Jo Van Hove

Presbytère de Ragnies

Au Moyen Âge, de vastes domaines agricoles apparaissent à Ragnies, ainsi que des carrières de marbre et de pierre. Ceux-ci étaient liés à l’abbaye de Lobbes, dont l’abbé exerçait les droits seigneuriaux sur le village. L’église Saint-Martin dépendait, elle aussi, de la puissante abbaye. 

Situé juste en face de l’église médiévale classée, le presbytère, précédé d’un jardin grillagé, est une belle construction de style classique probablement édifiée vers 1770. La façade, comptant deux niveaux de cinq travées, est composée de briques et de pierre calcaire, matériaux traditionnels pour l’époque et la région. Le soin apporté à la construction du bâtiment indique l’origine notoire de la personne ayant commandité son édification. La situation et la volumétrie du presbytère renforcent l’impression de monumentalité dans son environnement.

Place de Ragnies 4
6532 Ragnies

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Classé comme monument le 12 juin 1981

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Église Saint-Martin de Ragnies

Au sein d’un ancien cimetière transformé en jardinet se trouve l’église Saint-Martin dont les origines remontent au XIIe siècle. La nef romane est précédée d’une tour carrée de même style, peut-être un rien postérieure. Le chœur, édifié à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, est en style gothique hennuyer. De la même époque date la sacristie située au nord et agrandie lors de la restauration du sanctuaire au début du XXe siècle. 

À l’intérieur sont conservées de très belles pierres tombales de nobles de la région datant des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. En effet, sous l’Ancien Régime, Ragnies comptait plusieurs fermes appartenant à l’abbé de Lobbes qui exerçait les droits seigneuriaux sur le village. Il bénéficiait d’un échevinage – d’un mayeur et d’échevins – rendant la justice au nom de l’abbé. 

L’église abrite également les stalles de l’ancien prieuré d’Oignies (Aiseau) avec bustes de saints, évêques et chanoines, mais aussi des vitraux modernes représentant les sites proches des abbayes de Lobbes et d’Aulne, inspirés de gravures du XVIIIe siècle de Remacle Le Loup. 

À voir également, de remarquables confessionnaux baroques typiques de l’Entre-Sambre-et-Meuse sculptés d’écoinçons losangés et de croix tréflées.

Place de Ragnies
6532 Ragnies

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Classée comme monument le 30 mai 1936

Institut du Patrimoine wallon

E. de wasseige

Château-ferme du Fosteau

 

Siège d’une seigneurie créée en 1235 comme avouerie de l’abbaye de Lobbes, le château-ferme du Fosteau est groupé autour d’une vaste cour polygonale. On y trouve une maison forte des XIVe et XVe siècles, imposante bâtisse rectangulaire dont la base des murs a plus de 2 m d’épaisseur. Elle est flanquée de deux tours circulaires de 6 m de diamètre.

Après un réaménagement en 1599, on y ajoute un logis seigneurial en forme de L, lui aussi doté de deux tours. Au 17e siècle est aménagée une bassecour fortifiée, qui est remaniée à deux reprises au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Une seconde ferme construite en 1839 complète l’ensemble ponctué de sept tours. Deux passages, l’un charretier et l’autre piéton, permettent de relier les deux cours. Le site, exceptionnel, comprend également une glacière, une cour d’honneur, une pièce d’eau et des jardins à la française. À l’intérieur sont conservées une chapelle castrale, la salle des chevaliers et son imposante cheminée, ainsi qu’une pharmacie ancienne aménagée en petit musée.

C’est à cet endroit que le comte de Reille, un des maréchaux de Napoléon, passa la nuit du 14 au 15 juin 1815, trois jours avant la célèbre bataille de Waterloo et trois jours après avoir repris la ville de Thuin. La chambre dans laquelle il dormit a été conservée en son honneur.

Né en 1775 à Antibes, Honoré Charles Reille participe à de nombreuses batailles des campagnes d’Empire parmi lesquelles Austerlitz et Wagram. Le 14 février 1815, il devient grand-croix de la Légion d’honneur. Devenu général d’infanterie, il est envoyé à Valenciennes le 31 mars 1815 ; il prend ensuite part à la bataille des Quatre-Bras. Il poursuit sa carrière après la seconde chute de Napoléon et est fait maréchal par le roi Louis-Philippe Ier en 1847. Il décède à Paris le 4 mars 1860. 
 

