Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Statue Robert CAMPIN
Au tournant des années 1970 et 1980, les autorités tournaisiennes procèdent à la rénovation de leur Conservatoire. Alors que le chantier se termine, six statuettes en bronze sont posées sur le toit-terrasse de la salle des Concerts du Conservatoire qui fait face au carrefour du beffroi. Elles sont visibles depuis la rue de la Wallonie, à l’entrée de la rue du Parc. Œuvres de Gigi Warny, elles portent le nom de six Tournaisiens ayant acquis une forte notoriété dans différentes activités : Pierre de la Rue pour la musique, Lefebvre Caters pour l’orfèvrerie, Michel Le Maire pour la dinanderie, Pasquier Grenier pour la tapisserie, François Joseph Peterinck pour la porcelaine et Robert Campin pour la peinture.
Originaire de Valenciennes où il est né entre 1375 et 1378, Campin est à la fois décorateur, peintre et dessinateur de patron de tapisserie. Comme l’a notamment montré Jules Destrée, en dépit de l’absence de signature à son nom, il est bien l’artiste des tableaux que l’on attribue au « maître de Flémalle ». Artiste de l’ancien « comté de Hainaut », il a fait une part de sa formation à Dijon avant d’ouvrir son atelier à Tournai (1418-1432). Là s’est notamment formé Rogier de le Pasture. En 1423, Campin préside la corporation de peintres de Tournai et prend certaines responsabilités publiques dans la cité.
Il n’est par conséquent pas étonnant que Robert Campin soit considéré comme l’une des six personnalités les plus importantes de l’histoire culturelle et artistique de Tournai. Car tel est bien le sens à donner aux six statuettes réalisées par Geneviève Warny. Née à Bruges en 1958, cette artiste autodidacte qui offrait les petites statues qu’elle créait à ses amis s’est laissée convaincre par l’architecte André Wilbaux de réaliser « six attitudes grandeur nature » pour le fronton de l’ancien Conservatoire de Tournai.
Plutôt que de procéder à une reconstitution des portraits, l’artiste va donner à chaque statue tournaisienne une attitude qui évoque le métier illustré, ici en l’occurrence la porcelaine. Relevant le défi de ce projet, en travaillant le bronze pour la première fois, Gigi Warny délaisse la psychologie qu’elle avait étudiée à l’Université catholique de Louvain (1983) pour faire de la sculpture son activité principale. Installant son atelier à Louvain-la-Neuve, elle réalise des œuvres variées pour la cité universitaire (fontaine Léon et Valérie en 1984 sur la place de l’Université, La main en diplôme en 1995 près des Halles, Rêverie d’eau en 2001 à la piscine du Blocry), mais aussi ailleurs. Améliorant et modifiant progressivement ses techniques, elle expose essentiellement en Belgique avant de traverser l’Atlantique et d’être connue aussi au Québec.
Outre la plaque qui mentionne clairement son nom « Robert Campin 1427 », la « silhouette » réalisée par Gigi Warny montre l’artiste assis, avec une jambe repliée sur laquelle il tient sa palette et un pinceau.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.gigiwarny.be/Gallerie.html (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 777
A. SIRET, dans Biographie nationale, 1872, t. 3, col. 284-285
Marnix BEYEN, Jules Destrée, Roger de la Pasture et « les Maîtres de Flémalle ». Une histoire de science, de beauté et de revendications nationales, dans Philippe DESTATTE, Catherine LANNEAU et Fabrice MEURANT-PAILHE (dir.), Jules Destrée. La Lettre au roi, et au-delà. 1912-2012, Acte du colloque des 24 et 25 avril 2012, Liège/Namur, Musée de la Vie wallonne/Institut Destrée, 2013
rue du Parc
7500 Tournai
Paul Delforge