ajusteur-monteur en 1967 chez Mecap à Bruxelles, Guido Clabots devient ensuite batteur, polisseur et repousseur ; passé maître, il est chargé de diriger l’atelier de Dinant à partir de 1976 et, vingt ans plus tard, quand Mecap décide de se séparer de son atelier mosan, Guido Clabots reprend les activités sous la forme d’une nouvelle société, « Dinanderie G. Clabots ». Aux articles « traditionnels » s’ajoute une activité de fabrication de garnitures de toiture. Le monument de Gaulle est une production exceptionnelle qui témoigne du savoir-faire de l’entreprise et de son patron.

 

Sources


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Daniel CONRAADS et Dominique NAHOÉ, Sur les traces de 14-18 en Wallonie, Namur, IPW, 2013, p. 122

 

Statue Charles de Gaulle (Dinant)

Pont Charles de Gaulle

5500 Dinant

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Buste d'Eugène-François de Dorlodot

Buste à la mémoire d’Eugène-François de Dorlodot, réalisé à l’initiative des autorités communales, 1872.

 

Dans la petite commune d’Acoz, fusionnée depuis 1976 pour former le grand Gerpinnes, un buste avait été érigé, en 1872, à côté de l’église, en l’honneur d’une personnalité marquante de l’entité : Eugène-François de Dorlodot (1783-1869).

Descendant de maîtres-verriers implantés à Charleroi depuis le XVIIe siècle, Eugène de Dorlodot s’oriente vers une activité sidérurgique après son mariage, en 1819, avec la fille d’un important maître de forges d’Acoz. Engagé dans cet autre métier du feu où les progrès techniques sont considérables, Eugène de Dorlodot fait venir un technicien d’Angleterre, Thomas Bonehill, qui va moderniser les forges d’Acoz dès 1825, et leur procurer un développement considérable (quatre hauts-fourneaux et deux laminoirs au milieu du XIXe siècle). À la tête de « l’établissement sidérurgique le plus considérable de tous ceux possédés dans l’arrondissement de Charleroi par un particulier », l’entrepreneur subit la crise de 1840 de plein fouet et installe un nouvel outil près de Maubeuge, de l’autre côté de la frontière (laminoir de Bois-le-Tilleul). Parallèlement, le patron d’industrie s’est vu confier les rênes de la commune d’Acoz dès les premiers jours de l’indépendance belge, en 1830. Il passe la main en 1858, mais il conserve encore jusqu’en 1863, le mandat de sénateur qu’il avait conquis en 1850, en tant que représentant du parti catholique, pour l’arrondissement de Charleroi. 

C’est à leur premier maire que les habitants d’Acoz, soutenus par les autorités communales, rendent hommage en lui élevant un buste. Sur le socle, leurs motivations transparaissent à travers l’inscription qui dévoile le statut de celui qu’ils veulent honorer, à savoir le politique d’abord, l’industriel ensuite :


« premier bourgmestre d'Acoz
nommé par le gouvernement provisoire en 1830
industriel »



Sources


Jean-Louis DELAET, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 163-164
Revue du Conseil économique wallon, n°40, septembre 1959, p. 68-69
Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999

Buste Eugène-François de Dorlodot

Place communale

6280 Acoz

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Statue Albert de CUYCK

Statue d’Albert de Cuyck, réalisée par Alphonse de Tombay, entre 1881 et 1884.

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs.


Parmi les personnalités retenues figure en très bonne place le prince-évêque Albert de Cuyck. Sa statue est située en plein centre du péristyle, témoignant de l’importance du personnage dans la manière de retracer l’histoire liégeoise au milieu du XIXe siècle. Il est entouré par Henri de Dinant et Erard de la Marck. Dans des habits évoquant le statut de prince-évêque, il tient ostensiblement en mains un document qui symbolise la charte dite « Charte de Cuyck ». Pourtant, dans le tome 4 de la Biographie nationale paru en 1873, seulement treize lignes d’une étroite colonne sont consacrées à ce personnage illustre ! Il est alors considéré comme l’évêque de Liège (1194-1200) qui a accordé aux Liégeois leurs libertés et privilèges, mais déjà un doute est émis : « il est plus que probable qu’il confirma, à prix d’argent, les franchises que [les Liégeois] possédaient déjà ». 