Rue du Marquis 1
6530 Leers-et-Fosteau
 

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Classé comme monument et comme site le 2 avril 1979

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Mégalithe la Zeupire

Le village de Gozée est peuplé par l’homme depuis la Préhistoire comme l’attestent des preuves d’occupation du site au Néolithique (à partir de 5000 avant Jésus-Christ). En témoigne ce mégalithe (grande pierre) situé à l’extrémité du village. De forme trapézoïdale, cette pierre est en grès de la région et peut être considérée comme un menhir qui faisait probablement autrefois partie d’un dolmen. 

Dans sa disposition actuelle, sa hauteur hors sol atteint les 3 m à l’ouest et un peu moins de 2,5 m à l’est pour une largeur d’un peu plus de 2 m et une épaisseur de 65 à 85 cm. Son poids est estimé à près de 25 tonnes ! 

Deux autres pierres de même composition se trouvaient encore à côté de ce mégalithe au début du 19e siècle avant d’être débitées vers 1840 afin d’en faire des pavés. 

La pierre restante a été dégagée en 1887 afin de procéder à une fouille archéologique qui n’a toutefois donné aucun résultat. De récentes hypothèses tendent à dire que ce menhir a peut-être été érigé au 3e millénaire avant notre ère. L’étymologie du mot reste mystérieuse. Si certains ont voulu y voir une origine grecque, la « pierre de Zeus », affirmant que les druides connaissaient le panthéon grec, d’autres ont plutôt cherché dans le patois local. Zeupire serait dzeu-pire, c'est-à-dire la « pierre-dessus » (au-dessus du sol).

Rue de Beaumont
6534 Gozée

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Classée comme monument le 23 mars 1994

Institut du Patrimoine wallon

© SPW-Patrimoine-Guy Focant

Maisons du rivage

La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constitué d’un important ensemble de bâtiments. Parmi ceux-ci se trouvent douze anciennes maisons de tailleurs de pierre appelées « maisons du rivage ». 

À l’extrémité de la rue Grégoire Wincqz, le rivage de la grande carrière est constitué d’un ensemble homogène de maisons basses, construites en briques et calcaire par les Wincqz pour les ouvriers tailleurs de pierre. Les plus anciennes datent du 18e siècle et la plus récente de 1843. Elles portent des marques de tailleurs de pierre parmi lesquelles on reconnaît les lettres T et W de Thomas Wincqz (1752-1807), premier maître de carrière de la famille. 

La démarche d’installer les ouvriers et leur famille sur le site même de la carrière s’apparente au paternalisme des industriels de l’époque et à un souci de confiance destiné à stabiliser les ouvriers. 

Au-delà des rues et des anciens rivages de maisons, l’environnement des carrières est caractéristique de l’activité qui règne en maître depuis plus de 200 ans : des « trous » dont les plus anciens sont inondés ou comblés, et des mottes formées de terre et de déchets d’extraction, aujourd’hui couvertes de végétation. 

L’ensemble, après restauration, abrite depuis 2016 le centre des métiers de la pierre à l’initiative du l’AWaP, le Forem, l’Ifapme et le Cefomepi.

Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies

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Classées comme ensemble architectural le 24 juin 1992

Institut du Patrimoine wallon

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Forge et menuiserie de la carrière Wincqz

Plus d’un siècle après l’arrivée de Jean Wincqz à Soignies, la famille est devenue une des plus importantes de la région. 

Pierre Joseph Wincqz (1811-1817) symbolise à lui seul la réussite de cette dynastie de tailleurs de pierre et de carriers. Vers le milieu du XIXe siècle, il conquiert sans cesse de nouveaux marchés en Belgique, en France et aux Pays-Bas, mais aussi en Égypte ou en Amérique du Sud. De 1852 à sa mort, il est bourgmestre de Soignies et est élu sénateur en 1857. Ses réussites professionnelles et politiques lui permettent de hisser sa famille au premier rang de la haute bourgeoisie industrielle belge de l’époque. 

La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constituée d’un important ensemble de bâtiments. Parmi ceux-ci se trouvent une forge et une menuiserie qui, avec le magasin à huile et clous, la remise à locomotive et le pavillon du treuil, formaient les ateliers de l’entreprise. 

