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Brunet Émile

Militantisme wallon, Politique

Bruxelles 08/06/1863, Bruxelles 10/05/1945


Docteur en Droit de l’Université libre de Bruxelles (1883), stagiaire chez l’illustre Paul Janson, avocat, Émile Brunet devient bâtonnier à quarante-neuf ans. Amené au socialisme par Jules Destrée qu’il a connu à l’Université, Brunet devient député de Charleroi en 1912. Membre de l’Association pour la Culture française (1910), il figure parmi les premiers délégués de l’Assemblée wallonne (1912-1914, 1921-1940). Signataire du Compromis des Belges (1929), il préside le premier congrès des socialistes wallons (Liège, 1938). Ministre au Havre (1918), président de la Chambre des Représentants (1919-1928), il est nommé ministre d’État en 1925.

 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2000, t. I
ABS R., Biographie nationale, 1973-1974, t. 38, col. 230-231

Branquart René

Militantisme wallon, Politique

Hennuyères 14/05/1871, Braine-le-Comte 12/06/1936


Docteur en Médecine de l’Université libre de Bruxelles, René Branquart installe son cabinet à Braine-le-Comte où il milite dans diverses organisations socialistes locales et fédérales. Conseiller communal POB (1900-1908, 1912-1936), échevin (1922-1927), bourgmestre de Braine-le-Comte (1927-1936), conseiller provincial du Hainaut (1896-1899), René Branquart se fait élire député socialiste dans l’arrondissement de Soignies (1899-1900, 1902-1904, 1912-1932), puis est désigné comme sénateur provincial (1932-1936). Journaliste, rédacteur en chef du Clairon, il se prononce dès 1908 en faveur de la séparation administrative comme solution aux problèmes linguistiques de la Belgique. 

Membre-fondateur de l’Assemblée wallonne où il représente l’arrondissement de Soignies de 1912 à 1914 puis de 1919 à 1923, il fait paraître des brochures clandestines durant l’occupation allemande de 14-18. Adepte d’un fédéralisme à construire sur le modèle helvétique, il démissionne de l’Assemblée wallonne, jugée trop timorée, et apporte son soutien aux initiatives fédéralistes de la Ligue d’Action wallonne de Liège et soutient l’Union fédéraliste wallonne de Chavée. Signataire du Compromis des Belges (1929), René Branquart était surnommé par Émile Vandervelde « le plus français des socialistes de Wallonie ».

 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II

Bordet Jules

Nobel, Science, Biologie, Médecine

 Soignies 13/06/1870, Ixelles 06/04/1961

Premier savant wallon distingué par un prix Nobel (il reçoit le Prix Nobel de médecine et de physiologie en 1919), Jules Bordet a consacré la majeure partie de son temps à l'étude des mécanismes de l'immunité.

Entré à la Faculté de Médecine de l'Université libre de Bruxelles alors qu'il est âgé de 16 ans à peine, il en sort diplômé en 1892, avec les honneurs. Son mémoire qui porte sur les réactions des virus aux organismes vaccinés est récompensé par une bourse du gouvernement qui lui permet de se rendre à Paris, à l'Institut Pasteur. Pendant sept ans, il peut ainsi collaborer avec quelques chercheurs parmi les plus pointus de son temps, en particulier avec ceux qui s'intéressent aux réactions immunitaires de l'organisme ; ainsi se frotte-t-il à Elie Metchnikoff qui mettra au point le procédé par lequel les globules blancs détruisent les intrus : la phagocytose.

En 1894, le vaccin antidiphtérique est découvert. Jules Bordet élargit le champ de ses investigations, étudiant le rôle des anticorps. En 1895, il découvre le principe du sérodiagnostic in vitro. Docteur spécial de l'Université libre de Bruxelles (1896), c’est en mission au Transvaal qu’il fait la rencontre de Robert Koch (1897) et qu’il met au point une méthode de prophylaxie contre la peste bovine. En 1898, il fait la découverte des sérums hémolytiques, découverte qui ouvrait à la biologie de vastes horizons dans le domaine de l'immunité.

Rentré à Bruxelles, il dirige l'Institut antirabique et bactériologique du Brabant (1901-1940) qui devient l’Institut Pasteur, et enseigne la bactériologie à l'Université libre de Bruxelles (1901-1935). En 1933, il est appelé à la présidence du Conseil scientifique de l'Institut Pasteur de Paris. Ses cours d'immunologie seront régulièrement suivis par un auditoire nombreux et passionné.