Cinquante ans plus tard, Félix Magnette, notamment, précisera, à la suite de Godefroid Kurth, que la charte de Brusthem de 1175 préludait certainement « l’admirable charte d’Albert de Cuyck », texte clair et précis des libertés civiles du peuple liégeois. Élu en 1194 dans des circonstances particulièrement tendues, Albert de Cuyck avait dû se rendre à Rome pour faire annuler l’élection de son concurrent (Simon de Limbourg). Le décès de ce dernier (1195) favorisa le dessein d’Albert de Cuyck qui, malgré la « bénédiction papale », semble avoir dû accepter de fortes concessions pour se rallier les bourgeois de Liège. Habileté diplomatique ou rapport de force, toujours est-il que, entre 1196 et 1198, une charte est rédigée qui devient la première véritable constitution de la cité. Surnommée la « Charte d’Albert de Cuyck », elle ne va jamais cesser d’être citée en exemple et en référence, et d’être confirmée par les souverains successifs. Décédé en 1200, le prince-évêque n’aura guère l’occasion de constater toutes les conséquences d’une signature qui, à elle seule, lui vaut d’entrer dans l’histoire. On accorde moins de prix à son autorisation d’élargir l’enceinte fortifiée de la cité de Liège ou au fait que c’est sous son court règne que la houille fut découverte.


Pour figer dans la pierre ce célèbre prince-évêque, il a été fait appel à Alphonse de Tombay (1843-1918), fils et petit-fils de sculpteurs liégeois. En plus de son apprentissage dans l’atelier paternel, de Tombay fréquente l’Académie de Liège où il bénéficie notamment des conseils de Prosper Drion. Ami de Léon Mignon, il a bénéficié comme lui d’une bourse de la Fondation Darchis et a séjourné plusieurs mois à Rome (1874-1878) quand il revient à Liège, au moment où s’ouvre le chantier de décoration du Palais provincial. Répondant à plusieurs commandes officielles dont un buste de Charles Rogier (1880) à Bruxelles qui aura beaucoup de succès, de Tombay signe à Liège six statues et trois bas-reliefs évoquant des scènes historiques (L'exécution de Guillaume de la Marck, La mort de Louis de Bourbon, L'octroi de la Paix de Fexhe). Exposant ses propres œuvres tout en répondant à de nombreuses commandes officielles à Bruxelles (Jardin botanique, Parc du Cinquantenaire) comme à Paris (Arc de Triomphe), il devient professeur à l’Académie de Saint-Gilles, avant d’en assurer la direction (1902).


Sources


Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 350-351
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 457-458
Félix MAGNETTE, Précis d’histoire liégeoise à l’usage de l’enseignement moyen, Liège, 1929, 3e éd., p. 67, 80-88 et ssv.
Émile VARENBERGH, dans Biographie nationale, t. 4, col. 597
BECDELIÈVRE, dans Biographie liégeoise, t. 1, p. 81
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 81-82
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. juillet 2013)
Serge ALEXANDRE, Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996

 

 

Statue d’Albert de Cuyck

 

Façade du Palais provincial, face à la place Notger

4000 Liège

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Monument Pierre de CRAWHEZ

Monument à la mémoire de Pierre de Crawhez, réalisé par inconnu (1927) et aménagé avec Olivier Godart (2006), 1927 et 21 mai 2006.

Quand l’automobile n’en est encore qu’à ses balbutiements, l’idée d’organiser des compétitions titille les plus passionnés et, faut-il le préciser ?, les plus fortunés. À défaut de circuits et d’infrastructures permanents, le tracé de ces courses parcourt les chaussées publiques. 

