KIK-IRPA, Bruxelles et © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
Buste Adrien de Witte
Buste Adrien de Witte, réalisé par Oscar Berchmans avec l’aide de l’architecte Alfred Lobet, 19 novembre 1938.
Au lendemain de l’Exposition universelle de 1905, le parc de la Boverie devient progressivement le lieu privilégié pour accueillir des monuments dédiés principalement à des artistes liégeois. Dès 1907, est inauguré un buste dédié au peintre Léon Philippet ; en juillet 1923, Gilles Demarteau est honoré à son tour, avant que ne les rejoignent, sans être exhaustif, Louis Boumal (1925), Jean Varin (1928), Jean-Barthélémy Renoz (1930), Armand Rassenfosse (1935), Adrien de Witte (1938), Georges Antoine (1938), Auguste Donnay (1956 ?) et Richard Heintz (1956). Une galerie des bustes prend ainsi place dans la pergola du parc de la Boverie ; elle permet au public de croiser une palette d’artistes de renom, du moins jusqu’au début du XXIe siècle. On assiste en effet alors une série de disparitions et d’actes de vandalisme (vols, dégradation, lancer de buste dans la Meuse…) contraignant les autorités liégeoises à mettre à l’abri certains bustes restants. Si quelques monuments restent intacts, d’autres ont entièrement disparu, comme en témoignent certains socles nus.
Inauguré le 19 novembre 1938, en présence du bourgmestre Xavier Neujean, le buste d’Adrien de Witte n’a pas échappé à ce phénomène. Le socle est toujours présent, mais le buste a disparu en 2007. Réalisé en bronze coulé, d’une dimension de 70 centimètres, il était dû à l’initiative de l'Œuvre des Artistes qui en avait confié la réalisation au sculpteur liégeois Oscar Berchmans (Liège 1869 – Spa 1950). En 1938, l’artiste jouit d’une solide réputation. Son monument à Hubert Goffin, inauguré en 1912, est sa carte de visite la plus visible en région liégeoise jusqu’au moment où il achève le très remarqué fronton de la façade de l’Opéra royal de Wallonie qui constitue sa plus belle réussite (1930).
Depuis sa plus tendre enfance, il évolue dans un milieu tourné vers la peinture ; lui a cependant opté pour la sculpture lorsqu’il a suivi les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Liège auprès de Prosper Drion et d’Adrien de Witte (1884) ; il a aussi fréquenté l’atelier de Léon Mignon et de Paul de Vigne auprès desquels il a appris son métier. Au-delà de commandes pour des particuliers, Berchmans est régulièrement sollicité par les autorités communales liégeoises qui lui confient la réalisation de bas-reliefs pour le Palais des Beaux-Arts de l’Exposition de 1905, le mémorial Mignon (1906), des bustes et des monuments comme celui déjà cité à Hubert Goffin à Ans (1912), ou celui dédié à Hortense Montefiore-Levi (1911), voire le mémorial Wauters de Waremme. Comme ses collègues, Berchmans a également signé de nombreux monuments aux victimes et aux héros de 14-18, par exemple, le mémorial dédié à l’exploit de l’Atlas V ou le bas-relief apposé contre la façade de l’Université de Liège commémorant les exécutions sommaires de civils par les Allemands durant la nuit du 20 au 21 août 1914. À partir de 1919, Berchmans enseigne à l’Académie de Liège et il ne fait aucun doute qu’il y croise la route de son collègue Adrien de Witte, sans savoir encore qu’il sera amené à en réaliser le buste de son aîné.
Adrien de Witte (Liège 1850 – Liège 1935) est de la génération qui précède Berchmans. Lui aussi a été formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, mais de Witte a choisi la peinture quand il accomplit un premier voyage en Italie en 1872-1873, avant d’y séjourner plus longtemps, de 1879 à 1884, en tant que boursier de la Fondation Darchis. Dès la décennie 1870, l’artiste a signé ses œuvres les plus significatives : La Lessiveuse, La femme au corset noir et la très connue Femme au corset rouge, datant de 1880. Professeur à l’Académie des Beaux-Arts dès 1885, il va se consacrer entièrement à ses élèves, jusqu’en 1921, faisant finalement regretter que l’artiste ne se soit pas montré plus productif : 80 œuvres ont été cataloguées en 1927 – 237 en 1981 à l’occasion d’une rétrospective au « musée de la Boverie ». Ses dessins, eaux fortes, aquarelles et peintures à l’huile ont sonné la renaissance de l’école liégeoise dans le dernier quart du XIXe siècle.
Sources
Françoise CLERCX LEONARD-ÉTIENNE, Sylvie LEJEUNE (dir.), Adrien de Witte : dessins, pastels, gravures : Liège, cabinet des estampes, musée de la Boverie, du 11 septembre au 15 novembre 1981, Ville de Liège, 1981
(Jules BOSMANT), Salon 1950 : exposition rétrospective Adrien De Witte organisée à l'occasion du centenaire de la naissance du maître : musée des beaux-arts de Liège, 14 octobre-12 novembre, Liège, 1950
Charles DELCHEVALERIE, Adrien De Witte, Anvers, 1949, coll. Monographies de l’Art belge
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Jacques PARISSE, Actuel XX : la peinture à Liège au XXe siècle, Liège, Mardaga, 1975, p. 32
Charles DELCHEVALERIE, Adrien de Witte, peintre, dessinateur et graveur, Liège, Bénard, 1927
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 141 et 142
http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=A118170&objnr=10128100
La Vie wallonne, juin 1927, LXXXI, p. 265-268
La Vie wallonne, II, n°250, p. 109-117
La Vie wallonne, IV, n°252, 1950, p. 291-295
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, été 1970, p. 11
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 83
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 359
La Vie wallonne, III, 1950, n°251, p. 219
Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Parc de la Boverie
4020 Liège
Paul Delforge