Microbiologiste, Jules Bordet met au point la réaction Bordet-Wasserman pour détecter la syphilis. Il réalise encore, avec Octave Gengou, l'isolement du bacille de la coqueluche et de l'agent de la peste bovine (1906) et consacre une étude au sérum de sujets ou d'animaux immunisés contre des infections diverses : fièvre typhoïde, peste, charbon. Citons encore la découverte du microbe de la diphtérie aviaire (1907), la découverte de la conglutination (1909) et celle de la co-agglutination. Il centre ses travaux sur l'immunité humorale et spécialement sur le mode d'union des anticorps avec les antigènes.

Pendant les jours difficiles de la Première Guerre mondiale, il rédige un Traité d'immunité dans les maladies infectieuses. Publié en 1920, cet ouvrage est remis à jour vingt ans plus tard, et constitue l'une des références de tous les biologistes. On comprend dès lors que le Comité Nobel se soit tourné vers Jules Bordet afin de consacrer l'ensemble de sa contribution à la science de l'immunologie. Les recherches de Bordet vont permettre l'application des techniques sérologiques in vitro si utilisées aujourd'hui pour le diagnostic et le contrôle des maladies infectieuses. 

Savant de réputation mondiale, titulaire de nombreuses et importantes distinctions internationales, Jules Bordet a été reconnu sur ses terres, notamment par le Prix quinquennal des Amis du Hainaut en même temps que Jules Destrée et Georges Lemaître, en 1935.

Esprit curieux, Jules Bordet ne s’est pas « immunisé » de la société dans laquelle il vivait.  Membre de l'Assemblée wallonne dans l'Entre-deux-Guerres, président du Conseil culturel d'Expression française mis en place en 1938, il se montrait partisan de l'instauration d’une formule fédéraliste en Belgique. Auteur de Brèves considérations sur le mode de gouvernement, la liberté et l'éducation morale (1946) et de l'ouvrage Éléments d'astronomie (1947), il a figuré parmi les signataires de la pétition La Wallonie en alerte (19 avril 1949), que cinquante-trois académiciens ont adressée aux présidents des deux Chambres et par laquelle ils réclamaient une meilleure prise en considération de la Wallonie, région de plus en plus minorisée au sein de la Belgique unitaire.

Sources

POTELLE Jean-François, Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
DELFORGE Paul, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995
BEUMER Jacques, dans Biographie nationale, t. 38, p. col. 26-36
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV  

Chauvin Victor

Académique, Philologie, Militantisme wallon

Liège 26/12/1844, Liège 18/11/1913

Gradué en Lettres puis docteur en Droit de l’Université de Liège, avocat à Liège, Victor Chauvin est passionné par l’orientalisme. Il suit dès lors des cours d’arabe et d’hébreu à l’Université et, en 1872, il supplée son maître puis le remplace en 1878. Il élargit rapidement son enseignement au droit musulman et à l’histoire de l’ancien Orient.

Auteur de très nombreux ouvrages relatifs à l’orientalisme, professeur de langues orientales, de droit musulman et d’histoire ancienne de l’Orient à l’Université de Liège, Victor Chauvin jouit d’une grande popularité tant à Liège qu’en Wallonie. Savant curieux de tout, il publie tardivement le grand œuvre qu’il mûrissait depuis plus de trente ans. Si spécialisée, sa Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs aux Arabes publiés dans l’Europe chrétienne de 1810 à 1885, qui reçut notamment le Prix Rouveroy et le Prix de l’Académie de Paris, sidéra ses contemporains (1905). Le douzième volume était sur le point d’être imprimé lorsque la mort surprit celui qui était aussi un homme engagé dans son temps.
 

Secrétaire puis vice-président (1893-1913) de la Société liégeoise de Littérature wallonne, Victor Chauvin figure parmi les tout premiers militants wallons, dans les années 1880, qui donnent à leur combat une dimension politique. « Délégué de province », il participe aux premiers congrès wallons (1891-1893) et défend l’idée que le français ne doit pas être la seule et unique langue véhiculaire en Belgique, mais que cette langue doit être obligatoire en Wallonie et qu’aucune mesure oppressive ne doit être prise en Flandre contre l’enseignement du français.

Il est également un défenseur de la langue wallonne qu’il ne souhaite pas élever au même rang que le français. Collaborateur assidu de la revue Wallonia, membre fondateur de la Ligue wallonne de Liège (1897), participant actif au Congrès wallon de 1905, Victor Chauvin réfléchit à l’idée de la séparation administrative et accepte de relever le défi que lance Jules Destrée en 1912, à savoir créer un Parlement wallon. Délégué de Liège, Chauvin est l’un des membres fondateurs de l’Assemblée wallonne (1912-1913).

 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 265