Vainqueur de la toute première épreuve Bruxelles-Spa, disputée en deux étapes, en 1898, à la vitesse de 26 km/h, Pierre de Crawhez est un pilote acharné. En 1900, il organise Spa-Bastogne-Spa, avant de lancer en 1902, le 1er Circuit des Ardennes qui relie Bastogne, Martelange, Habay-la-Neuve, Longlier et Bastogne, en une boucle (d’environ 85 km) sans passage à niveau à parcourir à six reprises, ce qui permet aux spectateurs de voir les autos plusieurs fois. Ce concept est en fait celui de la première course sur circuit au monde (31 juillet 1902). Ayant pris le départ en première position, de Crawhez devra abandonner cette première édition suite à un accident au 3e tour. Sur une Panhard-Levassor, il remportera la deuxième édition, en 1903. Il y aura 6 éditions, l’épreuve s’arrêtant (provisoirement) en 1907. 

S’il continue d’entretenir sa passion pour la vitesse (il semble avoir participé à une expédition en Afrique durant l’été 1909), parallèlement, il porte le projet de construire un circuit permanent sur une distance plus courte. Peu avant la Grande Guerre, ce circuit des Ardennes déménage pour prendre place du côté de Spa (ou le frère de P. de Crawhez est bourgmestre) et le circuit relie alors Malmedy, Stavelot et Francorchamps ; les premières courses sur circuit ont lieu en 1920. Pierre de Crawhez est alors le président de « l’Automobile Club de Spa ». Vivant profondément sa passion, il meurt des suites d’un accident en 1925 ; il avait 51 ans.


Pour honorer son souvenir, ses amis décident d’ériger un monument. Il trouve place, en 1927, à l’endroit même où avait été donné le départ du tout premier circuit des Ardennes, à l’entrée de Bastogne. Bien plus tard, ce monument est déplacé par les autorités locales qui l’installent à côté du parking Merceny, en raison de l’élargissement du carrefour des routes d’Arlon et de Wiltz. En 2006, le monument effectue son dernier transfert. Un rond-point ayant été construit au milieu dudit carrefour, le monument reprend presque sa place originelle. Au centre du rond-point, est installée une œuvre d’art dédiée au Circuit des Ardennes, créée en métal par Olivier Godart, et représentant la silhouette de l’œuvre comprend la silhouette d’une voiture de course du début du XXe siècle. Quant au monument de Crawhez, il prend place dans le prolongement de la rue Joseph Renquin, tandis que la silhouette d’une moto est placée à l’arrière. L’inauguration a eu lieu le 21 mai 2006 en présence des autorités locales qui ont soutenu l’initiative de l’Association de commémoration du Circuit des Ardennes et de la section historique du Royal Automobile Club de Belgique.
 
 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Théo MATHY, Dictionnaire des sports et des sportifs belges, Bruxelles, 1982, p. 65

Au rond-point « Circuit des Ardennes »
6600 Bastogne

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Statue Vincent de BUEREN

Statue de Vincent de Bueren, réalisée par Mathieu de Tombay, c. 15 octobre 1880.


Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1821-1893) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais (1850). 

Face à la place Notger, Delsaux achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. La statue de Vincent de Bueren est parmi celles-ci.


Le nom de Vincent de Bueren (c. 1440-1468 ou 1505) est généralement associé à la fameuse volée d’escalier dont les 373 (ou 374) marches permettent de gravir la « Montagne de Bueren ». En fait, il est surtout considéré comme l’un des principaux meneurs – avec Gosuin de Streel – dans la tentative de capture du duc de Bourgogne lors du fameux épisode des Six cents Franchimontois. Pourtant, Vincent de Bueren est resté un personnage dont le parcours de vie est peu connu.

 Originaire de la Gueldre, appartenant à la noblesse, Vincent de Bueren se retrouve avec Jean de Hornes et Gosuin de Streel à la tête de la cité de Liège (septembre) et de tous ceux qui refusent que la principauté devienne un état vassal de la Bourgogne. Ayant profité de l’éloignement continu de l’évêque, Louis de Bourbon, et de l’absence momentanée de son intendant, d’Humbercourt, les « patriotes » liégeois n’ont pas hésité à s’emparer du pouvoir, provoquant la colère du duc de Bourgogne qui met ses armes en route. Au prix d’un coup de main hardi, Bueren et Streel parviennent à faire prisonniers l’évêque et son intendant lors d’une rencontre à Tongres (9 octobre). Trop confiant en leur prince-évêque, les Liégeois le laissèrent partir négocier à Péronne. Mal leur en pris. Le 27 octobre, les armées bourguignonnes étaient aux portes de la ville. Le dernier coup de force de Bueren échoue. Charles le Téméraire n’est pas capturé et les « Franchimontois » sont mis en déroute. Bueren serait parvenu à éviter les épées des soldats bourguignons et à s'échapper. Quelques jours plus tard, cependant, alors que la cité de Liège est mise à sac, il serait tombé dans une embuscade. Selon certaines sources, il aurait été tué sur le champ, d’autres affirment qu’il a été fait prisonnier par Louis de la Marck.