Le forgeron occupait une place de premier plan dans la carrière au XIXe siècle : il était chargé de la fabrication et de l’entretien des nombreux outils métalliques utilisés par les tailleurs de pierre (pointes ou broches, ciseaux, massettes…). Il s’occupait aussi de ferrer les chevaux et de réparer les machines. 

Le menuisier quant à lui réalisait les maquettes en bois en vue du moulage de toutes les pièces de fonte. Son travail était fortement lié à celui du forgeron avec qui il travaillait en complémentarité.

Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies

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Classés comme monument le 24 juin 1992

Institut du Patrimoine wallon

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Pavillon du treuil à Soignies

Parmi les familles de carriers, celle des Wincqz connut un destin exceptionnel, et son patronyme devint rapidement synonyme de réussite. Vers 1720, Jean Wincqz quitte Feluy (Seneffe) pour s’installer à Soignies. Son fils Grégoire, maître tailleur de pierre, devient maître de carrière et marchand. En 1785, il introduit la première machine à feu dans les carrières de la région. Lui et son fils Thomas laissèrent de très nombreuses marques sur plus de 270 bâtiments répartis dans 80 localités du Hainaut, du Brabant et de Flandre. 

Après la chute de Napoléon, Grégoire-Joseph Wincqz, fils de Thomas, modernisa l’entreprise qu’il avait héritée de son père. Il construisit une scierie et profita de l’arrivée du chemin de fer pour assurer l’avenir de l’entreprise. Son fils Pierre Joseph Wincqz dirigea, au plus fort de la Révolution industrielle, quatre carrières. La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constitué d’un important ensemble de bâtiments. 

Parmi ceux-ci se trouve le pavillon du treuil, qui occupait une position centrale au sein de la grande carrière au XIXe siècle. C’est ici qu’étaient installés la machine à vapeur et le treuil destinés à assurer la traction des blocs remontant un plan incliné, qui assurait la liaison entre le fond du siège d’extraction et la surface. Le bâtiment a, par la suite, été surélevé et transformé lors de la construction de la forge et de la menuiserie adjacentes.

Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies

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Classé comme monument le 24 juin 1992

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant

Ancienne grande carrière Wincqz

La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constitué d’un important ensemble de bâtiments. 

À l’extrémité de la rue Wincqz se trouvent douze maisons construites pour abriter les tailleurs de pierre dont les plus anciennes datent du 18e siècle et la plus récente de 1843. 

Construits vers le milieu du 19e siècle, les bâtiments d’exploitation de la carrière témoignent de la réussite et du dynamisme du grand industriel Pierre-Joseph Wincqz. La grande scierie date pour sa part de 1843 et conserve en partie une haute cheminée qui témoigne de la présence d’une machine à vapeur. C’est à cet endroit que les grands blocs de pierre étaient débités avant d’être taillés. L’expansion des carrières de Soignies doit beaucoup au développement de cette nouvelle technique, ainsi qu’à la diversification du marché. 

L’utilisation de « chars à blocs » pour le transport et la manipulation de la matière première explique les larges baies percées dans les pignons de cette bâtisse. Les grandes fenêtres des murs latéraux sont destinées à l’éclairage de l’atelier. La cheminée garde le souvenir de la machine à vapeur, utilisée pour l’entraînement des armures, et qui était soutenue aux angles par quatre colonnes en fonte. Les blocs étaient amenés devant les lames qui étaient actionnées par cette machine à vapeur, probablement située contre la cheminée. 

Enfin, le sol comportait des rigoles qui permettaient l’évacuation de l’eau utilisée lors du sciage.  La grande scierie est le bâtiment emblématique du site : un soin tout particulier a notamment été accordé à la réalisation des encadrements des baies.

Le long de la rue Mademoiselle Hanicq, les anciens ateliers rassemblaient la forge, les outils nécessaires au travail de la pierre, les ateliers de réparation des machines, la menuiserie et un magasin d’huile et de clous. 

Les Wincqz avaient également construit un bâtiment destinés à abriter leurs bureaux en 1847. 

Le bâtiment est caractérisé par la présence d’un monolithe monumental de 8 m de haut sur 2,53 m de large et 18 cm d’épaisseur. Ce bloc de pierre avait été sculpté, gravé et ciselé dans le but de faire la promotion de l’industrie sonégienne d’extraction de la pierre à l’exposition internationale de Paris en 1855. De bas en haut se trouvent l’emblème héraldique du pays, le « Lion Belgique », surmonté de la couronne royale, le millésime 1855 et l’inscription : « Belgique. Carrières de P.J. Wincqz à Soignies ». Cette pierre est une véritable carte de visite tendant à montrer les qualités du matériau, l’habileté des ouvriers, la puissance des engins de levage et de manutention, les grandes qualités des tailleurs de pierre, des sculpteurs et des graveurs. 

