Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée
Médaillon Jean d'ARDENNE
Médaillon Jean d’Ardenne, réalisé par Marnix d’Haveloose (ou Max d’Havelouse), 9 septembre 1920.
C'est en 1758 que le Parc de Sept Heures est aménagé en promenade publique. Au cours du XXe siècle, il accueille de nombreux monuments dont celui dédié à Léon Dommartin (1839-1919). Il se présente sous la forme d’un portrait réalisé dans le bronze et incrusté dans une pierre du parc, le long de la promenade. Le bronze est signé Marnix d’Haveloose (1885-1973, ou 1882-1975). L’initiative du monument en revient au Comité de Spa-Attractions. En présence de membres de sa famille, d’amis et des autorités locales, l’inauguration s’est déroulée le 9 septembre 1920, soit l’année qui a suivi la disparition de Léon Dommartin, mieux connu sous son nom de plume « Jean d’Ardenne » (parfois écrit Dardenne). Il ne s’agissait pas là de la première démarche des « autorités » spadoises à l’égard de l’enfant du pays. En 1904, une promenade lui était dédiée (la Feuillée Jean d’Ardenne) et, le 24 septembre 1905, le Comité Spa Attractions avait organisé une journée de l’Arbre, en présence du Président de la Ligue des Amis des Arbres.
Durant ses études au Collège de Herve (1852-1858), Léon Dommartin développe déjà à la fois le goût de l’écriture et de la nature. Devenu libraire à Spa, sa ville natale, il s’oriente ensuite vers le journalisme. Il fonde un journal satirique, Le Bilboquet qui ne vit que quelques mois (1864-1865), et est marqué durablement par la nature qui l’entoure. Par la suite, il prend ses quartiers à Paris où il commence sa carrière dans un petit journal intitulé Gazette des étrangers. Avec le marquis Auguste de Villiers de l’Isle-Adam, il fonde en 1867 une publication hebdomadaire, La Reine des Lettres et des Arts à l’existence éphémère. En 1868, il entre au Gaulois. C’est pour ce journal qu’il suit avec attention la Guerre franco-prussienne de 1870. Il accompagne l’armée de Mac Mahon jusqu’à la débâcle de Sedan et ses reportages en font l’un des tout premiers correspondants de guerre de l’histoire. Critique littéraire de Paris-Journal entre 1871 et 1874, il prend ensuite la direction de Bruxelles, s’installe à Ixelles et entre à la rédaction de la Chronique : il y devient rédacteur en chef en 1896. C’est après sa période parisienne qu’il prend le nom de plume Jean d’Ardenne qui lui survivra. Il sera aussi nommé bibliothécaire à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles.
Amateur de voyages, il parcourt la Flandre, le nord de la France et le nord-ouest de l’Afrique, mais c’est l’Ardenne qui le marque le plus. En 1881, il publie un guide touristique, L’Ardenne, qui fera date et connaîtra plusieurs éditions. Six ans plus tard, ses Notes d’un vagabond (1887) sont également fort appréciées. Le regard qu’il pose sur « son » Ardenne l’entraîne à prendre fait et cause pour sa préservation, plus particulièrement à s’investir dans la défense des arbres, des sites et des maisons présentant un intérêt patrimonial. Face au développement prodigieux de l’industrie en pays wallon au XIXe siècle, il est l’un des premiers à attirer l’attention sur la nécessité de préserver la qualité des paysages et peut être qualifié de pionnier de l’écologie. En décembre 1891, il fonde la Société nationale pour la Protection des Sites et des Monuments en Belgique. En 1895, Léon Dommartin est encore parmi les fondateurs du Touring Club de Belgique.
Après sa mort survenue au lendemain de la Grande Guerre, Dommartin inspirera la création de nombreux cercles et associations de défense de la nature, comme l’Association pour la défense de l’Ourthe, Les Amis de l’Ardenne, le Comité de Défense de la Nature, etc. En 1905, il était lui-même membre de la Ligue des Amis des Arbres dont la présidence lui est confiée (juillet) et avait contribué à organiser la première « Fête des Arbres » en Wallonie, avec Léon Souguenet ; elle avait eu lieu à Esneux le 21 mai 1905.Encourageant les autorités publiques à installer des bancs rustiques le long des promenades comme dans les parcs publics des villes, il sera entendu dans l’Entre-deux-Guerres, certains bancs prenant une forme plus artistique en étant dédié à Dommartin lui-même.
C’est le jeune le sculpteur d’Haveloose qui réalise le médaillon. Gendre de l’aquarelliste anversois H. Cassiers, d’Haveloose a fait ses premiers pas à Bruges, dans l’atelier de D’Hondt, avant de parfaire sa formation à l’Académie de Bruxelles avant la Grande Guerre. Prix Goderlache de sculpture en 1910, se réfugie en Angleterre pendant la guerre, puis il s’établit à Bruxelles où il accomplit toute sa carrière. Professeur à l’Académie de Bruxelles (1935-1955), il en assure la direction entre 1951 et 1955. Ne se contentant pas de bustes et de nus (comme La Toilette au cœur des Jardins du parc de la Boverie à Liège), il s’est lancé dans la peinture dès les années 1930. C’est donc à un jeune artiste prometteur que Spa-Attractions a confié la tâche de réaliser l’hommage à Dommartin. On dispose d’une photo du médaillon datant de 1920 ; il présente des différences par rapport à celui que l’on connaît aujourd’hui.
L’original mentionne en grandes lettres
A JEAN D’ARDENNE AMI DES ARBRES
tandis que l’actuel mentionne en tout petit
« A JEAN D’ARDENNE
(LÉON DOMMARTIN)
HOMME DE LETTRES
NE A SPA
SPA-ATTRACTIONS »
Source
Léon MARQUET, sur http://www.sparealites.be/jean-dardenne-1839-1919 (s.v. avril 2014)
La Vie wallonne, 15 octobre 1920, n°2, p. 86-88
La Vie wallonne, mars 1935, n°175, p. 179-185
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 486
Benjamin STASSEN, La Fête des Arbres - 100 ans de protection des arbres et des paysages à Esneux et en Wallonie (1905-2005), Liège, éd. Antoine Degive, 2005, p. 38
Parc des Sept Heures
4900 Spa
Paul Delforge