Les informations iconographiques sur Bueren sont aussi peu nombreuses que les renseignements biographiques. Par conséquent, on conçoit bien le problème qui se pose au sculpteur qui est appelé à représenter le personnage. En général, les statues de la place de Liège sont sérieuses, réalisées avec un souci d'art et de différenciation. Supérieures à celles du Petit-Sablon, à Bruxelles, elles apportent une grande preuve de l'excellence de l'école liégeoise. Ici cependant, Mathieu de Tombay a dû faire preuve d’imagination pour rendre hommage à son sujet. D’ailleurs, son positionnement sur la façade témoigne de la difficulté de l’exercice. Certes, Vincent de Bueren est placé juste à côté de l’évêque Lambert, mais si ce dernier est en pleine façade, le chef des Franchimontois est quant à lui situé en retrait, principalement visible de profil si l’on conserve le même axe de vision que celui d’évêque Lambert. Si l’on contourne le péristyle, on aperçoit surtout un homme en arme, tenant de ses deux mains une haute lance. L’armure et surtout le casque qu’il porte sur la tête témoignent de la manière avec laquelle le sculpteur a cherché à contourner le problème de la vraisemblance dans la représentation du personnage.


Mathieu de Tombay est le frère d’Alphonse qui est le plus connu de cette famille liégeoise de sculpteurs, et qui travaille aussi sur le chantier du palais provincial. Sur les 121 sculptures du palais liégeois, Mathieu de Tombay en signe cinq à titre personnel. Ce Mathieu de Tombay est souvent confondu avec son grand-père, son parfait homonyme.

 

Sources
 

Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 100
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. août 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t.
Félix MAGNETTE, Précis d’histoire liégeoise à l’usage de l’enseignement moyen, Liège, 1929, 3e éd., p. 162 et 165
La Meuse, 2 octobre 1880

 

Statue de Vincent de Bueren

Façade du Palais provincial, face à la place Notger

4000 Liège

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Mémorial Frédéric-Guillaume DE BRUNSWICK-WOLFENBÜTTEL

Mémorial Brunswick (aussi appelé monument des Quatre-Bras), réalisé par une société allemande de Basse-Saxe, 16 juin 1890.


Autour du site de la bataille dite de Waterloo, les monuments sont nombreux à célébrer tantôt un régiment, tantôt un fait d’armes, tantôt une personnalité. Le long de la chaussée de Namur, à hauteur de Genappe, un imposant ensemble rend hommage à Frédéric-Guillaume de Brunswick-Wolfenbüttel, décédé le 16 juin 1815 au cours d’un fait d’armes, juste avant la bataille finale.


Le monument est constitué d'un socle à degrés et d'un piédestal en pierre bleue portant la statue d'un lion regardant en direction de la France, la patte posée sur un bouclier. Le piédestal est orné d'un médaillon en bronze, entouré de feuilles de laurier. Au centre apparaît le portrait du duc de Brunswick vu selon son profil droit. On trouve aussi un écusson aux armes de Brunswick. La base du piédestal porte l’inscription suivante :

« Friedrich Wilhelm
Herzog Zum Braunschweig Und Luneburg
Kämpfte Und Fiel Unweit Dieser Stätte
An Der Spitze Seiner Truppen
Am XVI Juni MDCCCXV »