Le bâtiment est un des principaux témoins de la réussite et du dynamisme de la famille Wincqz, originaire de Feluy, qui connut un destin extraordinaire au 19e siècle, synonyme de réussite tant industrielle et financière que politique et sociale.

Enfin, à une centaine de mètres, on aperçoit le bâtiment érigé en 1894 pour y abriter la centrale électrique. L’ensemble, en cours de restauration, abritera prochainement le centre des métiers de la pierre à l’initiative du Forem, de l’IPW et de l’IFAPME.

Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies

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Classée comme monument et ensemble architectural le 24 juin 1992

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Parc du Vieux-Cimetière à Soignies et ses remparts

Non loin de la Grand-Place et de la collégiale se trouve le site dit du Vieux-Cimetière, adossé à l’enceinte urbaine de 1365. Attesté depuis la première moitié du XIVe siècle, ce cimetière a été désaffecté en 1890 et transformé en jardin public arboré. Il a toutefois conservé un grand nombre de monuments funéraires en pierre calcaire, qui en font une sorte de musée en plein air de la production des carrières locales entre le XVe et le XIXe siècle. 

On y accède par un très beau portail baroque datant de 1667 et provenant de la collégiale. Outre la chapelle du Vieux-Cimetière, remontant au XIIe siècle, on y trouve un superbe calvaire monumental, sculpté par Louis Legros en 1808, et d’abondantes dalles et chapelles funéraires dont certaines constituent un chemin de croix original. 

Plusieurs monuments ont fait l’objet d’une restauration ces dernières années. Parmi ceux-ci, le monument de Jean Joseph Bottemanne (1772), dressé contre le mur de clôture et orné d’un « homme à moulons » (cadavre dévoré par la vermine) ; ou celui de Sébastien Rombaux (1817) qui, par son ornementation, met à l’honneur les outils du tailleur de pierre. On y trouve aussi un monument de membres de la famille Wincqz, décédés entre 1742 et 1852, représentants de cette importante lignée de maîtres carriers. 

L’ensemble est planté de tilleuls centenaires et s’inscrit le long d’une ruelle qui épouse le tracé de l’ancien chemin de ronde des fortifications sonégiennes.

Rue Henri Éloy
7060 Soignies

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Classé comme monument et comme site le 4 août 1989

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Vestiges des fortifications de Soignies

Bien que liée au comté de Hainaut et à ses souverains, Soignies est au Moyen Âge profondément sous l’emprise du chapitre de la collégiale Saint-Vincent qui, en véritable seigneur de la ville, contrôle l’administration et la justice, ainsi que la vie économique. L’évolution de la bourgade atteint une étape d’importance en 1365 lorsque débute l’érection d’une enceinte qui permet à Soignies d’accéder au rang de Bonne Ville du comté de Hainaut. Le sac de la ville par les troupes du comte de Flandre un an plus tôt avait en effet décidé le chapitre à doter la cité de fortifications. L’enceinte urbaine de Soignies se présente sur un plan des plus simples : elle est constituée d’importantes levées de terre, bordées par de larges fossés partiellement inondés et interrompus par quatre portes fortifiées. Le système est renforcé au 15e siècle par l’érection de murailles de pierre et de tours maçonnées pouvant abriter armes et matériel. 

À partir de 1677, les fortifications sont progressivement démantelées et démolies. Aujourd’hui, la physionomie de la ville reste marquée par ce système défensif : les rues s’organisent selon un plan radioconcentrique à partir de la collégiale et l’enceinte reste perceptible dans son tracé. Plusieurs vestiges sont toutefois parvenus jusqu’à nous tels ceux présents ici ainsi que d’autres situés à l’angle de la rue Neuve et de la place du Jeu de Balle. Le rempart du vieux cimetière suit encore le tracé de l’enceinte et rend compte de la structure des défenses sonégiennes.

Rue Neuve et rue Félix Éloy
7060 Soignies

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Classés comme monument le 11 août 1980

Institut du Patrimoine wallon