Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Plaque Franz DEWANDELAER
Plaque commémorative en hommage à Franz Dewandelaer, réalisée à l’initiative de la section de Nivelles de Wallonie libre, 15 septembre 1968.
Les admirateurs du poète Franz Dewandelaer (1909-1952) affirment que « son œuvre est une des plus fortes et des plus pathétiques de la poésie wallonne ». Nivelles, sa ville natale, est le thème central de nombreux écrits où il utilise souvent des images fortes, parfois violentes. Ayant exercé divers métiers avant de se fixer comme employé à l’administration communale de Nivelles (1934), il s’est lancé très tôt dans l’écriture poétique, en langue française comme en langue wallonne, avant de se lancer dans la composition de pièces de théâtre, au contenu engagé dans le combat politique, dans l’écriture de sketches radiophoniques, de contes, voire de chroniques pour des journaux et revues.
Après la Libération, il militera très activement dans le Mouvement wallon : mêlant ses convictions politiques à ses talents littéraires, il propose un hymne wallon en composant deux chœurs parlés, Bloc et Il était une fois, d’après la Lettre au roi de Jules Destrée. Puisant son inspiration dans des sources identiques à celles des surréalistes wallons, Dewandelaer compose la plupart de ses poèmes entre 1930 et 1936, mais beaucoup ne seront publiés que bien plus tard. Mobilisé en 1939, le soldat est arrêté au soir de la Campagne des Dix-Huit Jours, et emprisonné en Bavière. Rapatrié malade en 1941, il conservera toujours des séquelles de sa captivité. Il mourra en clinique des suites lointaines de sa captivité.
En septembre 1968, dans le cadre des fêtes de Wallonie, les autorités locales de Nivelles rendent un hommage appuyé à Franz Dewandelaer, figure marquante du roman païs de Brabant. Sans conteste, cette initiative doit beaucoup à Émile Delvaille, ancien résistant, président de la section de Nivelles de Wallonie libre et conseiller communal, qui a su convaincre les échevins Vander Heggen et Hemberg. Avant qu’un mémorial soit inauguré dans le parc de la Dodaine, un cortège officiel fait halte devant le n°3 de la rue Paradis pour inaugurer une plaque apposée sur la façade de la maison natale du poète :
ICI VECUT
FRANZ DEWANDELAER
CHANTRE DE SA BELLE VILLE DE
NIVELLES. LE PLUS POETE DE
NOS POETES DIALECTAUX.
1909-1952
Au-delà de la personnalité du poète dialectal, la manifestation organisée en 1968 vise à affirmer l’appartenance du Roman pays de Brabant à la Wallonie et la défense des intérêts wallons au moment où est débattue la question de l’implantation d’une activité de pétrochimie à Feluy. En septembre 1967, le bourgmestre Jules Bary avait conféré un caractère davantage officiel à la Fête de Wallonie organisée à Nivelles depuis les années 1930. La collaboration des autorités locales avec le Comité communal des Fêtes, le Syndicat d’initiative et de tourisme et la Fédération nivelloise de Wallonie libre contribue à l’organisation d’un programme structuré et ambitieux, visant à étoffer la commémoration wallonne. Ainsi en 1968, au-delà des discours officiels, du cortège musical et d’un feu d’artifice, le spectacle offert au public le samedi soir a été préparé par Willy Chaufoureau qui met en scène des poèmes, des chansons et des saynètes tirés des œuvres de Dewandelaer.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives Paul Collet, 14-22, Chemise Commémoration 1969, notamment article du Peuple, 24 septembre 1969
Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300
Paul DELFORGE, Franz Dewandelaer, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 498
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 17
La Vie wallonne, 1952, p. 220 ; 1953, p. 118-140
Le Gaulois, n° 245, 30 août 1952, p. 6
Wallonie libre, septembre 1968, p. 15 ; octobre 1968, p. 10.
Rue Paradis 3
1400 Nivelles
Paul Delforge