Originaire de Brunswick où il est né en 1771, le quatrième fils du duc Charles-Ferdinand s’est engagé très tôt dans l’armée prussienne. Jeune capitaine (1789), il prend part aux différents combats menés contre la France républicaine. Ayant déjà hérité du duché de Brunswick-Oels au décès de l’un de ses oncles (1805), il aurait dû recevoir la direction du duché de Brunswick-Lunebourg, partie de Wolfenbüttel quand son père (déjà vaincu à Valmy) décède des suites d’une blessure reçue lors de la bataille d’Iéna (1806). Mais la victoire de Napoléon transforme le Wolfenbüttel en simple département du royaume de Westphalie (traité de Tilsit). Contraint à l’exil, le jeune Frédéric-Guillaume redouble d’ardeur dans son hostilité aux Français. Il se constitue une armée privée. Ses hommes armés sont totalement revêtus de noir. 

Quand l’Autriche affronte les troupes napoléoniennes (1809), le duc déchu se présente à la tête de la Schwarze Schar. Il parvient à reprendre temporairement la ville de Brunswick (août 1809), mais la défaite de Wagram scelle le sort de l’Autriche. D’autres actions d’éclat renforcent la notoriété de Frédéric-Guillaume et contribuent à l’intégration de son « régiment » au sein de l’armée britannique. Après avoir combattu en Espagne aux côtés de Wellington, le « Duc noir » s’apprête à livrer une nouvelle bataille dans le pays wallon en juin 1815. Il est cependant tué à la tête de ses troupes lors de la bataille des Quatre-Bras, le 16 juin. Son corps est transféré et inhumé dans son État de Brunswick, où le duc est considéré comme un véritable héros.


Plusieurs monuments seront élevés à sa mémoire dans plusieurs villes de Basse-Saxe, à ou proches de Brunswick. C’est d’ailleurs l’État de Braunschweig qui a décidé de commémorer le 75e anniversaire de la disparition de Frédéric-Guillaume de Brunswick-Wolfenbüttel et obtenu l’autorisation de construire un mémorial Brunswick non loin des Quatre-Bras. Une souscription publique a recueilli les fonds en Basse-Saxe, le bronze a été coulé dans les fonderies de la société allemande Wilhelm à Bornum dans l’Ambergau près de Bockenem et le monument a été inauguré le 16 juin 1890, en présence des autorités communales de Genappe et de Baisy-Thy.


En 2012-2013, un groupe de reconstitution historique, la Braunschweig Gelernte Jäger Kompanie-Belgium, s’est constitué pour assurer la restauration et la préservation du monument dans le cadre d’un projet Genappe-2015.
 


Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Louis NAVEZ, La campagne de 1815 : Les Quatre-Bras, Ligny, Waterloo et Wavre, Bruxelles, 1910, t. II, p. 56

 

Mémorial Brunswick (aussi appelé monument des Quatre-Bras)

Chaussée de Namur

Genappe 1470

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Arnoul de BRIEY

Monument Arnoul de Briey, réalisé par Alfred Leroy, 1978.
 

L’endroit est champêtre. Depuis quelques dizaines de mètres, la route nationale reliant Virton à Arlon s’est éloignée et l’on emprunte la rue Bakèse qui conduit à Bleid. À peine entré dans le bois de Bakèse, apparaissent de part et d’autre de la chaussée deux monuments. Celui de droite est dédié à Adrien de Prémorel (1889-1968) ; celui de gauche à Arnoul de Briey (1925-1975). Bâti en arc de cercle, en grès de Buzenol et pierres de Grandcourt, le monument est implanté dans un décor correspondant parfaitement à l’état d’esprit du personnage représenté dans un médaillon de bronze réalisé par Alfred Leroy. L’inscription gravée sur une plaque de bronze rappelle qui était Arnoul de Briey :


PRÉSIDENT FONDATEUR
DU GROUPEMENT DES
LUXEMBOURGEOIS DE BRUXELLES
GRAND MAITRE
DE LA CONFRERIE ST ARNOULD (sic)
DU COMTÉ DE CHINY


Au-delà des fonctions affichées sur le monument, Arnoul de Briey était d’abord un militaire. Marié à la fille de Paul Van Zeeland (1947), il est le 6e enfant d’Anne d’Ursel et de Renaud de Briey (1880-1960) ancien fonctionnaire au Congo belge, administrateur de la liste civile du roi et catholique doctrinaire fondateur d’un Parti de la Renaissance nationale.

