IPW
Bâtiment de l'ex-journal "La Wallonie"
Aujourd’hui reconverti par la Ville de Liège, dans un souci louable de réaffectation, en commissariat de police par une de ces ironies de l’Histoire que les victimes liégeoises des grèves de 1950 et de 1960 apprécieraient peut-être peu, les locaux du journal La Wallonie avaient été édifiés en 1925 par l’architecte liégeois Jean Moutschen, qui construisit plus tard, notamment, le lycée Léonie de Waha.
Situés à l’angle des rues de la Régence et de Florimont, ils étaient composés de deux bâtiments d’allure légèrement différente. La façade située rue de la Régence est dominée par la ligne courbe du nstyle paquebot, tandis que l’autre est marquée par des lignes droites. Trois éléments d’origine ont disparu : une tour et une horloge de style Art déco, et un grand coq en bronze (avec le nom du journal), enlevé en 2007 pour être replacé sur un nouvel immeuble des Métallos FGTB à Namur.
1962 : le centre névralgique du MPW
Ce n’est évidemment pas par hasard que l’organe officiel de la section liégeoise du Parti Ouvrier Belge fut baptisé La Wallonie en 1903 déjà et que, après la Première Guerre mondiale, malgré le belgicanisme ambiant, l’édition liégeoise du Peuple prit le titre de La Wallonie socialiste en 1920, puis La Wallonie en 1922, doublée par une Radio Wallonie qui émit de 1925 à 1940. Après le second conflit mondial, le quotidien deviendra essentiellement la propriété de la Fédération des Métallurgistes liégeois FGTB et ses locaux, le centre névralgique de celle-ci davantage que la Maison syndicale de la place Saint-Paul. C’est sur les presses de La Wallonie que sera édité à partir de janvier 1960 l’hebdomadaire Combat, organe du MPW, dont la Fédération provinciale liégeoise des Métallos constituera toujours le noyau fort sous l’impulsion d’André Renard († 1962), de Robert Lambion (1962-1976) et de Robert Gillon (1976-1988).
Rue de la Régence 55
4000 Liège
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : journées de grève (19 décembre-20 janvier)
Durant les 34 journées de mobilisation contre la Loi unique, de nombreux secteurs d’activités ont été paralysés. Une manière de quantifier l’importance de la mobilisation est de comptabiliser les manifestations. Une autre consiste à comptabiliser les journées de travail qui n’ont pas été prestées. Cette méthode, suivie par Robert Gubbels, fait apparaître la carte suivante.
Référence
Gubbels33
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)
La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : actes de sabotage entre le 20 et le 30 décembre 1960
Au-delà des arrêts de travail et des manifestations, la Grande Grève est marquée par de nombreux actes de sabotage. Entre le 20 et le 30 décembre, 270 auraient été commis.
Référence
Gubbels79
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)
La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : division régionale au sommet de la FGTB sur la stratégie de lutte contre la loi unique (16 décembre 1960)
En raison de l’émergence manifeste d’une opposition populaire aux projets gouvernementaux, le Comité national de la FGTB se résout à convoquer une réunion, le 16 décembre 1960, au cours de laquelle deux motions sont proposées au vote des régionales et centrales syndicales. L’une émane d’André Renard au nom de la Centrale des Métallurgistes : il s’agit de décider du principe de la grève générale, avec un programme d’actions échelonnées dans le temps, dont une journée de grève générale d’ores et déjà fixée entre le 1er et le 15 janvier. La seconde, défendue par Dore Smets au nom de la Centrale générale (Bâtiment et Industries diverses), est la confirmation officielle de l’opposition de la FGTB à la loi unique et attribue au Bureau national de la FGTB le soin de fixer la date d’une journée nationale de lutte à organiser. Entre une action immédiate et l’attente, le Comité national de la FGTB opte pour l’attente (496.487 pour, 475.823 contre et 53.112 abstentions). Le détail du vote par régionales révèle le profond fossé qui sépare Wallons et Flamands au sein de la FGTB, Bruxelles s’étant abstenu. Cet épisode confirme une tendance lourde déjà présente au moment de la création de la FGTB en 1945 et plus fortement ressentie depuis la Question royale au sein de la FGTB : il y a des divergences profondes entre, d’une part, les « renardistes » et, d’autre part, ceux – majoritairement flamands – qui acceptent le cumul des mandats politiques et syndicaux, refusent l’action directe et ne sont guère partisans des réformes de structure.
Référence
MoreauR136
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)
La grève wallonne de l’hiver 1960-1961 : journée de mobilisation du 14 décembre 1960
Au nom d’un gouvernement tout récemment remanié, Gaston Eyskens annonce le dépôt de mesures de restriction budgétaire, ce qui deviendra la Loi unique, ainsi que l’abandon du volet linguistique qui accompagne le recensement décennal de la population (27 septembre 1960). Dans l’opposition, le parti socialiste s’allie au syndicat FGTB pour mener dès l’automne une campagne de mobilisation (Opération Vérité). Avec le soutien d’André Renard, une série d’actions (meetings, réunions, manifestations) sont organisées pour montrer l’opposition des travailleurs à la politique jugée antisociale du gouvernement et populariser les réformes de structure. « Notre action se déroulera suivant un plan strict », déclare A. Renard à Liège le jour où le Parlement reçoit le texte du gouvernement (9 novembre). Après une douzaine d’assemblées d’information et un arrêt de travail (21 novembre), le 14 décembre est choisi comme journée de mobilisation afin de mesurer les forces en présence. Déjà, la mobilisation des effectifs FGTB est plus forte en Wallonie qu’en Flandre, confortant les régionales wallonnes de la FGTB à établir une coordination entre elles. Quelques années plus tard, cette coordination donnera naissance à l’Interrégionale wallonne de la FGTB.
Références
Gubbels33
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)