Conséquence de la féodalité qui s’installe, entre le Xe siècle et le XVIIIe siècle, le pays wallon est morcelé en de nombreux territoires, parfois indépendants. Ces comtés, duchés et autres principautés suscitent la convoitise des puissants voisins européens et s’inscrivent au coeur de l'histoire européenne. Au travers d’une synthèse et de documents, retrouvez le sort de ces hommes et de ces femmes, que l’on désigne déjà par l’adjectif « wallon ».

Les cercles impériaux (1548)

Fils de Charles IV qui avait codifié la succession impériale par la Bulle d’or, Wenceslas Ier, comte de Luxembourg mais surtout empereur lui aussi, s’emploie à organiser le Saint-Empire romain germanique, dont on sait qu’il est composé d’une mosaïque d’États, en créant quatre cercles impériaux (1387). Chaque cercle regroupe un certain nombre d’États dans le but d’assurer une défense commune, de prélever les taxes impériales et de les soumettre aux mêmes lois et tribunaux. En 1438, Albert II réorganise la composition des cercles et porte leur nombre à six. La diète impériale qui se réunit à Augsbourg en 1500 fixe à son tour de nouveaux contours à ces structures régionales, destinées à lutter contre le morcellement de l’ensemble et à créer un exécutif fédéral. En 1512, Maximilien Ier porte définitivement le nombre des cercles à dix, parmi lesquels le Cercle de Bourgogne. Quelques modifications sont encore apportées par Charles Quint et cette organisation accompagne le premier Empire germanique jusqu’à sa dislocation en août 1806.
 Tous les États germaniques ne sont pas intégrés dans les cercles. D’autre part, depuis la Bulle d’Or, l’empereur est choisi par sept princes électeurs. À l’origine, il s’agissait de trois archevêques (celui de Mayence, de Trèves, et de Cologne), du margrave de Brandebourg, du duc de Saxe, du roi de Bohême et du comte palatin du Rhin.
Au XVIIe siècle, s’ajoutent le duc de Bavière (1648) et le duc de Brunswick-Lunebourg dit électeur de Hanovre (1692). En 1701, la réunion de la marche de Brandebourg et du duché de Prusse (jusque-là hors des frontières) transforme l’électeur de Brandebourg en électeur de la Prusse. Quant à l’électeur Palatin, il hérite de la Bavière (1777) et les deux électorats sont réunis. En 1803, Napoléon modifiera la composition, peu avant que le Saint-Empire soit dissout.

Références
GrossA02b ; H68 ; www_cm1512 ; www_cm1513


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Le duché de Luxembourg (1354)

Réussissant de « bons » mariages pour ses enfants, à défaut de coiffer la couronne impériale, Jean l’Aveugle accorde de l’attention à ses terres luxembourgeoises qui s’agrandissent et se fortifient. Tout en créant la foire de Luxembourg (1340), il encourage l’activité économique dans ses frontières renforcées. Mais l’intérêt des princes à l’égard des terres d’entre Meuse et Moselle s’éteint avec lui (1346). Ses enfants et petits-enfants sont en effet davantage préoccupés par la succession impériale qui oppose les Wittelsbach, les Habsbourg et les Luxembourg.
Alors que le titulaire, Louis de Bavière, vit encore, Charles IV, fils de Jean l’Aveugle, est désigné empereur (1346). À peine couronné, il fait promulguer la Bulle d’or qui codifie désormais les élections impériales (1356) ; ce règlement restera en vigueur jusqu’à la disparition du Saint-Empire romain germanique le 6 août 1806. Il permet notamment à la maison de Luxembourg de conserver le titre impérial de manière quasi ininterrompue jusqu’en 1438. Le centre de l’empire se déplace alors vers l’est, Prague devenant le centre politique et culturel, et l’intérêt pour le comté de Luxembourg, érigé en duché au profit de Wenceslas Ier en 1354, devient secondaire. Néanmoins, devenu par mariage duc de Brabant, Wenceslas doit prêter le serment de respecter les libertés et privilèges de son nouveau duché. Il ramènera en Luxembourg cette procédure d’engagement du prince à l’égard de la noblesse et des villes. À cette date, la charge de sénéchal est créée ; elle deviendra héréditaire et donnera droit de présider les états provinciaux.
Sans gouvernail, le duché de Luxembourg est en proie aux luttes intestines et est particulièrement endetté quand Philippe le Bon en fait l’acquisition (traité de Hesdin 1441), avant de confirmer sa possession par les armes (1443). En l’absence des princes, les trois États ont pris progressivement de l’importance, assurant une continuité spécifiquement « luxembourgeoise », à forte coloration culturelle française. Avec les Bourguignons, l’ordre est rétabli et un système plus centralisateur et autoritaire écarte les villes et la noblesse du pouvoir.

Références
AzKG-94 ; DHGe14 ; ErCover ; Faid119-121 ; H67 ; HW04-112 ; TrauLxb86 ; TrauLxb86, 92, 119, 137, 142-145, 154, 167


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)