 Particulièrement investi dans le parti favorable au retour de Léopold III au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Arnoul de Briey s’inscrit dans la même mouvance politique que son père, tout en faisant carrière au sein de l’administration. Il était haut fonctionnaire au département de la Coopération au développement (AGCD) quand il décède en 1975. Après une série d’initiatives ponctuelles à la fin des années 1950, c’est en novembre 1959 que de Briey prend l’initiative de constituer le « groupement des Luxembourgeois de Bruxelles », en fédérant les efforts respectifs de l’Amicale Saint-Hubertoise, du Cercle Gaumais et de l’Amicale des Anciens Chasseurs Ardennais. L’un des objectifs de ce groupement est de faire pression sur le monde politique afin que la « belle province » soit davantage représentée tant au gouvernement que parmi les chefs de Cabinet. Par ailleurs, c’est en 1967, qu’il contribue à l’émergence d’une 4e confrérie luxembourgeoise, celle de Saint Arnoul du comté de Chiny (décembre 1967). Par ailleurs ce proche de Jean Militis voit son nom étroitement associé à un groupe de personnalités (Militis, Desmarets, Vivario, Beaurir, Vanden Boeynants, etc.) soupçonnées d’avoir fomenté un coup d’état en Belgique, durant l’été 1973, visant à déstabiliser l’État ; selon le journaliste Hugo Gijsels, il était le personnage-clef du groupe francophone impliqué dans ce complot, sans que l’on en sache davantage (GIJSELS, p. 197), si ce n’est que, dans les années 1920, déjà, Renaud de Briey avait publié un ouvrage (L’épreuve du feu) où il prônait l’instauration d’une monarchie autoritaire et corporative.

Monument Arnoul de Briey (Virton, Bleid)


Sur le médaillon du monument de Bleid, c’est le profil gauche d’Arnoul de Briey qui est représenté par Alfred Leroy. Originaire de Chiny, le futur sculpteur n’a que 12 ans quand éclate la Seconde Guerre mondiale et il en ressort profondément marqué. Au début des années cinquante, il entre à l’École royale militaire et fait une carrière militaire. Parallèlement, il est attiré par l’expression artistique et suit une formation en céramique et en sculpture à l’Académie de Cologne au milieu des années 1950. Touche à tout, il s’essaye à différents styles esthétiques et pratique autant la sculpture, la peinture, la gravure que la céramique. Fondateur et président de la confrérie des « Amis du pays de Chiny », il préside aussi pendant plusieurs années l’École des Beaux-Arts de Chiny. Le colonel qui s’est installé à Bruxelles est aussi le président du groupement des Luxembourgeois de Bruxelles, fonction où il a succédé à Arnoul de Briey. Artiste signant ses œuvres « Fred Leroy » ou « Alleroy », Alfred Leroy est aussi écrivain, poète et historien, se consacrant à des sujets relatifs au passé et aux traditions du pays de Chiny. Auteur de plusieurs guides touristiques sur la région du Chiers et de la Semois, il avait déjà signé le bronze d’Adrien de Prémorel dix ans avant celui de Briey, inauguré en 1978.

 

 

La Vie wallonne, II, 1949, n°246, p. 118
La Vie wallonne, IV, 1962, n°300, p. 305-306
La Vie wallonne, IV, 1982, n°380, p. 273
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 68
http://chiny.over-blog.com/article-la-confrerie-saint-arnoul-du-comte-de-chiny-55469737.html 
http://www.ghyka.com/Familles/Briey/Briey_01.pdf (s.v. mars 2015)
Hugo GIJSELS, De Bende & Co, 1990, traduit en français sous le titre L’Enquête : 20 années de déstabilisation en Belgique, Paris, Bruxelles, la longue vue, 1990, p. 197
Geneviève DUCHENNE, Esquisses d’une Europe nouvelle. L’européisme dans la Belgique de l’Entre-deux-Guerres (1919-1939), Bruxelles, Peter Lang, 2008, p. 138

À gauche de la rue de Bakèse en se dirigeant vers Bleid

6760 Virton (Bleid)

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Ferdinand DAVAUX

Plaque commémorative sur la maison natale de Ferdinand Davaux, réalisé par Robert Davaux, 29 septembre 1957.
 

Dans le cœur de la ville de Charleroi, au milieu des importantes transformations immobilières, la rue du Collège semble éviter d’être emportée dans le tourbillon des démolitions. Du moins retrouve-t-on encore au début de la rue, au n°5, une plaque rappelant que la maison est celle où était né, en 1878, Ferdinand Davaux (Charleroi 1878 – Marcinelle 1918), particulièrement apprécié au pays de Charleroi comme chansonnier wallon.

Artiste, chansonnier, cabaretier, Davaux avait été l’un des premiers collaborateurs du Tonia (1895-1906), écrivant de nombreuses chansons, ainsi que des poésies où la mort précoce est un thème qui revient régulièrement. Se montrant discret pendant quelques années, il retrouve l’inspiration et compose des chansons qui rencontrent un réel succès au moment de l’Exposition internationale de 1911. Cette fois, de sa fréquentation avec le journaliste Gustave Hourdez, avec l’avocat, dialectologue et militant wallon Arille Carlier, avec le conservateur du Musée archéologique Léon Foulon, voire avec Muldermans et Robert Davaux son cousin, Ferdinand Davaux retire un substrat qui enracine ses compositions dans le terreau carolorégien, en leur donnant un ton tantôt sentimental, railleur ou bachique. 

Il écrit paroles et musique et publie deux recueils en 1913. La finesse de son style et de son écriture est unanimement reconnue et appréciée. Quelques-unes de ses compositions entreront dans le répertoire traditionnel des chansons en wallon de Charleroi. Mais l’artiste n’échappe pas à la mobilisation de l’Armée belge en 1914. Ayant réussi à traverser la Grande Guerre, il n’est pas épargné par la grippe espagnole qui l’emporte en décembre 1918.

La plaque d’hommage a été apposée le 29 septembre 1957 dans le cadre des Fêtes de Wallonie :


FERDINAND DAVAUX
CHANSONNIER WALLON
NAQUIT DANS CETTE
MAISON
LE 18 MARS 1878


La plaque est due à Robert Jean Davaux (Seneffe 1887-Charleroi c. 1965). Tout à la fois peintre, aquarelliste, dessinateur, sculpteur et graveur, Robert Davaux figurait parmi les candidats malheureux aux Prix de Rome de peinture en 1913 et de gravure et de sculpture en 1920 ; cela ne l’a pas empêché de poursuivre une carrière artistique dans les trois disciplines. Installé à Bruxelles où il a établi son atelier et où il travaille avec sa sœur Alphonsine, il est l’auteur de plusieurs centaines de toiles (beaucoup de paysages et de portraits), de dessins à l’encre de chine et de gravures ; il s’est distingué par une production abondante de lustre en fer forgé et de vitraux. Cousin de Ferdinand Davaux, il avait déjà « silhouetté » le chansonnier sur la couverture de certains recueils de musique ; en 1957, il grave une plaque commémorative en l’honneur de Ferdinand, l’année même où un Géant est créé en mémoire du chansonnier wallon de Charleroi. Les deux premiers géants de Charleroi (D’jean et D’jène) étaient nés lors des Fêtes de Wallonie 1934. Deux autres les avaient rejoints en 1956 (El Champête et El Facteur), avant que quatre autres n’apparaissent en 1957 : outre Davau, il y avait Lahousee, Maka et El Mayeur.

 

Sources


Émile LEMPEREUR, Charleroi, ce désert culturel ?, Charleroi, Centre culturel, 2000, p. 39, 80, 83, 133
Émile LEMPEREUR, dans WANGERMÉE (dir.), Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Liège, Mardaga, 1995, p. 119-120
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 292

 

Plaque Ferdinand Davaux (Charleroi)

 

Rue du Collège 5

6000 Charleroi

carte

Paul Delforge